Au Pays de Galles, vivre sous la menace des anciens terrils

Un drapeau gallois flotte au vent au-dessus de la ville de Tylorstown, près de la pointe de Tylorstown, le 6 décembre 2023, dans la vallée de Rhondda, au sud du Pays de Galles. (AFP)
Un drapeau gallois flotte au vent au-dessus de la ville de Tylorstown, près de la pointe de Tylorstown, le 6 décembre 2023, dans la vallée de Rhondda, au sud du Pays de Galles. (AFP)
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Publié le Mercredi 03 janvier 2024

Au Pays de Galles, vivre sous la menace des anciens terrils

  • Les risques de glissements de terrain viennent "des tas de débris laissés à flanc de colline. Ils peuvent être déstabilisés car ils sont constitués de matériaux meubles", explique Ashley Patton, ingénieure géologue
  • En 2021, un rapport indépendant sur les risques liés au changement climatique a souligné la probabilité croissante de futurs glissements en lien avec l'ancienne activité minière, car les pluies se font plus fréquentes et plus violentes

TYLORSTOWN: Sur une colline surplombant la ville de Tylorstown, au sud du Pays de Galles, des engins de chantier achèvent de consolider un terril. Son effondrement a révélé une menace très présente dans la région, et qui risque de se renforcer avec le réchauffement climatique.

Le 16 février 2020, Jeff Coombes promenait son chien quand 60 000 tonnes de débris issus d'anciens puits de mines se sont détachées d'un terril situé à flanc de colline, au cœur de la vallée de Rhondda.

"Je marchais au bord de la rivière un peu plus bas dans la vallée. Soudain, l'eau est devenue marron, puis le courant a ralenti. En remontant j'ai vu le terril glisser et le bruit était... en fait c'était plutôt un rugissement", raconte cet ancien mineur de 77 ans.

Par chance, aucune habitation ne se trouvait sur le passage de la coulée, et il n'y a pas eu de victimes. Mais dans la région, l'incident a réveillé le traumatisme du drame d'Aberfan le 21 octobre 1966, où le glissement d'un ancien terril a fait 144 morts, dont 116 enfants piégés dans leur école.

Après Tylorstown, les autorités galloises ont entrepris un vaste recensement et identifié plus de 2.500 terrils sur tout le territoire, héritage d'un important passé minier. Parmi eux, 350 représentent un risque sérieux d'effondrement, fragilisés par la pluie et les infiltrations d'eau, et 79 se trouvent dans la région de Rhondda Cynon Taf, selon un dernier comptage dévoilé mi-novembre. Ils devront désormais être surveillés deux fois par an.

Presque invisibles

Les risques de glissements de terrain viennent "des tas de débris laissés à flanc de colline. Ils peuvent être déstabilisés car ils sont constitués de matériaux meubles", explique à l'AFP Ashley Patton, ingénieure géologue au British Geological Survey. En cas de fortes pluies notamment, l'eau "affaiblit la capacité (des matériaux) à rester en place".

En 2021, un rapport indépendant sur les risques liés au changement climatique a souligné la probabilité croissante de futurs glissements en lien avec l'ancienne activité minière, car les pluies se font plus fréquentes et plus violentes.

Des deux côtés de la route qui serpente au creux de la vallée de Rhondda, beaucoup de terrils, aujourd'hui recouverts de végétation, sont presque devenus invisibles, masquant le danger.

"La plupart sont désormais recouverts d'arbres. Ils sont autour de nous, et les gens en ont pris conscience avec le glissement de Tylorstown. Il y a eu beaucoup de panique", raconte Phil Rowe, réalisateur et ancien élu local de Ferndale, commune voisine de Tylorstown.

Si la mémoire de l'industrie minière reste vivace parmi les plus âgés, Roy Jones, ancien mineur et secouriste de 78 ans, regrette que "la jeune génération ne soit pas tellement consciente" des risques.

Sur la colline au-dessus de Tylorstown, il montre un autre terril, qui a été drainé et étêté pour écarter tout danger. Son sommet "est aussi grand qu'un terrain de football", dit-il.

Région oubliée

La situation suscite de la colère parmi la population, qui y voit le signe d'un manque de considération pour une région qui se sent oubliée depuis la fermeture des mines de charbon et la fin d'une époque économique glorieuse.

Phil Rowe, très mobilisé sur le sujet, déplore que sans l'effondrement du terril de Tylorstown, rien n'aurait été fait pour le sécuriser.

"Ils disent qu'ils le surveillaient ces deux ou trois dernières années, mais si ça avait été le cas, ils auraient dû voir que quelque chose allait arriver", s'indigne-t-il alors que Cardiff et Londres se renvoient la balle sur le financement des travaux.

Ceux de Tylorstown ont été évalués à eux seuls à plus de 20 millions de livres (23 millions d'euros). Sécuriser l'ensemble des terrils à risque est estimé entre 500 et 600 millions de livres (575 à 690 millions d'euros) sur quinze ans, selon les autorités galloises. Et le gouvernement britannique refuse de contribuer directement.

"Est-il juste que le Royaume-Uni ait profité des bénéfices économiques de l'industrie minière galloise, mais ne finance pas la sécurisation de ses conséquences?", a récemment demandé la députée locale Beth Winter au Premier ministre Rishi Sunak au Parlement.

Le gouvernement gallois a "les ressources nécessaires" pour gérer ce dossier, a balayé Rishi Sunak.

"Je ne pense pas que les gens de la vallée devraient payer pour ça", regrette Jeff Coombes, rappelant que le charbon gallois a alimenté les navires de la Royal Navy, contribuant ainsi à la grandeur de l'ex-Empire britannique.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.