Cinéma: Hiam Abbass, mémoires palestiniennes

L'actrice et réalisatrice palestinienne Hiam Abbass (à droite) et sa fille Lina Soualem, réalisatrice et actrice franco-palestinienne-algérienne, posent lors d'une séance photo à Paris le 13 février 2024. (Photo Joel Saget AFP)
L'actrice et réalisatrice palestinienne Hiam Abbass (à droite) et sa fille Lina Soualem, réalisatrice et actrice franco-palestinienne-algérienne, posent lors d'une séance photo à Paris le 13 février 2024. (Photo Joel Saget AFP)
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Publié le Vendredi 16 février 2024

Cinéma: Hiam Abbass, mémoires palestiniennes

  • L'actrice de 63 ans, que le public a notamment pu voir dans la série américaine à succès «Succession», est à l'affiche d'un documentaire intimiste, «Bye bye Tibériade», réalisé par sa fille, Lina Soualem, en salles en France mercredi
  • Le documentaire, qui prend comme point de départ la Nakba, la «catastrophe» qu'a constituée pour les Palestiniens la création d'Israël en 1948, a fait la tournée des festivals avant d'atterrir début décembre sur arte.tv

PARIS : Pour la première fois, l'actrice palestinienne Hiam Abbass s'est sentie mal à l'aise devant la caméra. La raison ? On ne lui demandait pas de jouer un rôle mais de se raconter et raconter l'histoire de sa famille, déchirée par l'exil de 1948.

Exit le bling-bling hollywoodien pour l'actrice de 63 ans que le public a notamment pu voir dans la série américaine à succès «Succession». La voici à l'affiche d'un documentaire intimiste, «Bye bye Tibériade», réalisé par sa fille, Lina Soualem, en salles en France mercredi.

«Lorsque nous avons commencé à filmer, je me suis dis: +oh là là, qu'est ce que je vais dire et surtout qu'est ce que je ne vais pas dire ?+», confie-t-elle à l'AFP.

Le documentaire, qui prend comme point de départ la Nakba, la «catastrophe» qu'a constituée pour les Palestiniens la création d'Israël en 1948, a fait la tournée des festivals, dont celui du film international de Toronto, avant d'atterrir début décembre sur arte.tv.

Aux Etats-Unis, il a été projeté à New York et Los Angeles en janvier. Il doit sortir à San Franciso en mars.

- «Soulagement» -

L'appréhension initiale d'Hiam Abbass a vite laissé place au «soulagement». «J'ai toujours rêvé d'éterniser ma mère et ma grand-mère à travers leur récit, leur histoire et leur combat de femme», détaille celle qui a notamment joué sous la direction de Jim Jarmusch.

Mais, à chaque fois, «j'avais l'impression d'être empêchée», confie-t-elle. «J'étais empêchée parce que je n'ai jamais réalisé de documentaire et aussi parce qu'il me paraissait difficile d'aller creuser dans cette l'histoire qui est trop proche et dont je suis la première héritière».

C'est à sa fille, qui a réalisé un documentaire sur la branche paternelle de ses origines, «Leur Algérie», qu'elle fait confiance. «J'ai l'impression que Lina m'a mis dans un endroit de responsabilité, avec la nécessité de raconter l'histoire familiale», assure-t-elle.

Cette histoire, c'est la dislocation d'une famille qui a dû fuir son village en 1948 et se reconstruire ailleurs. Avec certains membres qui se sont retrouvés, aussi, en Syrie.

- «Bye bye, les gars» -

Née en 1960 dans le village israélien de Deir Hanna, Hiam Abbass grandit avec un sentiment d'étouffement. D'abord dû au milieu traditionnel dont elle est issue mais aussi au climat politique.

«On vivait une forme de malaise», se remémore-t-elle. Un malaise lié au fait d'être considérée comme une «Arabe israélienne», appellation qu'elle a toujours rejetée car elle «nie la complexité des choses». «C'était comme s'il fallait effacer notre identité (de Palestinien, ndlr) pour qu'on s'intègre dans un nouveau monde politique, dans une nouvelle démocratie», dit-elle.

