Ethiopie: un journaliste français emprisonné, accusé de vouloir «  créér le chaos »

En 2023, l'Éthiopie s'est classé au 130e rang mondial en termes de liberté de la presse, perdant 16 places par rapport à 2022, selon Reporters sans frontières. (Indigo Publications)
En 2023, l'Éthiopie s'est classé au 130e rang mondial en termes de liberté de la presse, perdant 16 places par rapport à 2022, selon Reporters sans frontières. (Indigo Publications)
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Publié le Lundi 26 février 2024

Ethiopie: un journaliste français emprisonné, accusé de vouloir «  créér le chaos »

  • M. Galindo a comparu samedi devant un juge qui a prolongé sa détention jusqu'au 1er mars, selon Africa Intelligence
  • M. Galindo, 36 ans, chef de la rubrique Afrique de l'Est, était arrivé en Ethiopie le 13 février pour couvrir notamment le Sommet de l'Union africaine (UA) à Addis Abeba

ADDIS ABEBA: Un journaliste français, Antoine Galindo, est incarcéré en Ethiopie depuis son arrestation le 22 février, les autorités l'accusant de "conspirer en vue de créer le chaos", a annoncé lundi son employeur, la publication spécialisée Africa Intelligence.

M. Galindo a comparu samedi devant un juge qui a prolongé sa détention jusqu'au 1er mars, selon Africa Intelligence. La publication dénonce des "accusations fallacieuses" qui "ne se basent sur aucun élément tangible" et appelle à sa "libération immédiate".

Sollicitées par l'AFP au sujet de cette arrestation, les autorités éthiopiennes n'ont pas répondu dans l'immédiat. Le ministère français des Affaires étrangères n'avait pas non plus réagi en début d'après-midi.

M. Galindo, 36 ans, chef de la rubrique Afrique de l'Est, était arrivé en Ethiopie le 13 février pour couvrir notamment le Sommet de l'Union africaine (UA) à Addis Abeba, siège de l'organisation panafricaine.

"Antoine Galindo, journaliste connu de l'Ethiopian Media Authority (EMA)", l'organe de supervision des médias en Ethiopie, "disposait d'un visa l'autorisant à exercer son activité de journaliste", souligne Africa Intelligence qui fustige une "arrestation injustifiée" constituant "une grave atteinte à la liberté de la presse".

Le journaliste a été, entre 2013 et 2017, correspondant en Ethiopie pour plusieurs médias internationaux.

Selon une source proche du dossier, Antoine Galindo a été arrêté jeudi après-midi dans la capitale éthiopienne en compagnie d'un responsable du Front de libération oromo (OLF), parti d'opposition légalement enregistré, avec qui il avait rendez-vous.

Un porte-parole de l'OLF a confirmé à l'AFP qu'un responsable du parti avait été arrêté jeudi à la même heure à Addis Abeba, sans pouvoir confirmer qu'il était en compagnie du journaliste. Ce responsable est lui aussi toujours détenu.

"Arbitraire"

Une source proche du gouvernement éthiopien, ayant requis l'anonymat, a indiqué à l'AFP que M. Galindo avait été "accrédité par l'UA pour couvrir le Sommet", mais que l'EMA ne lui avait pas "délivré d'autorisation supplémentaire pour couvrir d'autres sujets".

"La police l'a donc accusé de travailler hors de l'accréditation délivrée pour le Sommet de l'UA" et "d'avoir rencontré des membres de forces (...) déclarées illégales pour leurs tentatives de déstabiliser la nation", a expliqué cette source.

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a dénoncé "une arrestation injuste" qui "éclaire le contexte épouvantable pour la presse en général en Ethiopie (...) deuxième pire geôlier de journalistes en Afrique subsaharienne".

Selon Reporters sans Frontières (RSF), cette "détention arbitraire" est "la terrible illustration" de "l'hostilité envers le journalisme indépendant" de la part des autorités éthiopiennes qui "cherchent à contrôler le narratif des récentes tensions sociopolitiques".

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (120 millions d'habitants) et mosaïque de quelque 80 communautés ethno-linguistiques, l'Ethiopie est minée par plusieurs conflits locaux, particulièrement dans les deux Etats régionaux les plus peuplés, l'Oromia et l'Amhara.

En Oromia, qui compte quelque 40 millions d'habitants essentiellement oromo, les forces fédérales affrontent depuis 2018 l'Armée de libération oromo (OLA). Classée "organisation terroriste" en Ethiopie, elle est née d'une scission de l'OLF quand celui-ci a renoncé à la lutte armée et a été légalisé.

En Amhara, l'état d'urgence est en vigueur depuis août pour tenter - jusqu'ici sans succès - de mater l'insurrection des Fano, des milices populaires amhara qui ont pris les armes en avril 2023 contre les autorités fédérales.

Espoirs déçus 

L'état d'urgence suspend un certain nombre de droits et libertés, notamment en matière d'arrestations et de détentions. Il s'applique sur l'ensemble de l'Ethiopie à quiconque est suspecté d'implications dans les violences dans cette région d'environ 23 millions d'habitants, essentiellement peuplée d'Amhara.

Après des décennies de répression, la liberté de la presse avait fait des progrès spectaculaires à l'arrivée au pouvoir en 2018 de l'actuel Premier ministre Abiy Ahmed qui avait fait libérer plusieurs journalistes et opposants.

Mais la situation s'est à nouveau  profondément dégradée depuis 2020 et le début de deux ans de guerre contre les autorités dissidentes de l'Etat régional du Tigré.

L'Ethiopie a incarcéré plusieurs journalistes éthiopiens et expulsé plusieurs journalistes étrangers depuis 2020, mais l'emprisonnement d'un journaliste étranger est une première depuis plus de trois ans.

Mi-2020, un journaliste kényan, Yassin Juma, avait été détenu plus d'un mois, bien que la justice éthiopienne eut ordonné sa libération.

Vu à son arrivée au pouvoir comme un réformateur capable de moderniser l'Ethiopie après des décennies de régimes autoritaires, M. Abiy, prix Nobel de la paix 2019 a déçu les espoirs placés en lui.

En 2023, selon Reporters sans frontières (RSF), l'Ethiopie pointait au 130e rang mondial en matière de liberté de la presse, en chute de 16 places par rapport à 2022. Selon l'ONG, au 1er janvier 2024, 15 journalistes étaient en prison.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.