Gaza: l'UE va débloquer 50 millions d'euros pour l'UNRWA

Un enfant palestinien déplacé qui a fui ses maisons à cause des frappes israéliennes, s'abrite dans un camp de tentes à Rafah le 29 février 2024 (Photo, Reuters).
Un enfant palestinien déplacé qui a fui ses maisons à cause des frappes israéliennes, s'abrite dans un camp de tentes à Rafah le 29 février 2024 (Photo, Reuters).
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Publié le Vendredi 01 mars 2024

Gaza: l'UE va débloquer 50 millions d'euros pour l'UNRWA

  • L'agence est fragilisée depuis qu'Israël a accusé en janvier 12 de ses employés d'être impliqués dans l'attaque du 7 octobre
  • Deux tranches supplémentaires de 16 millions d'euros chacune seront débloquées ultérieurement

BRUXELLES: L'UE va débloquer "en début de semaine prochaine" 50 millions d'euros d'aide à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) avant un possible déblocage de 32 millions supplémentaires à terme, a annoncé vendredi la Commission européenne.

Cette décision "tombe à point nommé", a réagi sur X (ex-Twitter) le commissaire général de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, huit jours après avoir indiqué que son organisation avait atteint un "point de rupture avec les appels répétés d'Israël à son démantèlement et le gel des financements de donateurs face à des besoins humanitaires à Gaza sans précédent".

L'agence est fragilisée depuis qu'Israël a accusé en janvier 12 de ses employés d'être impliqués dans l'attaque du 7 octobre lancée par le Hamas et ayant déclenché la guerre en cours entre Israël et ce mouvement islamiste palestinien qui tenait Gaza au début des hostilités.

Face à ces accusations, l'Unrwa s'était immédiatement séparée de ces employés, mais très rapidement une douzaine de pays, dont d'importants donateurs comme les Etats-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni ou la Suède, avaient annoncé suspendre leur financement à l'agence.

L'Union européenne avait réclamé fin janvier un audit sur le fonctionnement de l'Unrwa. La Commission avait alors précisé qu'elle déciderait ou non de suspendre son financement, en fonction des résultats de l'enquête de l'ONU diligentée dans la foulée des accusations israéliennes.

Saluant l'enquête onusienne en cours, la Commission a indiqué vendredi dans un communiqué avoir "trouvé un accord avec" l'agence permettant le déblocage de 50 millions d'euros.

Deux tranches supplémentaires de 16 millions d'euros chacune seront débloquées ultérieurement "en fonction de l'application de l'accord", ajoute le texte.

L'Unrwa a indiqué être "prête à ce qu'un examen de ses employés soit mené afin de confirmer qu'aucun n'a participé aux attaques" et "à ce que des contrôles supplémentaires soient établis pour limiter ce risque à l'avenir", précise le communiqué.

Selon un porte-parole de la Commission, cet examen portera sur les employés de l'Unrwa à Gaza comme en Cisjordanie.

«Disproportionné et dangereux»

La Commission ajoute que l'Unrwa a également "accepté le lancement d'un audit mené par des experts externes nommés par l'UE" en vue d'examiner "les systèmes de contrôle pour empêcher l'implication éventuelle de son personnel et de ses fonds dans des activités terroristes".

L'argent de l'UE "soutiendra les efforts de l'agence pour maintenir des services vitaux et essentiels pour les réfugiés palestiniens", a estimé, sur X, M. Lazzarini, pour qui le "déboursement total de la contribution [européenne] est crucial pour la capacité de l'agence a poursuivre ses opérations dans une zone très instable".
 

Gaza : «une famine est quasiment inévitable, si rien ne change»

Une famine dans la bande de Gaza "est quasiment inévitable, si rien ne change", a alerté une nouvelle fois l'ONU vendredi, les statistiques officielles faisant déjà état d'au moins 10 enfants morts de faim.

L'ONU et les agences humanitaires ont des critères très précis pour déterminer un état de famine et elle n'a pas encore été déclarée pour le territoire palestinien malgré une situation catastrophique.

