Frankly Speaking: Le tennis, prochain «Grand Chelem» du sport saoudien?

Dans l'émission « Frankly Speaking », Arij Mutabagan a expliqué à l'animatrice Katie Jensen qu'il suffisait de consulter les chiffres pour se rendre compte de l'énorme potentiel de ce sport en Arabie saoudite, ce qui laisse entrevoir la possibilité pour le Royaume de participer à des tournois majeurs, voire de les accueillir (Photo, AN).
Dans l'émission « Frankly Speaking », Arij Mutabagan a expliqué à l'animatrice Katie Jensen qu'il suffisait de consulter les chiffres pour se rendre compte de l'énorme potentiel de ce sport en Arabie saoudite, ce qui laisse entrevoir la possibilité pour le Royaume de participer à des tournois majeurs, voire de les accueillir (Photo, AN).
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Publié le Lundi 19 février 2024

Frankly Speaking: Le tennis, prochain «Grand Chelem» du sport saoudien?

  • Des centaines de milliers de femmes et de jeunes filles pratiquent désormais le tennis, affirme la présidente de la Fédération saoudienne de tennis
  • Arij Mutabagani invite les détracteurs à visiter le Royaume qui se trouve actuellement dans «une phase de transformation» et à constater les progrès par eux-mêmes

DUBAΪ: Le tennis est en train de devenir un sport populaire en Arabie saoudite. Des milliers de jeunes, y compris des femmes et des filles, s'inscrivent dans des clubs et participent à des tournois dans tout le Royaume, a déclaré Arij Mutabagani, présidente de la Fédération saoudienne de tennis.

Lors de son passage à l'émission Frankly Speaking d'Arab News, Mme Mutabagani a déclaré qu'il suffisait de regarder les chiffres pour se rendre compte de l'énorme potentiel de ce sport, ce qui laisse entrevoir la possibilité pour le Royaume de participer à des tournois majeurs, voire de les accueillir.

« L'Arabie saoudite a connu une grande mutation, en particulier dans le domaine du sport et de la participation des femmes », affirme Mme Mutabagani.

« Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Nous avons augmenté la participation des femmes dans le sport. Aujourd'hui, 330 000 femmes sont inscrites à des activités sportives et environ 14 000 femmes participent à des tournois de tennis. »

Ce succès est dû en grande partie aux initiatives gouvernementales introduites dans le cadre du programme de réforme Vision 2030, qui a fait de l'investissement dans le sport et de la promotion de la santé publique et du bien-être des priorités.

« Nous disposons d’un vaste programme avec le ministère de l'Éducation, en partenariat avec la Fédération des sports pour tous, dans le cadre duquel nous aimerions présenter le tennis comme un nouveau sport aux enfants », explique Mme Mutabagani.

« Nous avons commencé en 2023 avec 30 écoles en Arabie saoudite. Nous sommes passés à 90 écoles en 2023 et en 2024. Nous sommes en train de l'étendre à 400 écoles. L'initiative ne tient pas compte du genre et répartie entre les écoles de garçons et de filles », précise-t-elle.

« En 2019, nous n'avions aucune participation féminine dans les clubs. Aujourd'hui, nous avons sept clubs qui comptent des joueuses », poursuit-elle, notant que l'équipe nationale féminine nouvellement créée a déjà participé à 20 événements.

« La participation a augmenté. Nous avions 90 femmes qui jouaient en 2019. Aujourd'hui, 700 femmes sont inscrites au tennis. »

La Fédération saoudienne des sports pour tous est responsable du développement des sports communautaires et de la promotion d'un mode de vie sain dans tout le Royaume, conformément au plan de développement à long terme du pays pour le progrès social et économique, Vision 2030.

« Nous constatons que le tennis a été introduit dans les clubs », a déclaré Mme Mutabagani à Katie Jensen, animatrice de Frankly Speaking. « En 2019, aucun club ne participait à des tournois. Aujourd'hui, nous avons sept clubs qui comptent des joueuses. Nous avons augmenté le nombre de tournois de tennis pour les femmes. Nous en avions trois. Aujourd'hui, nous en avons 20. On peut constater qu'il y a de gros progrès. »

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Des jeunes Saoudiennes comme Yara Alhogbani ouvrent la voie à la création d’un cadre de tennis prospère dans le Royaume (Photo, Fournie).

