En Espagne, des Britanniques noient le Brexit dans l'humour

Des expatriés britanniques jouent au tir à la corde dans le bar britannique anti-Brexit lors de la fête d'adieu simulée à l'UE à Jimera de Libar, Espagne, le 1er janvier 2021 (Photo, AFP).
Des expatriés britanniques jouent au tir à la corde dans le bar britannique anti-Brexit lors de la fête d'adieu simulée à l'UE à Jimera de Libar, Espagne, le 1er janvier 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 02 janvier 2021

En Espagne, des Britanniques noient le Brexit dans l'humour

  • Depuis vendredi, chaque Britannique qui vit en Espagne doit suivre la même procédure qu'un citoyen non-européen, une démarche plus complexe et difficile
  • Au moins 370 000 Britanniques sont recensés en Espagne, plus que n'importe quel autre pays européen

JIMERA de LIBAR: Des chants et du tir à la corde: à Jimera de Libar, dans le sud de l'Espagne, les expatriés britanniques ont préféré, plutôt que d'en pleurer, lever leur verre de bière pour dire au revoir au marché unique.

Au Bar du village, l'Allioli, on a choisi l'ironie pour marquer le Brexit... et des plats typiques: au menu, des fishs and chips, des haricots en sauce, saucisse, purée et des toasts.

«C'est vrai que la plupart d'entre nous ne sont pas très heureux de tout ça, mais on veut quand même le célébrer d'une certaine façon et passer un bon moment», explique Paul Darwent, 65 ans, gérant du bar installé dans les montagnes andalouses à une heure environ de la côte.

Le Brexit ? «La vérité, c'est que ça va générer beaucoup de problèmes pour nous tous», poursuit ce Britannique qui vit en Espagne depuis plus de vingt ans.

Environ 370 000 Britanniques sont recensés en Espagne, plus que n'importe quel autre pays européen, mais ce chiffre ne prend pas en compte les milliers d'autres qui n'ont pas averti les autorités.

La plupart sont des retraités vivant au soleil, sur la côte sud, attirés par la météo clémente et le coût de la vie très peu élevé du pays.

S'ils avaient bien pris soin de se signaler avant le 31 décembre 2020, les Britanniques pourront garder leur droit de résidence en Espagne, mais ils doivent avoir fourni une adresse de résidence permanente, un compte bancaire espagnol, avoir une couverture de santé et pouvoir justifier de revenus suffisants.

«Très ennuyé»

Beaucoup, toutefois, ne remplissent pas ces critères, explique Myra Azzopardi, assistante juridique et fondatrice du Bureau de conseil des Citoyens (CAB), une association qui fournit une aide juridique aux expatriés.

«Nous allons avoir beaucoup de gens qui vont finir sans avoir de résidence ni aucun moyen d'en acquérir une», estime-t-elle.

Baz Rhodes, moniteur de parapente âgé de 58 ans, a quitté Manchester pour s'installer en Espagne il y a vingt ans. Le Brexit les a obligés, lui et sa femme, à contracter une assurance maladie privée pour 200 euros par mois

«Je suis très, très ennuyé», confie-t-il, alors qu'il est venu faire la fête dans le bar enveloppé dans un drapeau européen.

En raison des restrictions sanitaires dues à la pandémie, la fête a dû se tenir à l'extérieur de l'établissement, dans le jardin redécoré aux couleurs des drapeaux espagnols, britanniques et européens.

Comme un clin d'œil au Brexitdes entrées séparées avaient été installées pour les Européens et les non-Européens pour se rendre aux toilettes.

Quant à la playlist de la soirée, les participants ont pu entendre le groupe The Communards «Don't leave me this way» (ne me quitte pas comme ça) ou encore de Vera Lynn's «We'll meet again» (on se reverra).

«Si triste»

L'un des temps forts de la soirée a été l'épreuve de tir à la corde faisant s'affronter quatre Britanniques à une équipe composée d'un Français, un Danois, un Espagnol et un Néerlandais.

Des cris et des applaudissements ont fêté la victoire de l'équipe de «l'Union européenne», tandis que l'équipe britannique tombait de tout son long au sol.

«Si on ne faisait pas un peu la fête, on se mettrait à pleurer tant c'est triste», avoue Elaine Gilfillan, une enseignante écossaise qui vit en Espagne depuis deux décennies.

Elle est encore plus attristée de voir qu'il sera plus difficile pour ses enfants de déménager en Espagne ou dans un autre pays de l'UE comme elle a pu le faire.

Depuis vendredi, chaque Britannique qui vit en Espagne doit suivre la même procédure qu'un citoyen non-européen, une démarche plus complexe et difficile avec des exigences de revenus bien plus élevées.

Leurs diplômes ne seront désormais plus reconnus en Espagne, ils devront faire la démarche pour les faire reconnaître, sans garantie de réussite.

«Nous devrions être ensemble. Nous sommes un seul continent. Je pense qu'à la fin, le Royaume-Uni souffrira. Ce n'est pas bon pour qui que ce soit», conclut Gilfillan.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.