Comment l'imam Mohammed a réalisé l'unité tribale pour créer le premier État saoudien

Un dessin de l'imam Mohammad ben Saoud tel qu'envisagé par Manga Production à Riyad (Photo, Manga Production).
Un dessin de l'imam Mohammad ben Saoud tel qu'envisagé par Manga Production à Riyad (Photo, Manga Production).
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Publié le Jeudi 22 février 2024

Comment l'imam Mohammed a réalisé l'unité tribale pour créer le premier État saoudien

  • L'Arabie saoudite a fait ses premiers pas sur la voie de la nation en 1727, lorsque l'imam Mohammed est devenu souverain de Diriyah
  • À sa mort en 1765, il avait jeté les bases de la plus grande entité politique que l'Arabie centrale ait jamais connue

LONDRES: La famille des Saoud a fait les premiers pas sur le long chemin de la nation en 1727, lorsque l'imam Mohammed ben Saoud a succédé à son cousin, Zaid ben Markhan, à la tête de la ville-État de Diriyah.

C'est ce moment charnière, reconnu comme la date à laquelle le premier État saoudien a vu le jour, qui est célébré dans le Royaume le 22 février de chaque année en tant que Jour de la fondation.

L'imam Mohammed avait appris l'art de la politique aux côtés de son père. Il a joué un rôle important en le soutenant tout au long de son règne et a fait ses preuves en tant que dirigeant lorsque Diriyah a été attaquée en 1721 par la tribu Banu Khalid d'Al-Ahsa.

L'imam Mohammed a mené les forces de son père à la victoire, renforçant ainsi la position régionale de Diriyah.

Après la mort de son père en 1725, l'imam Mohammed s'engagea à soutenir Markhan, du clan Watban de la tribu Zaid, et, après sa victoire, le servit loyalement jusqu'à ce que le court règne du prince soit interrompu par un assassinat l'année suivante.

Dès le départ, l'unité était le rêve de l'imam Mohammed, comme en témoigne l'histoire officielle publiée par la Diriyah Gate Development Authority.

Les chroniqueurs arabes contemporains ont rapporté que «les habitants de Diriyah avaient pleinement confiance en ses capacités et que ses qualités de dirigeant libéreraient la région des divisions et des conflits».

L'imam Mohammed était déjà connu pour «ses nombreuses caractéristiques personnelles, telles que sa dévotion, sa bonté, sa bravoure et sa capacité à influencer les autres», et le fait de lui transmettre le pouvoir a été «un moment de transformation, non seulement dans l'histoire de Diriyah, mais aussi dans l'histoire du Najd et de la péninsule arabique».

Déjà réputé pour être un homme d'action, l'imam Mohammed s’avèrera également être un dirigeant avisé.

L’imam Mohammed a entrepris la tâche ardue de réaliser l’unité politique entre les tribus, à commencer par les villes voisines de Najd, dans le but ultime d’établir un plus grand État arabe (Photo, Sotheby's).

L’imam Mohammed a entrepris la tâche ardue de réaliser l’unité politique entre les tribus, à commencer par les villes voisines de Najd, dans le but ultime d’établir un plus grand État arabe.

Comme l'atteste l'histoire officielle publiée par la Diriyah Gate Development Authority, «la tâche n'a pas été facile», mais à sa mort en 1765, l'imam Mohammed ben Saoud avait jeté les bases de la plus grande entité politique que l'Arabie centrale ait jamais connue.

Dès son ascension, «il a commencé à planifier le changement du statu quo qui prévalait à l'époque, en traçant une nouvelle voie dans l'histoire de la région vers l'unité, l'éducation, la diffusion de la culture, l'amélioration de la communication entre les membres de la société et la sécurité perpétuelle».

Au cours des neuf décennies suivantes, le pouvoir et l’influence de Diriyah ont augmenté, car la grande tâche de l’unité a été confiée aux trois successeurs de Mohammed – son fils Abdelaziz, qui allait fonder le district royal d’At-Turaif, le fils d’Abdelaziz Saoud le Grand, sous la direction duquel l'autorité du premier État saoudien a atteint son apogée, s'étendant sur la majeure partie de la péninsule arabique et, à sa mort en 1814, son fils Abdallah, qui était connu pour être un grand guerrier.

Mais le fait de défier l'empire ottoman, vaste et agressif, pour le contrôle de La Mecque et de Médine s'est avéré être la perte de Diriyah. L'imam Abdallah a hérité de la colère d'Istanbul, qui a dépêché une vaste force pour mettre fin à la menace que représentait Diriyah pour l'autorité ottomane dans la péninsule arabique.

Cela prit beaucoup plus de temps que le sultan n'aurait pu l'imaginer. Au cours d'une série de batailles acharnées qui s'étalèrent sur plusieurs années, les Arabes furent lentement repoussés de la côte de la mer Rouge jusqu'à leur dernier retranchement devant les murs de Diriyah.

