Un corridor maritime attendu entre Chypre et Gaza pour acheminer de l'aide

Ursula von der Leyen est en visite à Chypre pour des négociations sur un couloir d'aide maritime entre l'île et Gaza (Photo, AFP).
Ursula von der Leyen est en visite à Chypre pour des négociations sur un couloir d'aide maritime entre l'île et Gaza (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 09 mars 2024

Un corridor maritime attendu entre Chypre et Gaza pour acheminer de l'aide

  • Israël s'est «félicité» du corridor humanitaire prévu entre Chypre et Gaza, distantes d'environ 370 km
  • Les Etats-Unis mettent une pression grandissante sur Israël, leur allié, qui assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer les camions d'aides qu'au compte-gouttes

TERRITOIRES PALESTINIENS: L'Union européenne et les Etats-Unis ont annoncé vendredi l'ouverture prochaine d'un corridor maritime entre Chypre et la bande de Gaza pour acheminer l'aide humanitaire dans le territoire palestinien menacé de famine et bombardé par Israël, après cinq mois de guerre.

Cette annonce a suivi celle du président américain Joe Biden jeudi sur une opération humanitaire majeure par mer impliquant selon des responsables américains la construction d'une "jetée temporaire" à Gaza pour permettre l'arrivée d'"aides massives", qui pourrait cependant prendre plusieurs semaines.

Israël s'est "félicité" du corridor humanitaire prévu entre Chypre et Gaza, distantes d'environ 370 km.

Après cinq mois d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du Hamas contre Israël, les frappes israéliennes sur Gaza ne connaissent aucun répit: ces dernières 24 heures, au moins 78 personnes y ont péri, portant à 30.878 le bilan des morts à Gaza depuis le début du conflit selon les autorités du mouvement islamiste.

Les Etats-Unis mettent une pression grandissante sur Israël, leur allié, qui assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer les camions d'aides qu'au compte-gouttes en provenance d'Egypte.

Selon l'ONU, sur les 2,4 millions d'habitants dans le territoire exigu, 2,2 millions sont menacés de famine avec d'importantes pénuries de nourriture et d'eau potable et 1,7 ont été déplacés par les combats et les frappes israéliennes qui ont provoqué des destructions colossales.

Deux ONG sont bientôt "prêtes" à faire partir de Chypre vers Gaza un bateau chargé de 200 tonnes de nourriture, première cargaison destinée à ce territoire dévasté par la guerre.

"Tout sera prêt aujourd'hui pour pouvoir partir", a déclaré samedi à l'AFP Laura Lanuza, la porte-parole de l'ONG espagnole Open Arms, partenaire dans ce projet de l'ONG américaine du chef cuisinier hispano-américain José Andrés, World Central Kitchen (WCK).

"Tout dépendra de l'arrivée des autorisations et des permis, nous ne savons pas si cela sera aujourd'hui ou demain", a ajouté Mme Lanuza.

Elle a indiqué que les autorités israéliennes - qui ont autorisé le principe de cette opération comme les autorités chypriotes - étaient en train d'inspecter la cargaison de "200 tonnes de nourriture, riz, farine, boîtes de thon", dans le port de Larnaca.

WCK "a déjà des gens à Gaza" depuis le début de la guerre et l'ONG est en train de "construire une jetée" pour pouvoir décharger la cargaison une fois le bateau arrivé sur le territoire côtier, a dit la porte-parole d'Open Arms qui n'a pas souhaité indiquer où celle-ci était construite "pour des raisons de sécurité".

Opération «complexe»

"Nous sommes très proches de l'ouverture de ce corridor, avec un peu de chance ce dimanche", a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au port de Larnaca dans le sud de Chypre, le pays de l'Union européenne géographiquement le plus proche de Gaza.

"La situation humanitaire à Gaza est désastreuse (...) C'est pourquoi la Commission européenne, l'Allemagne, la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, Chypre, les Emirats arabes unis, le Royaume-Uni et les Etats-Unis annoncent aujourd'hui leur intention d'ouvrir un corridor maritime pour acheminer l'aide humanitaire supplémentaire qui fait cruellement défaut", selon une déclaration commune des participants.

Tout en reconnaissant que cette opération serait "complexe", ils ont souligné leur détermination à oeuvrer pour "garantir que l'aide soit acheminée le plus efficacement possible".

Accompagnée des Premiers ministres de Grèce Kyriakos Mitsotakis et de Belgique Alexander De Croo, Mme von der Leyen doit se rendre le 17 mars en Egypte, médiateur dans le conflit et qui maintient fermée sa frontière terrestre avec la bande de Gaza.

Vendredi, plusieurs pays arabes et occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, ont effectué de nouveaux largages aériens de nourriture et d'aides médicales.

Mais ces parachutages, de même que l'envoi d'aide par la mer, ne peuvent se substituer à la voie terrestre, estime l'ONU qui met en garde contre une "famine généralisée presque inévitable" à Gaza.

Par ailleurs, cinq personnes ont été tuées vendredi et dix autres blessés par la chute de colis d'aide humanitaire largués par des avions sur la ville de Gaza, selon une source hospitalière.

D'après le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 civils, la plupart des enfants, sont morts de malnutrition et de déshydratation à Gaza.

Les soldats israéliens ont pris de vastes secteurs du territoire palestinien depuis le lancement de leur offensive terrestre le 27 octobre, dont le petit port de Gaza.

Occupée par l'armée israélienne de 1967 à 2005, la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus israélien depuis la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, est bordée par Israël, l'Egypte qui garde sa frontière fermée et la mer Méditerranée.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque d'une ampleur sans précédent du Hamas qui a entraîné la mort d'au moins 1 160 personnes, la plupart des civils, dans le sud d'Israël, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles.

