Le monde doit «accélérer le débat» sur la gouvernance de Gaza après la guerre - ministre grec des AE

Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, dans une interview exclusive à Arab News (Capture d’écran, AN).
Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, dans une interview exclusive à Arab News (Capture d’écran, AN).
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Publié le Vendredi 12 janvier 2024

Le monde doit «accélérer le débat» sur la gouvernance de Gaza après la guerre - ministre grec des AE

  • Gerapetritis déclare que la Grèce est préoccupée par la situation humanitaire à Gaza et par le risque de débordement du conflit dans l'ensemble de la région
  • Il qualifie l'Arabie saoudite et la Grèce de «piliers de la stabilité et de la prospérité» dans leurs régions respectives, qui devraient développer leurs relations

RIYAD: La communauté internationale doit renforcer sa réponse humanitaire à Gaza, tout en «accélérant le débat» sur la forme de la gouvernance d'après-guerre du territoire, a déclaré Giorgos Gerapetritis, ministre des Affaires étrangères de la Grèce, à Arab News lors d'une interview spéciale ce jeudi.

Lors d'une longue interview à Riyad, où Gerapetritis a ensuite rencontré son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane, le haut diplomate a formulé des propositions pour mettre fin au conflit à Gaza, tout en évoquant le renforcement des relations entre la Grèce et l'Arabie saoudite.

Interrogé sur les mesures prises par la Grèce pour faire pression sur Israël afin qu'il accepte un cessez-le-feu à Gaza et qu'il permette l'acheminement d'une aide plus importante dans le territoire assiégé, Gerapetritis a indiqué que l'objectif de son gouvernement était double.

«Il s'agit tout d'abord de renforcer l'aide humanitaire, c'est-à-dire de créer des couloirs humanitaires durables, puis de mettre en place des points de contrôle supplémentaires par lesquels l'aide humanitaire pourrait passer», a-t-il signalé.

Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis (à gauche), s'est entretenu avec Arab News à Riyad avant de rencontrer son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane (Photo, AN/Abdel Rahmane Chalhoub).

Les organisations humanitaires ont accusé Israël d'entraver l'acheminement des secours à Gaza, où une campagne de bombardements israélienne soutenue depuis le 7 octobre a déplacé une grande partie de la population et laissé de nombreuses personnes au bord de la famine.

«Deuxièmement, nous essayons de faire pression non seulement sur Israël, mais aussi sur la communauté internationale, car nous devons accélérer le débat sur la situation d'après-guerre», a révélé Gerapetritis.

Il existe plusieurs possibilités quant à la manière dont Gaza pourrait être gouvernée à la fin de la guerre, de nombreux membres de la communauté internationale appelant à la création d'une entité palestinienne chargée de gérer les affaires de l'enclave, mais qui exclurait le Hamas.

Le groupe militant palestinien, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, a lancé une attaque transfrontalière sans précédent contre le sud d'Israël le 7 octobre, tuant 1 200 personnes et en enlevant 240 autres, ce qui a déclenché le conflit actuel.

Certains membres de la communauté internationale estiment que l'Autorité palestinienne, qui gouverne la Cisjordanie, devrait reprendre le contrôle de Gaza une fois la guerre terminée, une possibilité qu'Israël est réticent à accepter.

«Il est important de renforcer la légitimité de l'Autorité palestinienne car, dans l'après-guerre, nous avons besoin d'un interlocuteur crédible de la part des Palestiniens», a précisé Gerapetritis.

«Il va sans dire que nous avons besoin d'une administration forte à Gaza, créée par le peuple palestinien lui-même, mais évidemment dissociée de toute forme de terrorisme», a-t-il ajouté.

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas rencontre le roi Abdallah II de Jordanie, le 10 janvier à Aqaba (Photo, Palais royal jordanien via AFP).

