En Azerbaïdjan, le président Aliev vers la prolongation de son règne

Des affiches de campagne des candidats à la présidentielle, dont le président Ilham Aliyev, sont visibles à Bakou avant l'élection présidentielle anticipée du 2 février 2024 (Photo, AFP).
Des affiches de campagne des candidats à la présidentielle, dont le président Ilham Aliyev, sont visibles à Bakou avant l'élection présidentielle anticipée du 2 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 04 février 2024

En Azerbaïdjan, le président Aliev vers la prolongation de son règne

  • Ilham Aliev, 62 ans, peut donc se targuer d'avoir «réunifié» son pays
  • L'élection présidentielle était prévue en 2025, mais l'homme fort de ce pétro-Etat du Caucase a décidé d'avancer le vote

BAKOU: Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, cultivant une image de chef de guerre après une victoire militaire au Haut-Karabakh, est assuré de remporter un nouveau mandat mercredi lors d'un scrutin qualifié de "farce" par l'opposition qui le boycotte.

L'élection présidentielle était prévue en 2025, mais l'homme fort de ce pétro-Etat du Caucase a décidé d'avancer le vote du fait de "la restauration de la souveraineté" sur l'ensemble du territoire.

Comprendre: la victoire éclair de son armée en septembre contre les troupes séparatistes arméniennes du Haut-Karabakh après plus de trente ans de sécessionnisme et de guerre.

L'opération militaire azerbaïdjanaise, qui a triomphé en 24 heures, a également provoqué l'exode de la quasi-totalité de la population arménienne, ouvrant la voie à l'installation d'Azerbaïdjanais dans cette région.

Ilham Aliev, 62 ans, peut donc se targuer d'avoir "réunifié" son pays, et l'élection présidentielle de mercredi doit donc couronner le début d'une "nouvelle ère" pour l'Azerbaïdjan, a-t-il clamé en janvier.

"Sa popularité est à son apogée", note auprès de l'AFP Najmin Kamilsoy, un expert indépendant basé à Bakou. "Il a l'impression d'être dans la meilleure position possible pour étendre son pouvoir sur sept années de plus", explique-t-il.

Droits «violés»

Rien ne devrait l'en empêcher, car l'Azerbaïdjan est "l'un des pays les plus répressifs de la région", rappelle Giorgi Gogia, responsable de l'ONG Human Rights Watch.

Ces derniers mois, les autorités ont arrêté une dizaine de journalistes indépendants, déjà rares dans le pays. En décembre, une figure de l'opposition, Tofig Yagublu, a connu le même sort.

Tous ont été accusés de différentes fraudes qui ne sont, selon leurs défenseurs, que des prétextes.

Selon Giorgi Gogia, ces interpellations pourraient être dues à l'élection. Même si Ilham Aliev n'a aucun rival crédible, le régime refuse de laisser la moindre "possibilité d'expression critique dans le pays", souligne-il.

Dans un tel climat, personne ne se fait d'illusions sur l'issue du scrutin, si bien que les deux principaux partis d'opposition ont préféré le boycotter.

Ali Kerimli, qui dirige le Front populaire d'Azerbaïdjan, a dit refuser de participer à cette "farce", qui n'est qu'une "imitation de démocratie".

"Tous les droits fondamentaux des citoyens sont grossièrement violés", avait-il dénoncé en décembre. Les rassemblements sont interdits, les médias "contrôlés" par le régime ou brutalement punis et toute dissidence est réprimée, avait-il énuméré.

 

Caviar, pétrole et dynastie: cinq caractéristiques de l'Azerbaïdjan

Entre pouvoir quasi dynastique, manne pétrolière et caviar, voici cinq caractéristiques de ce pays ex-soviétique du Caucase.

Dynastie

Le pays est dirigé presque sans discontinuer, depuis plus de 50 ans, par une même famille: les Aliev.

En 1969, Heydar Aliev, ancien chef du KGB local, prend le pouvoir de ce qui est encore une république soviétique. Excepté un court hiatus, il restera aux commandes jusqu'à sa mort en 2003. Depuis, c'est son fils Ilham qui occupe la présidence.

Selon les opposants et des enquêtes de grands médias occidentaux, la famille Aliev a amassé une fortune considérable grâce aux hydrocarbures, et s'est arrogé des pans entiers de l'économie du pays.

En 2017, Ilham Aliev a nommé sa femme Mehriban Alieva première vice-présidente. Elle s'est aussi vue décerner la plus importante décoration d'Azerbaïdjan: l'ordre... Heydar Aliev.

Terre du feu

Les flammes naturelles qui surgissent du sol azerbaïdjanais ont valu au pays le surnom la "Terre du feu", une expression qui trouve ses origines dans le zoroastrisme, religion monothéiste venue de l'ancien Iran, qui fut dominante en Azerbaïdjan jusqu'à sa conversion à l'islam chiite.

