2021, ou la voie vers plus d'incertitude, selon les experts

2020 a été l'année de la plus grande récession économique en près d'un siècle, d'un effondrement rapide mais dramatique du commerce mondial et de l'année la plus tumultueuse pour le pétrole en 50 ans. 2021 semble susceptible d'apporter plus d'incertitude (Photo, AFP / Archives).
2020 a été l'année de la plus grande récession économique en près d'un siècle, d'un effondrement rapide mais dramatique du commerce mondial et de l'année la plus tumultueuse pour le pétrole en 50 ans. 2021 semble susceptible d'apporter plus d'incertitude (Photo, AFP / Archives).
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Publié le Samedi 02 janvier 2021

2021, ou la voie vers plus d'incertitude, selon les experts

  • La plupart des analystes conviennent qu'il existe une corrélation directe entre la fin de la pandémie de la Covid-19 et la reprise de la croissance
  • L'espoir reste que 2021 verra une continuité dans le réarrangement fondamental de l'économie mondiale, à un rythme plus lent

DUBAI: L'année qui vient de s'écouler était le Grand Accélérateur. À la même époque l'année dernière, les experts prévoyaient un léger ralentissement de la croissance économique mondiale, des tensions persistantes dans les schémas commerciaux mondiaux et une période délicate mais négociable pour les marchés pétroliers, car les sources renouvelables sont loin de satisfaire la demande.

2020 a été l'année de la plus grande récession économique en près d'un siècle, d'un effondrement rapide mais dramatique du commerce mondial, et l'année la plus tumultueuse pour le pétrole en 50 ans. La pandémie de la Covid-19 a provoqué des tendances négatives de l'économie mondiale, les aggravant de plus en plus.

Au Moyen-Orient, en particulier parmi les pays exportateurs de pétrole, le schéma était le même. La contraction économique et la chute des recettes pétrolières ont aggravé les pressions budgétaires qui s'étaient déjà accumulées. Les gouvernements ont dû vivre avec un niveau d'endettement plus élevé qu'ils ne l'auraient souhaité, tout en puisant dans leurs réserves pendant la récession. Heureusement, la plupart d'entre eux ont encore de profonds moyens financiers.

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La contraction économique et la chute des revenus pétroliers pendant la pandémie de la Covi-19 ont aggravé les pressions budgétaires qui s'étaient déjà accumulées au Moyen-Orient (Photo, AFP / Archives).

Dans ce contexte d'imprévisibilité, il serait téméraire de faire des projections fermes sur ce que 2021 apportera.

Ellen Wald, consultante et auteure du livre «Saudi Inc», a écrit: «La vérité est qu'en ce réveillon du Nouvel An, nous accrochons un nouveau calendrier et nous nous dirigeons vers le futur sans aucune certitude».

Les variables sont nombreuses, mais la plus importante reste l'évolution de la pandémie et l'efficacité (ou non) des mesures pour la combattre. Le coronavirus est le facteur déterminant de l'économie mondiale car la plupart des analystes conviennent qu'il existe une corrélation linéaire directe entre la fin de la pandémie et la reprise de la croissance économique.

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QUELQUES CHIFFRES

En 2021

  • 5,2% - Projection du FMI sur la croissance du PIB mondial en 2021.
  • 6,4% - Prévisions de Morgan Stanley sur la croissance du PIB mondial.
  • 4.6 - Projection d’IHS Markit de la croissance du PIB mondial.
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Le cabinet-conseil IHS Markit estime qu'il y a de la lumière au bout du tunnel: «Quoique le virus de la Covid-19 restera avec nous tout au long de 2021, le développement et le déploiement rapides des vaccins permettront certainement une transition vers une nouvelle économie post-pandémique. Ainsi, nous entamons 2021 avec un mélange de prudence et d'espoir».

