Un corridor maritime attendu entre Chypre et Gaza pour acheminer de l'aide

Ursula von der Leyen est en visite à Chypre pour des négociations sur un couloir d'aide maritime entre l'île et Gaza (Photo, AFP).
Ursula von der Leyen est en visite à Chypre pour des négociations sur un couloir d'aide maritime entre l'île et Gaza (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 09 mars 2024

Un corridor maritime attendu entre Chypre et Gaza pour acheminer de l'aide

  • Israël s'est «félicité» du corridor humanitaire prévu entre Chypre et Gaza, distantes d'environ 370 km
  • Les Etats-Unis mettent une pression grandissante sur Israël, leur allié, qui assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer les camions d'aides qu'au compte-gouttes

TERRITOIRES PALESTINIENS: L'Union européenne et les Etats-Unis ont annoncé vendredi l'ouverture prochaine d'un corridor maritime entre Chypre et la bande de Gaza pour acheminer l'aide humanitaire dans le territoire palestinien menacé de famine et bombardé par Israël, après cinq mois de guerre.

Cette annonce a suivi celle du président américain Joe Biden jeudi sur une opération humanitaire majeure par mer impliquant selon des responsables américains la construction d'une "jetée temporaire" à Gaza pour permettre l'arrivée d'"aides massives", qui pourrait cependant prendre plusieurs semaines.

Israël s'est "félicité" du corridor humanitaire prévu entre Chypre et Gaza, distantes d'environ 370 km.

Après cinq mois d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du Hamas contre Israël, les frappes israéliennes sur Gaza ne connaissent aucun répit: ces dernières 24 heures, au moins 78 personnes y ont péri, portant à 30.878 le bilan des morts à Gaza depuis le début du conflit selon les autorités du mouvement islamiste.

Les Etats-Unis mettent une pression grandissante sur Israël, leur allié, qui assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer les camions d'aides qu'au compte-gouttes en provenance d'Egypte.

Selon l'ONU, sur les 2,4 millions d'habitants dans le territoire exigu, 2,2 millions sont menacés de famine avec d'importantes pénuries de nourriture et d'eau potable et 1,7 ont été déplacés par les combats et les frappes israéliennes qui ont provoqué des destructions colossales.

Deux ONG sont bientôt "prêtes" à faire partir de Chypre vers Gaza un bateau chargé de 200 tonnes de nourriture, première cargaison destinée à ce territoire dévasté par la guerre.

"Tout sera prêt aujourd'hui pour pouvoir partir", a déclaré samedi à l'AFP Laura Lanuza, la porte-parole de l'ONG espagnole Open Arms, partenaire dans ce projet de l'ONG américaine du chef cuisinier hispano-américain José Andrés, World Central Kitchen (WCK).

"Tout dépendra de l'arrivée des autorisations et des permis, nous ne savons pas si cela sera aujourd'hui ou demain", a ajouté Mme Lanuza.

Elle a indiqué que les autorités israéliennes - qui ont autorisé le principe de cette opération comme les autorités chypriotes - étaient en train d'inspecter la cargaison de "200 tonnes de nourriture, riz, farine, boîtes de thon", dans le port de Larnaca.

WCK "a déjà des gens à Gaza" depuis le début de la guerre et l'ONG est en train de "construire une jetée" pour pouvoir décharger la cargaison une fois le bateau arrivé sur le territoire côtier, a dit la porte-parole d'Open Arms qui n'a pas souhaité indiquer où celle-ci était construite "pour des raisons de sécurité".

Opération «complexe»

"Nous sommes très proches de l'ouverture de ce corridor, avec un peu de chance ce dimanche", a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au port de Larnaca dans le sud de Chypre, le pays de l'Union européenne géographiquement le plus proche de Gaza.

"La situation humanitaire à Gaza est désastreuse (...) C'est pourquoi la Commission européenne, l'Allemagne, la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, Chypre, les Emirats arabes unis, le Royaume-Uni et les Etats-Unis annoncent aujourd'hui leur intention d'ouvrir un corridor maritime pour acheminer l'aide humanitaire supplémentaire qui fait cruellement défaut", selon une déclaration commune des participants.

Tout en reconnaissant que cette opération serait "complexe", ils ont souligné leur détermination à oeuvrer pour "garantir que l'aide soit acheminée le plus efficacement possible".

Accompagnée des Premiers ministres de Grèce Kyriakos Mitsotakis et de Belgique Alexander De Croo, Mme von der Leyen doit se rendre le 17 mars en Egypte, médiateur dans le conflit et qui maintient fermée sa frontière terrestre avec la bande de Gaza.

Vendredi, plusieurs pays arabes et occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, ont effectué de nouveaux largages aériens de nourriture et d'aides médicales.

Mais ces parachutages, de même que l'envoi d'aide par la mer, ne peuvent se substituer à la voie terrestre, estime l'ONU qui met en garde contre une "famine généralisée presque inévitable" à Gaza.

Par ailleurs, cinq personnes ont été tuées vendredi et dix autres blessés par la chute de colis d'aide humanitaire largués par des avions sur la ville de Gaza, selon une source hospitalière.

D'après le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 civils, la plupart des enfants, sont morts de malnutrition et de déshydratation à Gaza.

Les soldats israéliens ont pris de vastes secteurs du territoire palestinien depuis le lancement de leur offensive terrestre le 27 octobre, dont le petit port de Gaza.

Occupée par l'armée israélienne de 1967 à 2005, la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus israélien depuis la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, est bordée par Israël, l'Egypte qui garde sa frontière fermée et la mer Méditerranée.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque d'une ampleur sans précédent du Hamas qui a entraîné la mort d'au moins 1 160 personnes, la plupart des civils, dans le sud d'Israël, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles.

