A Tunis, un «Resto d'amour» tend la main aux sans-abri

Leila et un autre sans-abri partagent le dîner du vendredi soir offert par le "Restaurant de l'Amour", une initiative caritative lancée il y a trois ans pour aider à nourrir le nombre croissant de sans-abri de Tunis, dans son abri en carton où elle et ses chiens dorment, à Tunis le 26 janvier 2024. (Photo Fethi Belaid AFP)
Leila et un autre sans-abri partagent le dîner du vendredi soir offert par le "Restaurant de l'Amour", une initiative caritative lancée il y a trois ans pour aider à nourrir le nombre croissant de sans-abri de Tunis, dans son abri en carton où elle et ses chiens dorment, à Tunis le 26 janvier 2024. (Photo Fethi Belaid AFP)
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Publié le Samedi 10 février 2024

A Tunis, un «Resto d'amour» tend la main aux sans-abri

  • En Tunisie, qui compte 12 millions d'habitants, le taux de pauvreté s'est établi à 16,6% en moyenne nationale en 2021, selon les derniers chiffres officiels, mais frôle les 25% en zone rurale
  • Face à cette détresse, quand on passe à la caisse dans le «Resto d'amour», «une boîte à dons» incite les clients à verser un montant libre au profit des sans-abri

TUNIS, Tunisie : A l'entrée du zoo de Tunis, sous un abri de fortune en cartons, Leila attend un repas chaud préparé par le «Resto d'amour» créé pour venir en aide aux plus démunis, dans un pays où les difficultés économiques s'aggravent.

«Cela fait plus de 27 ans que je vis dans la rue, en hiver comme en été. Je voudrais un logement, juste une chambre», explique cette femme de 50 ans, aux traits creusés.

Cet hiver, elle n'a pas encore pu se laver, confie-t-elle, en recouvrant son abri d'une bâche en plastique pour résister, elle et ses chiens, au froid.

«Je ne veux pas aller dans les centres sociaux», dit Leila, qui s'estime plus en sécurité dans son abri, malgré de fréquents vols et violences dans la rue.

Quand les équipes du Samu Social et de l'association Universelle lui apportent nourriture et vêtements chaque vendredi, Leila, chaussons usés aux pieds, se précipite vers eux, toute contente, avec ses chiens.

Le plat qu'elle va déguster a été concocté dans les cuisines du «Resto d'amour», lancé il y a trois ans par l'Universelle pour fournir des repas aux sans-abris. Les autres jours, elle se contente souvent d'une boîte de sardines.

Leila est reconnaissante envers «ces personnes de bonne volonté et ces organisations qui m'aident», même si elle rêve encore d'un vrai logement.

En Tunisie, qui compte 12 millions d'habitants, le taux de pauvreté s'est établi à 16,6% en moyenne nationale en 2021, selon les derniers chiffres officiels, mais frôle les 25% en zone rurale.

Surendetté, l'Etat tunisien dispose de peu de moyens pour relancer une croissance poussive (1,2% estimé pour 2023) et réduire le chômage (16%).

Il n'existe pas de données officielles sur le nombre de sans-abri, évalués à plusieurs centaines.

Beaucoup fuient les régions défavorisées de l'intérieur pour chercher un travail dans les villes côtières, mais confrontés à un manque d'opportunités, ils se retrouvent à la rue.

D'autres, victimes de déboires familiaux ou souffrant de problèmes psychiatriques, dorment dans des stations de tramway et de bus.

Sabri, un trentenaire qui vend des mouchoirs en papier au centre de Tunis, a tenté de se suicider. «J'en ai assez d'être dans la rue depuis 20 ans», lance-t-il, sans espoir «d'une solution».

- Restaurant «humanitaire» -

Face à cette détresse, quand on passe à la caisse dans le «Resto d'amour», «une boîte à dons» incite les clients à verser un montant libre au profit des sans-abri.

Ce restaurant «humanitaire est le premier du genre en Tunisie», indique à l'AFP Nizar Khadhari, 39 ans, directeur de l'ONG Universelle. «Tous les bénéfices vont aux sans-abri et nous employons certains d'entre eux pour les réinsérer dans la société», assure-t-il.

Entre 400 et 450 plats sont servis chaque jour dont 30% environ à des personnes en difficulté, selon M. Khadhari qui prévoit un accroissement de leur nombre «en raison de l'inflation et du chômage».

