Conflit M23 en RDC: Situation toujours très tendue sur le front des combats

La situation est restée tendue vendredi dans l'est de la République démocratique du Congo, où les combats se sont intensifiés ces derniers jours entre les forces gouvernementales et la rébellion du M23 (Photo, AFP).
La situation est restée tendue vendredi dans l'est de la République démocratique du Congo, où les combats se sont intensifiés ces derniers jours entre les forces gouvernementales et la rébellion du M23 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 10 février 2024

Conflit M23 en RDC: Situation toujours très tendue sur le front des combats

  • Des milliers d'habitants paniqués de Sake se sont enfuis mercredi pour échapper aux bombardements
  • La province est le théâtre depuis plus de deux ans d'une rébellion menée par le M23

GOMA: "Ce matin tout semblait calme, puis une bombe est tombée..." La situation est restée tendue vendredi dans l'est de la République démocratique du Congo, où les combats se sont intensifiés ces derniers jours entre les forces gouvernementales et la rébellion du M23.

Des milliers d'habitants paniqués de Sake, cité considérée comme stratégique sur la route de Goma, se sont enfuis mercredi pour échapper aux bombardements et se sont ajoutés aux centaines de milliers de déplacés déjà agglutinés dans les faubourgs du chef-lieu du Nord-Kivu.

La province est le théâtre depuis plus de deux ans d'une rébellion menée par le M23 ("Mouvement du 23 mars") qui, avec le soutien d'unités de l'armée rwandaise, s'est emparé de vastes pans de territoire.

Selon le Comité international de la Croix-rouge (CICR), l'hôpital qu'il soutient à Goma a reçu pour la seule journée de mercredi 58 blessés par arme, dont 31 civils.

"Les blessés n'ont cessé d'affluer, certains transportés à moto, d'autres par bus. Avec les patients déjà suivis (...), nous avons atteint 120 blessés pris en charge, alors que notre capacité initiale est de 64 lits", précise le CICR dans un communiqué.

"Les civils et les structures sanitaires sont de plus en plus exposés à la violence des combats", déplore-t-il.

Selon des habitants restés à Sake, interrogés par téléphone depuis Goma, des combats se sont poursuivis vendredi dans les collines surplombant la ville. "Les FARDC (forces armées de RDC) continuent à pilonner des positions du M23 à Malehe et Jérusalem", a déclaré l'un d'eux. "Je ne suis pas rassuré, l'ennemi peut toujours nous surprendre ici", ajoutait-il.

"Ce matin tout semblait calme ici, mais aux environs de 10H00 (08H00 GMT), une bombe est tombée non loin de la mosquée, elle a endommagé deux maisons", a indiqué à l'AFP un autre habitant de Sake. Selon lui, une femme blessée la veille par un bombardement a succombé vendredi à ses blessures.

Conflit dans l'est de la RDC: Du foot au gouvernement, un geste fait florès

Une main sur la bouche, deux doigts de l'autre main sur la tempe, pour dire "on nous tue et le silence règne": lancé par les joueurs de l'équipe de football de la République démocratique du Congo, ce geste se répend jusque dans le gouvernement.

Vendredi, des photos prises en marge du conseil des ministres montrent plusieurs d'entre eux main sur la bouche et doigts sur la tempe. Le porte-parole du gouvernement lui-même, le ministre de la Communication Patrick Muyaya, en a aussitôt fait sa photo de profil sur son compte X (ex-Twitter).

Deux jours plus tôt, pendant que l'hymne national "Debout Congolais" résonnait dans le stade Alassane Ouattara d'Abidjan, avant la demi-finale de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) entre les "Léopards" congolais et les "Eléphants" ivoiriens, tous les joueurs de la RDC ont surpris en faisant ce geste.

«Les combats se rapprochent»

"Les combats se rapprochent encore une fois de Sake et la panique gagne du terrain", a témoigné dans l'après-midi une autre personne, affirmant que le M23 avait reçu des renforts.

Dans ce contexte de crise, le ministre congolais de la Défense, Jean-Pierre Bemba, est venu dans la région pour, a-t-il dit, une visite "de réconfort et de soutien" aux forces armées, à la population de Sake et aux "familles endueillées", qui sont 12 selon lui.

"Je peux vous dire que tout est mis en oeuvre pour que Sake et Goma ne tombent pas" et "que tous les territoires (...) puissent être libérés", a-t-il déclaré à la presse.

Après un responsable de l'ONU mercredi et la France le lendemain, la Belgique et le Royaume Uni se sont déclarés vendredi "très préoccupés" par l'escalade de la violence.

"Nous condamnons la violente offensive du M23 et les actions de tous les groupes armés illégaux dans l'est de la RDC, qui ne font qu'ajouter à la misère et à la souffrance de civils innocents", indique dans une déclaration l'ambassade de Grande-Bretagne à Kinshasa.

"Il faut que les efforts diplomatiques, dans le cadre des processus régionaux, soient relancés", demande la Belgique dans un texte transmis également par son ambassade en RDC.

Le M23, mouvement majoritairement tutsi apparu en 2012 et défait l'année suivante, a repris les armes en novembre 2021, reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la réinsertion de ses combattants.

La RDC accuse le Rwanda et ses "supplétifs" du M23 de vouloir faire main basse sur les minerais de l'est congolais. Le M23 affirme de son côté défendre une frange menacée de la population et réclame des négociations, que Kinshasa refuse, excluant de discuter avec des "terroristes".

Par ailleurs, cette semaine à Kinshasa, quelques dizaines de personnes ont manifesté devant plusieurs ambassades contre un supposé soutien apporté au Rwanda par les pays occidentaux.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.