Grève des contrôleurs SNCF: un TGV sur deux pour un des principaux week-ends de chassé-croisé

Des trains TGV de l'opérateur ferroviaire national français SNCF sont vus à la gare Montparnasse à Paris le 2 janvier 2020, au 29e jour d'une grève nationale multisectorielle contre la refonte des retraites par le gouvernement (Photo, AFP).
Des trains TGV de l'opérateur ferroviaire national français SNCF sont vus à la gare Montparnasse à Paris le 2 janvier 2020, au 29e jour d'une grève nationale multisectorielle contre la refonte des retraites par le gouvernement (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 15 février 2024

Grève des contrôleurs SNCF: un TGV sur deux pour un des principaux week-ends de chassé-croisé

  • Ce mouvement est «incompréhensible parce que les engagements de l'entreprise qui ont été pris en décembre 2022 sont tenus», a souligné le patron de SNCF Voyageurs
  • Les clients, qui sont informés par SMS et courriel, sont encouragés à décaler leur voyage au jeudi ou au lundi

PARIS: Chaos en vue dans les gares en plein week-end des vacances scolaires: seul un TGV sur deux circulera vendredi, samedi et dimanche en raison d'une grève des contrôleurs, selon la SNCF, qui compte donner la "priorité" aux trajets vers la montagne, et aux enfants.

La circulation des trains sera "fortement perturbée" entre 20H00 jeudi et 8H00 lundi, a prévenu l'opérateur ferroviaire dans un communiqué.

Dans le détail, le service sera réduit de moitié sur les lignes TGV Inoui et Ouigo, ainsi que pour les Intercités de jour et de nuit, a annoncé la SNCF.

Il sera "normal" pour les trains Ouigo classiques et "perturbé" pour les liaisons européennes, comme l'Eurostar.

La SNCF doit encore donner des précisions sur les TER et n'a pas précisé l'impact du mouvement social jeudi.

Trois quarts des chefs de bord, sans qui un TGV ne peut pas circuler, devraient faire grève ce week-end, selon la SNCF.

"Toutes les liaisons seront assurées, avec moins de trains", a expliqué Christophe Fanichet, le patron de SNCF Voyageurs, lors d'un point de presse à la Gare de Lyon.

Priorité est donnée aux trains "les plus pleins", a-t-il souligné. Les liaisons à destination et en provenance des stations de ski des Alpes, où les wagons étaient complets, devraient donc être toutes assurées.

Cette priorité ne s'est pas faite "dans une logique de rentabilité ou de profit", assure Christophe Fanichet dans une interview au Monde. "Si c’était le cas, nous aurions supprimé les Ouigo, notre offre low cost, pour ne garder que les TGV Inoui. "

Certaines liaisons seront assurées grâce à des cadres et autres salariés formés qui viennent remplacer les contrôleurs.

Il s'agit d'un des principaux week-ends de chassé-croisé des vacances scolaires, avec un million de voyageurs prévus sur les lignes SNCF.

"Les Français savent que la grève est un droit", mais "aussi que travailler est un devoir", a réagi le Premier ministre, Gabriel Attal lors d'un déplacement à Villejuif (Val-de-Marne), déplorant "une forme d'habitude" d'annonces de grèves de cheminots "à chaque vacances qui arrivent".

Les clients, qui ont été informés mercredi par SMS et courriel, sont fortement encouragés à décaler leur voyage au lundi, voire à jeudi: quelques 300 000 places sont encore disponibles, même si décaler peut être difficile, a souligné M. Fanichet.

Les clients dont le train est supprimé pourront échanger leur billet sans frais ou se faire rembourser la totalité du prix.

Le transporteur offre également une réduction de 50% sur le prochain voyage aux clients concernés, grâce à un code envoyé "automatiquement" et "sous un mois".

Concernant les quelque 9 000 enfants qui doivent voyager seuls avec le service Junior et Cie, le voyage est assuré pour 85% de ces jeunes "et on va proposer une solution" aux autres, a promis M. Fanichet.

Primes et augmentations 

Au milieu des vacances scolaires de la zone C (Ile-de-France) et au début de celles de la zone A (Bordeaux, Lyon, Grenoble...), les contrôleurs se sont mobilisés sur Facebook à l'initiative du Collectif national ASCT (agents du service commercial train).

Ce collectif (CNA), constitué en dehors de tout cadre syndical, n'est pas habilité à déposer de préavis et doit donc s'appuyer sur les syndicats pour porter ses revendications.

A l'approche des élections syndicales de fin mars 2024, la CGT et Sud-Rail ont déposé un appel à la grève. L'Unsa n'a pour sa part pas déposé de préavis et la CFDT-Cheminots levé le sien.

M. Fanichet a dénoncé un mouvement social "incompréhensible".

Les syndicats grévistes estiment que l'accord de sortie de crise négocié fin 2022, quand une grève le week-end de Noël avait laissé 200 000 voyageurs sur le carreau, tarde à être appliqué.

Ils demandent aussi une renégociation de l'accord sur les fins de carrière.

"Les engagements de l'entreprise qui ont été pris en décembre 2022 sont tenus", notamment sur les postes supplémentaires, a répliqué le patron de SNCF Voyageurs.

Le ministre des Transports Patrice Vergriete s'est dit, sur BFMTV, "surpris" de la grève. "D'abord parce que la direction a acté des primes et des augmentations de salaires qui font envie à beaucoup de nos concitoyens. Et ensuite parce que la catégorie d'agents qui se mobilise ce week-end en a largement bénéficié, avec presque 20% de hausse de salaire en deux ans".

Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a en outre annoncé en février le versement d'une prime supplémentaire de 400 euros. Il avait appelé mardi les contrôleurs à "bien prendre la dimension" des concessions faites par la direction avant de mettre leur menace de grève à exécution.

Quant à une potentielle grève des aiguilleurs, dépendant de la filiale SNCF Réseau, le week-end suivant, "il est trop tôt pour parler de ce sujet", a jugé M. Fanichet.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.