Fonctionnaires ou employés: toutes les catégories sociales fréquentent cette cafétéria aux tarifs modiques (4,5 dinars, soit 1,34 euro, pour un plat de pâtes) et aux murs décorés de messages d'encouragement en anglais comme «n'abandonne pas».

Régulièrement, les clients croisent des personnes démunies venues pour des plats à emporter, distribués aussi lors des maraudes du vendredi.

Universelle collabore avec le Samu Social depuis sa création par le gouvernement en 2017.

Le ministère des Affaires sociales assure avoir aidé 223 sans-abris dans l'agglomération de Tunis en 2023.

«Personne ne peut ignorer l'impact de la situation économique sur les personnes vulnérables et il y a des programmes en leur faveur», souligne Rafik Bouktif, un responsable du ministère, également directeur d'un centre d'hébergement à Tunis.

Ce centre accueille une cinquantaine de personnes et coopère avec Universelle «pour venir en aide à un maximum de gens», notamment pour y transférer ceux qui y consentent.

«Lorsque l'on combine les ressources de l'Etat avec celles des associations pour un objectif commun, il est certain que l'on touche plus de gens», affirme M. Bouktif. Mais «si les ambitions sont grandes, les moyens restent limités», admet-il, en mentionnant une enveloppe de 400.000 dinars (120.000 euros) pour le centre et l'action du Samu Social sur le Grand Tunis.

Depuis son transfert récent de la périphérie vers le centre-ville, le premier «Resto d'amour» a suscité un élan de solidarité. Asma, une fonctionnaire, s'y rend quotidiennement après l'avoir découvert via les réseaux sociaux.

«Nous mangeons tout en nourrissant les autres», se réjouit-elle.


Yémen: Le cabinet saoudien espère que les forces des Émirats arabes unis se retireront dans les 24 heures

Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
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  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au STC et à toute autre partie au Yémen
  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis

RIYAD: Le cabinet saoudien, présidé par le roi Salman, a exprimé mardi l'espoir que les forces émiraties se retireront du Yémen dans les 24 heures, conformément à la demande yéménite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le cabinet a également déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au Conseil de transition du Sud et à toute autre partie au Yémen, a ajouté SPA.

Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, que le Royaume souhaite renforcer, et a déclaré qu'il se réjouissait de travailler ensemble à tout ce qui renforcerait la prospérité et la stabilité des pays de la région.

Le cabinet a exprimé son regret quant aux résultats des efforts de désescalade que le Royaume a voulu poursuivre et qui se sont heurtés à une escalade injustifiée qui contredit les principes sur lesquels la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen a été fondée, sape ses efforts pour parvenir à la sécurité et à la stabilité au Yémen et est incompatible avec toutes les promesses que le Royaume a reçues des Émirats arabes unis.

Le Cabinet apprécie le rôle de la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans la protection des civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d'Al-Mahra, en réponse à la demande du président du Conseil présidentiel yéménite Rashad Al-Alimi, et dans la réduction de l'escalade afin de parvenir à la sécurité et à la stabilité et d'empêcher l'expansion du conflit.

Le cabinet a réaffirmé que le Royaume n'hésitera pas à prendre les mesures nécessaires pour faire face à toute atteinte ou menace à sa sécurité nationale, ainsi que son engagement en faveur de la sécurité, de la stabilité et de la souveraineté du Yémen, et son soutien total à M. Al-Alimi et à son gouvernement.

En ce qui concerne les autres affaires régionales, le cabinet a réaffirmé le soutien du Royaume à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à la sécurité de la Somalie, et rejette la déclaration de reconnaissance mutuelle entre Israël et le Somaliland, car elle consacre des mesures séparatistes unilatérales qui violent le droit international.


Cisjordanie: Israël dit avoir tué un homme qui fonçait sur des soldats

 L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé"
  • Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé".

Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé.

Il a également été tué lors de l'attaque. À la suite de cet incident survenu vendredi, l'armée a mené une opération de deux jours dans la ville cisjordanienne de Qabatiya, d'où provenait l'assaillant, arrêtant plusieurs de ses habitants, dont son père et ses frères.

De nombreuses attaques ont été perpétrées en Israël par des Palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Les violences se sont également intensifiées en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des civils et des combattants, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, civils ou soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

 


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com