D'un autre côté, il semble peu probable que le monde soit en mesure de déclarer officiellement la fin de la pandémie en 2021. L'Organisation mondiale de la santé a publié sa catégorie la plus élevée - «urgence de santé publique de portée internationale» - en janvier dernier alors qu'il y avait moins de 100 cas dans le monde, et il semble pratiquement impossible que les taux de mortalité retombent à ce niveau cette année.

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Les pèlerins musulmans ont convergé vers le mont Arafat en Arabie saoudite pour la saison du hajj de cette année, le plus petit des temps modernes et un contraste frappant avec les foules massives des années précédentes (Photo, AFP / Archives).

Malgré les marchés mondiaux encouragés par le déploiement rapide des vaccins, les défis financiers et logistiques signifient qu'il faudra beaucoup de temps avant que les vaccins n'atteignent la totalité, voire la plupart, de la population mondiale- à condition que les gens puissent être persuadés de se faire vacciner.

Dans ce contexte, les prévisionnistes économiques se débattent toujours. Le Fonds monétaire international - le guide le plus largement accepté sur la santé de l'économie mondiale - prédit que le PIB mondial rebondira à 5,2% de croissance en 2021, après un effondrement de 4,4% lors du «grand confinement», mais admet toutefois que «les prévisions reposent sur la santé publique et les facteurs économiques qui sont par nature difficiles à prévoir.

Consommateurs moteurs

D'autres experts sont moins prudents. Morgan Stanley, la banque d'investissement américaine, croit que le rebond économique sera de 6,4% dans le monde cette année. Son économiste en chef, Chetan Ahya, a affirmé: «Nous pensons que les consommateurs ont été le moteur de la reprise et que la croissance des investissements et la tolérance au risque du secteur privé sont les caractéristique principales de toute reprise auto-entretenue, vont rebondir également».

Ahya a en outre ajouté: «D'ici mars ou avril, nous nous attendons à ce que toutes les zones géographiques et tous les secteurs de l'économie mondiale rejoignent la reprise, avec une croissance impressionnante de 9% du PIB en Chine qui est à l'origine de l’éclosion du virus».

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Certains experts estiment qu'une reprise économique mondiale est possible, la croissance du PIB en Chine jouant le rôle principal (Photo, AFP / Archives).

Ce point de vue optimiste n'est pas du tout partagé par tous les chroniqueurs. «Les vents contraires à une croissance robuste à court terme comprennent les confinements liés à la Covid-19 au début de 2021, la prudence persistante des consommateurs et des entreprises, la diminution du soutien budgétaire et les tensions realatives à la hausse de la dette publique et privée», a déclaré IHS Markit tout en réduisant ses propres prévisions du PIB à 4,6% en 2021.

Pour l'autre grand moteur de la croissance mondiale - les États-Unis - les signaux sont plus confus. Le FMI a prédit que le PIB américain chuterait de 4,3% en 2020 avant de récupérer 3,1% cette année. Mais cette prévision a été faite avant les élections de novembre, qui ont toujours la capacité d'avoir un impact réel sur l'économie américaine.

L'Europe reste le problème potentiel en 2021, en proie à l'impact du Brexit et à la récente flambée de nouvelles souches de virus. Une forte baisse de 8,3% en 2020, selon le FMI, ne sera que partiellement compensée par une hausse de 5,2% en 2021.

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La Grande-Bretagne a annoncé jeudi 24 décembre 2020 qu'un accord été obtenu sur les relations futures du pays avec l'Union européenne, après des pourparlers de dernière minute à peine quelques jours avant la date limite (Photo, AFP / Archives).

Optimisme sur une reprise saoudienne

Pour le Moyen-Orient, le FMI a prédit une baisse de 4,1% suivie d'une augmentation de 3% en 2021, l'Arabie saoudite ayant baissé de 5,4% en 2020 avant de récupérer 3,1%, à peu près en ligne avec les hypothèses formulées dans le budget de décembre du Royaume.

