Moins de migrants candidats à la traversée de la Manche vers l'Angleterre en 2023

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau essayant de quitter la France pour traverser la Manche (AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau essayant de quitter la France pour traverser la Manche (AFP).
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Publié le Vendredi 02 février 2024

Moins de migrants candidats à la traversée de la Manche vers l'Angleterre en 2023

  • Les chiffres de la préfecture maritime concordent avec le bilan du gouvernement britannique, selon lequel 29 437 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises en 2023
  • Le 14 janvier, quatre migrants sont morts, près d'une plage de Wimereux (Nord) alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation à la mer dans une eau glaciale pour traverser la Manche

BOULOGNE-SUR-MER: Quelque 36 000 migrants ont tenté de rejoindre en 2023 l'Angleterre en traversant illégalement la Manche, à partir du littoral du nord de la France, un chiffre en baisse de plus de 30% sur un an, a indiqué vendredi la préfecture maritime, qui dénombre 12 morts sur l'année écoulée.

Sur ces 36 000 personnes, 4 900 ont été "sauvées à la mer avec les moyens de la fonction garde-côte et la Société nationale de sauvetage en mer", les autres ayant poursuivi leur route pour rallier les côtes britanniques, a précisé le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Marc Véran.

"On déplore 12 décès", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Selon le préfet maritime, qui rappelle qu'en 2022, 52 000 personnes avaient tenté la traversée, cette baisse de plus de 30% est "à mettre au crédit de l'action des forces de sécurité intérieures qui sauvent des vies de façon préemptive et empêchent le flux d'entrer".

Les chiffres de la préfecture maritime concordent avec le bilan du gouvernement britannique, selon lequel 29 437 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises en 2023, contre 45 774 en 2022. Le bilan de 2023 reste cependant le deuxième plus élevé jamais enregistré, supérieur à celui de 2021 (28.526).

Sur les perspectives pour 2024, le préfet relève que "ces traversées sont de plus en plus dangereuses", parce qu'elle se font plus au sud du Pas-de-Calais, "avec une météo qui peut leurrer". "Et aussi parce que les small boats (petites embarcations) sont de plus en plus chargés, ce sont des bateaux de 13 m chargés à 90 personnes", a-t-il souligné.

Le préfet a également mis en avant "une nouveauté" depuis quelques mois: "Certains migrants en détresse n'acceptent pas notre assistance. Ils l'acceptent en dernier recours parce que leur priorité est d'aller en Grande-Bretagne".

Le 14 janvier, quatre migrants sont morts, près d'une plage de Wimereux (Nord) alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation à la mer dans une eau glaciale pour traverser la Manche.


Menus anti-crise: les restaurateurs français s’adaptent à la baisse du pouvoir d’achat

Si la conjoncture économique reste tendue, l’inventivité des restaurateurs français, leur capacité à s’adapter sans renoncer à la qualité ni à la chaleur humaine, prouve que la restauration de proximité a encore de beaux jours devant elle. (AFP)
Si la conjoncture économique reste tendue, l’inventivité des restaurateurs français, leur capacité à s’adapter sans renoncer à la qualité ni à la chaleur humaine, prouve que la restauration de proximité a encore de beaux jours devant elle. (AFP)
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  • Le contexte économique pèse lourdement sur les habitudes de consommation
  • Pour beaucoup, avant de consommer on compare les prix, on achète le strict nécessaire, et surtout, on rogne sur les dépenses de loisirs, tels que les vacances ou les repas au restaurant

PARIS: Difficile de se promener dans les rues de Paris, ou dans les centres-villes français, sans remarquer le nombre croissant de commerces fermés. 

Boutiques de prêt-à-porter, librairies, opticiens… aucun secteur n’échappe à la vague de difficultés économiques qui frappe les petites entreprises, et les restaurants, piliers de la vie sociale et culturelle française. 

Si certains souffrent de la concurrence des grandes enseignes ou de modèles de consommation en pleine mutation, le facteur commun à toutes ces difficultés reste la baisse du pouvoir d’achat des Français.