Gerapetritis a indiqué qu'il avait déjà rencontré des ministres européens et arabes, le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, Yisrael Katz, pour discuter de ces propositions, et qu'il accueillerait bientôt à Athènes le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Maliki. Il se rendra également en Jordanie et en Égypte pour des discussions à ce sujet.

Il a mentionné qu'il était impératif d'obtenir un cessez-le-feu à Gaza pour éviter que le conflit ne dégénère en guerre régionale. Ces commentaires interviennent dans un contexte marqué par une série d'attaques des Houthis au Yémen contre des navires commerciaux en mer Rouge et par des tensions croissantes entre Israël et le Hezbollah le long de la frontière libanaise.

Comme le Hamas, les Houthis et le Hezbollah font partie de l'axe de la résistance, une coalition de milices mandataires soutenues par l'Iran et opérant dans tout le Moyen-Orient. Toute escalade impliquant ces groupes pourrait entraîner l'ensemble de la région arabe dans un conflit dévastateur avec Israël.

«La vérité, c'est que l'on s'inquiète de plus en plus de l'extension de la situation, tant en mer Rouge que dans le nord d'Israël et au Liban. Nous travaillons dur pour essayer de contenir les hostilités», a expliqué Gerapetritis.

Des combattants houthis brandissent leurs armes en solidarité au peuple palestinien, le 11 janvier à Sanaa (Photo, AFP).

Il estime qu'un sommet international réunissant les Israéliens et les Palestiniens ainsi que les pays de la région permettrait d'accélérer la recherche de solutions durables.

«L'important à l'heure actuelle est d'organiser une conférence internationale réunissant les deux principales parties prenantes, Israël et la Palestine, ainsi que les pays clés qui ont joué un rôle constructif à cet égard, tels que l'Arabie saoudite, l'Égypte et la Jordanie, et bien sûr les États-Unis», a insisté Gerapetritis.

«Je pense que la communauté internationale doit s'impliquer activement et que les modalités de la formule de paix viendront ensuite», a-t-il jugé.

Entre-temps a-t-il ajouté, des pressions devraient être exercées sur Israël pour qu'il limite le nombre de victimes civiles à Gaza, où plus de 23 000 personnes ont été tuées depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.

«Ce que nous essayons de faire comprendre au gouvernement israélien, ainsi qu'à d'autres alliés, c'est que nous devons minimiser le coût réel, le coût humain, de cette opération», a indiqué Gerapetritis.

«Toute forme d'autodéfense doit s'inscrire dans les limites du droit international et du droit international humanitaire spécial, ce qui signifie qu'en dehors de l'aide humanitaire, nous devons respecter comme il se doit la vie des civils», a-t-il souligné.

Il a ajouté: «Pour nous, il est essentiel qu'il n'y ait pas de déplacement forcé ou de punition collective, ce qui est de toute façon interdit par le droit international.»

Un palestinien porte une vctime d'un bombardement israélien à Rafah, le 7 novembre (Photo, AFP).

Lorsqu'un accord de cessez-le-feu aura été conclu à Gaza, Gerapetritis a déclaré que la communauté internationale devrait s'attacher à résoudre la question israélo-palestinienne en relançant les efforts visant à créer un État palestinien indépendant aux côtés d'Israël.

«Nous devons travailler à une solution durable pour la question palestinienne», a-t-il indiqué. «Comme vous le savez, la Grèce a un principe, une approche qui pense au-delà des frontières, concernant ce qui se passe en Palestine.

«Nous soutenons une solution à deux États basée sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, et nous essayons de travailler avec nos alliés à cet égard», a-t-il expliqué.

Compte tenu du conflit en cours et de l'antipathie ressentie par les parties belligérantes, Gerapetritis admet qu'un cessez-le-feu et les impératifs humanitaires à Gaza sont les priorités les plus immédiates.

«Je pense que nous devons promouvoir activement la solution à deux États. Toutefois, il est essentiel, en même temps, d'assurer une paix durable», a-t-il précisé.

