Pour de nombreux Ukrainiens, la guerre a commencé il y a 10 ans sur le Maïdan

Des gens regardent des hommes armés près d'un bâtiment de la police régionale saisi par des séparatistes armés à Slavyansk le 13 avril 2014. (AFP)
Des gens regardent des hommes armés près d'un bâtiment de la police régionale saisi par des séparatistes armés à Slavyansk le 13 avril 2014. (AFP)
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Publié le Jeudi 29 février 2024

Pour de nombreux Ukrainiens, la guerre a commencé il y a 10 ans sur le Maïdan

  • Pour beaucoup de ceux qui se battent aujourd'hui sur le front, la bataille pour la survie de l'Ukraine a débuté dès 2013, quand les dirigeants de l'époque ont rejeté un accord d'association avec l'Europe
  • La principale différence est que la guerre touche désormais toute l'Ukraine, remarque Oleg Loukachenko, un sous-officier de 49 ans

DROUJKIVKA: Sur son téléphone portable, Oleksandre a toujours des images de ces mois chaotiques en Ukraine, quand il était encore un artiste aux idéaux pacifistes, il y a 10 ans.

On le voit sur le Maïdan, la place centrale de Kiev, au milieu de pneus enflammés et de panaches de fumée, aux côtés de manifestants affrontant la police anti-émeute armée, pour réclamer une intégration européenne plus forte.

Ces manifestations ont changé son pays comme sa propre vie: une décennie plus tard, il lutte contre l'invasion russe dans l'est de l'Ukraine, le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Pour beaucoup de ceux qui se battent aujourd'hui sur le front, comme ce médecin militaire de 45 ans, la bataille pour la survie de l'Ukraine a débuté dès 2013, quand les dirigeants de l'époque ont rejeté un accord d'association avec l'Europe, déclenchant les manifestations sur Maïdan.

"Cela a commencé lorsque la police anti-émeute a frappé les étudiants. Lorsque l'accord n'a pas été signé", se souvient Oleksandre, qui a rejoint l'armée peu de temps après.

Sur le Maïdan, "là, sous les balles, tout a commencé", raconte-t-il à l'AFP, son fusil d'assaut sur un genou, surveillant les plaines menant aux positions russes.

«Le Bien et le Mal»

Durant cet hiver 2013, des dizaines de milliers d'Ukrainiens ont rejoint les manifestations pro-démocratie, après la décision du président Viktor Ianoukovitch d'abandonner le rapprochement avec l'Europe pour cimenter plutôt les liens avec le Kremlin.

Des séparatistes ont tiré parti de ces bouleversements et se sont emparés de villes de l'Est industriel avec l'aide de la Russie. Moscou a annexé la péninsule de Crimée, profitant aussi d'une réaction occidentale modérée.

A l'occasion des commémorations du 10e anniversaire de la mort d'une centaine de manifestants sur le Maïdan, le président Volodymyr Zelensky a établi un lien direct avec l'invasion russe de février 2022.

"10 ans plus tard, les tentatives visant à nous détruire et à détruire notre indépendance se poursuivent. Il y a eu des balles contre les Cent Célestes non armés. Maintenant, ce sont des missiles, des drones et des armées", a-t-il déclaré.

Beaucoup de choses ont changé au cours de ces années.

Un des artisans du ralliement des séparatistes pro-Kremlin dans l'est de l'Ukraine, le nationaliste Igor Guirkine, a été placé en détention en Russie pour ses critiques acerbes de l'état-major et du président russe Vladimir Poutine.

L'Ukraine est désormais sur la voie de l’adhésion à l'UE.

Les combats de 2014, autrefois vus comme un conflit local, sont devenus une bataille entre "le Bien et le Mal", selon M. Zelensky. Pour M. Poutine, c'est une guerre entre la Russie et l'Occident.

Mais pour les militaires ukrainiens sur le front depuis 10 ans - dont certains étaient aussi à Maïdan -, les objectifs et les enjeux sont les mêmes.

«Les missiles volent partout»

La principale différence est que la guerre touche désormais toute l'Ukraine, remarque Oleg Loukachenko, un sous-officier de 49 ans.

"Les missiles volent partout et tout le monde a compris qu'il s'agit d'une guerre et qu'elle touchera tout le monde, que si vous ne défendez pas votre pays, elle peut atteindre tous les coins de l'Ukraine", explique-t-il.

Oleksandre, un autre médecin de combat âgé de 37 ans, dont 10 de guerre, décrit le premier jour de l'invasion russe comme "un jour presque normal".