Environ 250 personnes ont aussi été enlevées et emmenées à Gaza ce jour-là, et 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts d'après Israël.

Le difficile acheminement de l'aide à Gaza: ce que l'on sait

Construction par les Américains d'un port temporaire à Gaza, annonce de l'ouverture d'un corridor maritime entre Chypre et le territoire palestinien... La question de l'accès de l'aide humanitaire est lancinante depuis le début de la guerre à Gaza, en proie à une crise humanitaire majeure et menacée par la famine.

Par où l'aide entre-t-elle à Gaza?

Depuis le début de la guerre le 7 octobre, la grande majorité de l'aide parvenue dans le territoire palestinien a été acheminée par des camions et par deux points de passage.

Celui de Rafah, tout au sud de la bande de Gaza, permet le passage des camions venus d'Egypte. Il a été le premier à rouvrir le 21 octobre après des bombardements israéliens dans cette zone.

Celui de Kerem Shalom, également situé dans le sud de la bande de Gaza, a ouvert le 17 décembre et permet l'entrée des camions depuis Israël.

Selon les derniers chiffres arrêtés au 6 mars, 14 477 camions ont pu pénétrer dans le territoire palestinien par ces deux passages depuis le 21 octobre, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA.

Selon Israël, 16 093 camions sont entrés.

Soit une moyenne de 105 par jour, très éloignée des 500 camions qui entraient en moyenne quotidiennement dans Gaza avant la guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël.

Qu'est-ce qui peut entrer dans Gaza?

Sur les 297 000 tonnes d'aide entrées jusqu'ici, 200 000 sont de la nourriture: farine, lait, pain, lentilles, riz. Quelque 176 camions citernes de carburant sont également entrés, et 18 000 tonnes de matériel médical notamment.

Mais selon Alexandre Fort, coordinateur logistique pour Médecins Sans Frontières (MSF) dans les territoires palestiniens, "tout ce qui peut servir à la production d'énergie, les panneaux solaires et les générateurs par exemple, c'est pratiquement tout le temps refoulé", la plupart du temps sans explication.

Pourquoi les embouteillages de camions à l'entrée de Gaza?

Les contrôles drastiques des camions par Israël constituent la principale raison de la lenteur de l'acheminement, selon les organisations humanitaires.

L'organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes (Cogat) explique que le volume pouvant entrer est notamment "déterminé par la capacité des organisations humanitaires dans la bande de Gaza à absorber cette aide".

Selon M. Fort, "des centaines" de camions attendent en permanence d'être inspectés du côté égyptien de la frontière. Les ONG doivent fournir une liste précise du chargement qu'elles souhaitent faire entrer et si un produit ne répond pas aux critères, tout le chargement est rejeté, explique-t-il.

«Tout le monde criait»

En riposte, Israël a juré d'anéantir le Hamas.

"L'armée israélienne continuera à opérer dans toute la bande de Gaza, y compris à Rafah (sud), le dernier bastion du Hamas", a répété jeudi le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Pour parvenir à la "victoire totale", Israël dit préparer une offensive terrestre sur Rafah, à la frontière égyptienne, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens selon l'ONU.

"Nous dormions quand un missile a touché la maison. Tout le monde a commencé à crier. Ma belle-soeur et ses enfants ont été tués. Nous ne savons pas où aller maintenant avec nos enfants", raconte en pleurs à Rafah Jamila Abou Audeh, une déplacée de 55 ans.

Après quatre jours de négociations infructueuses au Caire, les négociations sur une trêve impliquant les pays médiateurs -Egypte, Qatar, Etats-Unis- doivent reprendre la semaine prochaine, selon un média égyptien progouvernemental.

Les médiateurs espéraient pouvoir arracher un accord sur une trêve associée à une libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence en début de semaine prochaine.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré vendredi qu'il appartenait au Hamas d'accepter un trêve avec Israël, mais la branche armée du groupe a dit que le Hamas ne ferait "aucun compromis" sur ses exigences d'un cessez-le-feu définitif et d'un retrait des troupes israéliennes en échange de tout accord sur une libération des otages.

La guerre a aussi entraîné une flambée de violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où les forces israéliennes ont tué un membre du Djihad islamique, allié du Hamas, qui avait mené des attaques contres des troupes à Silat al-Harithiya, près de Jénine.

La construction du port temporaire à Gaza prendra jusqu'à 60 jours, selon le Pentagone

L'établissement par les Etats-Unis d'un port temporaire pour les livraisons d'aide à Gaza prendra jusqu'à 60 jours et impliquera probablement plus de 1 000 soldats, a annoncé vendredi le Pentagone.

Les Etats-Unis vont "établir une jetée temporaire au large qui permettra aux navires de marchandises de transférer à de plus petits bateaux des cargaisons pour les transporter et les décharger le long d'une chaussée temporaire afin d'acheminer l'aide humanitaire à Gaza", a déclaré à la presse le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

"Il faudra plus de 1 000 soldats américains" pour installer ce port et "jusqu'à 60 jours pour déployer et construire la chaussée et la jetée", a ajouté M. Ryder.

Il "pourrait fournir plus de deux millions de repas par jour aux citoyens de Gaza", a-t-il déclaré, ajoutant qu'"il n'y aura pas de soldats américains sur le terrain à Gaza" dans le cadre de cette opération, pour laquelle Washington "travaillera avec des partenaires régionaux".

L'insuffisance de l'aide par voie terrestre a conduit les Etats-Unis à se joindre à d'autres pays pour larguer des colis par les airs.

Un avion militaire américain a largué vendredi plus de 11 500 repas sur Gaza dans le cadre de la quatrième opération conjointe entre les Etats-Unis et la Jordanie ce mois-ci, a annoncé le Pentagone.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.