Virus : plongeon historique de l'économie mondiale, bilan humain toujours plus lourd

La délégation officielle européenne accompagnée par le directeur général de l’OMS Tedros Adhanomen, lors d’une cérémonie officielle en Espagne le 16 juillet en l’honneur des 27000 victimes espagnoles de la crise du coronavirus (Pierre-Philippe Marcou/AFP)
La délégation officielle européenne accompagnée par le directeur général de l’OMS Tedros Adhanomen, lors d’une cérémonie officielle en Espagne le 16 juillet en l’honneur des 27000 victimes espagnoles de la crise du coronavirus (Pierre-Philippe Marcou/AFP)
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Publié le Vendredi 31 juillet 2020

Virus : plongeon historique de l'économie mondiale, bilan humain toujours plus lourd

  • "Il semble que les rebonds de cas dans certains pays soient en partie dus à des jeunes qui baissent la garde pendant l'été dans l'hémisphère nord", a déclaré le directeur général de l'OMS
  • A la chute vertigineuse des PIB mondiaux s’ajoute un bilan humain dramatique

 

PARIS : L'économie mondiale enregistre un plongeon historique, avec le PIB de l'eurozone en recul de 12,1% au 2e trimestre et les États-Unis en récession, en raison de la pandémie de coronavirus dont le bilan humain est toujours plus lourd. Face à une pandémie que rien ne semble pouvoir enrayer, le Comité d'urgence de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) se réunit une nouvelle fois vendredi, six mois après avoir décrété l'urgence mondiale.

Les statistiques économiques mondiales donnent le tournis. La zone euro a enregistré au deuxième trimestre un plongeon historique de 12,1% de son PIB, conséquence des mesures de confinement, a annoncé vendredi l'Office européen de statistiques.

En France, la chute est de 13,8%, en Espagne de 18,5%, en Allemagne, moteur économique de l'Europe, de 10,14%.

Aux États-Unis, le confinement a entraîné un effondrement du PIB de 32,9% pendant la même période en rythme annualisé. Par rapport au deuxième trimestre 2019, la baisse est de 9,5%.

Le bilan humain aussi donne le vertige. La pandémie a fait au moins 673.909 morts dans le monde, selon un bilan établi à partir de sources officielles vendredi à 11h00 GMT. Le nombre de cas a dépassé les 17 millions. En atteignant la barre des 46.000 morts, le Mexique est devenu le troisième pays au monde en termes de décès liés au coronavirus.

Le Mexique devance ainsi de peu le Royaume-Uni. Les deux premiers pays les plus lourdement touchés par le Covid-19 restent les États-Unis, avec 152.070 morts, et le Brésil, avec 91.263 morts.

Le Vietnam et les Fidji ont annoncé chacun leur premier mort vendredi.

En Floride, l'un des États américains où l'épidémie connaît une forte recrudescence, les habitants attendent désormais l'arrivée de l'ouragan Isaias.

Les restrictions sanitaires se renforcent encore dans plusieurs pays. L'Allemagne a classé trois régions d'Espagne, particulièrement touchées, comme zones à risque, ce qui implique une quarantaine pour les voyageurs qui en reviennent, à moins de présenter un test négatif. Au Royaume Uni, le gouvernement a décidé de repousser d'au moins deux semaines la prochaine phase du déconfinement en Angleterre, prévue samedi avec la réouverture de certains lieux publics. De nouvelles restrictions sont aussi imposées aux habitants de certaines parties du nord de l'Angleterre. Le Danemark recommande désormais le port du masque dans les transports publics, dans un revirement de doctrine. A Hong-Kong, l'exécutif a décidé d'un report d'un an des législatives prévues en septembre en raison de la hausse des cas de coronavirus, décision qui risque d'alimenter la colère du camp prodémocratie qui y voit un prétexte.

Les jeunes "pas invincibles"

"Il semble que les rebonds de cas dans certains pays soient en partie dus à des jeunes qui baissent la garde pendant l'été dans l'hémisphère nord", a déclaré jeudi Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'OMS: les jeunes "ne sont pas invincibles".

Malgré tout, nombreux sont ceux qui tentent de sauver l'économie. Le Népal a rouvert vendredi l'accès à ses massifs montagneux, et notamment à l'Everest, pour les expéditions automnales dans l'espoir de relancer son secteur touristique durement éprouvé.