Selon les dernières prévisions publiées par la Banque de France le 11 juin, le pouvoir d’achat des ménages ne devrait augmenter que de 0,5 % en 2025, contre une hausse de 2,5 % en 2024. 

Pourtant, l’inflation ralentit : elle passerait de 2,3 % en 2024 à seulement 1 % en moyenne en 2025, grâce notamment à la baisse des prix de l’énergie.

Selon les économistes, ce contraste est dû à l’essoufflement de la progression du pouvoir d’achat, les hausses de salaires sont plus limitées (2,3 % contre 2,6 % en 2024), le taux de chômage repart légèrement à la hausse (7,6 % en 2025), et les prestations sociales tout comme les revenus du patrimoine ne soutiennent plus autant les ménages.

La conséquence logique n’est autre qu’une consommation au ralenti, après une légère accélération en 2024, elle ne devrait croître que de 0,7 % en 2025, dans un climat d’incertitude qui pousse les Français à épargner plus et consommer moins.

Ce contexte économique pèse lourdement sur les habitudes de consommation. Pour beaucoup, avant de consommer on compare les prix, on achète le strict nécessaire, et surtout, on rogne sur les dépenses de loisirs, tels que les vacances ou les repas au restaurant. 

Ces derniers, autrefois partie intégrante du quotidien de nombreux Français, sont devenus une rareté.

Les restaurateurs s'adaptent 

Face à cette désertion progressive, les restaurateurs n’ont pas eu d’autre choix que de réinventer leurs formules et leurs prix, pour tenter de ramener la clientèle et sauver leur activité.

C’est ainsi qu’est née, dans plusieurs régions, l’idée de menus « anti-crise », des formules fixes à très bas prix, proposées certains jours de la semaine, avec entrée, plat et dessert pour environ 9 euros, un pari risqué, mais souvent gagnant.

À l’antenne de Franceinfo, Loïc, restaurateur en Gironde, témoigne de cette initiative, chaque mardi, son établissement propose ce menu spécial à prix serré. 

Le succès est tel qu’il envisage d’étendre la formule à un second jour, pour lui, mieux vaut rogner sur ses marges que de voir la salle vide.

D’autres restaurateurs de province lui ont emboîté le pas, mettant temporairement de côté la rentabilité pour préserver leurs salariés, maintenir une activité stable et surtout, garder le lien avec leur clientèle de proximité. 

Dans la capitale, certains établissements misent depuis longtemps sur la simplicité, l’accueil chaleureux et les prix accessibles. 

Au cœur du très chic 7ᵉ arrondissement, la brasserie Au Pied de Fouet fait figure d’exemple, ici pas de chichi, nappes à carreaux rouges et blanches, mobilier rustique, recettes traditionnelles du terroir. 

Les entrées plafonnent à 6 euros, et le plat le plus cher n’excède pas 16 euros, le décor est sobre, mais les portions sont généreuses et l’ambiance conviviale.

« Ici, on se régale à satiété dans la bonne humeur », confie l’un des habitués, la formule plaît et l’établissement affiche complet midi et soir, preuve qu’un restaurant peut encore prospérer en temps de crise, à condition de s’adapter aux contraintes de sa clientèle.

Ces formules « anti-crise » ne sont pas seulement un levier commercial, elles sont aussi le reflet d’un engagement humain et social, qui consiste à offrir à chacun, quel que soit son budget, la possibilité de partager un repas au restaurant, et maintenir un lien de proximité.

Dans une époque où la restauration haut de gamme et les additions salées occupent souvent le devant de la scène médiatique, ces initiatives redonnent du sens au mot “table”.

Une table autour de laquelle on se retrouve, on mange bien sans se ruiner, on parle, ou on rit, même quand les temps sont durs.

Si la conjoncture économique reste tendue, l’inventivité des restaurateurs français, leur capacité à s’adapter sans renoncer à la qualité ni à la chaleur humaine, prouve que la restauration de proximité a encore de beaux jours devant elle.