«Troublée», elle se réfugie dans l'écriture et la poésie. Enfant, elle le sait déjà, son départ à elle sera volontaire. Elle étudie la photographie, fait du théâtre, avant de s'envoler pour l'Angleterre, puis de rejoindre la France.

«A un moment, j'ai dit: les gars, bye bye, je prends ma vie en main. Ca ne veut pas dire que je ne vous aime pas, ça ne veut pas dire que je vous quitte à jamais, mais je pars», raconte-t-elle.

La suite ? Une carrière à l'international. En 2004, elle travaille avec le réalisateur mexicain Alejandro Iñarritu pour diriger ses acteurs dans «Babel». Elle fera de même pour le film «Munich» de la légende hollywoodienne Steven Spielberg.

Sans oublier ses rôles de femmes fortes dans des productions arabes. En 2020, elle était à l'affiche de la comédie dramatique des frères Nasser «Gaza mon amour», ancrée dans le territoire palestinien où la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit.

Elle a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël. «Arrêtons cette guerre», implore l'actrice, qui dit encore et toujours croire en la paix.

En attendant, souligne Lina Soualem, l'important est aussi de «pouvoir se raconter à travers nos propres mots».

 


La culture saoudienne s’exporte avec « Art Bridges » dans quatre pays

La Commission des arts visuels annonce le lancement de l'initiative "Art Bridges" en Écosse, au Japon, en Corée du Sud et en Espagne. (X : @MOCVisualArts)
La Commission des arts visuels annonce le lancement de l'initiative "Art Bridges" en Écosse, au Japon, en Corée du Sud et en Espagne. (X : @MOCVisualArts)
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  • Un programme culturel porté par la Commission des arts visuels du Royaume
  • Accueilli en Écosse, au Japon, en Corée du Sud et en Espagne

DJEDDAH : La Commission saoudienne des arts visuels a lancé son initiative « Art Bridges » pour 2025–2026, une série de programmes internationaux destinés à promouvoir les échanges culturels.

Les événements auront lieu en Écosse, au Japon, en Corée du Sud et en Espagne.

Le premier se tiendra en Écosse du 22 au 27 septembre, en partenariat avec le British Council Scotland.

Le Japon accueillera la deuxième édition du 31 octobre au 7 novembre, suivi de la Corée du Sud du 19 au 27 novembre, et enfin l’Espagne du 2 au 9 mars 2026.

Dans un communiqué, Dina Amin, directrice générale de la Commission des arts visuels, a déclaré que cette initiative offre une opportunité unique aux professionnels de la culture pour partager leur créativité avec le monde.

Chaque édition d’« Art Bridges » sera adaptée au contexte du pays hôte.

Le programme inclut des rencontres avec des leaders d’opinion, des visites d’institutions culturelles majeures, musées, galeries et ateliers d’artistes, ainsi que des ateliers, des sessions d’échange de connaissances et des discussions avec des figures locales de l’art contemporain.

Les éditions 2025–2026 exploreront des thématiques spécifiques :

Au Japon, le lien entre art et environnement, avec une réflexion sur l’interaction des artistes avec la nature, les villes et les traditions.

En Corée du Sud, le thème de l’identité à travers l’art et la société, via l’étude des mouvements culturels communautaires, des espaces indépendants et des plateformes collaboratives.

En Espagne, l’accent sera mis sur le patrimoine et les pratiques collaboratives, à travers des expressions artistiques partagées au service du lien social.

Les candidatures sont ouvertes depuis le 13 août. La date limite pour le Japon est le 21 août et le 31 août pour la Corée du Sud et l’Espagne.

Les candidats doivent avoir plus de 21 ans, justifier d’au moins cinq ans d’expérience professionnelle, présenter un portfolio solide, parler anglais couramment et s’engager à suivre l’intégralité du programme.