A Paris, le taux de remplissage du restaurant Jules Verne, au deuxième étage de la Tour Eiffel, s'est ainsi établi à 90%, avec toutefois un nombre de couverts réduit de 30% pour assurer un mètre de distance entre les convives.

"Aujourd'hui la clientèle est française à 80%, avant les Américains à eux seuls en représentaient 45%", explique l'un de ses responsables, Jean-François Prevotat.

A La Mecque, les fidèles musulmans ont entamé vendredi le rituel de lapidation de Satan, l'un des derniers du grand pèlerinage, qui a été drastiquement réduit cette année pour éviter toute propagation du virus.

En France, dans la banlieue parisienne, plusieurs milliers de fidèles ont célébré l'Aïd dans des mosquées très encadrées ou "en plein air". "D'habitude on fait l'Aïd au pays, au Maroc, mais cette année avec le Covid-19 on n'a pas pu y aller alors on est obligé de le faire chez nous", soupire Loubna Saadaoui, 46 ans.

En Algérie, la fête a été maintenue, mais le coeur n'y est pas vraiment. "A cause du virus, il manque l'ambiance habituelle de l'Aïd. Il y a une grande différence. Pas de charme", regrette un algérois, Sid Ali. Car les nuages sanitaires et économiques s'accumulent.

Course au vaccin

Compagnies pétrolières, avionneurs, constructeurs automobiles paient un lourd tribut à la crise, avec des pertes abyssales au deuxième trimestre. Vendredi par exemple, le constructeur de poids lourds suédois Scania a confirmé un plan de 5.000 suppressions de postes dans le monde.

Sur le front médical, signe de la compétition intense entre les États, les contrats se multiplient pour tenter de s'assurer un accès à un éventuel vaccin anti Covid-19.

Dernier en date, l'accord annoncé vendredi entre Sanofi et GSK avec les Etats-Unis, pour un financement supérieur à 2 milliards de dollars.

Les laboratoires français et britannique vont recevoir jusqu'à 2,1 milliards de dollars des États-Unis contre la fourniture initiale de 100 millions de doses aux Américains.

Le Japon a lui conclu un accord avec l'alliance germano-américaine Biontech/Pfizer pour s'assurer 120 millions de doses de leur potentiel vaccin contre le Covid-19, ont annoncé vendredi les deux laboratoires.

Et des opérations similaires se multiplient à travers le monde et cette compétition est polémique, car elle pose la question de l'accès des pays en voie de développement au vaccin, qui n'ont, eux, pas les moyens de financer des contrats si importants, nourrissant les craintes de les voir servis en dernier.


Partenariat Aramco–BlackRock : cap sur le développement gazier de Jafurah

Jafurah, le plus grand champ de gaz non associé du Royaume, contient environ 229 billions de pieds cubes de gaz brut et 75 milliards de barils de condensat.
Jafurah, le plus grand champ de gaz non associé du Royaume, contient environ 229 billions de pieds cubes de gaz brut et 75 milliards de barils de condensat.
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  • Aramco a signé un accord de cession-bail de 11 milliards de dollars avec un consortium dirigé par BlackRock
  • L’accord soutient le programme d’expansion gazière d’Aramco, avec une montée en puissance de la production prévue à Jafurah et une optimisation de son portefeuille d’actifs

RIYAD : Saudi Aramco a conclu un accord de cession-bail d’une valeur de 11 milliards de dollars avec un consortium dirigé par Global Infrastructure Partners, affilié à BlackRock, portant sur des actifs intermédiaires liés au développement gazier de Jafurah.

Dans le cadre de cet accord, la société nouvellement créée Jafurah Midstream Gas Co. (JMGC) obtiendra les droits de développement et d’exploitation de la Jafurah Field Gas Plant et de l’installation de fractionnement Riyas NGL, avant de les relouer à Aramco pour une période de 20 ans, selon un communiqué de presse.

La société percevra un tarif de la part d’Aramco, qui conserve l’exclusivité de la réception, du traitement et de la valorisation du gaz brut issu du champ.

Cette transaction représente l’un des plus importants investissements directs étrangers dans le secteur énergétique du Royaume et s’inscrit dans la continuité du partenariat stratégique entre Aramco et BlackRock. En 2022, BlackRock avait déjà co-dirigé un consortium d’investisseurs pour une participation minoritaire dans Aramco Gas Pipelines Co.

