Ukraine: «Mettre en échec» la Russie sans lui «faire la guerre», dit Stéphane Séjourné

Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourne s'exprime lors d'une conférence de presse à Rabat le 26 février 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourne s'exprime lors d'une conférence de presse à Rabat le 26 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 mars 2024

Ukraine: «Mettre en échec» la Russie sans lui «faire la guerre», dit Stéphane Séjourné

  • Le chef de la diplomatie française s'exprimait après les déclarations du président français Emmanuel Macron, qui a jugé plus tôt mardi à Prague «nécessaire» de bousculer les alliés de l'Ukraine
  • M. Macron a aussi dit «assumer» ses récents propos controversés sur la possibilité d'envoyer des militaires occidentaux en Ukraine pour des missions d'appui, non combattantes

PARIS: Il faut "mettre en échec la Russie" sans lui "faire la guerre", a estimé mardi soir le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné dans un entretien sur la chaîne de télévision française LCI.

"Nous vivons un point de bascule qui doit nous emmener à tenir tête à la Russie et il faut jouer le rapport de force pour protéger les Français, protéger les Européens", a-t-il estimé, ajoutant: "Notre conviction, c'est qu'il faut continuer à soutenir l'Ukraine", pays qui a été envahi par la Russie le 24 février 2022.

Le chef de la diplomatie française s'exprimait après les déclarations du président français Emmanuel Macron, qui a jugé plus tôt mardi à Prague "nécessaire" de bousculer les alliés de l'Ukraine, les exhortant à "ne pas être lâches" face à une Russie "inarrêtable".

M. Macron a aussi dit "assumer" ses récents propos controversés sur la possibilité d'envoyer des militaires occidentaux en Ukraine pour des missions d'appui, non combattantes. Sur la question d'un envoi de troupes, la grande majorité des pays occidentaux avaient déjà fait savoir qu'ils n'envisageaient absolument pas un tel scénario.

Interrogé sur ces déclarations d'Emmanuel Macron, M. Séjourné a affirmé : "Il faut mettre en échec la Russie sans faire la guerre à la Russie, c'est le cadre qu'a fixé le président de la République (...) et le cadre de la cobelligérance ne doit pas être atteint".

"Nous n'avons jamais franchi le stade de la cobelligérance et nous ne le franchirons pas", a-t-il ajouté.

"La France parle dans un cadre un peu différent, c'est une puissance dotée (de l'arme nucléaire, NDLR); je pense que la France peut parler d'égale à égale à la Russie", a poursuivi le ministre.

"Les messages qui ont été renvoyés par la France et par les Européens aussi, c'est un élément de rapport de force" avec la Russie, a-t-il estimé.

"Si l'Ukraine tombe, probablement la Russie aura des velléités, et si la Russie a des velléités, on a un risque de guerre ; il y aura des conséquences en cascade, et je ne donne pas trop cher de l'Union européenne (...), il faut éviter ce scénario", a-t-il lancé.

Evoquant sa rencontre mardi à Paris avec la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, M. Séjourné a indiqué que son homologue avait "réitéré sa détermination à soutenir l'Ukraine dans la durée (...) et sa grande détermination à garantir l'unité des Européens".

"Elle est lucide sur les conséquences d'une victoire de la Russie en Ukraine, et je pense qu'on partage entre nous la question de la protection des Européens, qui passe aussi par un rapport de force, et elle en a conscience", a-t-il estimé.

Interrogé sur les élections européennes du 9 juin prochain, le ministre français a jugé qu'il y avait "un risque de +Frexit+ généralisé" après ces élections et "probablement un risque de blocage des institutions". "Et un blocage des institutions ça veut dire pas d'aide à l'Ukraine", a-t-il souligné.

Le chef de la diplomatie française a précisé qu'il serait "en fin de semaine" en tournée dans les Etats baltes pour "pouvoir échanger avec eux sur le contexte".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.