Le Baloutchistan, une région instable entre Iran et Pakistan

La région de Koh-e-Sabz, dans la province du Baloutchistan, au sud-ouest du Pakistan (Photo, AFP).
La région de Koh-e-Sabz, dans la province du Baloutchistan, au sud-ouest du Pakistan (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 19 janvier 2024

Le Baloutchistan, une région instable entre Iran et Pakistan

  • Les Baloutches, à l'instar de la grande majorité des Pakistanais, sont sunnites, ce qui fait d'eux une minorité en Iran
  • Iran et Pakistan partagent au Baloutchistan une frontière poreuse de plus de 900 km

PARIS: Le Baloutchistan est une région instable, partagée entre Iran et Pakistan, où les forces de sécurité des deux côtés de la frontière luttent depuis des années contre des groupes armés, mais qui risque désormais de faire l'objet d'une montée des tensions entre les deux voisins.

Une géographie hostile

Le Baloutchistan, dans le sud-ouest du territoire pakistanais, et le Sistan-Baloutchistan, dans le sud-est du territoire iranien, ont en commun une géographie hostile : des plaines désertiques écrasées par la chaleur l'été, des montagnes rocailleuses parfois ensevelies sous la neige l'hiver..., le tout dans une zone sismique.

D'une superficie à elles deux presque égale à celle de la France (527.000 km2 contre 555.000), ces régions sont très peu densément peuplées et très pauvres : plus de 15 millions d'habitants s'y répartissent entre Pakistan et Iran, dont une partie appartiennent à l’ethnie baloutche, également présente - mais très minoritaire - en Afghanistan.

Iran et Pakistan partagent au Baloutchistan une frontière poreuse de plus de 900 km, que traversent de nombreux trafiquants. L'essence iranienne, soumise à un embargo international, est notamment troquée contre des produits pakistanais.

Les Baloutches, à l'instar de la grande majorité des Pakistanais, sont sunnites, ce qui fait d'eux une minorité en Iran, une république islamique chiite, où ils sont l'objet de discriminations, selon les organisations de défense des droits humains.

Menace sécuritaire en Iran

Les tensions ont longtemps couvé des deux côtés de la frontière mais elles ont rarement dégénéré en attaques, comme c'est le cas aujourd'hui, l'Iran et le Pakistan ayant chacun frappé des cibles qualifiées de "terroristes" chez le voisin.

Neuf personnes ont été tuées jeudi dans des frappes aériennes pakistanaises, a annoncé Téhéran, deux jours après que l'Iran a visé des cibles "terroristes" au Pakistan, faisant au moins deux morts.

Des attaques ont eu lieu en Iran ces derniers mois à l'initiative du groupe séparatiste sunnite Jaish al-Adl (Armée de la justice), inscrit sur la liste noire de l'Iran - mais aussi des États-Unis - en tant qu'organisation terroriste.

Onze policiers ont été tués dans une attaque revendiquée par Jaish al-Adl dans la ville de Rask en décembre.

Jaish al-Adl a été fondé au début de la précédente décennie après la désintégration d'un groupe similaire, Joundallah, qui avait mené pendant des années des attaques contre les forces de sécurité iraniennes mais a été affaibli après la capture puis l'exécution de son chef Abdolmalek Rigi en juin 2010.

Selon les médias officiels iraniens, l'homme avait été arrêté en février 2010, lorsque des avions de combat iraniens avaient forcé un avion de ligne qui se rendait au Kirghizistan à atterrir en Iran.

Séparatisme et jihadisme au Pakistan

Les forces pakistanaises combattent également depuis des décennies une insurrection séparatiste ethnique baloutche, dans une province se plaignant depuis longtemps de ne pas recevoir une part équitable des richesses, en particulier des hydrocarbures, que recèle son sous-sol.

Si cette rébellion armée a fait des centaines de morts dans des attaques ayant en premier lieu visé les forces de sécurité pakistanaises, celles-ci sont en retour accusées de réprimer les séparatistes, y compris pacifiques, Amnesty international dénonçant de "graves violations des droits de l'Homme" au Baloutchistan.

D'après l'ONG "la Voix des baloutches disparus", des dizaines de milliers de personnes ont été enlevées et des milliers de cadavres retrouvés depuis 2000, des chiffres contestés par les autorités pakistanaises.

Depuis 2014, les séparatistes ciblent également des projets associés au Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), un projet de 58 milliards de dollars de Pékin, dont le vaisseau amiral, le port en eaux profondes de Gwadar, se trouve au Baloutchistan.

Plusieurs groupes djihadistes, de l'Etat islamique aux talibans, se sont en outre cachés au Baloutchistan, où de sanglants attentats ont été commis, notamment contre les hazaras, une ethnie chiite.

Quetta, la capitale du Baloutchistan, a longtemps abrité le principal organe de direction des talibans afghans, "la choura de Quetta", nourrissant les accusations occidentales de soutien apporté par Islamabad à ce mouvement désormais au pouvoir en Afghanistan.

Protestation au Sistan-Baloutchistan

Le Sistan-Baloutchistan a été confronté à une instabilité supplémentaire fin 2022, lorsque ses habitants se sont joints aux manifestations nationales qui éclataient dans tout l'Iran à la suite de la mort d'une jeune femme, Mahsa Amini, en garde à vue après avoir été arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire imposé aux femmes en Iran.

Si les manifestations dans cette province iranienne avaient leur propre cause – le viol présumé d'une adolescente par un commandant de la police – et les discriminations dont la population se dit victime de la part du régime chiite, elles se sont agrégées à la colère nationale.

La répression y a été plus forte qu'ailleurs. Le 30 septembre 2022, plus de 80 personnes ont été tuées, selon Amnesty, lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur une manifestation à Zahedan, la principale ville du Sistan-Baloutchistan. D'après cette ONG, au moins 19% des exécutions en Iran concernent la minorité baloutche, quand celle-ci constitue moins de 3% de la population iranienne.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.