L'Arabie saoudite se prépare à devenir le prochain temple de la mode

Dans le cadre de la Commission de la mode, l'un des onze organismes de ce type créés en 2020 par le ministère de la Culture, une pléthore d'initiatives visant à développer le secteur, tant au niveau public que privé, sont mis en œuvre. (Photo du Conseil saoudien du style)
Dans le cadre de la Commission de la mode, l'un des onze organismes de ce type créés en 2020 par le ministère de la Culture, une pléthore d'initiatives visant à développer le secteur, tant au niveau public que privé, sont mis en œuvre. (Photo du Conseil saoudien du style)
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Publié le Mardi 19 septembre 2023

L'Arabie saoudite se prépare à devenir le prochain temple de la mode

  • Le marché de la mode en Arabie saoudite est en plein essor, grâce à des acteurs publics et privés
  • « Le commerce de détail de la mode a toujours été un secteur attrayant, en particulier pour les femmes saoudiennes », a déclaré à Arab News Marriam Mossalli

RIYAD : Jusqu'à récemment, la capitale saoudienne de Riyad n'était guère considérée comme un haut lieu du circuit mondial de la mode. New York, Milan et Paris sont les piliers des semaines de la mode, les villes où se réunissent depuis longtemps les créateurs, établis ou en herbe, les acheteurs et les journalistes.

Mais les temps changent et les pays du Golfe deviennent rapidement de nouvelles plaques tournantes pour la filière, en particulier l'Arabie saoudite, où la demande en produits de mode au détail devrait augmenter de 48 % pour atteindre 32 milliards de dollars en 2025 (1 dollar américain = 0,94 euro) avec une croissance de 19 % dans le domaine du luxe.

en bref

Les temps changent et les pays du Golfe deviennent rapidement de nouveaux centres pour le secteur, en particulier l'Arabie saoudite, où la demande en produits de mode devrait augmenter de 48 % pour atteindre 32 milliards de dollars en 2025, avec une croissance de 19 % dans le domaine du luxe.

 

La toute première semaine de la mode de Riyad, qui se déroule du 20 au 23 octobre, permettra aux créateurs saoudiens de défiler sous les feux de la rampe dans la capitale de leur pays. Il s'agit de l'une des nombreuses initiatives récentes de la Commission de la mode, après le lancement de l'exposition « Saudi 100 Brands » lors de la Semaine de la mode de Paris en juin.

« Le commerce de détail de la mode a toujours été un secteur attrayant, en particulier pour les femmes saoudiennes », a déclaré à Arab News Marriam Mossalli, rédactrice saoudienne spécialisée dans le style de vie, journaliste et fondatrice de l'agence de communication Niche Arabia. « De l'approvisionnement en tissus à la collaboration avec des tailleurs locaux, en passant par la vente au sein de leur communauté immédiate, la profession s'est parfaitement intégrée à notre écosystème local. »

Elle ajoute : « Aujourd'hui, cependant, l'attrait est mondial. Avec les médias sociaux et le commerce électronique, le potentiel de nombreux créateurs s'est accru de manière exponentielle, car il ne se limite pas à leur marché local. »

L'attention portée à l'industrie montre que le gouvernement croit au potentiel de croissance économique du secteur.

Cette évolution n'est pas le fruit du hasard. La mode a été identifiée comme une piste essentielle de diversification économique pour l'Arabie saoudite et constitue l'un des secteurs hors hydrocarbures en plein essor.

Sous l'égide de la Commission de la mode, l'un des onze organismes de ce type créés en 2020 par le ministère de la Culture, une pléthore d'initiatives visant à développer le secteur, tant au niveau public que privé, sont mises en œuvre.

Le rapport de mars 2023 de la commission, intitulé « The State of Fashion in the Kingdom of Saudi Arabia 2023 » (L'état de la mode au Royaume d'Arabie saoudite en 2023), fournit une analyse de la chaîne de valeur de la mode dans le Royaume.