La Commission a précisé que « Art Bridges » est un pilier de sa stratégie visant à renforcer la présence culturelle de l’Arabie saoudite à l’international, développer des écosystèmes créatifs durables et établir des partenariats globaux sur le long terme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


En RDC, l'inclusion du «liboke» dans le Larousse fait débat

Selon le dictionnaire français, le liboke "est une préparation à base de poisson ou de viande, enveloppée dans des feuilles de bananier et cuite au charbon de bois". (AFP)
Selon le dictionnaire français, le liboke "est une préparation à base de poisson ou de viande, enveloppée dans des feuilles de bananier et cuite au charbon de bois". (AFP)
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  • Selon le dictionnaire français, le liboke "est une préparation à base de poisson ou de viande, enveloppée dans des feuilles de bananier et cuite au charbon de bois"
  • Mais cette définition est considérée comme réductrice par certains Congolais, qui estiment qu'elle déshonore le sens profond d'un mot étroitement lié à l'identité nationale

KINSHASA: A l'heure du déjeuner, les clients affluent sur la terrasse du restaurant "100% Liboke, Chez Mère Antho Aembe", dans le quartier huppé de la Gombe, à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC).

Comme dans des centaines d'établissements de la capitale, ils viennent pour un plat : le liboke, une recette de poisson, fraîchement pêché dans le fleuve Congo voisin, épicé et emballé dans des feuilles de bananier. Ce plat national est tellement célèbre qu'il s'apprête à faire son entrée dans le Petit Larousse illustré en 2026.

Selon le dictionnaire français, le liboke "est une préparation à base de poisson ou de viande, enveloppée dans des feuilles de bananier et cuite au charbon de bois".

Mais cette définition est considérée comme réductrice par certains Congolais, qui estiment qu'elle déshonore le sens profond d'un mot étroitement lié à l'identité nationale.

En lingala, "liboke" signifie avant tout "un petit groupe", explique à l'AFP Moïse Edimo Lumbidi, animateur culturel et professeur de lingala. Se référer uniquement au sens gastronomique de ce mot est "très réducteur", juge le trentenaire.

Ainsi, explique-t-il, "on peut parler de 'liboke ya bato'", ce qui veut dire un petit groupe de personnes, "ou encore de 'liboke ya mbisi'", pour évoquer des poissons regroupés ou emballés dans un paquet.

Pendant les 32 années de règne sans partage du maréchal Mobutu Sese Seko (1965-1997), le mot "liboke" faisait partie d'un slogan appelant à l'unité nationale du Zaïre (aujourd'hui RDC) : "Tolingi Zaïre liboke moko, lisanga moko" ("Nous voulons un Zaïre uni et indivisible").

"Je ne suis pas fier (de voir limité) ce mot très précieux, si essentiel à notre culture, à notre être, à notre transcendance", à une simple allusion à la "nourriture", s'agace l'écrivain congolais Pépin-Guillaume Manjolo auprès de l'AFP.

"Le liboke moko, c'est avant tout cette communion, cette unité nationale (...) Et le limiter à l'aspect culinaire est très bien pour les Français. Mais pas pour nous", ajoute-t-il.

Pour lui, la démarche devrait être menée en accord avec les académies respectives du Congo-Kinshasa et du Congo-Brazzaville, région d'origine du mot, en Afrique centrale.

Unité, communion 

Il appartiendrait ensuite à ces institutions de définir "l'origine, les racines, l'étymologie, la philosophie et la philologie du mot 'liboke' afin de l'expliquer correctement", estime M. Manjolo, qui fut ministre de la Coopération internationale, de l'Intégration régionale et de la Francophonie de la RDC entre 2019 et 2021.

Selon lui, décrire uniquement sous l'angle gastronomique un mot qui renvoie davantage à "l'unité ou à la communion" est "très limité" et "ne reflète pas la vérité".

Le débat ne fait pas encore rage sur les terrasses de Kinshasa, où l'on se presse pour déguster le fameux plat à la pause déjeuner.

Mère Antho assure qu'elle n'était pas au courant de l'annonce du Larousse, dictionnaire encyclopédique français considéré comme un arbitre de tout ce qui touche à la langue française. La restauratrice de 41 ans espère seulement que cette inscription lui amènera davantage de clients.

