Le froid s'accentue mardi en France, galères d'automobilistes en Ile-de-France

Le froid s'intensifie le 9 janvier 2024 dans le nord-est de la France et le Massif central, et six départements du nord-ouest, dont un nouveau dans la Manche, ont été placés en vigilance orange pour ce qui s'annonce comme la journée la plus froide de la semaine en France. (AFP).
Le froid s'intensifie le 9 janvier 2024 dans le nord-est de la France et le Massif central, et six départements du nord-ouest, dont un nouveau dans la Manche, ont été placés en vigilance orange pour ce qui s'annonce comme la journée la plus froide de la semaine en France. (AFP).
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Publié le Mardi 09 janvier 2024

Le froid s'accentue mardi en France, galères d'automobilistes en Ile-de-France

  • Si la situation est "en train de se résorber" a-t-il indiqué avant 8H, jusqu'à "1.000 véhicules", poids lourds et voitures individuelles, ont été bloqués "en début de nuit", puis "800" au petit matin
  • Météo-France a annoncé dans son nouveau bulletin météo mardi que la Manche s'ajoutait aux Yvelines, à l'Essonne, au Calvados, à l'Orne et à l'Eure, départements placés depuis mardi matin en vigilance orange neige/verglas

PARIS: Des automobilistes en galère immobilisés pendant la nuit par la neige en Ile-de-France et six départements placés en vigilance orange: la vague de froid s'accentue mardi dans le pays et provoque des difficultés de circulation près de Paris.

Météo-France a annoncé dans son nouveau bulletin météo mardi que la Manche s'ajoutait aux Yvelines, à l'Essonne, au Calvados, à l'Orne et à l'Eure, départements placés depuis mardi matin en vigilance orange neige/verglas.

Entre -5°C et -10°C ressentis

Au cours de la journée, des températures ressenties comprises entre -5°C et -10°C devraient être observées sur un vaste tiers nord-est, se conjuguant avec des risques de crues dans le Nord et le Pas-de-Calais.

"Un axe neigeux s'étend de la région parisienne à la Basse-Normandie. Les quantités de neige tombées sont supérieures à ce qui était attendu. Des plaques de verglas routiers se forment également", selon la même source.

A 05h30 locales, 5 cm de neige ont été observés à Caen-Carpiquet, 3 cm à Toussus-le-Noble et à Evreux, 2 cm à Paris-Montsouris et à Trappes, a indiqué Météo-France.

"Les cumuls de neige attendus sur la Basse-Normandie sont de l'ordre de 5 à 8 cm au total sur l'épisode, mais pourraient ponctuellement atteindre 10 cm", selon la même source qui n'exclut pas une "extension temporelle de la vigilance".

"Sur le nord du pays, le vent de Nord-Est accentue l'impression de froid qui s'étend. Les températures nocturnes sont glaciales", ajoute Météo-France.

Il fera de -7°C à -4°C degrés dans les Hauts-de-France, le Grand Est, la Bretagne, l'Auvergne et le Limousin, et de -5°C à -2°C degrés sur le reste du territoire, anticipe le service météorologique.

Mardi matin, seules la côte d'Azur et la Corse enregistreront des températures positives, avec des minimales comprises entre 3 et 7 degrés et des maximales de 8 à 14 degrés.

La neige entrera en scène dans la Drôme, l'Isère, l'Ain et le Jura, pour quelques centimètres.

Quarante-huit départements sont en vigilance jaune "grand froid" (deuxième niveau sur quatre) et le Nord et le Pas-de-Calais restent en vigilance orange "crues".

Deux autoroutes franciliennes fermées, «  400 véhicules  » bloqués

Quelque "400 véhicules" étaient toujours bloqués mardi matin sur les routes d'Ile-de-France en raison des intempéries qui ont notamment perturbé le trafic sur une partie de l'autoroute A13, fermée à la circulation, a indiqué le ministre des Transports Clément Beaune sur RMC.

Si la situation est "en train de se résorber" a-t-il indiqué avant 8H, jusqu'à "1.000 véhicules", poids lourds et voitures individuelles, ont été bloqués "en début de nuit", puis "800" au petit matin.

