Agriculteurs : L'UE veut réduire «le fardeau administratif», Paris annonce de nouvelles mesures

"Nous allons travailler sur une proposition pour réduire le fardeau administratif" a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (Photo, AFP).
"Nous allons travailler sur une proposition pour réduire le fardeau administratif" a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 01 février 2024

Agriculteurs : L'UE veut réduire «le fardeau administratif», Paris annonce de nouvelles mesures

  • Cette proposition sera «prête à temps» pour la prochaine rencontre des ministres européens de l'Agriculture
  • Dans tous les pays de l'UE, Bruxelles est la cible désignée de la colère agricole

BRUXELLES: La Commission européenne s'est engagée jeudi à "réduire le fardeau administratif" pour répondre à la colère des agriculteurs, qui semble s'apaiser en France après l'annonce d'une série de mesures par l'exécutif.

"Nous allons travailler sur une proposition (...) pour réduire le fardeau administratif" des procédures de la politique agricole commune (PAC), a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à l'issue d'un sommet européen.

Cette proposition sera "prête à temps" pour la prochaine rencontre des ministres européens de l'Agriculture, prévue le 26 février à Bruxelles, a-t-elle promis.

"Nous devons défendre les intérêts légitimes des agriculteurs, en particulier dans nos négociations commerciales, en garantissant des conditions de concurrence équitables en termes de normes", a également déclaré Mme von der Leyen, à l'issue d'une journée marquée par un défilé de tracteurs dans Bruxelles.

Pour sa part, le président français Emmanuel Macron a réclamé une "force européenne de contrôle sanitaire et agricole" lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet.

M. Macron, dont le gouvernement a annoncé jeudi de nouvelles mesures pour les agriculteurs, s'est aussi félicité d'avoir fait en sorte que l'accord commercial controversé entre l'UE et les pays latino-américains du Mercosur, dénoncé par les agriculteurs, n'ait pas "été conclu à la va-vite comme certains menaçaient de le faire".

Il a également annoncé que l'UE allait instaurer un contrôle des importations de céréales ukrainiennes, dont la concurrence crispe les agriculteurs. M. Macron a estimé qu'il n'y avait pas "d'incohérence"  avec le soutien européen pour Kiev dans l'instauration de ce contrôle des céréales.

La crise agricole s'est imposée jeudi lors de ce sommet principalement consacré à l'aide financière européenne à l'Ukraine en guerre, qui a abouti à un accord pour une aide de 50 milliards d'euros.

Des milliers de manifestants venus de plusieurs pays et quelque 1.200 tracteurs avaient envahi les rues de la capitale européenne  pour répercuter la colère du monde agricole à travers l'Europe. "Ce n'est pas l'Europe que nous voulons", "Sortons l'alimentation du libre échange", "moins de normes" scandaient les manifestants  parlant français, néerlandais, italien et allemand.

Dans tous les pays de l'UE, Bruxelles est la cible désignée de la colère agricole. Politique européenne trop complexe, revenus trop bas, inflation, concurrence étrangère, accumulation de normes, flambée des prix du carburant : des revendications similaires se retrouvent de l'Allemagne à la Pologne en passant par l'Italie.

Vers l'apaisement en France ?

Des centaines d'agriculteurs portugais bloquaient aussi jeudi matin plusieurs axes routiers dont deux passages à la frontière avec l'Espagne, afin de réclamer une "valorisation de leur activité".

En Grèce, 300 tracteurs et des dizaines de camions d'apiculteurs, klaxonnant et arborant des drapeaux noirs et blancs, se sont immobilisés devant le centre municipal de Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, aux cris de : "Agriculteurs, ils boivent votre sang".

En France, les syndicats majoritaires ont appelé jeudi à suspendre les blocages du pays, après une nouvelle série d'annonces du Premier ministre Gabriel Attal en faveur du secteur en crise.

M. Attal a ainsi promis une enveloppe de 150 millions d'euros "dès cette année et de façon pérenne" dédiée à des mesures destinées à soulager la charge fiscale et sociale des éleveurs du pays. Au total, les mesures annoncées depuis lundi en France en faveur du secteur agricole représentent une enveloppe de 400 millions d'euros, selon le ministère de l'Economie.

Le chef du gouvernement français a aussi annoncé jeudi la mise "en pause" d'un plan qui fixe des objectifs de baisse d'usage des pesticides et cristallise la colère des producteurs de grandes cultures, provoquant la consternation du parti Les Ecologistes qui a dénoncé un "recul inacceptable" et "dramatique".