Il révèle le plan de l'Arabie saoudite visant à réduire la dépendance aux importations étrangères et à mettre le pays sur la table en faisant appel aux talents locaux. Il souligne également le potentiel de croissance du secteur.

Burak Cakmak, directeur général de la Commission saoudienne de la mode, a déclaré dans le rapport : « Nous construisons les fondations de l'avenir de la mode en ce moment même, ici en Arabie saoudite ». 

La demande de produits de mode au détail devant augmenter de 48 % pour atteindre 32 milliards de dollars d'ici à 2025, l'industrie saoudienne de la mode est bien partie pour connaître une expansion significative.

En 2021, l'industrie de la mode saoudienne a dépensé 7,3 milliards de dollars en produits importés, ce qui prouve l'impact économique potentiel des capacités nationales.

Le rapport met en évidence le développement rapide du secteur, son alignement stratégique sur la Vision 2030 du pays et la manière dont les jeunes Saoudiens placent le pays sur la scène mondiale de la mode grâce à de nouvelles créations et au lancement de nouveaux produits.

Le rapport indique que l'écosystème de la mode contribue, selon les estimations, à 1,8 % de la main-d'œuvre saoudienne totale, employant 230 000 personnes. Le secteur compte 52 % de femmes dans la main-d'œuvre saoudienne du secteur de la mode et 66 % de saoudiens dans les principaux emplois de la mode. Cette main-d'œuvre se compose de 90 000 emplois dans le secteur de la mode et de 140 000 emplois connexes.

En outre, les ventes au détail dans le Royaume devraient atteindre 32 milliards de dollars en 2025, soit une croissance de 30 % par rapport aux 24 milliards de dollars de 2021. La mode de luxe est un moteur important de la croissance, le marché augmentant de 19 % en 2021 en raison du rapatriement des dépenses dû aux restrictions de voyage, de l'autonomisation accrue des femmes et de l'essor continu du commerce électronique.

Le marché de la mode dans le Royaume se développe également grâce à des acteurs extérieurs qui sont prêts à faire des affaires en Arabie saoudite.

Il s'agit notamment du groupe Chalhoub, basé à Dubaï, grande puissance du luxe et de la mode, qui fait de plus en plus d'affaires dans le Royaume.

Jasmina Banda, responsable de la stratégie du groupe Chalhoub, explique que l'entreprise est présente dans le Royaume depuis plus de 30 ans et qu'elle exploite actuellement plus de 250 magasins répartis sur l'ensemble du territoire.

Elle compte également plus de 4 000 personnes, six entrepôts et construit actuellement un centre de traitement des commandes à la pointe de la technologie à Riyad. Elle dispose de bureaux spécialisés dans tout le Royaume, y compris des académies de vente au détail.  « Pour Chalhoub, le Royaume reste notre deuxième marché le plus important », a précisé Banda à Arab News. « Dans le domaine du luxe, l'Arabie saoudite est globalement le deuxième marché, même si cela varie selon les catégories. »

« Par exemple, dans le domaine de la beauté de luxe, l'Arabie saoudite est un solide numéro deux, en concurrence avec les Émirats arabes unis, tandis que dans le domaine de la mode haut de gamme, elle arrive en quatrième position, après les Émirats arabes unis, le Koweït et le Qatar, étant donné qu'il s'agit d'une catégorie largement achetée à l'étranger.

Elle ajoute : « Au cours des dernières années, le marché saoudien de la mode a connu une forte croissance, en particulier pendant les années Covid-19, lorsque les frontières étaient fermées.

« Depuis la réouverture, nous continuons à observer une délocalisation accrue des dépenses de luxe à l'étranger et nous nous attendons à des transformations majeures dans nos catégories de vente au détail dans les années à venir, avec l'inauguration de nouveaux centres commerciaux - il y a actuellement plus de cinq destinations de luxe à des stades de construction différents dans le Royaume. »

Les femmes saoudiennes sont depuis longtemps connues pour être de grandes acheteuses de mode de luxe, a indiqué Mme Banda, ajoutant que les habitants du Royaume sont réputés pour suivre les tendances sur les médias sociaux et avoir beaucoup voyagé.