Mais "une fois qu'une famine est déclarée, il est trop tard pour trop de gens", a insisté le porte-parole de l'agence de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), Jens Laerke.

En Somalie en 2011, quand la famine a été officiellement déclarée, la moitié du nombre total de victimes qu'a fait la catastrophe était déjà morte de faim.

"Nous ne voulons pas en arriver à cette situation et nous avons besoin que les choses changent", a-t-il déclaré lors du briefing régulier de l'ONU vendredi à Genève.

Le porte-parole de l'OMS, Christian Lindmeier, a indiqué que selon les statistiques officielles établies par les autorités du Hamas qui contrôlent la bande de Gaza, une dizaine d'enfants ont été enregistrés officiellement comme étant décédés des suites de la malnutrition.

Un chiffre certainement en-deçà de la réalité, a-t-il ajouté.

Au-delà de son soutien à l'Unrwa, créée en 1949, la Commission européenne a par ailleurs annoncé vendredi allouer 68 millions d'euros supplémentaires d'aide d'urgence aux Palestiniens en 2024.

Administrant nombre d'écoles et d'hôpitaux, l'Unrwa emploie quelque 30.000 personnes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ainsi qu'au Liban, en Jordanie et en Syrie.

Supprimer le financement de l'agence onusienne serait "disproportionné et dangereux" et "mettrait en danger des centaines de milliers de vies", avait estimé début février le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

L'attaque du Hamas le 7 octobre a causé la mort d'au moins 1.160 personnes, côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

La campagne militaire israélienne déclenchée en représailles a fait plus de 30.200 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du Hamas.


Syrie: assaut terrestre israélien contre un site près de Damas

Des soldats syriens avaient trouvé des "dispositifs de surveillance et d'écoute" dans la zone avant les frappes israéliennes mardi, selon Sana, citant une source gouvernementale. (AFP)
Des soldats syriens avaient trouvé des "dispositifs de surveillance et d'écoute" dans la zone avant les frappes israéliennes mardi, selon Sana, citant une source gouvernementale. (AFP)
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  • L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, dans la banlieue de Damas, tuant six soldats syriens selon le ministère des Affaires étrangères syrien. Il avait été bombardé à nouveau mercredi, selon la télévision d'État
  • Mais cette opération constitue le premier raid terrestre israélien de ce type depuis la chute d'Assad, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie

DAMAS: Les troupes terrestres israéliennes ont mené mercredi soir une opération contre un site près de Damas qui avait été auparavant bombardé, ont rapporté les médias d'État syriens.

L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, dans la banlieue de Damas, tuant six soldats syriens selon le ministère des Affaires étrangères syrien. Il avait été bombardé à nouveau mercredi, selon la télévision d'État.

À la suite de la deuxième attaque mercredi, des troupes israéliennes ont été acheminées par les airs dans la zone pour une opération, "dont les détails ne sont pas encore connus, alors que les vols de reconnaissance intensifs se poursuivent", a rapporté l'agence de presse officielle Sana.

Depuis qu'une coalition de rebelles islamistes a renversé Bachar al-Assad en décembre 2024, Israël a mené des centaines de frappes sur la Syrie, tout en amorçant un dialogue inédit avec les nouvelles autorités.

Mais cette opération constitue le premier raid terrestre israélien de ce type depuis la chute d'Assad, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Un responsable du ministère de la Défense avait indiqué mardi à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que le site visé par Israël abritait des bâtiments militaires de la 44e division de l'armée syrienne.

Des soldats syriens avaient trouvé des "dispositifs de surveillance et d'écoute" dans la zone avant les frappes israéliennes mardi, selon Sana, citant une source gouvernementale.

Le site abritait des armes utilisées par le groupe armé libanais Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié de l'ancien dirigeant syrien Bachar al-Assad, selon l'OSDH.


