L'autonomie en discussion incapable de «préserver le peuple corse», dénonce le FLNC

Des membres du Front de Libération Nationale Corse (FLNC), cagoulés, vêtus de treillis militaires et armés de fusils, tiennent une conférence de presse dans un lieu tenu secret sur l'île méditerranéenne française de Corse en janvier 2024 (Photo, AFP).
Des membres du Front de Libération Nationale Corse (FLNC), cagoulés, vêtus de treillis militaires et armés de fusils, tiennent une conférence de presse dans un lieu tenu secret sur l'île méditerranéenne française de Corse en janvier 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 27 janvier 2024

L'autonomie en discussion incapable de «préserver le peuple corse», dénonce le FLNC

  • Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin doit se rendre «début février» en Corse pour «faire un point d'étape» concernant les discussions sur l'évolution du statut de l'île
  • Ils affirment que le peuple corse est «sans aucune possibilité légale» de s'opposer à ce qu'ils qualifient de «colonisation de peuplement»

AJACCIO: Le mouvement indépendantiste Front de libération nationale corse (FLNC) a critiqué, lors d’une conférence de presse clandestine, l'autonomie actuellement en discussion pour l'île, la jugeant incapable de "préserver le peuple corse".

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin doit se rendre "début février" en Corse pour "faire un point d'étape" concernant les discussions sur l'évolution du statut de l'île vers une "autonomie dans la République", a indiqué cette semaine le Premier ministre Gabriel Attal.

Onze individus cagoulés et armés étaient présents à cette conférence de presse dans un lieu tenu secret.

Dans un communiqué lu aux journalistes de l'AFP, du quotidien régional Corse-Matin et de France 3 Corse, ces personnes se revendiquant du groupe clandestin indépendantiste FLNC évoquent une augmentation de population de l'île méditerranéenne "de 20.310 résidents" (sur 340.000 habitants) entre 2015 et 2021, "pour la plupart des Français" (du continent, NDLR).

Ils affirment que le peuple corse est "sans aucune possibilité légale" de s'opposer à ce qu'ils qualifient de "colonisation de peuplement".

Le FLNC fait référence au discours du président Emmanuel Macron en septembre à l'assemblée de Corse lors duquel il a proposé aux élus insulaires d'accorder à l'île "une autonomie dans la République".

Les clandestins estiment que le refus du président de reconnaître le "peuple corse" mais seulement "une communauté insulaire" et sa volonté d'exclure "un statut de résident", n'acceptant qu'un "statut de résidence car tous les citoyens français ont les mêmes droits sur le territoire français", étaient clairs: "ces deux simples points permettent de comprendre que l'autonomie évoquée ne sera absolument pas en mesure de préserver le peuple corse dans sa survie".

Ils jugent également qu'une alliance "à venir" entre les nationalistes et la droite insulaire ne pourra "apporter des solutions à la disparition de notre peuple".

Réaffirmant ne pas avoir "de destin commun avec la France", ils estiment dès lors être "dans le même cas de figure que tous les peuples qui subissent la colonisation de peuplement" et apportent, sur une des trois pages du communiqué, leur soutien "à la cause palestinienne".

Ils assurent que "leur combat est politique" et affirment se référer "exclusivement au droit international, loin des préoccupations religieuses".

«Nuit bleue»

Sans menacer de nouvelles actions, ils concluent en revendiquant "45 actions" en octobre 2023, en référence, semble-t-il, à la "nuit bleue" du 8 au 9 octobre lors de laquelle une série d'explosions avaient visé principalement des résidences secondaires mais aussi un centre des impôts désaffecté à Ajaccio, sans faire de blessés.

Ces explosions, sans précision de chiffre, avaient été revendiquées le lendemain par le FLNC dans un communiqué au quotidien régional Corse-Matin, conduisant le Parquet national antiterroriste (Pnat) à ouvrir une enquête.

A la suite de cette conférence de presse, le parquet antiterroriste a ouvert une nouvelle enquête pour "association de malfaiteurs terroriste et acquisition, détention, et transport d'armes de catégorie A et B en relation avec une entreprise terroriste", a-t-il indiqué.

Les investigations ont été confiées à la Sous-direction antiterroriste (SDAT) en tant que service coordonnateur, ainsi qu'aux Directions interdépartementales de la police nationale (DIPN) de Bastia et d'Ajaccio, a précisé le Pnat.

L'île connaît depuis deux ans une recrudescence d'incendies criminels et d'explosions, visant principalement des résidences secondaires. Ces explosions ont été souvent revendiquées, certaines par le FLNC, d'autres par le GCC (Ghjuventù Clandestina Corsa), un mouvement clandestin de jeunesse corse.

Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a dit mardi lors de l’audience solennelle de rentrée du tribunal judiciaire de Paris que "la situation du terrorisme nationaliste en Corse a abouti en 2023 à l’ouverture de plus de 70 procédures".

Il y en avait eu 22 en 2022, trois en 2021 et quatre en 2020, selon une source judiciaire.

"La dialectique de violence croissante, y compris par la diffusion d’écrits menaçants à l’encontre des représentants de l’Etat, appellent de notre part une vigilance particulière", selon M. Ricard.

Le FLNC, apparu pour la première fois en 1976, avec une profession de foi retrouvée dans les décombres de 18 attentats lors d'une première "nuit bleue", est depuis devenu une nébuleuse opaque, résultat de scissions, luttes fratricides et recompositions.


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.