Sénégal: Le président Macky Sall annonce le report sine die de la présidentielle

Les électeurs sénégalais font la queue, le 31 juillet 2022, devant un bureau de vote à Liberté 6, un quartier de Dakar, lors des élections législatives de juillet 2022 au Sénégal (Photo de SEYLLOU / AFP).
Les électeurs sénégalais font la queue, le 31 juillet 2022, devant un bureau de vote à Liberté 6, un quartier de Dakar, lors des élections législatives de juillet 2022 au Sénégal (Photo de SEYLLOU / AFP).
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Publié le Dimanche 04 février 2024

Sénégal: Le président Macky Sall annonce le report sine die de la présidentielle

  • Le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall a annoncé samedi le report sine die de la présidentielle prévue le 25 février, une décision sans précédent prise dans un contexte de profonde crise politique
  • A Washington, le département d'Etat a déclaré que les Etats-Unis étaient «profondément préoccupés» par cette annonce

DAKAR: Le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall a annoncé samedi le report sine die de la présidentielle prévue le 25 février, une décision sans précédent prise dans un contexte de profonde crise politique et qui a soulevé des protestations.

Le président élu en 2012 et réélu en 2019 en a fait l'annonce dans une brève intervention à la télévision publique, quelques heures avant l'ouverture de la campagne dimanche à 00H00 (locale et GMT).

A Washington, le département d'Etat a déclaré que les Etats-Unis étaient "profondément préoccupés" par cette annonce.

"Nous exhortons tous les participants au processus électoral sénégalais à s'engager pacifiquement dans l'effort important visant à fixer rapidement une nouvelle date et les conditions d'une élection libre et équitable", a publié sur X le Bureau des Affaires africaines du département d'Etat, ajoutant que le Sénégal "a une forte tradition démocratique et de transitions pacifiques du pouvoir".

C'est la première fois depuis 1963 qu'une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal, pays présenté comme un îlot de stabilité en Afrique.

"J'ai signé le décret du 3 février 2024 abrogeant le décret" du 26 novembre 2023 fixant la présidentielle au 25 février 2024, a dit M. Sall.

"Notre pays est confronté depuis quelques jours à un différend entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d'une supposée affaire de corruption de juges", a-t-il dit.

Le Sénégal ne peut "se permettre une nouvelle crise" après des troubles meurtriers en mars 2021 et juin 2023, a-t-il ajouté, annonçant "un dialogue national" pour "une élection libre, transparente et inclusive" et réitérant son engagement à ne pas être candidat.

Le ministre Secrétaire général du gouvernement Abdou Latif Coulibaly, frère d'un des deux juges soupçonnés de corruption, a annoncé sa démission du gouvernement pour recouvrer "sa pleine et entière liberté".

"Ce n’est pas un report mais une annulation de l’élection tout simplement", a réagi sur Facebook El Malick Ndiaye, ex-porte-parole du parti dissous de l'opposant emprisonné Ousmane Sonko.

L'opposant sénégalais Khalifa Sall, un des principaux candidats à la présidentielle, a appelé tout le pays à "se lever" contre le report du scrutin.

Selon le code électoral, un décret fixant la date d'une nouvelle présidentielle doit être publié au plus tard 80 jours avant le scrutin, ce qui mènerait, à partir de samedi, à fin avril.

Le président Sall a promis à plusieurs reprises de remettre début avril le pouvoir au président élu.

Enquête sur deux juges constitutionnels

L'ajournement est annoncé sur fond de conflit entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, qui a validé en janvier vingt candidatures, un record.

Cette élection s'annonçait comme la plus indécise depuis l'indépendance en 1960. Le doute s'est imposé sur les chances du Premier ministre Amadou Bâ, désigné par M. Sall en septembre comme son dauphin. Ce choix a profondément divisé son camp.

Le Conseil constitutionnel a exclu du scrutin des dizaines de prétendants.

Parmi eux, deux ténors de l'opposition: le candidat antisystème Ousmane Sonko, en prison depuis juillet 2023 notamment pour appel à l'insurrection et disqualifié par le Conseil à la suite d'une condamnation pour diffamation dans un dossier distinct, et Karim Wade, ministre et fils de l'ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012).

Après la publication de la liste définitive des candidats, la coalition de Karim Wade a initié la création d'une commission d'enquête parlementaire sur deux des sept juges du Conseil dont elle met en cause l'intégrité.

L'Assemblée nationale a approuvé le 31 janvier la formation de cette commission sur la validation des candidats. Un grand nombre des membres du camp présidentiel ont voté pour cette commission.

Des adversaires du président sortant ont soupçonné un plan pour repousser la présidentielle parce que le pouvoir craindrait de la perdre.

Le Conseil constitutionnel est appelé à proclamer les résultats de la présidentielle et à statuer sur les contestations.

«Report de six mois maximum»

Le bureau de l'Assemblée nationale a adopté samedi une proposition de loi, à l'initiative de la coalition de Karim Wade, pour un "report de six mois maximum" de la présidentielle du 25 février, a annoncé la télévision publique.

Les députés doivent ensuite se réunir en commission pour examiner le texte, avant une plénière à une date non précisée.

Par ailleurs, une des vingt candidats, Rose Wardini, a été placée vendredi soir en garde à vue par la police judiciaire pour "faux et usage de faux et escroquerie au jugement", a dit à l'AFP une source policière.

Mme Wardini a été interpellée vendredi dans une enquête sur sa nationalité franco-sénégalaise présumée, selon cette source.

Tout candidat "doit être exclusivement de nationalité sénégalaise", dit la Constitution. Le cas de cette candidate a été évoqué samedi par le président Sall comme un élément de la décision de report.

Karim Wade, 55 ans, né en France d'un père sénégalais et d'une mère française, a été exclu du scrutin à cause de sa double nationalité sénégalaise et française, selon le Conseil.

M. Wade avait dénoncé "un nouveau complot judiciaire", après avoir été empêché de concourir en 2019 du fait de sa condamnation en 2015 à six ans de prison pour enrichissement illicite.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com