D'autres chroniqueurs sont plus optimistes quant au rythme de la reprise saoudienne. Nasser Saidi, expert en économie, a déclaré à Arab News qu'il envisageait une croissance du PIB de 3,5% pour le Royaume cette année, la reprise après les périodes de confinements ayant coïncidé avec les mesures de diversification de la stratégie relative à la Vision 2030 pour réduire la dépendance au pétrole.

L'un des débats dans le Royaume en 2020 était de savoir si le gouvernement avait pris suffisamment de mesures de relance budgétaire dans le but de lutter contre les effets de la pandémie.

Bien que le montant destiné pour relancer l’économie était faible par rapport à d'autres pays du G20, le contre-argument est que les décideurs saoudiens ont pris des mesures si rapides afin de ralentir la propagation du virus et que les interventions fiscales drastiques adoptées par d'autres pays étaient infructueuses.

Saidi est totalement d'accord de cette stratégie. «les décideurs saoudiens n'avaient pas vraiment besoin d'injecter autant d’argent que les autres pays du G20», a-t-il souligné.

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Une photo fournie par le ministère saoudien des médias le 25 juillet 2020 montre des voyageurs, portants des masques en raison de la pandémie du coronavirus, attendant en fille leurs bagages à l'aéroport de Djeddah pendant l’arrivée du premier groupe de pèlerins (Photo, AFP / Archives).

L'autre grand impondérable en 2021 est de savoir si les conditions favorables des marchés financiers de l'année dernière peuvent se poursuivre. Certains pessimistes ont passé une grande partie de l'année écoulée à anticiper une importante correction des marchés financiers mondiaux, qui ont continué de grimper à de nouveaux niveaux au moment où l'économie mondiale s'enfonçait dans le marasme.

L'indice S&P, le principal baromètre de la prospérité des actions mondiales, a semblé défier la gravité, terminant l'année de 15% plus haut avec un nouveau record sans précédent. Les sceptiques ont souligné qu'une grande partie de cette augmentation était due aux plans de relance du gouvernement qui ont atteint plus de 11 billions de dollars dans le monde au cours de l'année.

Ils ont également souligné que la majeure partie de l'augmentation de la valeur des actions était due à la performance d'une poignée de sociétés technologiques américaines comme Apple et Amazon, qui ont exploité le nouveau monde de la distanciation sociale et des télécommunications pendant cette pandémie. Il semble que peu de choses contredisent l'argument selon lequel ces entreprises ont déjà atteint une nouvelle normalité post-pandémique et que la hausse de leurs propres capitaux se poursuivra en 2021.

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Pour l'autre grand moteur de la croissance mondiale - les États-Unis - les signaux et les signes de reprise économique sont un peu plus déroutants (Photo, AFP / Archives).

En Arabie saoudite, les marchés financiers ont également nagé à contre-courant de la vague du confinement en 2020. Le Tadawul, par exemple, a connu l'une de ses meilleures années de son histoire en générant de grosses sommes dans les offres publiques initiales. Dans un contexte de reprise économique en cours et de l’amélioration des revenus pétroliers, la plupart des analystes boursiers estiment que cette tendance à la hausse se poursuit cette année, alors que le rythme des privatisations devrait s'accélérer.

Pour le Royaume, comme toujours, beaucoup dépend de la prospérité des marchés mondiaux de l'énergie. Il y avait des signes de rééquilibrage et de reprise du pétrole brut à la fin de l'année, l'alliance OPEP + se révélant efficace pour limiter l'offre et mettre un nouveau plancher sous les prix de 50 dollars le baril ont été maintenus pendant la majeure partie de décembre. Certains analystes pensent qu'il pourrait atteindre 65 $ en 2021.

Si le coronavirus a conduit à la «grande réinitialisation» - selon les mots du fondateur du Forum économique mondial Klaus Schwab – à ce moment-là, les prévisionnistes économiques doivent espérer que 2021 verra ce réarrangement fondamental de l'économie mondiale se poursuivre, mais à un rythme plus lent. L'année qui vient de s'écouler a été suffisamment troublante pour durer une décennie.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.