L'analogie au feu se décline encore aujourd'hui un peu partout: l'expression "Terre du feu" anime les campagnes de promotion touristique, une flamme constitue l'élément central des armoiries nationales et les trois gratte-ciel dominant Bakou sont appelés les "Flame Towers".

Ce feu est bien sûr l'émanation de la richesse du sous-sol --pétrole et gaz--, les hydrocarbures représentant les deux tiers du PIB du pays.

Le voyageur italien Marco Polo mentionnait déjà au 13e siècle le pétrole y jaillissant de la terre.

Avec la révolution industrielle, la production pétrolière a changé de registre. Au milieu du 19e siècle, l'extraction est automatisée, les raffineries se multiplient et les navires pétroliers apparaissent.

Parmi les premiers étrangers à se lancer dans les hydrocarbures à Bakou: les frères Nobel.

Caviar noir

En tant que pays riverain de la mer Caspienne, l'Azerbaïdjan a une longue tradition de production de caviar noir, les œufs d'esturgeon bélouga dont le kilo se vend des milliers d'euros.

Du fait de la surpêche et de la pollution, cette espèce de poisson est aujourd'hui au bord de l'extinction. Des règles strictes et des restrictions drastiques organisent désormais la production de caviar sauvage.

En parallèle, l'émergence de fermes d'esturgeons partout dans le monde a transformé le marché du caviar, dont l'Azerbaïdjan n'est plus un acteur dominant.

Enfin, l'Azerbaïdjan, c'est aussi le pays de la "diplomatie du caviar", un scandale de corruption détaillé dans une enquête d'une dizaine de médias en 2017 et qui racontait comment Bakou offrait caviar et autres luxueux cadeaux pour se garantir "la bienveillance de responsables occidentaux", relevait le journal Le Monde.

De l'improvisation

Art complexe, entre poésie classique et improvisation musicale, le mugham est un genre musical traditionnel reflétant la longue histoire du pays et ses contacts avec les Perses, les Arméniens, les Géorgiens et d'autres peuples turcs.

Le chanteur, accompagné de musiciens jouant des instruments traditionnels de la région, le tar (luth à long manche), le kamancha (violon à pique à quatre cordes) et le daf (sorte de grand tambourin), se prête à de nombreuses improvisations tant musicales que poétiques.

Une sélection de mughams azerbaïdjanais fut enregistrée sur le "Disque de Voyager", embarqué à bord des deux sondes spatiales Voyager lancées en 1977, sorte de bouteilles à la mer interstellaires.

Cheval karabakh

C'est l'animal national: le karabakh est un petit cheval de montagne, réputé pour sa résistance et sa vitesse. C'est aussi la première race chevaline reconnue par l'Unesco comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

Grâce à ses qualités, le karabakh est la monture idéale pour pratiquer le tchovgan, un jeu équestre traditionnel se rapprochant du polo.

Mais la race est en danger: elle compte aujourd'hui moins de 1.000 individus.

Ce boycott est devenu une norme: les partis avaient fait le même choix lors de plusieurs élections locales ainsi que lors du dernier scrutin présidentiel, en 2018.

Face à Ilham Aliev, six candidats méconnus sont en lice. Aucun n'est considéré comme un véritable opposant, et l'un d'eux a même récemment chanté publiquement les louanges du président azerbaïdjanais.

En 2018, le dirigeant avait reçu 86% des voix, un score mirobolant obtenu au prix de "graves irrégularités", selon les observateurs.

Cette année, la campagne a été quasiment inexistante, signe d'après les observateurs d'une apathie croissante de la population. Plus encore qu'en 2018, où quelques manifestations avaient été organisées.

«Pas d'alternative»

L'opposition est, de toute façon, "plutôt impopulaire" et vue comme "obsolète", estime Najmin Kamilsoy. Elle n'offre pas "de vision d'avenir ou d'espoir" à la population, affirme-t-il.

Selon le politologue Farhad Mammadov, "il n'y a pas d'alternative à Ilham Aliev".

Ses critiques accusent le dirigeant de profiter de la manne pétrolière et gazière afin d'enrichir les siens.

Il a nommé sa femme, Mehriban Alieva, vice-présidente et son fils pourrait bien lui succéder un jour.

Ses soutiens, en revanche, louent ses qualités de grand modernisateur, qui a assuré la prospérité et la sécurité du pays.

Il avait été élu pour la première fois en 2003 dans cette ex-république soviétique riche en hydrocarbures, succédant à son père Heydar, un ancien officier du KGB local qui dirigeait le pays depuis 1969.

Pour Najmin Kamilsoy, "rien" ne peut menacer Ilham Aliev à ce stade. Car, relève cet expert, "il dispose d'un capital politique et économique suffisant pour se maintenir au pouvoir pendant des années".


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, "tentative de "manipulation" répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

- "accroître la pression sur la Russie"-

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

- Conditions maximalistes de Poutine -

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.