"Je ne dirais pas que la guerre a commencé en 2022. J'enterre mes amis depuis 2014", lâche-t-il à l'AFP.

A des carrefours, sur des aires de repos verdoyantes d'autoroutes ou au sommet de collines se dressent des monuments en hommage aux militaires ukrainiens tués par les rebelles et les forces russes en 2014.

Le pays a perdu environ 4.400 soldats avant 2022, et les combats ont coûté la vie à plus de 14.000 personnes au total, selon l'ONU.

Le conflit a aussi eu des répercussions sur les civils, pris entre deux feux.

«Les courageux et les vieux»

Olga Ioudakova, une psychologue de 61 ans exerçant à Kramatorsk, l'une des villes brièvement capturées par les séparatistes, s'occupe d'enfants pour soulager le stress de l'invasion.

Elle raconte comment l'anxiété s'est installée depuis longtemps. "Malheureusement, les enfants ont beaucoup souffert. Après 2014, c'était très visible, il y avait beaucoup d'enfants effrayés", dit-elle.

Les militaires interrogés par l'AFP ont tous décrit l'Ukraine comme un pays transformé et unifié par une décennie de bouleversements politiques et de conflit.

Certains ont réfléchi à la façon dont ils avaient aussi changé et disent leur incertitude sur leur avenir.

Dans sa vie d'avant, Oleksandre, le médecin de 45 ans, était peintre décorateur, opposé à la violence, un "hippie", dit-il.

Où sera-t-il dans une autre décennie? "Personne ne vit 20 ans dans la guerre. Il existe deux types de combattants: les courageux et les vieux".


Prison à vie pour une Syrienne jugée coupable de l'attentat meurtrier d'Istanbul

Des gens portent lors de cérémonies funéraires, les cercueils des victimes de l'explosion dans la rue Istiklal à Istanbul, le 14 novembre 2022. (AFP)
Des gens portent lors de cérémonies funéraires, les cercueils des victimes de l'explosion dans la rue Istiklal à Istanbul, le 14 novembre 2022. (AFP)
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  • Ahlam Albashir a été condamnée à sept peines de prison à vie par un tribunal turc pour avoir perpétré l'attentat sur l'avenue Istiklal le 13 novembre 2022
  • Vingt autres personnes ont été condamnées à des peines d'emprisonnement allant de quatre ans à la perpétuité

DJEDDAH : Une femme syrienne qui avait posé une bombe  tuant six personnes dans la principale rue commerçante d'Istanbul il y a 18 mois a été condamnée à la prison à vie vendredi.

Ahlam Albashir a été condamnée à sept peines de prison à vie par un tribunal turc pour avoir perpétré l'attentat sur l'avenue Istiklal le 13 novembre 2022. Six citoyens turcs, deux membres de chacune des trois familles, ont trouvé la mort dans l'explosion qui s'est produite dans cette rue très fréquentée par les commerçants et les touristes. Une centaine de personnes ont été blessées.

Plus de 30 autres personnes ont été accusées d'avoir participé à l'explosion. Quatre d'entre elles ont été remises en liberté vendredi, et dix autres ont été jugées séparément par contumace, car elles étaient introuvables.

Vingt autres personnes ont été condamnées à des peines d'emprisonnement allant de quatre ans à la perpétuité. Six d'entre eux ont été condamnés à la réclusion à perpétuité pour meurtre et « atteinte à l'unité et à l'intégrité de l'État ».

La Turquie a accusé des militants kurdes d'être à l'origine de l'explosion et a déclaré que l'ordre d'attaquer avait été donné à Kobani, dans le nord de la Syrie, où les forces turques ont mené des opérations contre la milice kurde syrienne YPG au cours des dernières années.

Les YPG et le groupe séparatiste kurde hors-la-loi PKK, qui mène depuis des décennies une insurrection contre l'État turc, ont nié toute implication dans l'attentat. Aucun groupe n'a admis avoir participé à l'attentat.

Istanbul a été attaquée par le passé par des militants kurdes, islamistes et gauchistes. Une vague d'attentats à la bombe et d'autres attaques a commencé à l'échelle nationale lorsque le cessez-le-feu entre Ankara et le PKK a été rompu à la mi-2015.

Plus de 40 000 personnes ont été tuées dans le conflit entre le PKK et la Turquie depuis que le groupe militant a pris les armes en 1984. Il est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'UE et les États-Unis.

 Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Des milliards de cigales vont envahir les Etats-Unis

L'exuvie de la cigale s'accroche à un arbre lors du deuxième tour du Barbasol Championship au Robert Trent Jones Golf Trail at Grand National le 21 juillet 2017 à Auburn, Alabama. (Cliff Hawkins/Getty Images/AFP)
L'exuvie de la cigale s'accroche à un arbre lors du deuxième tour du Barbasol Championship au Robert Trent Jones Golf Trail at Grand National le 21 juillet 2017 à Auburn, Alabama. (Cliff Hawkins/Getty Images/AFP)
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  • Certaines cigales apparaissent chaque année, quand d'autres, appelées cigales «périodiques», sortent de terre tous les 13 ou 17 ans
  • «Nous avons eu plusieurs appels concernant un son qui ressemble à une sirène, un gémissement ou un rugissement», a indiqué sur Facebook le bureau du shérif de Newberry, en Caroline du Sud (sud-est) cette semaine

WASHINGTON : Bruyantes et prêtes à s'accoupler, des milliards de cigales s'apprêtent à envahir les forêts et banlieues pavillonnaires américaines.

Dans les prochaines semaines, deux groupes particuliers de cigales vont batifoler au même moment. Un phénomène qui n'est pas arrivé depuis 1803, quand Thomas Jefferson était encore président et que les Etats-Unis rachetaient la Louisiane à la France.

La famille des cigales comprend plus de 3.000 espèces d'insectes à travers le monde. La majorité d'entre-elles passent leur vie sous terre, sous forme de larve. Elles émergent adultes pour muer et se reproduire.

Certaines apparaissent chaque année, quand d'autres, appelées cigales «périodiques», sortent de terre tous les 13 ou 17 ans.

Cette année, le phénomène implique deux groupes de cigales: le groupe XIX, qui émerge tous les 13 ans et a déjà commencé à le faire en Caroline du Nord et du Sud (sud-est). Il sera suivi par le groupe XIII dans le Midwest, qui émerge tous les 17 ans. Dans le centre de l'Etat de l'Illinois (nord), les deux pourraient être présentes au même endroit.

«Quand elles font surface, elles le font en grand nombre, ce qui enthousiasme parents et enfants», selon l'entomologiste Gene Kritsky, de l'Université Mount-Saint-Joseph, qui a développé une application pour que tout un chacun puisse collecter des données sur ces bestioles aux yeux rouges.

Un phénomène dont on se souvient, et dont les histoires se transmettent de génération en génération. Tout comme, par exemple, être témoin d'une éclipse.

«C'est ce que fait la science: vous faites des hypothèses qui vous conduisent à des prédictions, les prédictions sont vérifiées, (...) cela a de la valeur, au moment où certaines personnes cherchent à discréditer la science», note Gene Kritsky.

- Une merveille scientifique  -

Sans grande défense, les cigales «périodiques» comptent sur leur nombre pour la survie de l'espèce: grâce aux hordes qui déferlent au même moment, les oiseaux, renards, ratons laveurs, tortues et autres prédateurs sont vite rassasiés, explique à l'AFP John Lill, professeur de biologie à l'Université George Washington.

Dans une étude publiée récemment dans la revue Science, John Lill et ses collègues montrent qu'un groupe de cigales ayant émergé à Washington en 2021 avait conduit à une augmentation du nombre de chenilles -- délaissées par les oiseaux, qui se sont concentrés sur les cigales.

Résultat: la consommation de pousses de jeunes chênes s'est accrue.

D'autres recherches montrent que les années où les chênes produisent le plus de glands suivent toujours deux ans après l'émergence des cigales. Plus il y a de glands, plus les populations de mammifères qui s'en nourrissent croît, plus le risque de maladie de Lyme chez l'homme augmente.

Ce phénomène «montre qu'il existe potentiellement des impacts écologiques à plus long terme se répercutant pendant des années après l'apparition des cigales», ajoute M. Lill.

- Impacts humains -

Puis il y a le son singulier -- et strident -- des cigales mâles qui s'accouplent.

«Nous avons eu plusieurs appels concernant un son qui ressemble à une sirène, un gémissement ou un rugissement», a indiqué sur Facebook le bureau du shérif de Newberry, en Caroline du Sud (sud-est) cette semaine.

Selon Chris Simon, chercheuse à l'université du Connecticut, le changement climatique perturbe l'horloge interne des cigales.

