Présidentielle aux Comores: un mort et cinq blessés dans des heurts

Patrouille des forces de sécurité à Moroni, le 18 janvier 2024 suite à l'annonce des résultats de l'élection présidentielle (Photo par OLYMPIA DE MAISMONT / AFP).
Patrouille des forces de sécurité à Moroni, le 18 janvier 2024 suite à l'annonce des résultats de l'élection présidentielle (Photo par OLYMPIA DE MAISMONT / AFP).
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Publié le Jeudi 18 janvier 2024

Présidentielle aux Comores: un mort et cinq blessés dans des heurts

  • Jeudi, des tensions sporadiques entre groupes de dizaines de jeunes et forces de l'ordre se poursuivaient à Moroni
  • Mercredi, les heurts s'étaient déjà multipliés dans plusieurs quartiers de la ville

MORONI: L'opposition aux Comores a appelé la population à manifester vendredi pour dénoncer la victoire contestée du sortant Azali Assoumani à la présidentielle, alors que des heurts ayant déjà fait un mort et cinq blessés se poursuivaient jeudi dans la capitale Moroni.

"Nous lançons l'appel à l'ensemble de la population de nos villes et villages pour faire" de vendredi "une journée nationale de protestation et dénonciation de la mascarade électorale de Azali et son pouvoir", ont déclaré dans un communiqué commun les cinq candidats de l'opposition qui s'étaient présentés au premier tour du scrutin dimanche.

"La situation est extrêmement grave. Des victimes sont à dénombrer du côté de la jeunesse résistante", ont-ils poursuivi, appelant à manifester "après la prière du vendredi" dans l'archipel de l'océan Indien.

Une personne de 21 ans a été tuée "très probablement par balle", a déclaré à l'AFP le Dr Djabir Ibrahim, chef des urgences de l'hôpital Maarouf de Moroni.

Cinq autres ont été blessées, dont l'une souffrant d'"un traumatisme thoracique grave avec pronostic vital engagé", a-t-il poursuivi.

Jeudi, des tensions sporadiques entre groupes de dizaines de jeunes et forces de l'ordre se poursuivaient à Moroni, épicentre de la contestation depuis deux jours. Police, gendarmerie et armée sont déployés en nombre.

Dans les ruelles du centre, des groupes de jeunes hommes, le visage souvent dissimulé, ont jeté des pierres en direction des forces de l'ordre, qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène.

"Nous combattons depuis plus de 24 heures parce que nous ne sommes pas d'accord avec les résultats des élections", a expliqué à l'AFP un jeune manifestant, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Mercredi, les heurts s'étaient déjà multipliés dans plusieurs quartiers de la ville. Des bâtiments ont été vandalisés et incendiés: la maison d'un ministre, des locaux d'une entreprise d'Etat, un entrepôt de riz.

Certains ont déchiré des affiches électorales du président réélu Azali. Des barrages de fortune faits d'amas de pierres et de bouts de bois ont été dressés sur les routes.

«Féroce et sauvage»

Plusieurs arrestations ont eu lieu mais aucun détail n'a été rendu public. La contestation est rare dans le pays, tenu d'une main de fer, et toute dissidence rapidement étouffée.

Un couvre-feu nocturne a été instauré sur les trois îles du pays musulman (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli) mercredi soir et jusqu'à une date indéterminée.

Une mesure qui est l'expression "d'une vraie dictature féroce et sauvage", lâche Saïd Mohamed Saïd Tourqui, membre d'un parti d'opposition.

La connexion à internet est largement perturbée depuis mercredi, l'accès aux réseaux sociaux est notamment réduit.

Azali Assoumani a été réélu dimanche au premier tour avec 62,97% des voix mais seulement 16,30% de participation, selon les chiffres officiels annoncés mardi soir. Cette victoire doit lui permettre de rempiler pour un troisième mandat consécutif et rester au pouvoir jusqu'en 2029.

L'opposition, qui réclame l'annulation du scrutin, a dénoncé des "fraudes grossières" et des "bourrages d'urnes".

"Nous saluons le courage de ces jeunes", a déclaré à l'AFP le candidat à la présidentielle Daoudou Abdallah Mohamed, précisant qu'il ne s'agit pas d'une "contestation organisée mais nous sommes solidaires du mouvement spontané".

L'ONU a appelé mercredi "au calme", exhortant les autorités comoriennes à protéger le droit de manifester et les "principes démocratiques".

L'Union européenne a appelé "toutes les parties à poursuivre le processus de manière pacifique".

Azali Assoumani, 65 ans, a jeté en prison et poussé à l'exil nombre de ses opposants dans sa course au pouvoir. En 2018, il a fait passer une réforme constitutionnelle lui permettant de centraliser les pouvoirs.

Arrivé à la tête du pays en 1999 par un coup d'Etat, le colonel avait été élu une première fois en 2002. Après s'être un temps éloigné des affaires, il est revenu au pouvoir en 2016. Il est l'actuel président en exercice de l'Union africaine, jusqu'en février.

L'archipel compte 870 000 habitants dont 45% vivent sous le seuil de pauvreté.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.