Islam: la «charte des valeurs» des imams plombée par les dissensions internes au CFCM

Le ministre français de l'Intérieur, Christophe Castaner et le président du Conseil français de la foi musulmane (CFCM). (AFP)
Le ministre français de l'Intérieur, Christophe Castaner et le président du Conseil français de la foi musulmane (CFCM). (AFP)
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Publié le Mercredi 30 décembre 2020

Islam: la «charte des valeurs» des imams plombée par les dissensions internes au CFCM

  • Le coup est venu du recteur de la grande Mosquée de Paris (GMP), Chems-Eddine Hafiz. Dans un communiqué tombé lundi, il annonce se retirer de façon «irrévocable» des discussions autour du projet de «charte des valeurs»
  • «Si certains ne signent pas cette charte, nous en tirerons les conséquences»

PARIS : La «charte des valeurs» pour encadrer la profession d'imam verra-t-elle le jour? La réforme de l'islam de France, poussée par Emmanuel Macron pour lutter contre l'islam radical, est déjà minée par des dissensions au sein du Conseil français du culte musulman, le principal interlocuteur de l'Etat.

Le coup est venu du recteur de la grande Mosquée de Paris (GMP), Chems-Eddine Hafiz. Dans un communiqué tombé lundi, il annonce se retirer de façon «irrévocable» des discussions autour du projet de «charte des valeurs». Il ne participera plus non plus «aux réunions qui visent à mettre en oeuvre le projet du Conseil national des imams». 

Le recteur accuse «la composante islamiste» au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM), «notamment celle liée à des régimes étrangers hostiles à la France», d'avoir «insidieusement bloqué les négociations en remettant en cause presque systématiquement certains passages importants» de la charte. Il ne donne pas de noms ou de détails sur ces passages polémiques.

Cette charte avait été demandée mi-novembre par le chef de l'Etat aux dirigeants du CFCM, qui avaient une quinzaine de jours pour lui présenter un texte reconnaissant en particulier les valeurs de la République. Le CFCM, composé de neuf fédérations de mosquées, s'engageait alors à créer un Conseil national des imams chargé de certifier leur formation en France.

«Si certains ne signent pas cette charte, nous en tirerons les conséquences», avait averti le président. 

Depuis son discours contre le séparatisme et l'islam radical début octobre, et encore plus depuis l'assassinat de Samuel Paty et l'attentat de Nice, le chef de l'Etat a accentué la pression sur les instances dirigeantes de l'islam en France pour lutter contre l'influence étrangère, la radicalisation et l'islam politique. 

Des réformes en chantier depuis des années, mais qui n'ont jamais abouti sous ses prédécesseurs, en grande partie en raison des différends chez les représentants de l'islam de France. 

- «Le beau rôle» -

Après le retrait de la grande Mosquée de Paris, le président du CFCM, Mohammed Moussaoui a déploré une décision «unilatérale et inexpliquée». Il affirme que «la dernière mouture de la charte a obtenu l'approbation de l'ensemble des fédérations, y compris celle de la grande Mosquée de Paris» le 15 décembre et que les différentes fédérations devaient «confirmer solennellement par écrit avant le 30 décembre leur adhésion au texte final».

«La charte était quasi-terminée, donc on ne comprend pas cette volte-face», a renchéri Fatih Sarikir, secrétaire général de la fédération Milli Görüs, d'obédience turque. 

Il y a cependant bien des points de désaccord, selon une source proche du dossier: en particulier la question de l'apostasie ou celle de l'islam politique. Comment réunir les neuf fédérations sur ces thèmes qui divisent? «Les Turcs voulaient atténuer ce qui était écrit», assure cette source qui considère que «cette charte ne sert à rien. C'est un projet mort-né».

«Ils ont rédigé le texte sans en parler à un imam!», critique encore cette source. Et de trancher: «Il y avait un urgence après les attentats, il fallait donner l'impression de faire quelque chose». 

Les différends révélés cette semaine? «Il s'agit comme d'habitude d'enjeux personnels, politiques et diplomatiques», assure la même source. Selon elle, le recteur de la grande Mosquée de Paris, qui vient d'Algérie, veut «se donner le beau rôle» en affirmant qu'il représente la ligne de défense contre l'islamisme et «affaiblir» le président du CFCM, originaire du Maroc. 

«L'affrontement entre l'Algérie et le Maroc n'a jamais cessé et structure tout», résume une autre source. 

Pour l'auteur du livre Misère(s) de l'islam de France (ed. du Cerf), Didier Leschi, il y a «un côté pathétique dans la répétition d'affrontements obscurs qui ne donnent jamais le sentiment que l'on joue pour l'intérêt de tous, des fidèles musulmans ou du pays».  

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin recevra séparément chacune des fédérations en janvier, a indiqué son entourage à l'AFP. «Il peut y avoir des divergences internes au sein du CFCM, mais ça ne remet pas en cause le travail qui se  poursuit», fait-on valoir. 

 


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.