Grève à la tour Eiffel: l'entretien de la Dame de Fer en question

La Tour Eiffel est fermée au public le quatrième jour de grève de son personnel (Photo, AFP).
La Tour Eiffel est fermée au public le quatrième jour de grève de son personnel (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 24 février 2024

Grève à la tour Eiffel: l'entretien de la Dame de Fer en question

  • Malgré une 20e campagne de peinture en cours depuis 2019, la Société d'exploitation de la tour Eiffel (Sete) et son actionnaire ultra-majoritaire, la Ville de Paris, sont sous le feu des syndicats qui leur reprochent un manque d'entretien
  • Depuis lundi, les photos et vidéos de parties rouillées du monument affluent, alimentées par les voix critiques comme l'association de défense du patrimoine SOS Paris

PARIS: Les syndicats de la tour Eiffel justifient leur grève, qui empêche toute visite depuis lundi, par la "dégradation inquiétante" de la célèbre structure métallique, mais les acteurs de l'actuel chantier de peinture se veulent rassurants.

La repeindre tous les sept ans. Telle était l'instruction donnée à la fin du XIXe siècle par l'ingénieur Gustave Eiffel, père de ce symbole national qui atteint aujourd'hui l'âge de 135 ans, pour qui la peinture était "l'élément essentiel de la conservation d'un ouvrage métallique".

Mais malgré une 20e campagne de peinture en cours depuis 2019, la Société d'exploitation de la tour Eiffel (Sete) et son actionnaire ultra-majoritaire, la Ville de Paris, sont sous le feu des syndicats qui leur reprochent un manque d'entretien.

"De nombreux points de corrosion sont visibles, symptômes d'une dégradation inquiétante du monument", affirment deux syndicats.

Depuis lundi, les photos et vidéos de parties rouillées du monument affluent, alimentées par les voix critiques comme l'association de défense du patrimoine SOS Paris.

Le fer puddlé, choisi pour construire la tour, produit par affinage de la fonte pour éliminer l'excès de carbone et le rendre plus résistant, "rouille beaucoup plus vite que l'acier", souligne Pierre Lamalattie, de l'association les Amis du Champ-de-Mars.

"Chaque fois qu'il y a des points de rouille, ça progresse assez vite et peut poser des problèmes de sécurité", estime ce peintre et critique d'art.

Encore 40% à traiter 

"Ce monument est en très bon état", rétorque le premier adjoint de la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire.

L'actuelle campagne de peinture n'est pas terminée, se défend la Sete. "60% sont faits, il en reste 40%. La peinture est dégradée, pas la structure", résume à l'AFP son président Jean-François Martins.

Les syndicats reprochent à la direction d'avoir tardé dans cette campagne, démarrée en 2019 et qui devait initialement se terminer pour les Jeux olympiques (26 juillet - 11 août).

La précédente avait commencé en mars 2009 pour se terminer fin 2010. L'actuelle campagne a donc démarré en retard par rapport aux sept ans préconisés par l'ingénieur Eiffel.

Selon Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques, sélectionné par la Sete pour mener le chantier, le délai s'explique par "l'organisation nouvelle d'un chantier de basculement", avec notamment pour "tâche unique de décaper une part importante de la tour (3%), ce qui n'avait jamais été fait".

Surtout, "la différence majeure, c'est que l'actuelle campagne dure de cinq à six ans", souligne M. Martins.

Deux aléas simultanés en ont voulu ainsi: en pleine crise sanitaire du Covid-19, la découverte de traces de plomb dans les anciennes couches de peinture a obligé à la suspension du chantier pendant huit mois.

Corrosions «superficielles»

Ce retard et le changement des procédures techniques et sanitaires ont fait déraper le coût de 50 à 100 millions d'euros.

Mais "ensuite, la structure en fer sera incroyablement bien préservée", promet M. Martins.

L'actuelle campagne, qui sera interrompue cet été le temps des JO, doit se terminer en 2025-2026, la suivante sera lancée "avant 2030", indique-t-il.

En attendant, "la tour Eiffel n'est pas en danger", rassure Pierre-Antoine Gatier, pour qui "les corrosions sont le plus souvent superficielles".

