En Tunisie, des clubs de musique pour redonner de l'espoir à la jeunesse

De jeunes lycéens tunisiens reçoivent une formation au leadership dans les locaux de l'association Enda, financée par le club de musique parascolaire Tunisia 88, à Cité Ettahrir à Tunis le 18 décembre 2023. (AFP).
De jeunes lycéens tunisiens reçoivent une formation au leadership dans les locaux de l'association Enda, financée par le club de musique parascolaire Tunisia 88, à Cité Ettahrir à Tunis le 18 décembre 2023. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 23 février 2024

En Tunisie, des clubs de musique pour redonner de l'espoir à la jeunesse

  • Bourg agricole de 8.000 habitants, Haffouz se trouve dans la région de Kairouan (centre), en tête des classements nationaux pour la pauvreté
  • Rires et chants s'échappent d'une salle de classe délabrée. Le club de musique Tunisia 88 constitue un rare "lieu d'épanouissement" pour les lycéens de Haffouz, ville emblématique des fléaux qui frappent la jeunesse

HAFFOUZ: Rires et chants s'échappent d'une salle de classe délabrée. Le club de musique Tunisia 88 constitue un rare "lieu d'épanouissement" pour les lycéens de Haffouz, ville emblématique des fléaux qui frappent la jeunesse particulièrement dans les régions déshéritées en Tunisie: décrochage scolaire, chômage et suicides.

Cette catégorie est très touchée par la crise multiforme que traverse la Tunisie, avec plus de 40% de 16-25 ans sans emploi et 100.000 élèves abandonnant leurs études chaque année, dans un pays jusqu'à récemment champion de l'alphabétisation en Afrique du Nord.

Bourg agricole de 8.000 habitants, Haffouz se trouve dans la région de Kairouan (centre), en tête des classements nationaux pour la pauvreté, la montée de l'analphabétisme et même le suicide avec 26 cas et tentatives sur 147 dans le pays en 2023, "un phénomène alarmant qui touche fortement les jeunes", selon Rihab Mabrouki, de l'ONG FTDES.

Parmi les facteurs explicatifs, l'experte cite un déficit "d'installations de base (50.000 personnes sans eau potable), des problèmes de transport scolaire et un manque d'espaces culturels, ce qui accroît un sentiment de frustration et blocage chez les jeunes".

Pour échapper à ce quotidien déprimant, une quinzaine de lycéens de Haffouz se retrouvent chaque vendredi au sein du club périscolaire Tunisia 88.

"C'est l'endroit où s'évader, se libérer du stress des études et acquérir des compétences, comme pour moi résoudre les conflits entre membres", explique à l'AFP Eya Makhloufi, 16 ans, la "leader" du club, en battant le tempo de la chanson que les ados ont créée ainsi qu'un clip vidéo.

Ses parents assistent à la répétition. En cinq ans d'existence du club, le papa d'Eya Makhloufi, Mehrez, 52 ans, enseignant au lycée, a vu ses trois enfants changer mais surtout, "de nombreux élèves sont sortis de leur isolement et ont commencé à croire en leurs capacités, en s'intégrant mieux au groupe".

C'est pour avoir un tel "impact social" dans des zones déshéritées, où le club est souvent "la seule activité offerte aux jeunes", que le musicien américain Kimball Gallagher a créé en 2017 avec l'entrepreneur tunisien Radhi Meddeb, l'association Tunisia 88 (comme les 88 touches du piano) financée par le mécénat.

"Beaucoup de parents nous disent: mon fils était déprimé, passait sa vie dans la rue, maintenant avec le club il est motivé, il a amélioré ses notes, il a des amis, il est plus responsable", explique M. Gallagher, pendant une formation de "leaders" à Tunis.

« Espace protégé »

Peu à peu, Tunisia 88 a réussi à implanter un club dans chaque lycée du pays, soit 593 au total.

M. Gallagher, concertiste international, se dit fier d'offrir aujourd'hui "un lieu d'épanouissement et de liberté" à entre 5.000 et 10.000 jeunes chaque année.

Chaque club "est un espace protégé" avec pour principe pédagogique que les jeunes "prennent en main leur destin", selon M. Gallagher.

Les clubs sont gérés et dirigés par les lycéens. "Pour nous, l'élève n'est pas un verre vide à remplir mais une graine qu'on plante et qui poussera si on lui donne les bonnes conditions", souligne-t-il.

Tunisia 88 fournit des instruments, des profs de musique et des formations en "créativité musicale" et "leadership".

Pour motiver les ados, deux concours annuels sont organisés: celui de la meilleure chanson et celui du plus bel "événement à impact communautaire".

Ils doivent "tout faire tout seuls", y compris chercher des sponsors, détaille Rabaa Mwelhi, 39 ans, coordinatrice des clubs Tunisia 88.

Le but, selon elle, "ce n'est pas la chanson, mais qu'ils travaillent en équipe, dans des délais limités et qu'ils apprennent à gérer le stress".

Et pour M. Gallagher, il n'est pas nécessaire de jouer d'un instrument, toutes les compétences sont les bienvenues: "créer les chansons, les évènements, assurer la cohésion du groupe, communiquer avec les adultes, faire des affiches" ou encore "créer une vidéo" qui accompagne la chanson.


