En Suède, Macron défend l'Europe agricole et préconise un soutien «courageux» à l'Ukraine

Le président français Emmanuel Macron (à droite) porte un toast avec la reine Silvia de Suède lors d'un dîner d'État au palais royal de Stockholm, en Suède, le 30 janvier 2024. (Photo par Ludovic Marin  POOL  AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) porte un toast avec la reine Silvia de Suède lors d'un dîner d'État au palais royal de Stockholm, en Suède, le 30 janvier 2024. (Photo par Ludovic Marin POOL AFP)
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Publié le Mercredi 31 janvier 2024

En Suède, Macron défend l'Europe agricole et préconise un soutien «courageux» à l'Ukraine

  • La colère des agriculteurs français et d'autres pays européens s'est invitée au premier jour de la visite d'Etat du président français en Suède, consacrée à l'avenir de la défense européenne au moment où Stockholm est près d'adhérer à l'Otan
  • Le président français a également demandé des «mesures claires» face aux importations de poulets et de céréales d'Ukraine

STOCKHOLM, Suède : Emmanuel Macron a défendu mardi en Suède la Politique agricole commune (PAC) face aux difficultés des agriculteurs français et prôné des décisions «courageuses» pour accélérer le soutien à l'Ukraine, à deux jours d'un sommet européen crucial.

La colère des agriculteurs français et d'autres pays européens s'est invitée au premier jour de la visite d'Etat du président français en Suède, largement consacrée à l'avenir de la défense européenne au moment où Stockholm est près d'adhérer à l'Otan.

«Ce serait de la facilité de tout mettre sur le dos de l'Europe», a dit M. Macron lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, relevant que «sans Politique agricole commune, nos agriculteurs n'auraient pas de revenus et ne pourraient pas vivre pour beaucoup d'entre eux».

La PAC organise la concurrence et régule les aides agricoles au niveau européen.

Il a justifié le refus de conclure un accord commercial entre l'Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur, souhaité par des pays comme l'Allemagne, par l'existence de «règles qui ne sont pas homogènes avec les nôtres».

Le président français a également demandé des «mesures claires» face aux importations de poulets et de céréales d'Ukraine. Il doit s'entretenir jeudi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, en marge du sommet européen sur le soutien à l'Ukraine.

Emmanuel Macron a aussi souhaité que les distributeurs «ne tirent pas toute la valeur ajoutée» dans les négociations avec les agriculteurs.

- Défense européenne autonome -

Lors de leur entretien, le président français et Ulf Kristersson ont conclu un «partenariat stratégique renouvelé», avec un accent mis sur la défense.

Dans ce cadre, M. Macron a appelé les Européens à soutenir l'Ukraine «dans la durée» et à compenser tout recul éventuel de l'aide américaine, à quelques mois de la très indécise élection présidentielle aux Etats-Unis.

«Nous devons être les seuls à décider pour nous-mêmes, et ne pas déléguer cette tâche aux grandes puissances, même s'il s'agit de très bons alliés car ils vivent de l'autre côté de l'océan», a-t-il dit dans un discours à l'Académie militaire de Karlberg.

Il a ensuite préconisé des «décisions justes et courageuses», voire «innovantes» dans les prochains mois pour accélérer le soutien militaire à l'Ukraine, «saluant» la proposition de la Première ministre estonienne Kaja Kallas. Cette dernière propose d'envisager de nouveaux modes de financement pour les achats militaires au niveau européen.

«Nous devons être prêts à agir, défendre et soutenir l'Ukraine quoi qu'il se passe», a-t-il insisté dans son discours, estimant que le «coût» d'une victoire russe serait «trop élevé pour nous».

Dans l'immédiat, la Hongrie du Premier ministre Viktor Orban est le dernier pays de l'UE à faire obstacle au versement d'une aide européenne de 50 milliards d'euros sur quatre ans à l'Ukraine, suscitant une brusque montée de tensions avec les 26 autres pays européens avant le sommet de Bruxelles.

En Suède, l'invasion de l'Ukraine par Moscou, il y a bientôt deux ans, a bouleversé la donne: longtemps neutre sur le plan militaire, Stockholm a décidé d'entrer dans l'Alliance atlantique.

La Hongrie reste également le dernier obstacle à cette adhésion, dont Ulf Kristersson a prévu de parler jeudi en marge du Conseil européen avec son homologue hongrois.

Signe de l'évolution des mentalités, les autorités suédoises ont provoqué un électrochoc en janvier en déclarant, par la voix du commandant en chef de l'armée suédoise Micael Bydén, que les Suédois «devaient se préparer mentalement à la guerre».

Le pays peut compter sur une solide industrie de défense et la France comme la Suède ont en commun d'avoir développé de façon autonome un avion de chasse, le Rafale côté français, le Gripen côté suédois.

La France et la Suède vont signer une déclaration d'intention sur les systèmes de défense antiaériens et de surveillance aérienne, tandis que les entreprises Saab et MBDA devraient conclure «dans les prochains jours un contrat sur le développement du missile antichar Akeron», selon Paris.


Tentative de putsch au Bénin: des forces spéciales françaises sont intervenues en appui 

Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
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  • Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces
  • "L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan"

COTONOU: Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè.

Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces.

"L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan, utilisées pour du ratissage après que l'armée béninoise ait fait le travail".

Le colonel Tevoédjrè - qui a personnellement dirigé sur place la riposte contre un assaut sur la résidence du chef de l'Etat Patrice Talon tôt dimanche matin - estime à une centaine le nombre de mutins, "avec beaucoup de moyens, des engins blindés".

Il note toutefois que les putschistes, qui ont compté sur "l'effet de surprise", n'ont pas reçu de soutien d'autres unités, saluant l'attitude "républicaine" de l'armée béninoise.