Environ 250 personnes ont aussi été enlevées et emmenées à Gaza ce jour-là, et 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts d'après Israël.

Le difficile acheminement de l'aide à Gaza: ce que l'on sait

Construction par les Américains d'un port temporaire à Gaza, annonce de l'ouverture d'un corridor maritime entre Chypre et le territoire palestinien... La question de l'accès de l'aide humanitaire est lancinante depuis le début de la guerre à Gaza, en proie à une crise humanitaire majeure et menacée par la famine.

Par où l'aide entre-t-elle à Gaza?

Depuis le début de la guerre le 7 octobre, la grande majorité de l'aide parvenue dans le territoire palestinien a été acheminée par des camions et par deux points de passage.

Celui de Rafah, tout au sud de la bande de Gaza, permet le passage des camions venus d'Egypte. Il a été le premier à rouvrir le 21 octobre après des bombardements israéliens dans cette zone.

Celui de Kerem Shalom, également situé dans le sud de la bande de Gaza, a ouvert le 17 décembre et permet l'entrée des camions depuis Israël.

Selon les derniers chiffres arrêtés au 6 mars, 14 477 camions ont pu pénétrer dans le territoire palestinien par ces deux passages depuis le 21 octobre, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA.

Selon Israël, 16 093 camions sont entrés.

Soit une moyenne de 105 par jour, très éloignée des 500 camions qui entraient en moyenne quotidiennement dans Gaza avant la guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël.

Qu'est-ce qui peut entrer dans Gaza?

Sur les 297 000 tonnes d'aide entrées jusqu'ici, 200 000 sont de la nourriture: farine, lait, pain, lentilles, riz. Quelque 176 camions citernes de carburant sont également entrés, et 18 000 tonnes de matériel médical notamment.

Mais selon Alexandre Fort, coordinateur logistique pour Médecins Sans Frontières (MSF) dans les territoires palestiniens, "tout ce qui peut servir à la production d'énergie, les panneaux solaires et les générateurs par exemple, c'est pratiquement tout le temps refoulé", la plupart du temps sans explication.

Pourquoi les embouteillages de camions à l'entrée de Gaza?

Les contrôles drastiques des camions par Israël constituent la principale raison de la lenteur de l'acheminement, selon les organisations humanitaires.

L'organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes (Cogat) explique que le volume pouvant entrer est notamment "déterminé par la capacité des organisations humanitaires dans la bande de Gaza à absorber cette aide".

Selon M. Fort, "des centaines" de camions attendent en permanence d'être inspectés du côté égyptien de la frontière. Les ONG doivent fournir une liste précise du chargement qu'elles souhaitent faire entrer et si un produit ne répond pas aux critères, tout le chargement est rejeté, explique-t-il.

«Tout le monde criait»

En riposte, Israël a juré d'anéantir le Hamas.

"L'armée israélienne continuera à opérer dans toute la bande de Gaza, y compris à Rafah (sud), le dernier bastion du Hamas", a répété jeudi le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Pour parvenir à la "victoire totale", Israël dit préparer une offensive terrestre sur Rafah, à la frontière égyptienne, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens selon l'ONU.

"Nous dormions quand un missile a touché la maison. Tout le monde a commencé à crier. Ma belle-soeur et ses enfants ont été tués. Nous ne savons pas où aller maintenant avec nos enfants", raconte en pleurs à Rafah Jamila Abou Audeh, une déplacée de 55 ans.

Après quatre jours de négociations infructueuses au Caire, les négociations sur une trêve impliquant les pays médiateurs -Egypte, Qatar, Etats-Unis- doivent reprendre la semaine prochaine, selon un média égyptien progouvernemental.

Les médiateurs espéraient pouvoir arracher un accord sur une trêve associée à une libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence en début de semaine prochaine.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré vendredi qu'il appartenait au Hamas d'accepter un trêve avec Israël, mais la branche armée du groupe a dit que le Hamas ne ferait "aucun compromis" sur ses exigences d'un cessez-le-feu définitif et d'un retrait des troupes israéliennes en échange de tout accord sur une libération des otages.

La guerre a aussi entraîné une flambée de violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où les forces israéliennes ont tué un membre du Djihad islamique, allié du Hamas, qui avait mené des attaques contres des troupes à Silat al-Harithiya, près de Jénine.

La construction du port temporaire à Gaza prendra jusqu'à 60 jours, selon le Pentagone

L'établissement par les Etats-Unis d'un port temporaire pour les livraisons d'aide à Gaza prendra jusqu'à 60 jours et impliquera probablement plus de 1 000 soldats, a annoncé vendredi le Pentagone.

Les Etats-Unis vont "établir une jetée temporaire au large qui permettra aux navires de marchandises de transférer à de plus petits bateaux des cargaisons pour les transporter et les décharger le long d'une chaussée temporaire afin d'acheminer l'aide humanitaire à Gaza", a déclaré à la presse le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

"Il faudra plus de 1 000 soldats américains" pour installer ce port et "jusqu'à 60 jours pour déployer et construire la chaussée et la jetée", a ajouté M. Ryder.

Il "pourrait fournir plus de deux millions de repas par jour aux citoyens de Gaza", a-t-il déclaré, ajoutant qu'"il n'y aura pas de soldats américains sur le terrain à Gaza" dans le cadre de cette opération, pour laquelle Washington "travaillera avec des partenaires régionaux".

L'insuffisance de l'aide par voie terrestre a conduit les Etats-Unis à se joindre à d'autres pays pour larguer des colis par les airs.

Un avion militaire américain a largué vendredi plus de 11 500 repas sur Gaza dans le cadre de la quatrième opération conjointe entre les Etats-Unis et la Jordanie ce mois-ci, a annoncé le Pentagone.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.