Malgré ces succès, les légendes du tennis Chris Evert et Martina Navratilova ont récemment déclaré que l'absence d'égalité entre les hommes et les femmes en Arabie saoudite devrait empêcher le Royaume d'accueillir de grands événements tels que les finales de la Women's Tennis Association (WTA).

Dans une déclaration, la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice saoudienne aux États-Unis, a rejeté les propos « plus que décevants » de Chris Evert et Martina Navratilova.

« Comme beaucoup de femmes dans le monde, nous avons considéré les légendes du tennis comme des pionnières et des modèles... des lueurs d'espoir qui prouvent que les femmes pouvaient vraiment tout réussir », a-t-elle déclaré.

« Mais ces championnes ont tourné le dos aux femmes qu'elles ont inspirées et c'est vraiment décevant. »

Nullement découragée par les commentaires d'Evert et de Navratilova, Mme Mutabagani a invité les stars du tennis à se rendre dans le Royaume pour constater de visu la transformation du sport saoudien et les progrès considérables réalisés au niveau de la participation féminine.

« Prenez part à ce voyage pour changer et transformer le tennis, surtout pour la participation des femmes. Nous apprendrons beaucoup d'elles , et elles n'ont qu'à venir voir par elles-mêmes », a-t-elle poursuivi.

« Elles ont tant fait pour le tennis et la participation des femmes, pour l'égalité des sexes et pour l'obtention de prix égaux. Je respecte le fait que tout le monde soit libre de s'exprimer et de commenter. »

« Mais j'aimerais vraiment les inviter à venir en Arabie saoudite pour compter les progrès accomplis. Nous sommes dans une phase de changement. Nous essayons de changer. »

Mme Mutabagani espère que le Royaume accueillera bientôt un événement majeur de tennis ou un Grand Chelem, car cela encouragera les Saoudiens à pratiquer ce sport.

« Tout est possible », affirme-t-elle. « Le fait d'organiser ce type d'événement international dans le pays ne fera que mettre en lumière le tennis. Cela le rendra plus populaire. »

« Les joueurs auront des références. Cela incitera une nouvelle génération à travailler plus dur et à s'entraîner davantage pour devenir des champions à l'avenir et être en mesure de participer à ces tournois dans leur pays. »

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Lors de l'émission Frankly Speaking, Arij Mutabagan a expliqué à l'animatrice Katie Jensen qu'il suffisait de consulter les chiffres pour se rendre compte de l'énorme potentiel du tennis en Arabie saoudite, ce qui laisse entrevoir la possibilité pour le Royaume de participer à des tournois majeurs, voire de les accueillir (Photo, AN).

Bien que rien ne soit gravé dans le marbre, Mme Mutabagani espère que la Women's Tennis Association (WTA) ou l'Association of Tennis Professionals (ATP) choisiront le Royaume pour accueillir un tournoi du Grand Chelem.

« Nous y travaillons dur. Nous travaillons en étroite collaboration avec la WTA et l'ATP pour essayer de rendre cela possible et d'y parvenir, dans un avenir proche, je l'espère », affirme-t-elle.

« Nous essayons d'établir une relation durable avec les instances dirigeantes officielles du tennis, qu'il s'agisse de l'ATP, de la WTA ou de l'ITF (International Tennis Federation) », poursuit-elle.

« Nous avons organisé avec succès les finales de la Next Gen l'année dernière à Djeddah, ce qui nous a permis d'entamer cette relation avec l'ATP. Aujourd'hui, nous essayons également d'établir des relations avec la WTA. »

Les championnats du Grand Chelem, les tournois les plus prestigieux du tennis professionnel, sont organisés par la WTA et l'ATP, et supervisés par la Fédération internationale de tennis (ITF).

Mme Mutabagani prévoit que ces événements professionnels contribueront à accroître la participation au sport amateur en Arabie saoudite, en particulier chez les jeunes.

« Nous sommes encore en discussion », a-t-elle déclaré. « Mais notre objectif est d'établir toutes ces relations à long terme qui contribueront à développer le tennis en Arabie saoudite, qu'il s'agisse de grands événements ou d’événements plus modestes, de défis à relever, car cela améliorera le niveau de nos joueurs de tennis locaux. »

L'Arabie saoudite a cherché à accroître sa présence sportive en créant la série LIV Golf, en recrutant des joueurs de football de premier plan comme Cristiano Ronaldo et en accueillant les finales de l'ATP Next Generation en 2023.