Dans un communiqué, Amin H. Nasser, président-directeur général d’Aramco, a déclaré :
« Jafurah constitue une pierre angulaire de notre ambitieux programme d’expansion gazière, et la participation du consortium mené par GIP en tant qu’investisseur dans un actif clé de nos opérations gazières non conventionnelles démontre la solidité de notre projet. »

Il a ajouté : « Cet investissement direct étranger reflète également l’attrait de la stratégie à long terme d’Aramco auprès des investisseurs internationaux. Alors que Jafurah s’apprête à démarrer la phase 1 de sa production cette année, le développement des phases suivantes progresse comme prévu. »

Dans le cadre de l’accord, Aramco détiendra 51 % de JMGC, tandis que le groupe dirigé par GIP en possédera les 49 % restants. La transaction, qui ne comporte aucune restriction de volume de production, sera finalisée une fois les conditions habituelles remplies.

Jafurah, le plus grand champ de gaz non associé du Royaume, contient environ 229 000 milliards de pieds cubes de gaz brut et 75 milliards de barils de condensats. Le site est central dans le plan d’Aramco visant à augmenter de 60 % sa capacité de production de gaz entre 2021 et 2030, afin de répondre à la demande croissante.

Bayo Ogunlesi, président-directeur général de GIP, a déclaré : « Nous sommes heureux de renforcer notre partenariat avec Aramco grâce à cet investissement dans les infrastructures gazières d’Arabie saoudite, un pilier clé des marchés mondiaux du gaz naturel. »

L’accord a suscité un fort intérêt auprès des investisseurs internationaux, avec la participation de co-investisseurs d’Asie et du Moyen-Orient. Aramco a indiqué que cet accord contribuera à optimiser son portefeuille d’actifs et à générer davantage de valeur grâce au développement de Jafurah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


KAUST publie une nouvelle étude sur la dégradation des terres

L'étude de la KAUST vise à inverser la menace croissante de la dégradation des sols et à améliorer la sécurité alimentaire et hydrique, la stabilité sociale et la biodiversité. (Fourni)
L'étude de la KAUST vise à inverser la menace croissante de la dégradation des sols et à améliorer la sécurité alimentaire et hydrique, la stabilité sociale et la biodiversité. (Fourni)
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  • Le plan directeur de l’université saoudienne vise également à renforcer la sécurité alimentaire, la stabilité sociale et la biodiversité
  • L’étude recommande la restauration des terres dégradées par des pratiques de gestion durable

RIYAD : Une récente étude menée par l’Université des sciences et technologies du roi Abdallah (KAUST) propose un nouveau plan directeur pour atténuer l’impact mondial de la dégradation des terres.

L’université saoudienne cherche à inverser cette menace croissante, tout en améliorant la sécurité alimentaire et hydrique, la stabilité sociale et la biodiversité.

Publiée dans la revue scientifique multidisciplinaire Nature, l’étude avance plusieurs solutions pour inverser la trajectoire actuelle de dégradation des terres d’ici 2050.

Parmi les recommandations figure l’augmentation de la production et de la consommation de produits de la mer afin de réduire la pression exercée par l’agriculture sur les terres.

Une autre piste suggère de réduire le gaspillage alimentaire de 75 % — l’étude rappelant qu’un tiers de la nourriture produite est actuellement gaspillée, pour un coût dépassant les 1 000 milliards de dollars chaque année.

Enfin, les auteurs appellent à restaurer 50 % des terres dégradées grâce à des pratiques de gestion durable.

KAUST rappelle que la production alimentaire utilise actuellement jusqu’à 34 % des terres émergées non couvertes de glace, un chiffre qui pourrait atteindre 42 % d’ici 2050 si rien ne change.

Les scientifiques proposent de revoir les incitations économiques, d’augmenter les dons alimentaires et de promouvoir des portions plus petites dans les restaurants, afin de préserver jusqu’à 13,4 millions de km² de terres.

« L’Arabie saoudite fait déjà beaucoup pour réduire le gaspillage alimentaire et restaurer les terres, mais elle pourrait tirer encore plus de bénéfices si les décideurs appliquent certaines recommandations clés », a déclaré Fernando Maestre, professeur en sciences et ingénierie de l’environnement à KAUST, à Arab News.