Mais les principaux syndicats d'agriculteurs se sont montrés satisfaits. Arnaud Rousseau, le patron du puissant syndicat FNSEA a salué des "avancées tangibles" et a salué "l'écoute" de l'exécutif. Il a, avec le président des Jeunes agriculteurs Arnaud Gaillot, a appelé à "suspendre les blocages" en place depuis lundi sur les axes stratégiques, principalement aux alentours de Paris.

Bruxelles avait déjà fait des concessions en début de semaine en proposant d'accorder pour 2024 une dérogation "partielle" aux obligations de jachères imposées par la politique agricole commune (PAC).


Pour Paris, pas d’autre alternative viable que le dialogue et l’inclusion en Syrie

Emmanuel Macron recevant Ahmed el-Chareh le 7 mai 2025 à l'Elysée. (AFP)
Emmanuel Macron recevant Ahmed el-Chareh le 7 mai 2025 à l'Elysée. (AFP)
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  • Face à cette situation explosive, la France et d’autres partenaires internationaux appellent à la désescalade et à la reprise du dialogue, rappelant que l’enjeu essentiel reste la préservation de la cohésion et de l’unité de la Syrie
  • Le déclenchement de cette crise récente remonte à un acte isolé : l’enlèvement d’un vendeur de légumes druze par un groupe de Bédouins sunnites

PARIS: Au sud de la Syrie, dans la région majoritairement druze de Soueida, les récents événements ont ravivé les pires craintes d’un éclatement communautaire à grande échelle.
En quelques jours, une flambée de violences intercommunautaires, des exactions commises par les forces armées et des bombardements israéliens menaçant directement la souveraineté du pays ont replongé la Syrie dans une zone grise, dangereusement instable.

Face à cette situation explosive, la France et d’autres partenaires internationaux appellent à la désescalade et à la reprise du dialogue, rappelant que l’enjeu essentiel reste la préservation de la cohésion et de l’unité de la Syrie.

Le déclenchement de cette crise récente remonte à un acte isolé : l’enlèvement d’un vendeur de légumes druze par un groupe de Bédouins sunnites.
Cet acte a été celui de trop, mettant le feu aux poudres dans une région où les tensions intercommunautaires, anciennes et profondes, n’ont jamais réellement disparu.
Très rapidement, des affrontements ont éclaté, entraînant une spirale de représailles sanglantes entre Druzes et Bédouins.
On parle de massacres dans des villages, d’exécutions de civils, de maisons incendiées. Des centaines de morts sont évoquées, sans qu’un bilan officiel puisse être établi.

Une transition fragile et peu agile

La situation a mis en lumière les fragilités structurelles du gouvernement de transition dirigé par le président Ahmad al-Chaareh, en place depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier.
La transition syrienne devait être agile, inclusive et répondre aux attentes politiques, économiques et identitaires des régions. Mais six mois plus tard, l’absence de coordination entre les forces de l’État et les groupes locaux, le manque de contrôle sur les milices et l’incapacité à prévenir les discours sectaires révèlent les limites d’un pouvoir encore en construction.

L’accord de désescalade signé en mai entre Damas et les notables de Soueida, qui prévoyait une pacification avec l’aide des forces locales, a échoué dans sa mise en œuvre.
Les autorités accusent certains chefs de clans druzes d’avoir entravé son application, voire d’avoir cherché à raviver les tensions pour des raisons politiques.
En retour, ces leaders reprochent au gouvernement son double jeu, sa passivité et son absence de moyens concrets sur le terrain.

Tel-Aviv déstabilise Damas ?

Comme si cette crise interne ne suffisait pas, Israël a franchi un seuil dangereux en bombardant des positions à Damas et en menaçant, selon plusieurs sources, d’éliminer Ahmad al-Chaareh.
Officiellement, Tel-Aviv justifie son ingérence par la nécessité de protéger la minorité druze. Mais pour de nombreux observateurs, les frappes israéliennes visent surtout à déstabiliser la transition syrienne en cours.

Selon une source diplomatique française, Israël était prêt à lancer une campagne militaire d’une semaine contre Damas, si les États-Unis, soucieux d’éviter un embrasement régional, n’avaient pas exercé des pressions pour l’en dissuader.
Washington, qui soutient officiellement le processus de stabilisation syrien, a œuvré en coulisses pour obtenir un cessez-le-feu et le retrait des troupes syriennes de Soueida. Mais la situation reste fragile.

Face à cela, la France a exprimé sa vive préoccupation. Le ministère des Affaires étrangères a appelé au strict respect du cessez-le-feu, à la protection des civils, à la restauration des accès humanitaires et au retour du dialogue entre Damas et les responsables régionaux.