La Garde républicaine a "eu le soutien spontané d'autres unités qui ont été utilisées toute la journée pour reprendre possession de zones, de points stratégiques de Cotonou", détaille t-il.

C'est en fin de journée, alors que les mutins étaient retranchés dans un camp situé dans une zone résidentielle de la capitale économique, que des frappes aériennes du Nigeria voisin et des forces spéciales françaises ont aidé le Bénin, afin notamment "d'éviter des dommages collatéraux".

Le colonel n'a pas donné de bilan chiffré du nombre de victimes des évènements de dimanche, mais a précisé que les mutins étaient "repartis avec des corps et des blessés" de leur tentative d'assaut sur la résidence présidentielle, après un "rude combat".

Dimanche matin, huit militaires étaient apparus à la télévision béninoise, annonçant qu'ils avaient destitué Patrice Talon.

Après une journée d'incertitude à Cotonou, le chef de l'Etat avait déclaré que la situation était "totalement sous contrôle". Les autorités béninoises ont ensuite fait état de "plusieurs victimes", notamment dans des affrontements opposant mutins et forces loyales.


Procès libyen: la cour d'appel de Paris libère l'intermédiaire Djouhri sous contrôle judiciaire

 La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
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  • L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France
  • Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie

PARIS: La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.

L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France, de s'absenter de son domicile en région parisienne entre 8H00 et 20H00, d'entrer en contact avec ses coprévenus.

Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Le parquet général s'était opposé à sa libération en pointant notamment sa double nationalité et le risque de départ en Algérie où la coopération judiciaire avec la France est compliquée.

Selon son avocat, Me Pierre-Henri Bovis, il devrait sortir de la prison parisienne de La Santé "dans les prochaines heures".

"La cour d'appel de Paris, par sa décision, a reconnu cette fois-ci qu'il y avait des garanties de représentation suffisantes, et a enfin admis qu'il n'y avait pas de risque de fuite ou de pression" sur les témoins, s'est-il félicité, soulignant que son client ne s'était "jamais dérobé à ses obligations".

Alexandre Djouhri avait déposé une première demande de mise en liberté qui avait été rejetée début novembre, la cour d'appel estimant qu'il présentait un risque de fuite et des garanties de représentation "particulièrement faibles".

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d'emprisonnement avec mandat de dépôt: l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer.

L'ex-chef de l'Etat a été incarcéré vingt jours à la prison de la Santé, avant d'obtenir sa libération auprès de la cour d'appel. M. Nacer, qui avait été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a également été libéré de prison.

Alexandre Djouhri devrait donc comparaître libre, comme tous ses coprévenus, au procès en appel  prévu du 16 mars au 3 juin. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.


Macron de retour sur le thème de la désinformation, après la polémique sur la labellisation

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron poursuit en Bretagne son tour de France consacré à la régulation des réseaux sociaux et à la lutte contre la désinformation, tout en répondant aux accusations de « dérive autoritaire » liées à son soutien à une labellisation des médias
  • Le président réaffirme qu’il ne s’agit pas d’un label d’État et dénonce les polémiques

PARIS: Emmanuel Macron reprend mercredi en Bretagne son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux et la lutte contre la désinformation, l'occasion de répondre en personne aux accusations de dérive "autoritaire" provoquées par son soutien à une labellisation des médias.

Le chef de l'Etat est attendu dans l'après-midi à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, pour un échange avec des lecteurs d'Ouest-France sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Ses précédents débats organisés par la presse régionale l'ont mené depuis un mois à Toulouse, Arras (Pas-de-Calais) et Mirecourt (Vosges), et il devrait enchaîner avec Marseille la semaine prochaine.

Son idée directrice est de réfléchir à une adaptation de la législation pour réguler les réseaux sociaux, qui échappent largement à la loi de la presse de 1881 qui régit les médias traditionnels. Une réflexion censée déboucher sur des "décisions concrètes" début 2026, même si le président a déjà commencé à égrener des pistes.

Parmi elles, une mesure a déclenché une polémique à retardement.

Emmanuel Macron a en effet apporté un soutien très volontariste à des initiatives existantes de labellisation des médias "par des professionnels", pour distinguer les sites et réseaux qui font de l'information, selon les règles déontologiques, des autres.

"On va tout faire pour que soit mis en place un label", a-t-il lancé le 19 novembre à Arras, tout en assurant que ce n'était par à l'Etat de le faire.

- "Dérive totalitaire" -

Le 30 novembre, le Journal du dimanche s'est saisi de cette proposition pour lui reprocher une "dérive totalitaire", ironisant sur sa volonté présumée de mettre en place un "ministère de la Vérité", comme dans le roman dystopique "1984" de George Orwell.

L'accusation a été aussitôt relayée par les autres médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré puis par plusieurs dirigeants de la droite et de l'extrême droite, qui disent soupçonner le chef de l'Etat de vouloir "contrôler l'information" et museler la liberté d'expression à son profit.

En Conseil des ministres, il y a une semaine, Emmanuel Macron a répondu qu'il n'avait "jamais" envisagé de créer un "label d'Etat" pour les médias, et "encore moins" un "ministère de la Vérité", selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Le compte de l'Elysée s'est même fendu d'un message sur le réseau X pour déplorer que "parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation", visant ceux qui avaient attaqué le président, du patron des Républicains Bruno Retailleau au présentateur vedette de CNews Pascal Praud.

Une réaction officielle qui a déclenché une nouvelle cascade de commentaires enflammés y voyant la démonstration de velléités de contrôle macronistes.

A Saint-Malo, le président de la République doit aussi aborder "les conséquences de la désinformation en matière climatique", à l'occasion des dix ans de l'accord de Paris sur le climat, a fait savoir l'Elysée.