Attablé dans une terrasse du centre-ville, Patrick Bewa, fonctionnaire, considère pour sa part que l'inclusion du liboke dans le dictionnaire français est une "source de fierté".

"Nous l'adorons, c'est vraiment un plat typiquement africain et congolais", lance-t-il, assis à table avec deux collègues.

Le poisson "vient tout juste du fleuve, il est bon, avec sa saveur fumée qui a pris l'arôme de la feuille, c'est un goût inimitable. Il faut le goûter pour le savoir", dit-il.

Mais cet enthousiasme gourmand n'est pas partagé par les intellectuels et universitaires congolais qui critiquent ce qu'ils considèrent comme une décision unilatérale de l'Académie française, non concertée avec la partie congolaise.

L'inclusion de "liboke" dans le dictionnaire est une bonne chose, mais les équipes du Larousse devraient "approfondir leurs recherches afin de nous donner la véritable étymologie du mot", ce qui serait "une façon pour eux d'exprimer leur respect pour notre culture", suggère ainsi Edimo Lumbidi.

Contactée par l'AFP, la maison Larousse n'a pas réagi dans l'immédiat.


De Madrid à Riyad : l’histoire d’amour de Ronaldo et Georgina couronnée par des fiançailles

Le couple a annoncé ses fiançailles après huit ans de vie commune. (Instagram)
Le couple a annoncé ses fiançailles après huit ans de vie commune. (Instagram)
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  • Ronaldo offre à Rodriguez une bague en diamant taillée en ovale
  • « Yes I do. In this and in all my lives », répond-elle

DUBAÏ : Le mannequin argentin Georgina Rodriguez et son compagnon de longue date, le footballeur portugais Cristiano Ronaldo, partagent une histoire d’amour qui séduit depuis près d’une dizaine d’années.

Le couple, désormais installé en Arabie saoudite, a annoncé ses fiançailles cette semaine à Riyad. Rodriguez a publié sur Instagram : « Yes I do. In this and in all my lives. »

Une photo accompagne cette annonce : une époustouflante bague en diamant taillée en ovale reposant élégamment sur la main de Ronaldo.

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La bague est devenue un sujet de fascination mondial. Les experts en joaillerie estiment que le diamant central pèse entre 22 et 37 carats, flanqué de pierres latérales plus petites, le tout serti en platine ou en or blanc.

Les messages de félicitations, venus d’amis, de la famille et de fans, ont afflué, envahissant les commentaires et, sans doute, les boîtes de réception et téléphones du couple.

Leur histoire remonte à 2016, dans une boutique Gucci à Madrid, où Rodriguez était vendeuse. À la fin de cette même année, ils se sont affichés ensemble publiquement, photographiés dans les allées de Disneyland Paris.

En 2017, ils ont accueilli des jumeaux, Eva Maria et Mateo, suivis peu après de leur fille Alana Martina. En avril 2022, le couple a à nouveau eu des jumeaux, Bella et Angel, mais Angel est malheureusement décédé à la naissance.

Le fils aîné de Ronaldo, Cristiano Jr., issu d’une précédente relation, vit également avec eux.

Lorsque Ronaldo a rejoint la Juventus en 2018, la famille a déménagé à Turin. En 2022, il a effectué un tournant majeur en rejoignant Al‑Nassr, en Arabie Saoudite, et a officiellement emménagé à Riyad en janvier 2023, accompagné de Rodriguez et des enfants.

Le couple partage régulièrement des moments de leur quotidien en Arabie saoudite, des dîners romantiques à Riyad aux escapades familiales au bord de la mer Rouge.

Depuis des années, les fans spéculaient déjà sur leurs noces éventuelles, notamment en 2020 lorsqu’elle portait une bague en diamant très visible, et encore en 2024 lors des Globe Soccer Awards à Dubaï, quand Ronaldo l’avait qualifiée de « ma femme ».

Tous deux ont souvent écarté ces questions. Dans sa série Netflix I Am Georgina, Ronaldo confiait qu’il était « 1000 % sûr » qu’ils se marieraient « quand le moment serait venu ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com