«Il est important qu'en ce moment même, avec un grand nombre de victimes civiles, nous établissions une pause, une pause humanitaire qui nous permettrait de discuter de l'avenir de la Palestine. Il est évident qu'il n'est pas facile de discuter sous la pression énorme des otages retenus et des pertes humaines», a-t-il reconnu.

«Nous devons augmenter les pauses humanitaires afin de pouvoir discuter de l'avenir du Moyen-Orient sans ces énormes fardeaux. Il est donc important de mettre en place les conditions nécessaires à la poursuite des discussions.»

La visite de Gerapetritis en Arabie saoudite et dans d'autres capitales régionales est un signe de l'influence internationale croissante de la Grèce et de sa recherche de nouveaux partenariats dans les domaines de la diplomatie, de l'investissement et de l'énergie.

Giorgios Gerapetritis s'est adressé à Arab News à Riyad, avant de rencontrer son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane (Photo, Abdulrahman Shalhoub via AN).

Le ministre considère les relations avec l'Arabie Saoudite comme une priorité particulière en raison de l'émergence du Royaume en tant qu'acteur régional majeur en termes de diplomatie et de développement.

«Je suis convaincu qu'il est très important, en particulier dans les circonstances instables que connaissent nos régions, que les deux pays soient des piliers de la stabilité et de la prospérité dans leurs régions respectives», a-t-il témoigné.

«L'Arabie saoudite est en effet le pilier de la stabilité dans cette région, avec une attitude modérée dans sa politique étrangère, mais d'un autre côté avec un plan très ambitieux et visionnaire pour l'avenir, en particulier la Vision 2030, qui offre d'énormes opportunités d'investissement pour d'autres pays.

La Grèce a également été «un pilier de stabilité en Méditerranée orientale et dans les Balkans, et est l'un des plus anciens membres de l'UE, je suis persuadé que c'est dans l'intérêt mutuel que nous développons nos relations», a expliqué le ministre grec.

Les deux pays ont signé plusieurs accords ces dernières années afin de faire progresser les échanges commerciaux et les investissements mutuels, ainsi que la coopération en matière de sources d'énergie renouvelable et de connectivité électrique et numérique.

«Nous avons développé notre partenariat stratégique», a déclaré Gerapetritis. «Comme vous le savez, en 2022, nous avons signé un accord pour le lancement d'un Conseil stratégique de haut niveau. Nous espérons être en mesure de le lancer efficacement dans un avenir très proche. À cet égard, nous allons avoir une coopération à part entière.

«Je mets particulièrement l'accent sur l'énergie et les investissements; les investissements parce qu'il y a beaucoup d'endroits et beaucoup de domaines où nous pouvons développer des investissements bilatéraux, à la fois des exportations importantes mais aussi des investissements directs», a-t-il évoqué.

Alors que les pays européens se tournent vers les sources d'énergie renouvelables conformément à leurs engagements en matière de climat et à la nécessité de renforcer la sécurité énergétique, nombreux sont ceux qui considèrent l'investissement de l'Arabie saoudite dans l'énergie hydrogène comme une alternative durable potentielle.

«À cet égard, nous avons également signé un accord important avec l'Arabie saoudite et un protocole d'accord entre les deux ministères de l'Énergie concernant le transfert non seulement de sources d'énergie renouvelables, mais surtout d'hydrogène vert», a affirmé Gerapetritis.

«Nous pouvons être un intermédiaire entre l'Arabie saoudite et l'Europe à ce sujet. L'UE a décidé de développer un giga projet concernant l'énergie grecque, et l'hydrogène vert de haute qualité joue un rôle important dans ce contexte.

Gerapetritis a conclu son interview en disant: «Je suis certain que l'Arabie saoudite peut fournir au moins 50% de cet hydrogène vert à l'Europe. Il s'agit d'un transfert très important.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.