Israël intensifie ses opérations près de Gaza-ville, réunion à la Maison Blanche

L'ONU estime à près d'un million de personnes la population actuelle du gouvernorat de Gaza qui comprend Gaza-ville et ses environs. (AFP)
L'ONU estime à près d'un million de personnes la population actuelle du gouvernorat de Gaza qui comprend Gaza-ville et ses environs. (AFP)
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  • Mercredi, l'armée israélienne qui contrôle environ 75% du territoire, a affirmé que ses troupes "opéraient à la périphérie de Gaza-ville pour localiser et démanteler les sites d'infrastructures terroristes en surface et souterrains"
  • Des habitants du quartier de Zeitoun à Gaza-ville ont fait état de tirs de drones et d'intenses bombardements nocturnes, alors que la Défense civile et des sources hospitalières ont annoncé quatre morts par des tirs israéliens dans le sud

GAZA: L'armée israélienne a intensifié mercredi ses opérations autour de la ville de Gaza, quelques heures avant une réunion à la Maison Blanche sous la présidence de Donald Trump consacrée à des plans d'après-guerre pour le territoire palestinien dévasté.

Elle a jugé "inévitable" l'évacuation de la population de cette ville, qu'elle présente comme le dernier grand bastion du mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza assiégée et d'où des milliers d'habitants ont déjà fui.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est sous pression croissante, tant en Israël qu'à l'étranger, pour mettre fin à son offensive à Gaza, lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Son cabinet de sécurité a approuvé début août un plan pour s'emparer de Gaza-ville, située dans le nord du territoire palestinien où les quelque deux millions d'habitants ont été déplacés plusieurs fois par la guerre.

Mercredi, l'armée israélienne qui contrôle environ 75% du territoire, a affirmé que ses troupes "opéraient à la périphérie de Gaza-ville pour localiser et démanteler les sites d'infrastructures terroristes en surface et souterrains".

Des habitants du quartier de Zeitoun à Gaza-ville ont fait état de tirs de drones et d'intenses bombardements nocturnes, alors que la Défense civile et des sources hospitalières ont annoncé quatre morts par des tirs israéliens dans le sud du territoire palestinien frappé par la famine selon l'ONU.

"Les avions ont bombardé à plusieurs reprises et des drones ont tiré toute la nuit", a déclaré Tala al-Khatib, 29 ans, au téléphone à l'AFP. "Plusieurs maisons ont été détruites. Nous sommes toujours chez nous, certains voisins ont fui, d'autres sont restés. Mais où que vous fuyiez, la mort vous suit!"

"Ca suffit" 

Abdelhamid al-Sayfi, 62 ans, n'est pas sorti de chez lui à Zeitoun depuis mardi. "Nous n'avons ni nourriture ni eau. Quiconque sort est pris pour cible par les drones."

L'ONU estime à près d'un million de personnes la population actuelle du gouvernorat de Gaza qui comprend Gaza-ville et ses environs.

Le ministre de la Défense Israël Katz a menacé de détruire Gaza-ville si le Hamas n'acceptait pas d'être désarmé, de libérer tous les otages et de mettre fin à la guerre selon les conditions d'Israël.

Mardi, des dizaines de milliers d'Israéliens sont descendus dans la rue pour réclamer un accord pour libérer les otages et arrêter la guerre, au moment où était réuni le cabinet de sécurité.

"Ca suffit!", a hurlé Silvia Cunio dont les deux fils, Ariel et David, enlevés durant l'attaque du 7-Octobre, sont encore retenus à Gaza.

Après la réunion du cabinet, M. Netanyahu a affirmé: "(...) Nous ne laisserons pas ces monstres (le Hamas, ndlr) là-bas, nous libérerons tous nos otages et nous veillerons à ce que Gaza ne représente plus jamais une menace pour Israël".

Le 10 août, il a énuméré les objectifs d'Israël: "premièrement, désarmer le Hamas. Deuxièmement, tous les otages sont libérés. Troisièmement, Gaza est démilitarisée. Quatrièmement, Israël exerce un contrôle de sécurité prépondérant. Et cinquièmement, une administration civile pacifique non israélienne".

