Breivik perd son procès contre l'Etat norvégien pour traitement inhumain

Le tueur de masse norvégien Anders Behring Breivik a perdu contre l'État dans sa tentative de mettre fin à son isolement en prison, a statué jeudi un tribunal (Photo, Reuters).
Le tueur de masse norvégien Anders Behring Breivik a perdu contre l'État dans sa tentative de mettre fin à son isolement en prison, a statué jeudi un tribunal (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 15 février 2024

Breivik perd son procès contre l'Etat norvégien pour traitement inhumain

  • Le 22 juillet 2011, Breivik avait d'abord fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, faisant huit morts, puis avait tué 69 autres personnes, des adolescents pour la plupart
  • Son avocat arguait que les autorités n'avaient pas mis en place de mesures suffisantes pour compenser son isolement

OSLO: Anders Behring Breivik est-il traité de façon inhumaine en prison? La justice norvégienne a de nouveau conclu par la négative jeudi, et a débouté l'extrémiste de droite qui avait tué 77 personnes en 2011.

Détenu, seul, depuis 12 ans dans un quartier de très haute sécurité, Breivik attaquait l'Etat norvégien, affirmant que son isolement carcéral violait ses droits humains.

Au cours des cinq jours du procès qui s'est tenu début janvier dans le gymnase de la prison de Ringerike (sud-est), l'extrémiste aujourd'hui âgé de 45 ans, parfois en larmes, s'est présenté comme dépressif, dépendant au Prozac, et a accusé les autorités de vouloir le "pousser au suicide".

De son côté, l'Etat a justifié le régime carcéral strict mais confortable de Breivik par sa dangerosité, affirmant qu'il présentait toujours "un risque absolument extrême de violence totalement débridée".

"Breivik bénéficie de bonnes conditions matérielles de détention et d'une relativement grande liberté au quotidien", a tranché la juge du tribunal d'Oslo, Birgitte Kolrud, dans son jugement.

"Il paraît peu réaliste d'envisager des changements majeurs (de son régime carcéral, ndlr) car il est peu probable que l'on assiste à des changements significatifs dans le tableau des risques à court terme", a-t-elle estimé.

Avant l'annonce du jugement, l'avocat de Breivik avait indiqué à l'AFP qu'il ferait appel en cas de revers en première instance.

Le 22 juillet 2011, Breivik avait d'abord fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, faisant huit morts, puis avait tué 69 autres personnes, des adolescents pour la plupart, en ouvrant le feu dans un camp d'été de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utøya.

Il a été condamné en 2012 à la peine maximale alors en vigueur en Norvège, à savoir 21 ans de prison avec possibilité d'extension tant qu'il reste jugé dangereux.

En prison, il dispose de trois pièces individuelles - une cellule de vie, une d'études et une de gym - à l'étage supérieur et, à l'étage inférieur qu'il partage en alternance avec un autre détenu, d'une cuisine, d'un salon TV, d'une salle à manger et d'une pièce pour les visites.

Il a accès à un écran plat, une console de jeux Xbox ainsi qu'à trois perruches conformément à sa demande d'avoir un animal de compagnie.

"Breivik est particulièrement bien traité", a témoigné le directeur de la prison, Eirik Bergstedt.

Ni déprimé ni suicidaire 

Mais son avocat arguait que les autorités n'avaient pas mis en place de mesures suffisantes pour compenser son isolement, ses interactions humaines se résumant essentiellement à des contacts avec des professionnels (gardiens, avocats, pasteur).

"Il ne sortira jamais, il en est bien conscient", a déclaré Øystein Storrvik pendant la procédure. "Peut-on prononcer une condamnation (de facto) à vie et empêcher tout contact humain pendant l'exécution de cette peine?".

Selon lui, le traitement de son client enfreint l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'Homme qui interdit les "peines ou traitements inhumains ou dégradants".

Invoquant aussi l'article 8 de la Convention qui garantit un droit à la correspondance, Breivik réclamait également un allègement du filtrage de son courrier.

"Breivik représente le même danger aujourd'hui que le 21 juillet 2011", a contré Andreas Hjetland, soulignant qu'il pouvait toujours perpétrer des violences ou inspirer d'autres personnes à le faire.

Pendant la procédure, il est ressorti que Breivik avait commis trois tentatives de suicide ainsi qu'une campagne de désobéissance en 2018: il avait alors tracé des inscriptions, notamment une croix gammée, avec ses excréments, s'était écrié "Sieg Heil" et avait observé une grève de la faim.

Deux expertes appelées à la barre ont néanmoins jugé que le détenu n'était ni gravement déprimé ni suicidaire.

"Cela ne donne pas l'impression qu'il avait une réelle envie de mourir", a déclaré la psychologue chargée d'évaluer sa dangerosité, Inni Rein, évoquant des rapports dans lesquels il aurait reconnu que ses tentatives de suicide se voulaient un moyen de voir ses exigences satisfaites.

En 2016, Breivik avait déjà attaqué l'Etat en justice pour les mêmes motifs et avait partiellement obtenu gain de cause en première instance, avant d'être complètement débouté en appel.

La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait ensuite jugé sa plainte "irrecevable".


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com