Corruption et bigamie: rare peine de mort pour un ex-grand patron en Chine

 A 56 ans, Jack Ma doit désormais gérer la vindicte des autorités, qui semblent décidées à lui couper les ailes.(AFP)
A 56 ans, Jack Ma doit désormais gérer la vindicte des autorités, qui semblent décidées à lui couper les ailes.(AFP)
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Publié le Mardi 05 janvier 2021

Corruption et bigamie: rare peine de mort pour un ex-grand patron en Chine

  • Pékin a annoncé jeudi une enquête anti-monopole contre Alibaba, le mastodonte du commerce électronique fondé par Jack Ma en 1999 et devenu depuis le plus grand groupe d'Asie après son rival et compatriote Tencent
  • Ce fiasco lui aurait coûté son titre de première fortune de Chine, malgré un matelas tout de même évalué à 58 milliards de dollars

PEKIN : Coffres-forts, liasses de billets et tellement d'argent qu'il n'osait pas «le dépenser»: un ancien grand patron a été condamné mardi en Chine à la peine capitale, un verdict exceptionnel dans le monde des affaires.

Le jugement survient au moment où le pouvoir communiste serre la vis au secteur de la finance, avec l'interdiction in extremis en novembre de ce qui aurait dû être la plus grosse introduction en Bourse de l'histoire.

L'ancien patron du conglomérat financier China Huarong a été condamné à mort mardi pour »corruption et bigamie», a annoncé la justice chinoise.

Lai Xiaomin a été reconnu coupable d'avoir obtenu 215 millions d'euros de pots-de-vin et tenté d'en obtenir 13 millions supplémentaires. La justice lui a en outre attribué des détournements de fonds publics de 3,1 millions d'euros. 

Les montants étaient «extrêmement importants, les circonstances particulièrement graves et les intentions extrêmement malveillantes», a indiqué dans son jugement un tribunal de Tianjin (nord).

Lai Xiaomin a également été reconnu coupable de bigamie, pour avoir «vécu longtemps avec d'autres femmes», en dehors de son mariage, dont il a eu des «enfants illégitimes».

En janvier 2020, M. Lai avait fait des aveux diffusés par la télévision publique CCTV. 

Des images d'un appartement de Pékin, censé lui appartenir, avec coffres-forts et armoires remplies de liasses d'argent liquide, avaient alors été diffusées. 

Lai Xiaomin, qui avait auparavant travaillé à la banque centrale et pour le gendarme des banques,  assurait ne pas avoir «dépensé un seul centime».

«Je n'ai pas osé dépenser» l'argent, affirmait-il. 

Des images avaient également montré des voitures de luxe et des lingots d'or que l'accusé aurait acceptés comme pots-de-vin. 

China Huarong Asset Management est l'un des plus grands gestionnaires en Chine de créances douteuses (c'est-à-dire présentant une grande probabilité de non remboursement). 

Elle fait partie des quatre entreprises créées par le gouvernement en 1999 afin d'assainir le secteur bancaire. Le groupe s'est depuis diversifié dans l'investissement, les prêts et l'immobilier.

Les affaires dans le viseur

La Chine a lancé une vaste campagne anti-corruption en 2012, après l'arrivée du président Xi Jinping à la tête du Parti communiste chinois (PCC). Depuis, plus d'un million et demi de cadres du PCC ont été sanctionnés.

Cette opération, populaire auprès de l'opinion, est également soupçonnée de servir à écarter les personnalités opposées à la ligne du président.

L'an dernier, un ex-magnat chinois de l'immobilier, Ren Zhiqiang en a fait les frais et a été condamné à 18 ans de prison.

Figure critique au sein des sphères économiques, il avait publié un article acerbe fustigeant la réponse des autorités à l'épidémie de Covid-19, apparu fin 2019 à Wuhan (centre).

En novembre, le milliardaire Jack Ma, le plus célèbre homme d'affaires de Chine, a fait lui aussi face à la vindicte des autorités. 

Elles ont stoppé in extremis la colossale entrée en Bourse à Hong Kong du géant du paiement en ligne Ant Group, fondé par Jack Ma. 

L'opération aurait dû permettre de lever plus de 34 milliards de dollars et devenir la plus grosse introduction en Bourse de l'histoire.

Jack Ma a pu froisser le régime communiste en critiquant publiquement les régulateurs financiers de brider l'innovation. 

Depuis ce faux pas, l'ancien professeur d'anglais devenu le pionnier du commerce en ligne en Chine avec son groupe Alibaba, n'a plus été vu en public.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping, un seul haut responsable chinois a été condamné à mort. C'était en 2016 pour une affaire de meurtre. D'autres ont aussi été condamnés à la peine capitale, mais avec sursis -- la sentence n'étant en pratique jamais exécutée sur ce genre de personnalités.

La Chine garde le plus secret sur les exécutions des condamnés à la peine capitale. L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty international estime que des milliers de prisonniers de droit commun sont exécutés chaque année dans le pays.

 

 


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.