LILLE: Trois recours ont été déposés mardi contre la décision des autorités françaises de cesser de subventionner à partir de la rentrée 2024 le lycée Averroès, le principal établissement musulman de France, fondé en 2003.
Le tribunal administratif de Lille, dans le nord de la France, a indiqué à l'AFP avoir été saisi par l'association gérant le lycée lillois, le comité économique et social représentant les personnels de l'établissement et l'association des parents d'élèves.
Chaque structure a également déposé un référé suspension demandant au tribunal de suspendre la décision du 7 décembre, sans attendre le jugement sur le fond.
Dans le recours de l'association du lycée, que l'AFP a pu consulter, les avocats arguent que les nombreux reproches faits à l'établissement "ne sont, dans leur très grande majorité, pas matériellement établis".
Le préfet avait pointé des irrégularités de gestion et des enseignements qualifiés de contraires aux valeurs de la République, notamment lors de cours d'éthique musulmane.
"Le cours d’éthique musulmane en lui-même est parfaitement conforme aux valeurs de la République, de même que tous les autres enseignements du groupe scolaire", ont rétorqué les plaignants, assurant que l’Éducation nationale avait mené plusieurs inspections, sans trouver matière à remettre en cause le contrat d'association.
Estimant que la décision du préfet porte "une atteinte disproportionnée à la liberté d'enseignement exercée par le lycée Averroès", ils ont indiqué avoir également saisi le Défenseur des droits.
Le lycée Averroès, qui compte actuellement de 400 élèves, avait ouvert en 2003.
Devenu en 2008 le premier lycée musulman à passer sous contrat, il se classe depuis régulièrement parmi les meilleurs de la région.
Averroès est l'un des deux seuls lycées musulmans sous contrat en France, avec le lycée Al-Kindi près de Lyon (174 élèves), dans le centre-est du pays.
Le groupe scolaire, qui compte dans son ensemble 800 élèves, connaît déjà des difficultés financières en raison d'un bras de fer avec la Région Hauts-de-France qui refuse depuis plusieurs années de lui verser les subventions prévues dans le cadre du contrat d'association avec l’État.