Les difficultés concernent particulièrement l'autoroute A13, qui doit rester toute la matinée fermée à la circulation sur "une dizaine de kilomètres", entre Orgeval et Rocquencourt, a précisé Clément Beaune.

"Tous les moyens disponibles", notamment les véhicules de dépannage et les saleuses-déneigeuses, "sont mobilisés", a-t-il ajouté, assurant à "ceux qui ont vécu et qui vivent encore des galères" que "tout (était) fait pour les résoudre le plus vite possible".

Les autoroutes A12 et A13 dans l'ouest francilien ont été fermées temporairement mardi matin en raison de la neige tombée dans la nuit de lundi à mardi, selon un message publié sur X par la préfecture de police de Paris.

"L'A12 et l'A13 ont été fermées temporairement pour garantir la sécurité des usagers", a indiqué la préfecture dans ce communiqué publié sur le réseau social peu avant 6H30.

Des mesures comme le salage et le déneigement des routes sont en cours "afin de rétablir au plus vite les conditions optimales de circulation", apprend-on encore de ce document.

La bretelle d'accès à la N118 vers la province, depuis le Petit-Clamart, était également fermée vers 7H20, indiquait à cette heure le site Sytadin.

Quelque "400 véhicules" sont toujours bloqués mardi matin sur les routes en Ile-de-France en raison des intempéries qui ont notamment perturbé le trafic sur une partie de l'autoroute A13 qui a dû être fermée à la circulation, a indiqué le ministre des Transports Clément Beaune.

"C'est en train de se résorber", a affirmé le ministre sur RMC, évoquant jusqu'à "1.000 véhicules", poids lourds et voitures individuelles, qui ont été bloqués "en début de nuit", puis "800" au petit matin.

L'autoroute A13 doit rester toute la matinée fermée à la circulation sur "une dizaine de kilomètres", entre Orgeval et Rocquencourt, a précisé mardi matin le ministre des Transports.

"Tous les moyens disponibles", notamment les véhicules de dépannage et les saleuses-déneigeuses, "sont mobilisés", a ajouté le ministre, assurant à "ceux qui ont vécu et qui vivent encore des galères" que "tout (était) fait pour les résoudre le plus vite possible".

Des vidéos sur Snapmap, une carte liée au réseau social Snapchat qui permet de consulter en direct les images éphémères publiées par les internautes sur cette plateforme, montrent des files de voitures à l'arrêt ou circulant au ralenti sur l'A12 enneigée.

En Ile-de-France, l'Essonne et les Yvelines ont été placés en vigilance orange neige-verglas par Météo-France.

Selon Clément Beaune, qui a évoqué "une centaine" d'accidents "sans gravité" pendant la nuit, les perturbations sont concentrées "sur les routes".

De son côté, la RATP a indiqué à l'AFP que les lignes de bus qu'elle exploite pour le compte d'Ile-de-France Mobilités "circulent normalement ce matin".

"Quelques lignes des secteurs du sud-est et du sud-ouest de l'Ile-de-France" n'avaient pas pu prendre leur service au petit matin mais "étaient sorties" à 8H00, a précisé une porte-parole.

Le trafic est en effet perturbé sur plusieurs lignes de bus dans l'Essonne et dans les Yvelines, comme en attestent plusieurs messages publiés par ces lignes sur le réseau social X.

Sur le réseau ferré de la RATP - métro, RER, tramway - "la circulation est normale", a précisé la régie. Egalement contactée, la SNCF n'a "rien de majeur à signaler" concernant les conditions de circulation.

Transports scolaires suspendus

A Blendecques (Pas-de-Calais), l'une des communes sévèrement touchées par les inondations la semaine passée, le gel a figé la boue dans les rues.

A Arques, il n'y a plus d'eau sur la place de l'Hôtel de Ville mais certains riverains se sont retrouvés sans chauffage, alors que Météo-France prévoit -6°C mercredi.

Dans l'Orne et le Calvados, les transports scolaires ont été interdits de circulation pour la journée.

Lundi, le ministre délégué au Logement Patrice Vergriete avait annoncé le déblocage de 120 millions d'euros pour l'hébergement d'urgence, et précisé que le plan "grand froid" avait été lancé "par l'ensemble des préfectures" concernées, en lien avec Météo France.