Après un siège de six mois, Diriyah tombe. L'imam Abdallah a été emmené prisonnier à Istanbul, où il a été exécuté.

Sans se laisser décourager, le deuxième État saoudien a surgi des décombres du premier, cette fois à Riyad, l'ancienne capitale de la région de Hajer al-Yamamah, où il a prospéré de 1824 à 1891.

Cet État aussi, tombera.

Mais parmi les membres de la famille évincée de Riyad en 1891 par la famille rivale de Rachid se trouvait le fils du dernier imam du deuxième État saoudien, âgé de 16 ans, un jeune homme destiné à faire le dernier grand pas sur la voie sur laquelle son prédécesseur, l'imam Mohammed, s'était engagé des générations plus tôt.

Ci-dessus, les guerriers du prince Abdelaziz ibn Abdel Rahmane al-Saoud à dos de chameau dans la region du Nejd, en route pour reprendre Riyad, vers 1910 (Photo, Alamy).

L'histoire de la reconquête de Riyad par le prince Abdelaziz ibn Abdel Rahmane al-Saoud et une petite troupe de guerriers en 1902, qui a permis à la famille des Saoud de retrouver sa place légitime dans la région du Najd, est bien connue de tous les écoliers d'Arabie saoudite.

Mais la réalisation la plus remarquable d'Abdelaziz – le rassemblement des nombreuses tribus de la péninsule arabique pour permettre la fondation, en 1932, du Royaume d'Arabie saoudite – nécessitera des décennies de dévouement inébranlable à la vision d'unité de son ancêtre.

Aujourd'hui, l'attachement familial à l'une ou l'autre des tribus enracinées dans l'histoire de la péninsule arabique reste une source de grande fierté pour de nombreux Saoudiens et leurs familles, et fait partie du tissu de l'héritage diversifié mais unificateur du pays.

Toutefois, cela n'a pas toujours été le cas, comme l'a noté en 1982 John Duke Anthony, président fondateur et directeur général du Conseil national des relations américano-arabes, basé à Washington.

«Pendant une grande partie de l'histoire de la péninsule arabique, la plupart de ces tribus ont existé en tant qu'entités politiques indépendantes dans un microcosme», a-t-il écrit dans un essai intitulé «Saudi Arabia: From tribal state to nation-state» («Arabie saoudite: De l'État tribal à l'État-nation»).

«En tant que tels, ils étaient capables de s'unir pour une action commune. Cependant, ils ont le plus souvent agi comme des forces de division dans un contexte sociétal plus large», a indiqué Anthony.

«C'est cette dernière caractéristique, plus que toute autre, qui a incité feu le roi Abdelaziz, fondateur de l'Arabie saoudite moderne, à rechercher un certain nombre de moyens pour intégrer les différentes tribus dans la nouvelle structure politique nationale du Royaume.

«Le contenu religieux du message d'Abdelaziz, alors qu'il entreprenait de réunir l'Arabie en un seul État, qui s'est avéré être sa plus grande source de force», a-t-il précisé.

Ci-dessus, le prince Abdelaziz ibn Abdel Rahmane al-Saud au Koweït, vers 1910 (Photo, Alamy).

«Abdelaziz a été capable de diriger et de contrôler une adhésion stricte aux doctrines islamiques et, de cette manière, de modifier de manière significative les distinctions tribales qui divisaient auparavant le royaume.»

En 2022, Hasan Massloom, membre du Conseil de la Choura d'Arabie saoudite, a écrit que dans l'Arabie saoudite moderne, le tribalisme complétait plutôt qu'il ne contredisait les ambitions de la Vision 2030 du Royaume, qui ont été dévoilées aux citoyens saoudiens et au monde par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, en 2016.

«Aucune discussion sur le changement social n'est concevable sans reconnaître l'origine tribale de la société saoudienne», a écrit Massloom dans une tribune publiée sur Arab News.

«Le tribalisme dans la péninsule arabique existe depuis des milliers d'années, avant le judaïsme, le christianisme et l'islam. Il s'agissait d'un système indépendant et cohésif de survie dans le désert qui assurait à ses membres un statut social, un avantage économique et une protection physique pour ses membres», a-t-il indiqué.

«Les membres d'une même tribu partageaient une ascendance commune, une dignité collective et une réputation commune. La dureté de la vie dans le désert aride a imposé un lien moral ferme et contraignant entre les tribus pour défendre leur progéniture et leurs biens. L'histoire des tribus s'enorgueillissait de la hiérarchie sociale, de l'obligation de vengeance et de l'attachement profond au territoire, aux pâturages et aux puits d'eau», a expliqué Masloom.

«Le roi Abdelaziz a fait pivoter avec tact la scène tribale arabe vers son rêve d'un royaume national lorsqu'il a persuadé les tribus hostiles et combattantes de mettre leurs conflits de côté et de s'unir sous sa direction pour construire un État moderne», a-t-il ajouté.

En effet, Abdelaziz, l'homme que le monde entier connaît simplement sous le nom d'Ibn Saoud, a achevé le parcours commencé par la fondation du premier État saoudien par l'imam Mohammed en 1727.