« Le tennis a joué un rôle très important dans l’évolution du sport en Arabie saoudite », affirme Mme Mutabagani. « Nous l'avons constaté par l'augmentation du nombre d'événements spécifiques au tennis. En 2022, nous avons commencé à accueillir le premier tournoi international junior qui s'est déroulé à Riyad. »

Le Royaume a accueilli son premier tournoi professionnel en 2019 avec la Diriyah Tennis Cup. Il a profité de son succès de 2019 à 2022 pour organiser les Next Gen ATP Finals, qui se tiendront à Riyad de 2023 à 2027.

Le tournoi de tennis masculin Six Kings Slam mettra en vedette les stars internationales Rafael Nadal et Novak Djokovic, ainsi que trois autres vainqueurs du Grand Chelem, en octobre.

Compte tenu de la relative nouveauté de ce sport en Arabie saoudite, on a d'abord douté de la popularité des tournois de tennis. Cependant, Mme Mutabagani affirme que les joueurs sont ravis du nombre de spectateurs qui assistent aux matchs.

« Ils ont été extrêmement satisfaits du public », a-t-elle déclaré. « Le stade était plein pour le match de démonstration à Riyad. Les billets ont été vendus à guichets fermés et le public s'est vraiment, vraiment impliqué. »

« Nous avons remarqué que le public comprenait le tennis, ce qui est très important. »

Les meilleurs joueurs internationaux commencent généralement à jouer dans des académies ou des clubs sportifs dès leur plus jeune âge. Le Royaume aura besoin d'entraîneurs expérimentés, de formateurs et d'installations spécialisées pour retenir ses propres talents.

« Notre principal objectif est de commencer par la base et d'introduire le tennis dans toute la population, puis de le développer à partir de là et de se concentrer sur les performances de haut niveau », soutient Mme Mutabagani.

Yara al-Hogbani, 19 ans, est l'une des jeunes stars du tennis saoudien.

« Elle est une grande ambassadrice de ce sport et une source d'inspiration pour la nouvelle génération de jeunes, garçons ou filles », affirme Mme Mutabagani.

Cette année, Yara al-Hogbani a participé à l'Open Mubadala d'Abu Dhabi avec des joueuses internationales de premier plan comme Ons Jabeur, tunisienne et numéro six à la WTA, et Naomi Osaka, japonaise, première joueuse asiatique à être classée numéro un au monde.

« Al-Hogbani a travaillé très dur dès son plus jeune âge », confie Mme Mutabagani. « Elle a deux autres frères et sœurs qui sont également des joueurs nationaux. »

Elle a joué avec son frère aîné, Ammar, aux Jeux asiatiques de Hangzhou en 2023, et a ainsi constitué la première équipe professionnelle de double mixte du Royaume. Leur deuxième frère, Saud, joue à l'université de Wake Forest aux États-Unis.

Yara Al-Hogbani a également rencontré des légendes du tennis comme Novak Djokovic et Rafael Nadal, le nouvel ambassadeur de la Fédération saoudienne de tennis, lors des Next Gen ATP Finals à Djeddah en décembre. Nadal s'est engagé à aider l'Arabie saoudite à développer ses jeunes talents.

« Il lui a donné la chance de sentir ce que c'est que d'être à ce haut niveau et l'a incitée à travailler plus dur, à faire plus d'efforts et à atteindre des niveaux plus élevés à l'avenir », révèle Mme Mutabagani. « Avoir ces opportunités peut changer l'avenir de quelqu'un et... en faire une star pour les générations à venir. »

Interrogée sur le message qu'elle adresserait aux jeunes Saoudiens qui envisagent de se mettre au tennis, Mme Mutabagani, elle-même joueuse de tennis depuis toujours, confie : « Je leur dirais de prendre une raquette de tennis, d'essayer ce sport, de jouer au tennis, d'être les champions de la prochaine génération, d'être un exemple sur le court et en dehors du court. »

« Parce que le tennis est une expérience d'apprentissage de la vie, il nous enseigne à être de grands êtres humains avant d'être des sportifs. Alors, soyez un ambassadeur du tennis en Arabie saoudite, sur le terrain et en dehors. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.