Dans ces cas-là, un "piquetage des zones corrodées" permet de retrouver une "surface saine" avant d'appliquer la nouvelle couche de peinture, précise-t-il.

Selon le maître d’œuvre du chantier, les études réalisées sur les zones de décapage, "là où peinture était la plus altérée", ont montré un "fer puddlé en parfait état de conservation".

C'est notamment le cas sur le côté donnant sur le vaste parc du Champ-de-Mars, où la tour est altérée "à cause de l'effet conjugué du vent et du sable" remontant de l'esplanade.

Quant à l'état des 18 000 pièces qui constituent la Dame de Fer, les contrôles ont montré "environ 60 pièces à traiter, et sans urgence", relativise l'architecte.

"Nous en avons déjà remplacé 10% et nous continuons", ajoute-t-il, pour qui l'actuel débat montre "notre attachement pour la tour".


Vote de confiance: Bayrou juge la démarche du PS «pas très cohérente»

François Bayrou doit rencontrer les socialistes jeudi mais n'a fait aucune concession réelle à leur égard mercredi qui leur permettrait de revenir sur leur décision de toute façon "irrévocable" selon M. Faure. (AFP)
François Bayrou doit rencontrer les socialistes jeudi mais n'a fait aucune concession réelle à leur égard mercredi qui leur permettrait de revenir sur leur décision de toute façon "irrévocable" selon M. Faure. (AFP)
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  • "Est ce qu'il est logique, cohérent de dire 'je vais abattre votre gouvernement et après vous me soutiendrez?'", s'est interrogé le Premier ministre sur BFMTV/RMC
  • "Je ne suis pas sûr que ça marche parce qu'il y a un minimum de logique dans la vie. La démarche d'Olivier Faure, dont il ne fait pas mystère qu'il veut devenir Premier ministre, cette démarche me paraît risquée, pas très cohérente et pas très logique"

PARIS: François Bayrou a jugé mercredi "pas très cohérente" la démarche du Parti socialiste de "vouloir abattre son gouvernement" lors du vote de confiance du 8 septembre tout en réclamant de gouverner ensuite avec "le soutien du bloc central".

"Est ce qu'il est logique, cohérent de dire +je vais abattre votre gouvernement et après vous me soutiendrez?+", s'est interrogé le Premier ministre sur BFMTV/RMC.

"Je ne suis pas sûr que ça marche parce qu'il y a un minimum de logique dans la vie. La démarche d'Olivier Faure, dont il ne fait pas mystère qu'il veut devenir Premier ministre, cette démarche me paraît risquée, pas très cohérente et pas très logique", a jugé M. Bayrou qui restera, même s'il quitte Matignon, le leader d'un des partis du bloc central.

Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure réclame qu'Emmanuel Macron nomme un Premier ministre de gauche et s'est dit prêt à ne pas recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour gouverner, ce qui suppose de trouver des compromis avec le bloc central, faute de majorité pour la gauche à l'Assemblée.

François Bayrou doit rencontrer les socialistes jeudi mais n'a fait aucune concession réelle à leur égard mercredi qui leur permettrait de revenir sur leur décision de toute façon "irrévocable" selon M. Faure.

Au contraire, il a de nouveau balayé les propositions budgétaires du PS, qui veut diviser par deux l'année budgétaire l'effort voulu par le Premier ministre de 44 milliards d'euros.

"Ce n'est pas diviser l'effort, c'est décider qu'on va de nouveau emprunter 20 et quelques milliards supplémentaires", a-t-il jugé.

Même sur la mesure la plus impopulaire de son plan, la suppression de deux jours fériés, il s'est contenté de répéter sans conviction qu'il était "ouvert" à la réexaminer à condition que les 4 milliards que cette suppression devait rapporter soient compensés

"Je suis ouvert à ce que nous trouvions une organisation qui permette d'obtenir les mêmes buts sans avoir les inconvénients, à supposer que ces inconvénients soient majeurs", a-t-il répondu dans une périphrase.

En dépit de l'arithmétique qui lui annonce une chute certaine lundi, il a refusé de se montrer "défaitiste".

"Si vous êtes représentant du peuple, comme c'est la vocation d'un député, alors vous devez vous demander où est l'intérêt national", a-t-il lancé aux députés.