Si les températures ont rapidement baissé après une période particulièrement douce, la situation actuelle ne remplit toutefois pas les critères d'une "vague de froid", définie en France comme un épisode durable et étendu de froid (au moins trois jours) dont au moins une journée où la température moyenne (indicateur thermique national) passe sous -2°C.

En effet, les températures remonteront doucement à partir de mercredi mais les minimales resteront basses, avec des gelées quasi généralisées et localement fortes, prévient cependant Météo France qui anticipe par ailleurs "un épisode neigeux" qui pourrait concerner l'Aquitaine, les Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon, et se prolonger jeudi.

Si le niveau de froid s'annonce "banal" dans l'est du pays, Météo-France note que "ce ne sera pas forcément le cas sur les régions de l'ouest, au moins localement".

"De la Normandie à la Bretagne, en passant par le Maine, l'enchaînement de quelques journées sans dégel est devenu rare", souligne l'organisme, ajoutant: "À Alençon ou Laval, si l'on reste trois jours sous 0°C comme cela pourrait se produire, cela serait inédit depuis février 2012".


Les taxis en colère bloquent les accès à des gares parisiennes

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  • "On bloque tout pour se faire entendre. Le service taxi ne sera pas honoré", a lancé Abdel Heouamel, 43 ans, taxi parisien
  • L'intersyndicale des taxis a entamé lundi une mobilisation massive, avec pour centre le boulevard Raspail à Paris, près du quartier des ministères

PARIS: Des dizaines de taxis bloquaient vendredi les prises en charge à la Gare de Lyon et à la Gare du Nord, à Paris, manifestant contre une nouvelle convention régissant le transport de patients mais aussi contre la concurrence des véhicules avec chauffeur (VTC).

"On bloque tout pour se faire entendre. Le service taxi ne sera pas honoré", a lancé Abdel Heouamel, 43 ans, taxi parisien.

Vers 9H, une trentaine d'artisans ont bloqué la Gare de Lyon, puis vers midi une autre trentaine la Gare du Nord, a constaté un journaliste de l'AFP. "Viens avec nous", lançaient les taxis à leurs collègues non grévistes, les poussant à éteindre leur "lumineux", l'enseigne qui signale en vert ou en rouge leur disponibilité.

Réunion samedi 

L'intersyndicale des taxis a entamé lundi une mobilisation massive, avec pour centre le boulevard Raspail à Paris, près du quartier des ministères.

Les artisans protestent notamment contre la nouvelle tarification prévue par la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM), qui rembourse les transports de patients sur prescription, activité essentielle dans le chiffre d'affaires de certains taxis.

L'objectif est de contrôler la croissance des dépenses de transport sanitaire, qui ont atteint 6,74 milliards d'euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (avec un bond de 45% depuis 2019).

Ces trajets vers les hôpitaux ou cabinets médicaux représentent la majorité du chiffre d'affaires de nombreux chauffeurs, surtout dans les petites villes.

"Ce que la CNAM propose est viable, mais on peut pas tout faire d'un coup. Pour moi c'est -60% de chiffre d'affaires!", expliquait devant la Gare du Nord un taxi de la région lyonnaise.

La mobilisation "montre que le gouvernement a très largement sous-estimé l'impact humain, économique et social des pratiques déloyales organisées dans le secteur du VTC ainsi que de la nouvelle convention pour le transport de malades", a observé l'intersyndicale dans une lettre adressée jeudi au Premier ministre.

Les taxis ont depuis obtenu une réunion samedi au ministère des Transports en présence du Premier ministre. Ils demandent notamment le retrait de la convention de la CNAM et la nomination d'un médiateur.

Mais le gouvernement a déjà assuré vendredi qu'il n'allait "pas faire machine arrière".

"Il s'agit de faire entre 100 et 150 millions d'économies sur 6,3 milliards. Donc, c'est 2% d'économies qui seront faites sur l'efficacité, pas sur le service aux malades", a déclaré vendredi la porte-parole du gouvernement Sophie Primas sur BFMTV/RMC.

"Il ne faut pas abîmer ce qui est l'accès aux soins pour les Français. Donc il faut travailler sur l'organisation des flux avec les taxis, s'assurer qu'on fait le maximum pour réduire les frais", a-t-elle ajouté.