Avec le réchauffement climatique aux Etats-Unis, l'allongement de la saison de croissance des plantes fournit plus de nourriture et accélère celle des cigales. «Je prédis que davantage de cigales de 17 ans se transformeront en cigales de 13 ans», a-t-elle indiqué «et, éventuellement, que ce trait sera assimilé génétiquement».

Il est difficile de savoir ce que cela signifie pour l'espèce à long terme, ajoute M. Lill.


Sahel: Washington va retirer des soldats du Tchad, après le Niger

Des milliers de Tchadiens assistent au meeting de Mahamat Idriss Deby Itno, président de la transition et candidat à l'élection présidentielle au Tchad, dans le stade en construction au quartier Dombao, à Moundou, le 25 avril 2024. (AFP)
Des milliers de Tchadiens assistent au meeting de Mahamat Idriss Deby Itno, président de la transition et candidat à l'élection présidentielle au Tchad, dans le stade en construction au quartier Dombao, à Moundou, le 25 avril 2024. (AFP)
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  • Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des plus de 1 000 soldats américains présents dans le pays
  • Dans un courrier au ministre des Armées, le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé début avril le départ des soldats américains

WASHINGTON: Les Etats-Unis vont retirer temporairement des soldats du Tchad, a annoncé le Pentagone quelques jours après leur accord pour retirer leurs forces du Niger voisin.

Au Tchad, les Etats-Unis disposent d'une centaine de soldats dans le cadre de la lutte antijihadiste au Sahel.

"L'Usafricom envisage actuellement de repositionner certaines forces militaires américaines depuis le Tchad, dont le départ d'une partie était déjà prévu", a déclaré lors d'une conférence de presse jeudi le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, se référant au commandement militaire américain en Afrique.

"Il s'agit d'une étape temporaire dans le cadre d'une révision en cours de notre coopération de sécurité, qui reprendra après l'élection présidentielle du 6 mai au Tchad", a-t-il ajouté.

Dans un courrier au ministre des Armées lu par l'AFP, le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé début avril le départ des soldats américains, incriminant un défaut de documents sur un accord permettant leur présence.

Selon ce courrier, "l'armée de l'air a demandé à l'attaché de défense américain d'arrêter immédiatement les activités militaires sur la BAK", la base aérienne d'Adji Kossei où les soldats américains entraînent des forces spéciales tchadiennes à lutter contre le groupe jihadiste Boko Haram.

"Nous vous demandons d'intercéder auprès de qui de droit afin de prévenir les Américains que nous avons pris la décision d'arrêter leur activité", ajoute la lettre.

"La présence des forces américaines au Tchad était initialement motivée par l'engagement commun dans la lutte contre le terrorisme, un objectif partagé par les deux nations", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole du gouvernement tchadien.

Discussions supplémentaires 

"Cependant, des préoccupations ont été exprimées par l'état-major tchadien quant à cette présence" et "en reconnaissance des préoccupations exprimées, le gouvernement américain a décidé de retirer temporairement ses forces du Tchad", a ajouté M. Abderaman Koulamallah.

"Il est important de souligner que ce retrait ne signifie en aucun cas une rupture de la coopération entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme", a-t-il dit.

"Des discussions supplémentaires auront lieu pour explorer la possibilité d'un retour des forces américaines dans le cadre d'un accord bilatéral précis et convenu entre les deux pays", a encore indiqué le porte-parole.

Au Niger, autre pivot de la stratégie des Etats-Unis et de la France pour combattre les jihadistes dans la région, la junte militaire au pouvoir depuis juillet a dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des plus de 1.000 soldats américains présents dans le pays.

Les Etats-Unis disposent notamment au Niger d'une base de drones importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Washington va "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", avait déclaré lundi Pat Ryder après l'annonce la semaine dernière du retrait américain du Niger.

Au Tchad, le général Mahamat Idriss Deby Itno a annoncé en mars sa candidature à la présidentielle, qu'il est quasi-assuré de remporter après que son régime a violemment réprimé dans la rue et muselé toute opposition et éliminé toute concurrence.

Il avait été proclamé par l'armée président de transition le 20 avril 2021, à la tête d'une junte de 15 généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, lequel régnait d'une main de fer sur le Tchad depuis 30 ans.

Son principal adversaire, Yaya Dillo, a été tué fin février par des militaires dans l'assaut de son parti, d'une "balle dans la tête à bout portant" selon l'opposition, puis les candidatures de dix autres potentiels rivaux ont été invalidées.