« Cela inclut la promotion de repas plus petits dans les restaurants, l’obligation pour les supermarchés et hôtels de donner ou de solder les produits proches de la date de péremption, l’exigence pour les entreprises de publier des plans de réduction du gaspillage, l’investissement dans la chaîne du froid et la redistribution communautaire, ainsi que le développement d’options durables en produits de la mer et algues, à forte valeur nutritionnelle et à faible usage des terres et de l’eau. »

« Réduire le gaspillage alimentaire grâce à ces mesures soulagerait la pression sur les ressources hydriques limitées du Royaume, réduirait les émissions, renforcerait la sécurité alimentaire et permettrait des économies », a-t-il ajouté.

L’étude souligne également l’importance d’une production durable de produits de la mer, et explique comment des politiques ciblées en matière d’aquaculture pourraient contribuer à diminuer la pression sur les ressources terrestres et à freiner la déforestation.

« En transformant les systèmes alimentaires, en restaurant les terres dégradées, en exploitant le potentiel des produits de la mer durables et en favorisant la coopération entre nations et secteurs, nous pouvons inverser la courbe de la dégradation des terres », conclut Maestre.

Cette étude a été menée en collaboration avec Aeon Collective et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les actifs du fonds souverain saoudien (PIF) augmentent de 19 % pour atteindre 913 milliards $ en 2024

(Shutterstock)
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  • Le PIF a augmenté ses actifs sous gestion de 19 % en 2024, atteignant 913 milliards de dollars, grâce à une forte mobilisation de capitaux, une transformation numérique avancée et des investissements ciblés dans des secteurs stratégiques
  • Le PIF joue un rôle clé dans la diversification économique de l’Arabie saoudite

RIYAD : La valeur totale des actifs sous gestion du Public Investment Fund (PIF) d’Arabie saoudite a atteint 913 milliards de dollars à la fin de l’année 2024, soit une hausse de 19 % par rapport à l’année précédente, selon le rapport annuel publié par le fonds souverain.

Le rapport indique également que les revenus du PIF ont progressé de 25 % sur un an, tandis que la trésorerie est restée solide et globalement stable.

Cette annonce intervient après le classement de Brand Finance, qui a désigné le PIF comme le fonds souverain le plus précieux et à la croissance la plus rapide au monde, avec une valeur de marque estimée à 1,2 milliard de dollars.

En juillet, une étude du cabinet Global SWF classait le PIF quatrième au niveau mondial, avec des actifs dépassant 1 000 milliards de dollars — une estimation légèrement supérieure à celle du rapport officiel.

« Le portefeuille du PIF a enregistré une croissance annuelle de 19 % pour atteindre 913 milliards $. Les investissements dans les secteurs prioritaires ont totalisé 56,8 milliards $ en 2024, portant les investissements cumulés depuis 2021 à plus de 171 milliards $ », a déclaré Yasir A. Al-Salman, directeur financier du PIF.

Depuis 2017, le fonds a affiché un rendement moyen annuel de 7,2 %, tandis que sa contribution cumulée au PIB réel non pétrolier de l’Arabie saoudite entre 2021 et 2024 s’élève à 243 milliards de dollars.

« Tout au long de 2024, le PIF a poursuivi sa mission avec vision à long terme et impact durable. Il a joué un rôle moteur dans la transformation économique du Royaume », a affirmé Maram Al-Johani, cheffe de cabinet par intérim et secrétaire générale du conseil d’administration.

Elle a précisé que le fonds représente désormais 10 % de l’économie non pétrolière du pays.

« Le portefeuille du PIF reflète sa volonté de diversification économique. Le fonds continue d’investir et de créer de nouvelles entreprises, portant leur nombre total à 225, dont 103 fondées directement par le PIF », a-t-elle ajouté.

Le PIF soutient également le développement de secteurs économiques stratégiques en renforçant les capacités techniques de ses filiales, en favorisant la localisation industrielle et en encourageant l’innovation.

« Les résultats 2024 marquent la transition du PIF d’une phase de transformation numérique vers un leadership numérique. L’intelligence artificielle et l’automatisation sont désormais au cœur de nos opérations. En 2024, nous avons mené 58 projets digitaux, lancé 15 nouvelles applications et automatisé plus de 477 processus », a déclaré Al-Johani.

Enfin, le PIF poursuit la diversification de ses sources de financement : il a levé 9,83 milliards de dollars en dette publique et 7 milliards en dette privée.

La solidité financière du fonds a été confirmée par les agences de notation : Moody’s a relevé la note du PIF de A1 à Aa3, perspective stable, tandis que Fitch a confirmé sa note A+, également avec perspective stable.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com