Le patron de l'Assurance maladie a assuré de son côté que le nouveau système de tarification prévu à partir d'octobre pour les transports de malades sera "économiquement pertinent pour eux et soutenable pour l'Assurance maladie".

VTC 

Le climat s'est tendu à plusieurs reprises cette semaine entre les taxis et les forces de l'ordre mais aussi avec les conducteurs de voitures de transport avec chauffeur (VTC).

De nombreux taxis manifestent en effet également contre la concurrence des VTC, coordonnés par des plateformes comme Uber ou Bolt.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a demandé aux forces de l'ordre de renforcer les contrôles des VTC, accusés par les taxis de pratiques irrégulières.

Dans un télégramme adressé jeudi aux préfets et consulté par l'AFP, le ministre de l'Intérieur met en exergue "les incidents récurrents" des derniers mois qui "démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC".

En cause, selon M. Retailleau, "des pratiques irrégulières de la part des VTC et la présence de faux professionnels sur la voie publique".

Le ministre a demandé que les forces de l'ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pour exercice illégal du métier de taxi, prise en charge sans réservation et défaut d'inscription au registre VTC. Ces trois nouveaux types de verbalisation sont expérimentés depuis avril dans 12 tribunaux, dont Marseille, Paris, et Lille.

 


Voile, sujets régaliens: Gabriel Attal droit sur sa ligne

Le président du groupe parlementaire Ensemble Pour la République Gabriel Attal (à droite) et le député et conseiller municipal d'Ensemble Pour la République à Saint-Cloud Pierre Cazeneuve (à gauche) sortent d'une réunion avec le Premier ministre français dans le cadre des consultations sur la représentation proportionnelle, à l'Hôtel Matignon à Paris, le 1er mai 2025. (AFP)
Le président du groupe parlementaire Ensemble Pour la République Gabriel Attal (à droite) et le député et conseiller municipal d'Ensemble Pour la République à Saint-Cloud Pierre Cazeneuve (à gauche) sortent d'une réunion avec le Premier ministre français dans le cadre des consultations sur la représentation proportionnelle, à l'Hôtel Matignon à Paris, le 1er mai 2025. (AFP)
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  • En proposant l'interdiction du voile pour les moins de quinze ans, Gabriel Attal poursuit sa trajectoire de "fermeté" sur la laïcité et les sujets régaliens, mais s'attire de nombreuses critiques jusque dans son camp
  • Des membres de Renaissance ont soutenu publiquement la proposition, comme les député Mathieu Lefevre et Charles Rodwell ou le chef de file des sénateurs macronistes François Patriat

PARIS: En proposant l'interdiction du voile pour les moins de quinze ans, Gabriel Attal poursuit sa trajectoire de "fermeté" sur la laïcité et les sujets régaliens, mais s'attire de nombreuses critiques jusque dans son camp, sur le fond comme sur sa méthode jugée solitaire.

Exposition garantie. Mardi, à la veille du Conseil de défense consacré au rapport sur les Frères musulmans et l'islamisme politique en France, Le Parisien publie une proposition choc du parti Renaissance: interdire le voile pour les moins de quinze ans et instaurer un "délit de contrainte au port du voile" pour les parents.

"Primaire sauvage de la droite" face à Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Édouard Philippe, dénonce, à gauche, le patron du PS Olivier Faure. "Ca suffit de faire des annonces qui deviennent inapplicables une fois le texte éventuellement voté", tonne, à droite, le président du Sénat Gérard Larcher, quand l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, fustige une proposition "complètement démente".

Dans son propre camp également, les critiques ont fusé. "Propositions complètement indigentes", juge un cadre du camp présidentiel. "Sur le fond, je ne suis pas d'accord. Sur le plan du droit, il me semble que c'est probablement inconstitutionnel", juge auprès de l'AFP le député Renaissance (ex-PS) Éric Bothorel.

"Je ne vois pas quel est le sens profond de cette proposition qui va diviser au lieu de rassembler", abonde le député Karl Olive, plutôt estampillé aile droite du groupe.