« Les changements sociodémographiques en Arabie saoudite, qui découlent de l'autonomisation des femmes et de l'augmentation de la participation au marché du travail, ainsi que les changements d'habitudes liés aux loisirs (cinémas, restaurants, concerts, etc.) sont en train de faire évoluer la situation », a-t-elle dit.

Mme Banda a également expliqué qu'en matière de marketing pour les consommateurs saoudiens, les achats et le merchandising sont adaptés aux préférences des consommateurs en termes de silhouette, de palette de couleurs et de taille.

« Les saisons particulièrement importantes, comme le Ramadan, font l'objet de collections capsules dédiées et de campagnes de marketing et d'activations spécifiques. Il est important d'apporter aux clients des marques globales, sur mesure », a-t-elle ajouté.

Toutes les grandes marques de mode de luxe de Chalhoub sont déjà présentes en Arabie saoudite.

Banda note que dans le secteur du luxe, l'Arabie saoudite représente 9 % du marché mondial, en raison de la délocalisation des dépenses. Les Saoudiens sont souvent la première nationalité à faire du shopping à Dubaï, et de plus en plus au Qatar. Dans le secteur de la beauté de luxe, l'Arabie saoudite représente toutefois un tiers du marché du Conseil de coopération du Golfe.

« En revanche, pour certaines des plus grandes marques de montres et de bijoux, l'Arabie saoudite est le premier marché de la région en termes de taille. La stabilité du marché varie vraiment en fonction de la catégorie », a-t-elle déclaré, avant d'ajouter : « Toutefois, les consommateurs saoudiens sont également des clients fréquents des grandes marques de luxe en Europe, auparavant au Royaume-Uni et en France, et maintenant principalement en France - depuis que le Royaume-Uni a cessé d'être exonéré de taxes. »

Les dépenses saoudiennes en matière de mode connaîtront probablement une croissance « exponentielle », souligne-t-elle, « une fois que le pays aura pleinement concrétisé ses ambitions touristiques ».

Le rapport de la commission de la mode indique que les principales opportunités de croissance économique se trouvent désormais dans le secteur naissant national de la mode.

Rajaa Moumena, qui siège au conseil d'administration de l'association de la mode qui travaille directement avec la commission, estime que l'industrie locale n'en est qu'à ses balbutiements.

Elle a déclaré : « Elle en est actuellement à la phase de sensibilisation et de mise en place de la législation appropriée pour créer un environnement propice à la création d'entreprises. »

« Cela implique d'aborder plusieurs aspects tels que les licences, les permis et les réglementations qui régissent l'industrie. »

L'un des principaux objectifs de Vision 2030, souligne Moumena, est de promouvoir la production locale et de réduire la dépendance à l'égard des importations. Cela inclut la production de tous les types de vêtements, du prêt-à-porter à la haute couture. En encourageant la production locale, l'Arabie saoudite vise à créer des opportunités d'emploi, à stimuler la croissance économique et à conserver les revenus dans le pays.

Elle a insisté sur le fait que l'éducation est essentielle à la croissance du secteur national.

« À mesure que la filière évolue et adopte de nouveaux concepts, il est essentiel que les enseignements en suivent le rythme. Cela signifie qu'il faut mettre à jour les programmes, proposer des cours spécialisés et fournir aux étudiants les compétences pratiques nécessaires à ce domaine. Cela permettra d'ouvrir les portes à de nombreux emplois pour lesquels cette branche d'activité a besoin de personnes qualifiées », a souligné Mme Moumena.

En encourageant la jeunesse saoudienne à faire preuve de créativité et de sens des affaires, Riyad pourrait bientôt figurer en permanence sur le calendrier mondial de la mode.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.