La Chine dit aux Etats-Unis qu'elle ne fera «jamais» de «compromis» sur Taïwan

Le vice-président taïwanais William Lai, issu du Parti démocrate progressiste (PDP, pro-indépendance), est donné favori à la succession de l'actuelle présidente Tsai Ing-wen, également du PDP. (AFP)
Le vice-président taïwanais William Lai, issu du Parti démocrate progressiste (PDP, pro-indépendance), est donné favori à la succession de l'actuelle présidente Tsai Ing-wen, également du PDP. (AFP)
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Publié le Mercredi 10 janvier 2024

La Chine dit aux Etats-Unis qu'elle ne fera «jamais» de «compromis» sur Taïwan

  • La Chine «exige des Etats-Unis qu'ils respectent le principe d'une seule Chine, qu'ils respectent leur promesse de façon concrète en cessant d'armer Taïwan et en s'opposant à toute indépendance de Taïwan», a indiqué la délégation militaire chinoise
  • Les habitants de Taïwan voteront samedi pour élire leur prochain président

PEKIN: De hauts responsables militaires chinois ont affirmé à leurs homologues américains que la Chine ne fera "jamais le moindre compromis" sur Taïwan et exhorté les Etats-Unis à "cesser d'armer" l'île, a indiqué mercredi Pékin.

Ces propos ont été tenus lors de discussions militaires organisées lundi et mardi au ministère américain de la Défense à Washington, quelques jours avant une cruciale élection présidentielle à Taïwan, organisée samedi.

L'île, que la Chine entend reprendre, si nécessaire par la force, est au cœur des tensions sino-américaines, les Etats-Unis étant le principal fournisseur d'armes des autorités taïwanaises.

"Sur la question de Taïwan, la Chine ne fera jamais le moindre compromis ou concession", a indiqué la délégation militaire chinoise lors de ces entretiens bilatéraux, selon un communiqué du ministère chinois de la Défense.

"Elle exige des Etats-Unis qu'ils respectent le principe d'une seule Chine, qu'ils respectent leur promesse de façon concrète en cessant d'armer Taïwan et en s'opposant à toute indépendance de Taïwan", a-t-il souligné.

Si les Etats-Unis reconnaissent la République populaire de Chine comme le seul gouvernement chinois légitime, ils sont également le principal soutien militaire des autorités de l'île (officiellement "la République de Chine"), ce qui indispose Pékin.

La Chine estime que Taïwan est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Elle dit privilégier une réunification "pacifique" avec l'île, où les quelque 23 millions d'habitants sont gouvernés par un système démocratique. Mais elle n'a jamais renoncé à employer la force militaire.

«Monter en épingle»

Les habitants de Taïwan voteront samedi pour élire leur prochain président.

Le vice-président taïwanais William Lai, issu du Parti démocrate progressiste (PDP, pro-indépendance), est donné favori à la succession de l'actuelle présidente Tsai Ing-wen, également du PDP. Les deux sont les bêtes noires de Pékin en raison de leurs positions en faveur de l'indépendance.

La Chine a par ailleurs exhorté les Etats-Unis lors des discussions "à réduire leur présence militaire et leurs actions provocatrices" en mer de Chine méridionale contestée, où les deux puissances ont mené la semaine dernière des manœuvres militaires en parallèle.

Des navires de guerre chinois y ont effectué jeudi des exercices, au moment où les Philippines s'entraînaient avec l'armée américaine après une série d'incidents avec Pékin dans des eaux contestées.

"Les Etats-Unis doivent pleinement prendre conscience des raisons profondes des problèmes de sécurité maritime et aérienne, maîtriser leurs troupes qui sont en première ligne et arrêter d'exagérer et de monter en épingle" les incidents, a indiqué le ministère chinois de la Défense dans son communiqué.

De son côté, Washington a dit être convaincu de "l'importance du respect de la liberté de navigation en haute mer" face au "harcèlement répété" de la Chine "contre les navires philippins opérant légalement en mer de Chine méridionale".

En décembre, des navires chinois avaient tiré au canon à eau sur des bateaux philippins lors de deux missions distinctes de ravitaillement vers des récifs disputés, d'après des vidéos diffusées par les garde-côtes philippins.

Revendications

Une collision entre un navire philippin et un bateau des garde-côtes chinois s'était aussi produite. La Chine et les Philippines s'étaient alors rejeté mutuellement la responsabilité de l'incident.

Pékin revendique une grande partie des îles de la mer de Chine méridionale. D'autres pays riverains (Philippines, Vietnam, Malaisie, Brunei) ont des prétentions concurrentes et chacun contrôle plusieurs îlots ou récifs.

Le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping se sont mis d'accord en novembre pour relancer des discussions militaires bilatérales, qui avaient été suspendues pendant plus d'un an.

Les discussions de cette semaine ont été menées par Michael Chase, haut responsable du ministère américain de la Défense, et le général chinois Song Yanchao, a indiqué le Pentagone.

"La Chine a exprimé sa volonté de développer des relations militaires saines et stables avec les Etats-Unis sur la base de l'égalité et du respect", a indiqué le ministère chinois de la Défense.

Le communiqué du Pentagone a lui souligné l'importance du maintien de "lignes ouvertes de communication entre militaires" afin "d'éviter que la concurrence ne dégénère en conflit".


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.