La diplomatie française reste fidèle à sa ligne : soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie, condamner les actions unilatérales israéliennes, tout en faisant pression sur Damas pour une véritable inclusion des forces locales dans le processus de transition.

Cette crise rappelle le cœur du problème : sans un nouveau contrat politique intégrant toutes les composantes de la société syrienne, aucune paix durable ne sera possible.

Ce qui se joue aujourd’hui à Soueida dépasse les frontières du sud syrien. La Syrie demeure une mosaïque ethnique et confessionnelle fragile, dont la désintégration ouvrirait la voie au chaos — comme l’ont montré les précédents libyen et irakien.
Chaque affrontement local, chaque intervention étrangère non concertée fragilise le tissu national.
De même, chaque échec à établir un cadre de gouvernance respectueux des diversités accentue le risque d’un morcellement de facto du pays.

Pourtant, malgré la gravité des événements, des leviers existent encore, selon la diplomatie française. Elle estime que l’accord de mai, bien qu’imparfait, demeure une base de dialogue.

La volonté internationale de voir la Syrie réussir sa transition reste forte, des États-Unis à l’Europe, en passant par la Russie et les pays arabes, dont l’Arabie saoudite.
La France, pour sa part, reste engagée à poursuivre ses efforts diplomatiques, à soutenir les commissions d’enquête sur les exactions, et à maintenir le contact avec tous les acteurs régionaux. Elle insiste sur le fait qu’il n’existe pas d’alternative viable au dialogue et à l’inclusion pour préserver l’unité de la Syrie et épargner à la région une nouvelle spirale d’instabilité.


L'incendie de Martigues toujours pas maîtrisé mais «contenu», 1.000 pompiers engagés

La commune de Martigues avait déjà été frappée par un violent incendie, le 4 août 2020, qui avait parcouru 1.000 hectares et complètement ravagé deux villages-vacances. Des évacuations avaient alors été effectuées par la mer. (AFP)
La commune de Martigues avait déjà été frappée par un violent incendie, le 4 août 2020, qui avait parcouru 1.000 hectares et complètement ravagé deux villages-vacances. Des évacuations avaient alors été effectuées par la mer. (AFP)
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  • Une centaine de ces personnes évacuées durant la nuit ont été accueillies dans des sites ouverts à Martigues et sur la commune voisine de Sausset-les-Pins
  • Quant au bilan matériel et notamment sur les habitations, il est "très rassurant", a estimé le sous-préfet vendredi matin, "seule une dépendance d'une maison ayant été endommagée, ainsi qu'une exploitation agricole"

MARTIGUES: L'incendie qui a débuté jeudi en fin d'après-midi sur la commune de Martigues, au nord-ouest de Marseille, n'était toujours pas "maîtrisé" vendredi matin, malgré la mobilisation d'un millier de pompiers, mais il est "contenu dans son enveloppe" et "l'objectif est de le fixer d'ici la fin de matinée", selon la préfecture.

"Depuis 04h00 du matin, le feu est contenu dans son enveloppe, il est stabilisé", a insisté Bruno Cassette, sous-préfet de l'arrondissement d'Aix-en-Provence, précisant qu'au total 1.052 pompiers ont été engagés sur ce sinistre depuis jeudi 19h00.

A 08h30, cet incendie avait parcouru 240 hectares mais il n'a fait aucune victime parmi la population, les deux seuls blessés légers étant des pompiers, a précisé le représentant de l'Etat, lors d'un point presse sur place.

Neuf cent soixante-treize pompiers étaient encore déployés sur le terrain vendredi matin, selon le dernier point de situation de la préfecture à 08h45, avec le soutien de 30 personnels des forces de sécurité intérieures pour assurer la sécurité de la population dans le secteur.

M. Cassette a par ailleurs annoncé la levée du confinement imposé aux habitants de la zone et notamment aux personnes vivant dans deux hameaux de la commune, Saint-Julien et Les Ventrons.

Cet "incendie d'une extrême rapidité a tenu et tient encore les secours en haleine", ont expliqué les pompiers des Bouches-du-Rhône vendredi matin sur X, rappelant au passage que "l'accès à la zone impactée par l'incendie reste interdite au public (et que) les 150 habitants évacués temporairement de manière encadrée pourront envisager un retour à domicile en fin de matinée".

Le souvenir d'août 2020 

Une centaine de ces personnes évacuées durant la nuit ont été accueillies dans des sites ouverts à Martigues et sur la commune voisine de Sausset-les-Pins.