Le 27 janvier 2022, le Jour de la fondation a été institué par un ordre royal du roi Salmane en reconnaissance de ce moment charnière de l'histoire de la nation et pour honorer la sagesse d'un dirigeant qui «a assuré l'unité et la sécurité dans la péninsule arabique après des siècles de fragmentation, de dissension et d'instabilité».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: la Défense civile annonce au moins 20 morts dont des enfants dans deux frappes aériennes à Khan Younès

Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal. (AFP)
Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal. (AFP)
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  • L'armée israélienne poursuit ses opérations dans la bande de Gaza et a lancé une nouvelle offensive dans le nord du territoire où, selon elle, les combattants du Hamas se regroupent
  • Selon la Défense civile, plus de 770 personnes sont mortes dans le nord depuis le début de cette offensive le 6 octobre

TERRITOIRES PALESTINIENS: Au moins 20 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans deux frappes aériennes israéliennes nocturnes sur Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé vendredi la Défense civile du territoire palestinien.

Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal.

Une autre a visé une seconde maison à proximité, tuant six personnes, a-t-il précisé.

Les victimes ont été transportées à l'hôpital européen de la ville, où les corps de plusieurs enfants ont été enveloppés d'un linceul par leurs proches, selon des photographes de l'AFP.

L'armée israélienne a seulement indiqué dans un communiqué avoir "éliminé plusieurs terroristes depuis les airs et le sol et démantelé de nombreuses infrastructures terroristes".

L'armée israélienne poursuit ses opérations dans la bande de Gaza et a lancé une nouvelle offensive dans le nord du territoire où, selon elle, les combattants du Hamas se regroupent.

Selon la Défense civile, plus de 770 personnes sont mortes dans le nord depuis le début de cette offensive le 6 octobre.

La guerre a Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

L'attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et lancé une offensive dans laquelle au moins 42.847 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Trois journalistes tués au Liban, qui dénonce un «crime de guerre » israélien

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BEYROUTH: Trois journalistes ont été tués dans une frappe israélienne vendredi au Liban, le gouvernement dénonçant un "crime de guerre" au moment où Israël intensifie ses bombardements contre le Hezbollah tout en menant une offensive terrestre dans le sud du pays.

L'armée israélienne poursuit parallèlement son offensive dans la bande de Gaza contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, allié du Hezbollah et lui aussi soutenu par l'Iran, où des frappes aériennes ont fait au moins vingt morts, selon la Défense civile.

Au Liban, la chaîne pro-iranienne Al Mayadeen a annoncé la mort d'un cameraman, Ghassan Najjar, et d'un ingénieur de radiodiffusion, Mohammad Reda, dans une frappe qu'elle a qualifiée de "délibérée contre une résidence de journalistes".

 


Blinken estime « vraiment urgent » de parvenir à une «solution diplomatique » au Liban

"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a dit M. Blinken. (AFP)
"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a dit M. Blinken. (AFP)
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  • "Nous avons le sentiment qu'il est vraiment urgent de parvenir à une solution diplomatique et à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, afin qu'il puisse y avoir une véritable sécurité le long de la front
  • M. Blinken a déclaré qu'il était essentiel d'"obtenir les ententes nécessaires à la mise en œuvre complète" de cette résolution

LONDRES: Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé vendredi à Londres qu'il était "vraiment urgent" de parvenir à une "solution diplomatique" au Liban.

"Nous avons le sentiment qu'il est vraiment urgent de parvenir à une solution diplomatique et à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, afin qu'il puisse y avoir une véritable sécurité le long de la frontière entre Israël et le Liban", a déclaré M. Blinken après avoir rencontré le Premier ministre libanais Najib Mikati dans la capitale britannique.

La résolution 1701 adoptée en 2006 a mis fin à une guerre précédente entre le Hezbollah et Israël. Elle prévoit la cessation des hostilités entre les deux parties et stipule que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus doivent être déployés dans le sud du Liban, frontalier d'Israël.

M. Blinken a déclaré qu'il était essentiel d'"obtenir les ententes nécessaires à la mise en œuvre complète" de cette résolution.

Il a également plaidé en faveur de la protection des civils, sans appeler à un cessez-le-feu.

"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a-t-il ajouté.

M. Mikati n'a fait aucune remarque à la presse à l'occasion de sa rencontre avec M. Blinken.

La veille, au cours de la conférence sur le Liban à Paris, il avait déclaré que seuls l'État et l'armée libanaise devraient porter des armes.

Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, qui s'est entretenu séparément avec M. Blinken à Londres, a déclaré que le gouvernement libanais avait clairement fait savoir qu'il mettrait en œuvre la résolution 1701. "L'agression contre le Liban doit immédiatement cesser. Rien ne justifie sa poursuite", a dit M. Safadi.

Au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban depuis le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes le 23 septembre, d'après un comptage de l'AFP reposant sur des données officielles.