"Ah bon, Gabriel Attal fait de la politique... Vous croyez ?", ironise un député de l'aile gauche du groupe, pas vraiment à l'aise. "Mon avis sur la proposition, je le garde", évacue-t-il, pour ne pas "nourrir la division".

Gabriel Attal, président de Renaissance et patron des députés du groupe, s'est lui-même chargé d'assurer le service après-vente. "On dit que c'est pas bien, que ce n'est pas normal que des fillettes de 5, 6 ans soient voilées, mais qu'il n'y a pas de mesures pour y répondre ? Moi, je n'ai jamais accepté de me résigner", a-t-il expliqué mercredi.

L'ancien Premier ministre "croi(t) qu'il y a une voie de passage constitutionnelle", au nom de "la protection de l'enfance", et en invoquant le précédent de la loi prohibant le port de la burka.

-Fin de "l'ambiguïté"-

Des membres de Renaissance ont soutenu publiquement la proposition, comme les député Mathieu Lefevre et Charles Rodwell ou le chef de file des sénateurs macronistes François Patriat. La ministre déléguée à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes Aurore Bergé s'est dite satisfaite de voir reprise une proposition qu'elle défend depuis des années, y compris contre le camp macroniste.

Mais les troupes ont été "mises devant le fait accompli", regrette un député Renaissance pas vraiment hostile à Gabriel Attal.

Nouveau virage droitier de l'ancien Premier ministre, qui a fait ses classes au PS avant de rejoindre Emmanuel Macron ? Constance, fait valoir son entourage, qui rappelle l'interdiction de l'abaya à l'école quand il était ministre de l’Éducation, ou la proposition de loi durcissant la justice des mineurs récemment adoptée par le Parlement, en attendant la décision du Conseil constitutionnel.

Désormais à la tête du parti fondé par Emmanuel Macron, "on assume le tournant régalien de notre famille politique" après des années "d'une forme d'ambiguïté qui nous a beaucoup coûté", expliquait-on récemment du côté de Renaissance.

Sur "l'insécurité culturelle nourrie par l'immigration", "si on laisse le champ libre à l'extrême droite", dont ce sujet unifie les différentes chapelles, "on leur fait un cadeau monumental", fait valoir le député Charles Rodwell.

Après les sujets régaliens lundi, viendront, en juin, les conclusions de la "convention thématique" sur les sujets économiques et sociaux. En janvier, Gabriel Attal avait évoqué une proposition pour alléger "le fardeau fiscal qui pèse sur le travail". Les conclusions de la convention thématique sur l'écologie sont également attendues en juin.

"Attal veut parler de tout. Il cultive son image assez ferme mais il ne faut pas que cela. On travaille sur l'immigration de travail, plus positive, sur le social, l'international etc. Je ne crois pas qu'il souhaite se cantonner à ce sujet-là". "Mais c'est vrai qu'il y a un risque de course à l'échalote" pour 2027, juge un député.


France : Bruno Retailleau, nouvel espoir de la droite conservatrice

Des militants du parti de droite français Les Républicains (LR) fêtent devant le siège du parti après l'annonce de l'élection du ministre français de l'intérieur Bruno Retailleau en tant que président de LR, à Paris, le 18 mai 2025. (AFP)
Des militants du parti de droite français Les Républicains (LR) fêtent devant le siège du parti après l'annonce de l'élection du ministre français de l'intérieur Bruno Retailleau en tant que président de LR, à Paris, le 18 mai 2025. (AFP)
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  • L'ascension fulgurante de Bruno Retailleau, nouveau patron de la droite française et tenant d'une ligne conservatrice, a fait renaître l'espoir dans son camp
  • Ministre de l'Intérieur depuis septembre dans les gouvernements Barnier puis Bayrou, il a été élu dimanche président du parti Les Républicains (LR) avec un score écrasant (74,8%)

PARIS: L'ascension fulgurante de Bruno Retailleau, nouveau patron de la droite française et tenant d'une ligne conservatrice, a fait renaître l'espoir dans son camp, qui peine à exister entre une extrême droite puissante et le macronisme au pouvoir depuis huit ans.

Ce catholique de 64 ans, ministre de l'Intérieur depuis septembre dans les gouvernements Barnier puis Bayrou, a été élu dimanche président du parti Les Républicains (LR) avec un score écrasant (74,8%).