 


Journalistes tués en Syrie en 2012: Bachar al-Assad visé par un mandat d'arrêt français

Sept mandats d'arrêt ont été délivrés en août par la justice française à l'encontre d'anciens hauts dignitaires du régime syrien, dont l'ex-président Bachar al-Assad, pour le bombardement en 2012 d'un centre de presse à Homs, dans lequel ont péri les journalistes Marie Colvin et Rémi Ochlik. (AFP)
Sept mandats d'arrêt ont été délivrés en août par la justice française à l'encontre d'anciens hauts dignitaires du régime syrien, dont l'ex-président Bachar al-Assad, pour le bombardement en 2012 d'un centre de presse à Homs, dans lequel ont péri les journalistes Marie Colvin et Rémi Ochlik. (AFP)
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  • Le 22 février 2012, lorsque le bâtiment avait essuyé de premiers tirs, les journalistes qui s'y trouvaient avaient décidé de sortir
  • Les deux premiers à franchir la porte, la reporter américaine du Sunday Times Marie Colvin, 56 ans, et le photographe free-lance français Rémi Ochlik, 28 ans, avaient été tués par un obus de mortier

PARIS: Sept mandats d'arrêt ont été délivrés en août par la justice française à l'encontre d'anciens hauts dignitaires du régime syrien, dont l'ex-président Bachar al-Assad, pour le bombardement en 2012 d'un centre de presse à Homs, dans lequel ont péri les journalistes Marie Colvin et Rémi Ochlik.

Le 22 février 2012, lorsque le bâtiment avait essuyé de premiers tirs, les journalistes qui s'y trouvaient avaient décidé de sortir. Les deux premiers à franchir la porte, la reporter américaine du Sunday Times Marie Colvin, 56 ans, et le photographe free-lance français Rémi Ochlik, 28 ans, avaient été tués par un obus de mortier, tandis qu'à l'intérieur, la journaliste française Edith Bouvier, le photographe britannique Paul Conroy et leur traducteur syrien Wael al-Omar avaient été blessés.

"Après 13 ans d'enquête, les juges d'instruction du pôle crimes contre l'humanité du tribunal judiciaire de Paris ont délivré des mandats d'arrêt à l'encontre de sept anciens hauts gradés syriens pour complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", ont expliqué des avocats dans un communiqué transmis par la Fédération internationale des droits humains (FIDH).

Outre Bachar al-Assad, exilé en Russie, ces mandats signés par les juges le 19 août visent notamment Maher al-Assad, frère du président déchu et chef de facto de la 4e division blindée syrienne au moment des faits ; Ali Mamlouk, alors directeur des renseignements généraux syriens ; Ali Ayoub, chef d'état-major de l'armée syrienne au moment des faits, et Rafik Shahada, alors chef du comité militaire et sécuritaire de Homs.

"Réduire au silence" 

Ces mandats "constituent une étape décisive qui ouvre la voie à un procès en France", a souligné Clémence Bectarte, avocate de la FIDH et du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression (SCM).

Contactée par l'AFP, Edith Bouvier, qui avait été grièvement blessée à la jambe, a exprimé son bonheur: "C'était long, mais on y arrive enfin, c'est génial!". "C'est le premier pas vers la fin d'une ignoble impunité!", a réagi de son côté son avocate Me Marie Dosé.

Même s'il sera difficile d'obtenir l'arrestation de Bachar al-Assad, "le nom est posé", s'est félicitée Edith Bouvier. "Je ne voulais pas qu'on aille uniquement à la recherche des seconds couteaux. (Ces bombardements) n'étaient pas des décisions prises ville par ville, c'était vraiment une volonté de l'État de réduire les journalistes et les civils au silence", a ajouté la reporter.

Elle a tenu à saluer "le boulot incroyable, pour en arriver là", de documentation et d'enquête réalisé par le reporter syrien Samer Al Deyaei.

"L'étau se resserre" 

Reporters sans frontières s'est félicité de "cette avancée majeure (...) dans un dossier central pour la lutte contre l'impunité des crimes internationaux commis à l'encontre des journalistes". "L'étau se resserre jusque dans les plus hauts cercles du régime déchu de Bachar al-Assad, lequel avait érigé les journalistes indépendants et la presse libre en ennemis du pouvoir", a ajouté l'ONG.

