PARIS: Au soir du 4 décembre, la France a plongé dans l’inconnu.
Une majorité de 331 députés d’extrême droite, de gauche et d’extrême gauche ont voté la motion de défiance contre le gouvernement présidé par Michel Barnier, provoquant sa chute.
La France est à nouveau sans gouvernement, comme au lendemain des élections législatives anticipées du printemps dernier, où il a fallu attendre 50 jours, avant la nomination de Barnier.
Ce soir, vingt-quatre heures plus tard, le président français Emmanuel Macron s’adresse aux Français dans une allocution solennelle.
Le président qui a accepté dans la matinée la démission de Barnier est sommé d’agir.
Les spéculations vont bon train dans le milieu politique et médiatique sur la marge de manœuvre présidentielle et sur sa capacité à reprendre la main sur la situation.
Le pessimisme règne, et le déchaînement infernal qui s’est emparé du pays depuis la dissolution de parlement et les législatives anticipées a repris son cours.
La France est en panne, pris de court par le vote de défiance contre le gouvernement, à son retour d’une visite d’Etat en Arabie saoudite, le président qui a accepté dans la matinée la démission de Barnier est sommé d’agir.
Le premier ministre est libéré du poids de son poste, mais lui président de la République prend cette crise politique, ce chaos selon certains, en pleine figure.
Pourtant Macron qui s’était adressé aux journalistes qui l’accompagnaient à Riyad, semblait serein. L’était-il vraiment, difficile à dire…
Pour lui, il est impensable que le Rassemblement National (extrême droite) et La France Insoumise (extrême gauche) et ennemis jurés et le Parti socialiste votent une même motion de défiance.
Ce vote a pourtant eu lieu, et son ampleur est dévastatrice, elle dépasse de 43 voix la majorité de 288 voix requise pour faire tomber le gouvernement, avec un motif invoqué : des désaccords sur les mesures budgétaires.
« Ce serait un vote d’un cynisme insoutenable » a-t-il affirmé, et « une perte complète de repères » se disant sûr que « tout le monde va prendre ses responsabilités ».
Ce vote a pourtant eu lieu, et son ampleur est dévastatrice, elle dépasse de 43 voix la majorité de 288 voix requise pour faire tomber le gouvernement, avec un motif invoqué: des désaccords sur les mesures budgétaires.
Alors force pour lui de constater, selon son entourage qu’un front antirépublicain s’est constitué à l’Assemblée nationale, et de se remettre au travail pour trouver un remplaçant à Barnier dans le plus bref délai.
Des noms de potentiels candidats...
D’ailleurs au fil des heures, plusieurs noms ont commencé à circuler, comme celui de l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, celui de son allié de toujours, l’ancien ministre centriste François Bayrou, ou encore celui du ministre de La Défense Sébastien Lecornu ou du ministre de l’Intérieur et figure de proue de la droite républicaine Bruno Retailleau.
Mais le vrai problème, n’est plus de savoir qui prendra la tête du nouveau gouvernement, mais comment remédier à la profonde crise institutionnelle et politique que traverse le pays.
Cette crise est bien là, c’est elle qui avait incité Macron à prendre la décision brutale de convoquer des législatives anticipées, et c’est bien elle qui a donné lieu à un parlement atypique au lendemain de ces élections.
Le président avait justifié sa décision par la volonté de redonner la parole aux français qui ont opté pour une assemblée législative avec trois blocs parlementaires de force presque égale mais tous dépourvu de majorité.
La crise s’est incarnée au sein même de l’hémicycle rendant la France ingouvernable, et à la merci des forces politiques extrêmes, qui ont forgé une alliance contre nature l’espace d’un vote parlementaire, mettant un terme au mandat de Barnier au bout de 91 jours.
Partant de là, tous les scénarios semblent possibles pour l’extrême gauche qui s’est précipitée pour appeler à une élection présidentielle anticipée en 2025, c’est-à-dire un peu plus de deux ans avant la fin du second mandat présidentiel de Macron.
Les socialistes et les écologistes, pourtant alliés à l’extrême gauche dans le cadre du Nouveau front républicain, divergent sur ce point.
Le groupe écologiste à l’assemblée réclame une feuille de route pour gouverner, et propose une entente de non-recours à l’article 49-3, qui permet au gouvernement d’adopter des textes de lois sans recourir au vote des députés.
Le parti Socialiste pour sa part avance une proposition qui va dans le même sens, avec un deal de non-recours au 49-3 en échange de non-censure.
Le Rassemblement National par la voix de sa dirigeante Marine Le Pen, veut jouer le jeu institutionnel en récusant la demande de démission de Macron et en se disant prêt à travailler avec le futur chef du gouvernement à construire un budget acceptable pour tous.
A la tête du bloc parlementaire le plus grand en nombre et en cohésion, elle est bien consciente de la menace qu’elle peut faire peser sur le nouveau chef du gouvernement, quel qu’il soit.
Ce contexte de chaos politique est bien illustré par l’ancien ambassadeur français à Washington Gérard Araud qui indique sur X qu’avec un parlement où les deux grands blocs ne veulent pas tant gouverner, que pousser le président vers la sortie, la France est condamnée à aller d’une crise à une autre.