Ce sénateur jusqu'alors discret et peu connu du grand public dicte depuis huit mois le tempo politique avec sa rhétorique sécuritaire et provocatrice, affichée dès sa prise de fonction. "J'ai trois priorités", avait-il alors annoncé: "Rétablir l'ordre, rétablir l'ordre, rétablir l'ordre".

Depuis, il monopolise l'espace médiatique.

Quand Mayotte est frappée par le cyclone Chido, le ministre à la frêle silhouette est le premier sur place, avant le président ou le Premier ministre.

Face au narcotrafic, il appelle à la "mobilisation générale" pour éviter une "mexicanisation" de la France, en référence aux tout-puissants cartels de ce pays d'Amérique du Nord.

Il fait fi des polémiques lorsqu'il affirme que l'Etat de droit n'est ni "intangible" ni "sacré", ou que l'immigration "n'est pas une chance".

- Droite "orpheline" -

Son appel à un bras de fer pour que l'Algérie reprenne ses ressortissants visés par des arrêtés d'expulsion a alimenté une crise diplomatique d'une violence rare entre les deux pays.

Issu de la droite traditionaliste de l'Ouest de la France, Bruno Retaillleau affiche un grand conservatisme sur les sujets de société (contre le mariage homosexuel, contre l'inscription de l'avortement dans la Constitution, critique sur les dispositions permettant la fin de vie) qui le distingue des personnalités de centre-droit, mais également un certain libéralisme économique qui le démarque du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN).

"Il se situe idéologiquement sur le même axe que l'électorat (du parti LR) qui s'est fortement droitisé au cours des dernières années", souligne Mathieu Gallard, directeur de recherche à l'institut de sondage Ipsos.

"Il coche un petit peu toutes les cases pour un électorat de droite qui est à la fois radicalisé, mais en même temps assez légitimiste. C'est un électorat plutôt âgé, plutôt socialement aisé, à qui une ligne plus populiste ne correspond pas vraiment".

Son succès à la tête de LR montre que son choix d'entrer dans un gouvernement d'Emmanuel Macron a trouvé un fort soutien chez un "peuple de droite orphelin du pouvoir depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012", souligne le directeur de l'Ifop, Frédéric Dabi.

Avec un électorat siphonné d'une part par le Rassemblement national et d'autre part par le mouvement macroniste (centriste) créé en 2016, LR - parti héritier du RPR de Jacques Chirac et de l'UMP de Nicolas Sarkozy - a vu son influence décliner, entre claques électorales (8,5% aux européennes 2019, 4,78% à la présidentielle 2022, nombre de députés passé de 112 à 50 entre 2017 et 2024) et procès de ses leaders Nicolas Sarkozy et François Fillon, l'un pour corruption et trafic d'influence, l'autre pour emploi fictif de son épouse.

- Concurrence -

Certains militants imaginent déjà Retailleau en présidentiable, le comparant à Nicolas Sarkozy, qui avait fait de son passage au ministère de l'Intérieur un tremplin pour devenir président en 2007, avec un discours sécuritaire empruntant à l'extrême droite.

Toutefois, si Bruno Retailleau a vu sa cote de popularité s'envoler après son entrée au gouvernement, "depuis 2-3 mois, elle stagne, voire baisse", note Mathieu Gallard : "Il a eu une période où il a bénéficié d'une montée en notoriété, il était nouveau, il avait des propos forts qui marquaient. Maintenant, les Français et l'électorat de droite vont attendre des résultats".

Dans les projections, il ne rivalise pas encore avec l'ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron (2017-2020) Edouard Philippe, ex-LR, crédité de 21% d'intentions de vote (contre 12-13% pour lui) dans un sondage publié mardi. Et il reste toujours loin derrière le parti d'extrême droite RN, crédité de 30 à 31% d'intentions de vote, selon le même sondage.

Plus que côté RN, "sa marge de progression, c'est plutôt le bloc central", souligne Frédéric Dabi, rappelant que son discours s'apparente à la ligne de François Fillon, dont il a été un fidèle et "qui a fait 20% au premier tour (de la présidentielle) en 2017". "Ce n'est pas une ligne minoritaire".