Alors qu'Israël poursuit son offensive à Gaza, Steve Witkoff, l'émissaire de Donald Trump, a annoncé "une grande réunion à la Maison Blanche" mercredi, sous la direction du président, sur l'après-guerre.

"Jour d'après" 

"Nous élaborons un plan très complet sur le jour d'après" dans le territoire palestinien, a dit M. Witkoff sans plus de détails.

Donald Trump avait créé la surprise en début d'année en suggérant que les Etats-Unis prennent le contrôle de la bande de Gaza, en évacuent ses habitants et y construisent des complexes immobiliers.

M. Netanyahu avait salué cette proposition, rejetée par plusieurs pays européens et arabes.

La semaine dernière, le Premier ministre israélien avait ordonné l'ouverture immédiate de pourparlers visant à obtenir la libération des otages, tout en persistant sur ses plans pour prendre Gaza-ville.

Il n'avait pas répondu explicitement à une nouvelle proposition de trêve des médiateurs, acceptée par le Hamas, qui prévoit la libération échelonnée des otages sur une période initiale de 60 jours en échange de prisonniers palestiniens.

L'attaque du Hamas du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont encore retenues dans Gaza dont au moins 27 sont décédées selon l'armée.

L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 62.819 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du gouvernement du Hamas à Gaza, jugés fiables par l'ONU.


Liban: polémique après les propos de Barrack en conférence de presse

"S'il vous plaît, calmez-vous un peu (...) Dès que la situation devient chaotique, presque animale, on quitte la salle", avait-t-il lancé avant d'aborder le plan de désarmement du Hezbollah, appelant les journalistes à se comporter de "manière civilisée". (AFP)
"S'il vous plaît, calmez-vous un peu (...) Dès que la situation devient chaotique, presque animale, on quitte la salle", avait-t-il lancé avant d'aborder le plan de désarmement du Hezbollah, appelant les journalistes à se comporter de "manière civilisée". (AFP)
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  • "S'il vous plaît, calmez-vous un peu (...) Dès que la situation devient chaotique, presque animale, on quitte la salle", avait-t-il lancé avant d'aborder le plan de désarmement du Hezbollah, appelant les journalistes à se comporter de "manière civilisée"
  • La présidence libanaise a exprimé sur X ses "regrets pour des propos tenus par inadvertance par l'un de ses invités", réaffirmant son "respect absolu de la dignité humaine" et sa "considération particulière pour les journalistes

BEYROUTH: Des déclarations de l'émissaire américain Tom Barrack adressées à des journalistes au palais présidentiel de Beyrouth ont suscité une vive polémique mardi au Liban, qualifiées d'"insulte" par les syndicats de la presse.

"S'il vous plaît, calmez-vous un peu (...) Dès que la situation devient chaotique, presque animale, on quitte la salle", avait-t-il lancé avant d'aborder le plan de désarmement du Hezbollah, appelant les journalistes à se comporter de "manière civilisée".

La présidence libanaise a exprimé sur X ses "regrets pour des propos tenus par inadvertance par l'un de ses invités", réaffirmant son "respect absolu de la dignité humaine" et sa "considération particulière pour les journalistes et correspondants accrédités".

Le ministre de l'Information, Paul Morcos, a également "regretté" ces propos et souligné son "attachement à la dignité" des journalistes.

Le syndicat des photographes de presse a dénoncé une "insulte directe" aux journalistes et photographes présents et un "précédent dangereux et totalement inacceptable", réclamant des "excuses immédiates et publiques".

Le syndicat des rédacteurs a lui aussi réclamé "des excuses publiques", agitant la menace d'un "boycott de ses visites et de ses rencontres".

L'Union des journalistes du Liban a jugé que ces déclarations "traduisent une arrogance inacceptable et un mépris implicite pour la mission journalistique".

Le président de la commission de l'Information au Parlement, député du Hezbollah, Ibrahim Moussaoui, a appelé les autorités à "convoquer immédiatement l'ambassadrice américaine, la réprimander et protester contre l'insulte caractérisée infligée au Liban et aux Libanais".