Le centre de presse informel était abrité dans une maison du quartier de Bab Amr, un bastion de la rébellion de l'Armée syrienne libre (ASL).

A Paris, le parquet avait ouvert dès mars 2012 une enquête pour les victimes françaises pour meurtre et tentative de meurtre. En octobre 2014, l'enquête a été élargie à des faits de crimes de guerre, et en décembre 2024, à des faits de crimes contre l'humanité, un développement inédit en ce qui concerne des victimes journalistes.

Dans un réquisitoire supplétif du 7 juillet, dont l'AFP avait eu connaissance, le parquet national antiterroriste, compétent en matière de crimes contre l'humanité, avait demandé aux juges d'instruction de localiser une vingtaine "d'agents du régime" syrien, ainsi que Bachar al-Assad, 59 ans.

"Cette avancée significative s'inscrit dans la lignée de l'arrêt de la Cour de cassation du 25 juillet" qui - dans le dossier des attaques chimiques menées en août 2013 en Syrie - "consacrait la possibilité de poursuivre tout ancien chef d'Etat étranger (...) en présence de crimes internationaux", se sont félicitées Mes Clémence Witt et Jeanne Sulzer, qui représentent Paul Conroy et Free syrian lawyers association (FSLA), l'ONG cofondée par Samer Al Deyaei, qui documente les crimes de l'ancien régime syrien.


Pas de "miracle" à Matignon: Le Pen et Bardella demandent une dissolution "ultra-rapide"

Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), Jordan Bardella (G), et la présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national, Marine Le Pen, arrivent à l'hôtel de Matignon à Paris, le 2 septembre 2025. (AFP)
Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), Jordan Bardella (G), et la présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national, Marine Le Pen, arrivent à l'hôtel de Matignon à Paris, le 2 septembre 2025. (AFP)
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  • Marine Le Pen et Jordan Bardella ont demandé mardi une "dissolution ultra-rapide" de l'Assemblée nationale après la chute probable du gouvernement de François Bayrou la semaine prochaine

PARIS: Marine Le Pen et Jordan Bardella ont demandé mardi une "dissolution ultra-rapide" de l'Assemblée nationale après la chute probable du gouvernement de François Bayrou la semaine prochaine, considérant que "le miracle n'a pas eu lieu" à l'issue de leur entretien avec le Premier ministre.

M. Bayrou a entamé lundi une série de consultations des forces politiques, à une semaine du vote de confiance qu'il sollicite de l'Assemblée nationale le 8 septembre autour de la question budgétaire et qui pourrait sceller le sort de son gouvernement.

"Nous appelons, Jordan et moi-même, à une dissolution ultra-rapide. Parce que la réalité, c'est qu'il faut que la nouvelle majorité issue de ces nouvelles élections puisse construire un budget", a affirmé la cheffe de file des députés du Rassemblement national, à l'issue d'un entretien d'environ une heure avec M. Bayrou.

"Plus tôt on retournera aux urnes, plus tôt la France aura un budget", a renchéri le président du parti Jordan Bardella, pour qui "le miracle n'a pas eu lieu" lors de cet entretien, qui "ne fera pas changer le Rassemblement national d'avis", à savoir voter contre la confiance au gouvernement lundi.

"Les portes n'étaient pas très ouvertes. Le Premier ministre a indiqué (...) qu'il était prêt peut-être un jour à regarder ce qu'il pouvait y avoir du côté de l'immigration. Mais je pense que le temps n'est plus à la discussion", a-t-il ajouté, fustigeant les "milliards (d'euros) qui partent en fumée dans une immigration qui est devenue une immigration de guichet social qui pèse sur les comptes de l'Etat".

"Je n'ai pas eu le sentiment que François Bayrou entrait dans une phase de négociation", a appuyé Mme Le Pen.

"La réponse est simple: nous n'avons pas confiance" et "le seul moyen pour un Premier ministre de pouvoir avoir une durée de vie un peu plus longue serait de rompre avec le macronisme", a-t-elle développé.