Algérie: le sort de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal connu mardi

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  • Il a été accusé d'"atteinte à l'unité nationale", "outrage à corps constitué", "pratiques de nature à nuire à l'économie nationale" et "détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays"
  • Le procès en appel a eu lieu aussi bien à la demande de l'écrivain que du parquet, qui avait déjà requis dix ans en première instance

ALGER: Le sort de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis plus de sept mois et au coeur d'une grave brouille diplomatique entre Paris et Alger, sera connu mardi à l'issue d'un procès en appel où le Parquet a requis dix ans de prison.

M. Sansal a été condamné le 27 mars à cinq ans de réclusion en première instance, notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d'extrême droite Frontières, où il estimait que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Il a été accusé d'"atteinte à l'unité nationale", "outrage à corps constitué", "pratiques de nature à nuire à l'économie nationale" et "détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays".

Le procès en appel a eu lieu aussi bien à la demande de l'écrivain que du parquet, qui avait déjà requis dix ans en première instance.

L'écrivain, âgé de 80 ans et atteint d'un cancer de la prostate, selon ses proches, fait l'objet d'une âpre lutte diplomatique entre l'Algérie et la France depuis son arrestation à Alger le 16 novembre 2024.

Interrogé pendant son procès en appel sur sa déclaration sur les frontières, M. Sansal a répondu: "je ne fais pas que de la politique. Je m'exprime aussi sur l'histoire", invoquant le droit garanti par la Constitution "à la liberté d'expression".

"La France a créé les frontières (de l'Algérie colonisée à partir de 1830, NDLR) mais heureusement après l'indépendance (en 1962), l'Union africaine a décrété que ces frontières héritées de la colonisation étaient intangibles", a-t-il ajouté.

L'affaire Sansal a envenimé une brouille entre Paris et Alger déclenchée en juillet 2024 par la reconnaissance par la France d'un plan d'autonomie "sous souveraineté marocaine" pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.

"Une petite chance" 

Depuis, les deux pays traversent une crise diplomatique sans précédent, marquée par des expulsions de diplomates de part et d'autre, des restrictions pour les titulaires de visas diplomatiques et un gel de toutes les coopérations.

Le 6 mai, l'Assemblée nationale française a adopté une résolution appelant à la "libération immédiate" de l'écrivain, et à subordonner au respect des "engagements internationaux en matière de droits humains" toute "coopération renforcée" entre l'Algérie d'une part, la France et l'Europe de l'autre.

Si en France, M. Sansal fait l'objet d'une intense campagne de soutien politique et médiatique, en Algérie, où il n'est pas très connu, peu de personnalités l'appuient.

Des prises de positions pro-israéliennes de l'écrivain rediffusées sur les réseaux sociaux lui ont valu l'hostilité d'une partie de l'opinion publique algérienne pour laquelle la cause palestinienne est sacrée.

Jusqu'à présent, les multiples demandes de libération ou d'une grâce du président algérien Abdelmajid Tebboune, "un geste d'humanité" réclamé par le président français Emmanuel Macron en personne, sont restées lettre morte.

Le célèbre écrivain Yasmina Khadra a plaidé début juin pour sa libération "le plus rapidement possible" lors d'une rencontre avec le président Tebboune. "J'ai fait mon devoir d'écrivain. S'il y a une petite chance, il faut la tenter", a-t-il dit.

Certains proches de l'auteur ont émis l'espoir qu'il soit gracié à l'occasion du 5 juillet, marquant le 63e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie.

"Assez, c'est assez. Il faut maintenant que le pouvoir algérien comprenne que la France défend ses citoyens", a déclaré la présidente du comité de soutien en France de l'écrivain, Noëlle Lenoir, à la radio Europe 1 mardi. Au comité de soutien, "nous sommes ulcérés par l'attitude du gouvernement algérien qui n'a rien à gagner ni sur le plan européen (...) ni vis-à-vis de la France", a-t-elle ajouté.


Paris "regrette vivement" la condamnation d'un journaliste français en Algérie

(Photo (AFP)
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  • « La France regrette vivement la lourde condamnation à une peine de sept ans de prison ferme du journaliste français Christophe Gleizes », a déclaré le ministère des Affaires étrangères.
  • Journaliste indépendant spécialiste du football, Christophe Gleizes écrivait depuis une décennie pour les magazines So Foot et Society. Il est également coauteur d’un ouvrage sur « l’esclavage moderne » des footballeurs africains.