Quant au bilan matériel et notamment sur les habitations, il est "très rassurant", a estimé le sous-préfet vendredi matin, "seule une dépendance d'une maison ayant été endommagée, ainsi qu'une exploitation agricole", alors que 120 au total ont été "menacées".

Appuyés par 320 engins terrestres, les soldats du feu au sol étaient également soutenus par des moyens aériens vendredi matin, deux Canadair et un hélicoptère bombardier d'eau. Un avion Dash devrait aussi être utilisé dans la matinée pour larguer du produit retardant, afin de prévenir la bascule de vent attendue vers 14h00.

Jeudi, avant la tombée de la nuit, neuf avions --sept Canadair et deux Dash-- et deux hélicoptères bombardiers d'eau avaient été déployés face aux flammes. "Jamais un feu n'avait mobilisé autant de moyens" cette année dans le département, avait assuré M. Cassette.

La commune de Martigues avait déjà été frappée par un violent incendie, le 4 août 2020, qui avait parcouru 1.000 hectares et complètement ravagé deux villages-vacances. Des évacuations avaient alors été effectuées par la mer.

Ce nouvel incendie de Martigues est le second d'importance en quelques jours autour de Marseille, après le sinistre du 8 juillet, parti d'une voiture en feu sur le bord de l'autoroute, qui avait parcouru 750 hectares entre les Pennes-Mirabeau et Marseille. Il avait touché 91 bâtiments, dont 60 ont été détruits ou sont désormais inhabitables, principalement dans le quartier marseillais de L'Estaque.

Deux feux partis jeudi dans le Var, près de Fréjus, ont eux été fixés dans la soirée, après avoir parcouru au total une superficie de 29 hectares, ont annoncé les pompiers du département. Deux cents d'entre eux sont restés sur place durant la nuit pour noyer les braises et des hélicoptères bombardiers d'eau étaient attendus vendredi matin pour s'assurer que le sinistre ne redémarre pas.


Frappe sur une église à Gaza: les évêques de France expriment leur «solidarité»

Des Palestiniens chrétiens pleurent Saad Salameh et Foumia Ayyad, tués lors d'une frappe israélienne sur l'église de la Sainte Famille à Gaza, lors de leurs funérailles à l'église Saint Porphyrius, le 17 juillet 2025. (AFP)
Des Palestiniens chrétiens pleurent Saad Salameh et Foumia Ayyad, tués lors d'une frappe israélienne sur l'église de la Sainte Famille à Gaza, lors de leurs funérailles à l'église Saint Porphyrius, le 17 juillet 2025. (AFP)
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  • "Nous tenions à vous dire notre plus profonde solidarité avec l’Église et les peuples de Terre Sainte, ainsi que notre compassion à l’égard des victimes et de leurs familles", écrit le président de la Conférence des évêques de France (CEF)
  • "Cette nouvelle tragédie s’ajoute à celles qui frappent sans distinction la population de Gaza depuis le début de l’offensive militaire", a regretté le cardinal Aveline

PARIS: "Rien ne peut justifier" la frappe israélienne contre une église à Gaza qui a fait trois morts et 10 blessés jeudi, a fustigé la Conférence des évêques de France (CEF).

"Nous tenions à vous dire notre plus profonde solidarité avec l’Église et les peuples de Terre Sainte, ainsi que notre compassion à l’égard des victimes et de leurs familles", écrit le président de la Conférence des évêques de France (CEF), le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, dans un message adressé au patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pizzaballa, et rendu public par la conférence.

"Cette nouvelle tragédie s’ajoute à celles qui frappent sans distinction la population de Gaza depuis le début de l’offensive militaire", a regretté le cardinal Aveline, qui co-signe le message avec les deux vice-présidents de la CEF, qui regroupe les cardinaux et évêques qui exercent en France.

"Quelques jours après l'attaque inacceptable du village de Taybeh", petit village chrétien de Cisjordanie, "par des colons radicaux, nous nous unissons à votre indignation et à celle de tous les responsables chrétiens", écrit par ailleurs le cardinal Aveline au cardinal Pizzaballa.

Le patriarcat latin de Jérusalem a affirmé qu'une frappe israélienne avait touché cette seule église catholique de la bande de Gaza dévastée par une guerre déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré jeudi soir qu’Israël "regrette profondément" cette frappe.

L'armée israélienne a indiqué qu'"une enquête préliminaire suggère que des éclats d'un obus tiré lors d'une opération dans le secteur ont touché par erreur l'église" de la Sainte-Famille à Gaza-ville (nord).