La sonde lunaire d'une entreprise américaine a probablement atterri sur le côté

La première vue de la Terre prise lors de la mission IM-1 le 16 février 2024 (Photo, AFP).
La première vue de la Terre prise lors de la mission IM-1 le 16 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 24 février 2024

La sonde lunaire d'une entreprise américaine a probablement atterri sur le côté

  • La sonde Odysseus d'Intuitive Machines s'est posée sur la Lune à 23H23 GMT jeudi, au terme d'une descente finale pleine de rebondissements, après une défaillance de son système de navigation et une communication compliquée juste après l'atterrissage
  • Joe Biden a salué l’atterrissage, estimant qu'il inaugure une «nouvelle ère de l'exploration spatiale» avec le retour prochain d'astronautes sur l'astre

WASHINGTON: L'entreprise américaine Intuitive Machines, la première société privée à avoir réussi à alunir, a annoncé vendredi que sa sonde était probablement allongée sur un côté sur la surface de la Lune, et non à la verticale comme annoncé la veille.

La sonde Odysseus d'Intuitive Machines s'est posée sur la Lune à 23H23 GMT jeudi, au terme d'une descente finale pleine de rebondissements, après une défaillance de son système de navigation et une communication compliquée juste après l'atterrissage.

"Nous pensons" qu'Odysseus s'est "pris le pied sur la surface et que l'alunisseur s'est renversé", a expliqué lors d'une conférence de presse Steve Altemus, PDG et co-fondateur d'Intuitive Machines.

A l'aide d'une maquette de l'alunisseur, il a montré l'appareil sur un côté, mais avec sa partie supérieure probablement appuyée sur "une roche", lui permettant d'être partiellement "surélevée", selon les analyses de cette jeune société, fondée en 2013 et basée à Houston, au Texas.

La société avait déclaré jeudi soir que l'appareil avait atterri "debout", mais ces données étaient erronées, a-t-il ajouté.

L'alunisseur peut malgré tout produire de l'énergie grâce à ses panneaux solaires et donc fonctionner, a-t-il dit, précisant que des photos étaient attendues "ce week-end", qui devraient confirmer la position d'Odysseus.

Cette sonde est le premier appareil américain a avoir atterri sur la Lune depuis plus de 50 ans.

L'appareil transporte notamment des instruments scientifiques de la Nasa, qui souhaite explorer le pôle sud de la Lune avant d'y envoyer ses astronautes dans le cadre de ses missions Artémis.

Outre les images prises par Odysseus lui-même, un petit engin équipé de caméras et appelé EagleCam, développé par l'université d'aéronautique Embry-Riddle, devait être éjecté de l'alunisseur au dernier moment pour capturer de l'extérieur l'atterrissage.

Malheureusement, à cause des complications rencontrées durant cette phase, le déploiement d'EagleCam a été reporté, a déclaré l'université vendredi. Celui-ci est désormais prévu durant la mission au sol, ce qui permettrait malgré tout d'obtenir une vue externe de l'alunisseur.

Biden salue une «nouvelle ère de l'exploration spatiale»

"L'Amérique mène à nouveau le monde vers la Lune", a déclaré Joe Biden dans un communiqué, citant le président John F. Kennedy, lui qui avait poussé le programme Apollo dans les années 1960.

Car l'alunissage de jeudi est le premier d'un appareil américain depuis la fin du mythique programme, en 1972 -- "une nouvelle étape excitante dans une nouvelle ère de l'exploration spatiale" selon le démocrate, saluant les équipes de l'entreprise Intuitive Machines et la Nasa.

"C'est la première d'une des nombreuses missions avec un partenariat public-privé, quelque chose qui rassemble nos partenaires commerciaux et internationaux pour ramener des humains sur la Lune pour la première fois depuis des décennies", a-t-il encore ajouté.

Solution de secours

Intuitive Machines a d'ores et déjà reçu des félicitations du monde entier, y compris de sociétés concurrentes ayant elles-mêmes tenté la manoeuvre récemment, sans succès: la start-up japonaise ispace, qui s'était écrasée sur la Lune l'année dernière, et l'américaine Astrobotic, qui n'était pas parvenue à atteindre l'astre en janvier.

L'alunissage marque également une réussite pour la Nasa, qui avait passé un contrat à 118 millions de dollars avec Intuitive Machines pour qu'elle transporte six instruments scientifiques lors de cette mission, nommée IM-1.

L'un d'entre eux a d'ailleurs vraisemblablement sauvé le voyage. Le système de navigation de l'alunisseur n'ayant pas fonctionné comme prévu, l'entreprise a dû improviser.

Durant un tour de Lune supplémentaire ajouté juste avant la descente tant redoutée, des employés ont programmé in extremis un système de lasers de la Nasa pour qu'il guide l'alunisseur.

Ce système, qui a pour but d'améliorer la précision des atterrissages, devait être activé pour la première fois dans l'espace durant cette mission, lors d'un test. Mais il a finalement été utilisé avec succès comme système de navigation principal.

Odysseus doit désormais fonctionner durant sept jours environ, avant que la nuit ne s'installe sur le pôle sud lunaire.

Economie lunaire

Cette mission est la première pour Intuitive Machines, mais la deuxième du nouveau programme de livraisons lunaires de la Nasa, nommé CLPS. Une première mission, celle d'Astrobotic, avait échoué le mois dernier.

Au lieu d'envoyer des instruments scientifiques sur la Lune à l'aide de véhicules lui appartenant, l'agence spatiale américaine a décidé de commander ce service à des entreprises privées.

Cette stratégie doit lui permettre de faire le voyage plus souvent et pour moins cher. Mais aussi de stimuler le développement d'une économie lunaire, capable de soutenir une présence humaine durable sur la Lune -- l'un des buts du programme Artémis de la Nasa.

L'action d'Intuitive Machines était en hausse d'environ 20% à la Bourse de New York en milieu de journée vendredi.

Au total, quatre missions lunaires américaines supplémentaires sont officiellement prévues cette année dans le cadre du programme CLPS, dont deux autres d'Intuitive Machines.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".