A Jérusalem, le quartier arménien vent debout contre un projet immobilier israélien

Une photo montre le parking arménien dans la vieille ville de Jérusalem. Des bulldozers sont entrés dans la vieille ville de Jérusalem pour commencer les travaux d'une colonie israélienne qui construirait un hôtel de luxe sur un quart du quartier historique arménien, les habitants se sont rapidement mobilisés. (AFP)
Une photo montre le parking arménien dans la vieille ville de Jérusalem. Des bulldozers sont entrés dans la vieille ville de Jérusalem pour commencer les travaux d'une colonie israélienne qui construirait un hôtel de luxe sur un quart du quartier historique arménien, les habitants se sont rapidement mobilisés. (AFP)
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Publié le Vendredi 29 décembre 2023

A Jérusalem, le quartier arménien vent debout contre un projet immobilier israélien

  • La transaction immobilière qui accorde à un investisseur australo-israélien environ 25 % du quartier arménien de la vieille ville a suscité la colère et l'inquiétude des habitants
  • Depuis plusieurs semaines, des membres de la communauté arménienne se relaient nuit et jour sur le terrain menacé par le projet controversé

JÉRUSALEM: Dans la Vielle Ville de Jérusalem, occupée par Israël, le quartier arménien est sur le qui-vive, redoutant qu'un projet immobilier d'un homme d'affaires australo-israélien proche de colons israéliens n'entraîne sa disparation.

En 2021, un accord est conclu entre le patriarcat arménien de Jérusalem sous la houlette de son gestionnaire immobilier, père Baret Yeretzian, et la société Xana Gardens Ltd, portant sur la construction d'un hôtel de luxe sur une parcelle appartenant à l'église, explique à l'AFP Daniel Seidemann, avocat israélien et spécialiste de la ville sainte.

Derrière l'entreprise, basée à Tel-Aviv, se cache le magnat australien Danny Rothman, qui possède également la nationalité israélienne, d'après l'avocat et le patriarcat.

Mais "l'accord a été conclu par le patriarcat à l'insu et sans le consentement des habitants du quartier arménien ou de leurs institutions", assure Me Seidemann.

Depuis plusieurs semaines, des membres de la communauté arménienne se relaient nuit et jour sur le terrain menacé par le projet controversé.

Setrag Balian n'en revient toujours pas des clauses du contrat: "un bail de 99 ans sur 11.500 m2 de terrain, comprenant notamment un parking, cinq résidences et la salle de séminaire du patriarcat", énumère le cofondateur du mouvement "Save the ArQ" ("Sauver le quartier arménien").

Un quart de la superficie du quartier arménien est menacé, selon ses habitants, la Vielle Ville étant divisée en quatre quartiers historiques: chrétien, musulman, juif, arménien.

Jeudi, le patriarcat a affirmé que "plus de 30 provocateurs masqués" avaient attaqué et blessé des membres du clergé arménien et de la communauté rassemblés sur le terrain disputé.

Il a accusé Danny Rothman et l'un de ses associés d'avoir orchestré cet "assaut", peu après que le patriarche arménien de Jérusalem, Nourhan Manougian, a déposé une plainte en justice pour obtenir l'annulation de la transaction, selon un communiqué.

Le patriarcat arménien assure s'"être retiré des négociations" après avoir découvert "des problèmes derrière cette transaction". Le prêtre à l'origine du contrat a été défroqué.

Sincérité ou cupidité du patriarcat? Des membres de la communauté restent méfiants et craignent que la justice israélienne joue en leur défaveur.

Combat pacifiste

Sollicité par l'AFP, l'avocat de Danny Rothman, Me Avi Savitzki, n'a pas souhaité réagir.

Après plus de deux ans d'accalmie entre les deux parties, la plainte a précipité la confrontation.

Début novembre, "des bulldozers, des colons armés accompagnés de chiens et des habitants du quartier juif" ont investi la parcelle et "profité du chaos du 7 octobre", explique Setrag Balian, faisant référence à l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien.

Ils avaient réussi "à démolir une partie du mur ceinturant le parking", se rappelle l'artisan de 27 ans.

C'est alors le branle-bas de combat parmi la communauté arménienne, qui ne compte plus que quelque 2.000 personnes en raison d'une émigration massive de ses membres dans les années 1960 vers les Etats-Unis ou l'Europe.

"Les jeunes sont arrivés en nombre et se sont positionnés devant les bulldozers", se souvient Kegham Balian. "Les colons ont sous-estimé notre communauté. Nous menons un combat pacifiste et nous n'avons pas peur", réaffirme le commerçant arménien.

Rassemblés autour du mouvement "Save the ArQ", les Arméniens de Jérusalem ont pour "objectif la préservation de leur terre". "On y est depuis 700 ans, elle fait partie de notre identité", insiste un des instigateurs de la lutte soutenue par la diaspora à l'étranger qui fournit une aide juridique et un écho médiatique.

Revers judiciaire

Sur l'emplacement où doit être érigé l'hôtel de luxe, la communauté arménienne a installé un campement.

Réchaud, fauteuil, TV, matelas... Chaque membre apporte son écot à la mobilisation. A l'intérieur du chapiteau, des planches de bois colmatent les trous laissés par les engins de chantier.

"Chaque jour des familles passent nous voir et nous apportent de quoi manger", se réjouit Kegham Balian. Et à tour de rôle, des jeunes et anciens dorment sur place de peur d'être dépossédés.

Ils gardent tous en mémoire l'affaire de biens fonciers de l'Eglise grecque-orthodoxe, lorsqu'une association de colons israéliens, Ateret Cohanim, se servant de sociétés-écrans, avait acquis en 2004 les droits à des baux emphytéotiques sur trois bâtiments de la Vieille Ville, dont l'hôtel Petra et un immeuble résidentiel.

Après environ deux décennies de bataille judiciaire, la Cour suprême israélienne, plus haute instance juridique, a fini par autoriser les colons à acquérir les propriétés de l'église.

Ce revers judiciaire "met en danger la présence chrétienne et l'intégrité du quartier chrétien", déplore le militant Hagop Djernazian.

"On est né à Jérusalem, on connaît les enjeux politiques (...) Cela ne sera pas une bataille facile surtout qu'on ne se bat pas simplement contre une entreprise privée mais aussi contre des colons", expose Setrag Balian. "On est prêt".


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.