Publication du magazine Werathyat par Majarra, en partenariat avec la SSMG

Les deux organisations collaboreront à la publication d’autres contenus arabes de haute qualité sur la génétique. (Photo fournie)
Les deux organisations collaboreront à la publication d’autres contenus arabes de haute qualité sur la génétique. (Photo fournie)
Short Url
  • Le magazine met également en avant les nouvelles initiatives et les responsabilités sociales de la SSMG
  • Il vise à promouvoir la culture génétique et à réduire la prévalence des maladies génétiques dans les sociétés arabes

DUBAÏ: Le fournisseur de contenu numérique arabe Majarra a signé un accord avec la Société saoudienne de génétique médicale (SSMG) afin de publier du contenu arabe qui favorise le partage des connaissances dans le domaine de la génétique.

Dans le cadre de cet accord, Majarra publiera la revue trimestrielle de la SSMG, Werathyat, qui sensibilise et dispense une éducation sur les maladies génétiques et les progrès dans ce domaine.

Le magazine met également en avant les nouvelles initiatives et les responsabilités sociales de la SSMG dans le but de promouvoir la culture génétique et de réduire la prévalence des maladies génétiques dans les sociétés arabes, précisent les sociétés dans un communiqué.

En outre, les deux organisations collaboreront à la publication d’autres contenus arabes de haute qualité sur la consultation génétique afin de sensibiliser la communauté aux maladies génétiques, de rectifier les idées fausses à ce sujet et de fournir un soutien psychologique et cognitif aux personnes touchées par ces maladies.

Le partenariat joue un rôle clé en mettant en valeur les efforts de la SSMG «pour fournir des soins de santé, un soutien social et des services éducatifs aux personnes atteintes de maladies génétiques et à leurs familles». Par ailleurs, il «facilite la sensibilisation et l’orientation génétique à travers les projets et programmes innovants mis en œuvre par notre société», déclare le porte-parole de la SSMG, le professeur Zouhair ben Abdallah Rahbini.

Pour Majarra, l’accord «est conforme à notre mission qui consiste à fournir le meilleur contenu arabe sur Internet». La société travaillera avec la SSMG «pour mener à bien sa mission: développer la pratique médicale de la génétique, enrichir la recherche scientifique et renforcer le niveau de sensibilisation à la santé dans nos sociétés arabes», souligne Dia Haykal, directrice des partenariats et des stratégies de marque chez Majarra.

Werathyat sera disponible par abonnement sur l’application mobile Majarra. La SSMG fournira des abonnements Majarra à tous ses membres.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des récits de quinze pays arabes pour le Festival du film Safar en Grande-Bretagne

Le programme de cette année est organisé par Rabih el-Khoury, collaborateur de longue date de Safar et de l’Arab British Center. (Safar)
Le programme de cette année est organisé par Rabih el-Khoury, collaborateur de longue date de Safar et de l’Arab British Center. (Safar)
Short Url
  • Le festival Safar, qui fête sa 9e édition, est considéré comme la principale plate-forme de présentation du cinéma arabe au Royaume-Uni
  • Le programme comprend des nouveautés, des classiques, des films d’archives et des projections familiales

LONDRES: Le Festival du film Safar de cette année se tiendra du 18 au 30 juin dans neuf villes britanniques. C’est l’événement cinématographique arabe le plus important et le plus ancien du Royaume-Uni, selon l’Arab British Center.

Organisé par Rabih el-Khoury, collaborateur de longue date de Safar et de l’Arab British Center, le programme 2024 explorera les thèmes des rêves, des espoirs et des réalités à travers des histoires en provenance de quinze pays arabes.

Le programme du festival propose soixante projections et événements dans quatre salles londoniennes, ainsi que dans des cinémas de Birmingham, Cardiff, Glasgow, Hull, Liverpool, Manchester, Oxford et Plymouth.

M. El-Khoury confie que le festival inclut le cinéma soudanais et palestinien, ce qui promet au public «des thèmes couvrant les rapports familiaux, la perte, l’amour, la migration et les dures vérités de la guerre et de la politique».

Il ajoute: «À travers ces histoires et grâce à un cinéma stimulant et captivant, nous visons à faciliter l’échange, la réflexion et à partager la force dans la solidarité.»

Le festival Safar, qui fête sa 9e édition, est considéré comme la principale plate-forme de présentation du cinéma arabe au Royaume-Uni.

Le programme comprend des nouveautés, des classiques, des films d’archives et des projections familiales.

Parmi les œuvres phares, on compte le documentaire Life is BeautifulLa Vie est belle») de Mohamed Jalaby, qui évoque la solidarité européenne et la rigidité des frontières, tant physiques que bureaucratiques, à la lumière de la guerre à Gaza en 2014.

Parmi les autres œuvres figurent Bye Bye Tiberias, de Lina Soualem, une galerie magnifique de quatre générations de femmes palestiniennes, The Burdened, du réalisateur yéménite Amr Gamal, qui suit Isra’a et Ahmed dans leur combat pour élever leurs trois jeunes enfants, et Inshallah a Boy, d’Amjad al-Rasheed.