PARIS : La France a exprimé lundi son profond regret face à la lourde condamnation à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes en Algérie, tout en s’abstenant d’appeler directement à sa libération. Cette affaire, révélée dimanche par Reporters sans frontières (RSF) et le groupe So Press, s’inscrit dans un contexte de fortes tensions diplomatiques entre Paris et Alger.

« La France regrette vivement la lourde condamnation à une peine de sept ans de prison ferme du journaliste français Christophe Gleizes », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, assurant suivre « de près » la situation depuis son arrestation en mai 2024. Le Quai d’Orsay a précisé lui avoir fourni « aide et protection consulaire tout au long de son contrôle judiciaire » et rester en contact régulier avec lui, ses proches et ses avocats.

Journaliste indépendant spécialiste du football, Christophe Gleizes écrivait depuis une décennie pour les magazines So Foot et Society. Il est également coauteur d’un ouvrage sur « l’esclavage moderne » des footballeurs africains. Selon Franck Annese, fondateur de So Press, « il est reconnu pour toujours travailler sans arrière-pensée politique. Cette condamnation est injuste et personne ne pouvait l’envisager ».

Le journaliste s’était rendu en Algérie pour enquêter sur l’un des plus grands clubs de football du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basée à Tizi Ouzou. Il a été arrêté le 28 mai 2024, puis placé sous contrôle judiciaire pendant 13 mois avec interdiction de quitter le territoire.

Dimanche, il a été condamné notamment pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national ». La justice algérienne lui reproche des échanges avec un responsable du club JSK, également cadre du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par l’Algérie depuis 2021. Ses soutiens affirment qu’un seul de ces échanges a eu lieu après cette date, dans le cadre de son reportage.

Une affaire qui s’ajoute à une crise diplomatique profonde

Cette condamnation intervient alors que l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal doit connaître mardi le verdict en appel de son procès. Il avait été condamné à cinq ans de prison pour avoir tenu en France des propos jugés attentatoires à « l’unité nationale » algérienne. Selon lui, certains territoires algériens actuels auraient été hérités de la colonisation française au détriment du Maroc.

L’arrestation de Sansal a exacerbé une crise déjà vive entre les deux pays. Celle-ci avait éclaté à l’été 2023 après la reconnaissance par Emmanuel Macron du plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, en contradiction avec la position d’Alger qui soutient le Front Polisario. Depuis, les relations sont gelées, marquées par des expulsions réciproques de diplomates et la suspension de coopérations migratoire et judiciaire.

Le dossier Gleizes risque de compliquer davantage un réchauffement fragile entre Paris et Alger, amorcé brièvement au printemp 

Vers un nouveau procès en appel

D’après des sources judiciaires algériennes citées par l’AFP, Christophe Gleizes a été transféré à la prison de Tizi Ouzou après sa condamnation. Une procédure d’appel est en cours, mais son nouveau procès ne devrait pas avoir lieu avant octobre, lors de la prochaine session criminelle.

Pour Franck Annese, « il est important que tout soit mis en œuvre, y compris sur les plans politique et diplomatique, pour que la justice prévale et que Christophe puisse retrouver ses proches et sa rédaction ».

Les dates cles de l'affaire Christophe Gleizes

  • 28 mai 2024 : Arrestation de Christophe Gleizes à Tizi Ouzou, alors qu’il enquête sur la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK).

  • Mai 2024 – juin 2025 : Le journaliste est placé sous contrôle judiciaire pendant 13 mois, avec interdiction de quitter le territoire algérien.

  • 30 juin 2025 : Il est condamné à sept ans de prison ferme pour « apologie du terrorisme » et « propagande portant atteinte à l’intérêt national ».

  • 1er juillet 2025 : Le ministère français des Affaires étrangères exprime son « profond regret », sans toutefois demander sa libération.

  • Juillet 2025 : Christophe Gleizes est incarcéré à la prison de Tizi Ouzou. Un appel est déposé.

  • Octobre 2025 (prévision) : Son procès en appel devrait se tenir lors de la prochaine session criminelle.