«Le festival constitue un élément clé de notre travail. Il a pour but de mieux comprendre le monde arabe au Royaume-Uni», indique Nadia el-Sebai, directrice exécutive de l’Arab British Center.

«Cette année, nous avons le privilège de travailler une fois de plus avec Rabih el-Khoury, ainsi qu’avec nos commissaires invités et nos partenaires à travers le Royaume-Uni pour présenter notre festival le plus impressionnant à ce jour.»

«Malgré les réalités difficiles auxquelles se trouve confrontée la région, Safar nous invite à nous rassembler et à trouver du réconfort, des espoirs et des rêves, dans le langage universel du cinéma», conclut-elle.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retour en Suisse triomphal pour l'interprète Nemo après son sacre à l'Eurovision

Le chanteur suisse gagnant Nemo représentant la Suisse avec la chanson "The Code" célèbre après la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (ESC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmo Arena de Malmö, en Suède (Photo, AFP).
Le chanteur suisse gagnant Nemo représentant la Suisse avec la chanson "The Code" célèbre après la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (ESC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmo Arena de Malmö, en Suède (Photo, AFP).
Short Url
  • Avec sa veste à plumes roses et rouges et sa jupe satinée rose, Nemo a recueilli 591 points
  • Il s'agit de la troisième victoire de la Suisse au concours de l'Eurovision depuis sa création en 1956

MALMÖ: Nemo a regagné la Suisse dimanche sous les acclamations après sa victoire au concours de l'Eurovision 2024, une édition marquée par la controverse sur la participation d'Israël, en pleine guerre dans la bande de Gaza.

"Félicitations +honey pie+ (surnom affectueux en anglais) !", s'est exclamé un admirateur de l'artiste non-binaire de 24 ans, en lui tendant un bouquet de fleurs, à son arrivée à l'aéroport de Zurich en provenance de Copenhague.

D'autres brandissaient des drapeaux arborant en anglais le message: "Nous existons, nous insistons, nous persistons", en référence à la lutte des personnes non-binaires pour la reconnaissance de leur identité.

Une autre banderole clamait "Femme, homme, humain" en allemand.

Nemo Mettler, qui demande à être désigné par des pronoms non-genrés, a remporté la compétition avec "The Code", un titre hautement personnel racontant son cheminement vers la réalisation de son identité de genre.

La Suisse a devancé la Croatie, l'Ukraine, la France, menée par le chanteur Slimane, et Israël, représenté par Eden Golan. La présence d'une candidate d'Israël a suscité une vive controverse alors que son pays a lancé une offensive meurtrière contre le Hamas à Gaza, après une attaque sanglante du groupe palestinien le 7 octobre en Israël.

L'Union européenne de radio-télévision, qui organise l'événement, a estimé que plus de 160 millions de personnes avaient regardé le concours 2024, diffusé en direct dans les 37 pays participant à la finale et sur YouTube.

Des fans massés derrière des barrières avaient attendu Nemo patiemment en reprenant sa chanson.

Les applaudissements ont commencé à retentir à l'apparition de l'interprète, qui y a répondu par deux pouces en l'air avant de prendre des selfies et de signer des autographes.

Nemo a rejoint un groupe de fans qui chantaient "Nous avons cassé les codes", "nous existons".

«Pas réel»

En conférence de presse après ce retour triomphal, Nemo a indiqué vouloir prendre du repos dans son jardin. "Je vais m'allonger et essayer de me calmer un petit peu", a dit l'artiste. "On dirait que ce n'est pas réel".

"J'ai cassé les codes. J'ai cassé le trophée", a répété Nemo, après l'avoir littéralement brisé dans un geste d'enthousiasme lorsqu'il a reçu son prix.

L'accueil des fans à l'aéroport a été "extrêmement beau (...) cela m'a montré à quel point c'est bon de faire partie d'une communauté".

Nemo Mettler, qui vit actuellement à Berlin, est originaire de Bienne, ville bilingue allemand-français du nord de la Suisse, où une réception publique est prévue pour congratuler l'enfant du pays.

"Ce sera certainement une grande fête dans la ville, avec le public, les fans", a prédit le maire de Bienne Erich Fehr, interrogé à l'aéroport par l'agence de presse suisse Keystone-ATS.

"C'est dingue, c'est une incroyable histoire que Nemo de Bienne ait remporté ce titre. Le plus important concours de musique au monde. Nous sommes vraiment fiers et heureux", a-t-il ajouté.

Le chef de la Corporation des diffuseurs suisses, Gilles Marchand, a lui aussi souligné l'"immense succès" de Nemo.

Il s'agit de la troisième victoire de la Suisse au concours de l'Eurovision depuis sa création en 1956. Comme le veut la tradition, le pays sera l'hôte de la prochaine édition.

"Même si la diffusion du concours de l'Eurovision est un défi majeur pour toutes les chaînes de télévision en termes de ressources et de finances, nous sommes malgré tout ravis de savoir que notre pays accueillera en 2025 cet événement très apprécié", a poursuivi M. Marchand.