A Paris, des centaines de femmes exilées vivent leur maternité à la rue

Des sages-femmes préparent une salle de maternité pour un accouchement, au service de maternité de l'hôpital d'Ajaccio, en Corse, l'île méditerranéenne française, le 18 janvier 2024. (AFP)
Des sages-femmes préparent une salle de maternité pour un accouchement, au service de maternité de l'hôpital d'Ajaccio, en Corse, l'île méditerranéenne française, le 18 janvier 2024. (AFP)
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Publié le Lundi 11 mars 2024

A Paris, des centaines de femmes exilées vivent leur maternité à la rue

  • «Avant, il arrivait qu'on voie des femmes enceintes à la rue, on était affolés mais on finissait toujours par trouver une solution», rappelle une sage-femme de la Protection maternelle et infantile
  • Pour dormir au chaud, des familles s'abritent «dans des cages d'escalier ou des locaux à poubelles», constate la sage-femme

PARIS: Face à l'Hôtel de Ville de Paris habillé pour les Jeux olympiques, une cinquantaine de femmes attendent un toit pour la nuit, qui sans doute ne viendra pas. Malgré les efforts déployés sur le terrain, vivre sa maternité dans la rue devient l'ordinaire de nombre d'exilées.

"On est montés jusqu'à 200 personnes. En France, il y a la volonté politique d'un accueil par le trottoir", dénonce Yann Manzi, cofondateur de l'association Utopia 56, qui tient chaque soir une permanence place de l'Hôtel de Ville pour aider les femmes enceintes ou avec bébé à trouver un hébergement.

La journée, les femmes viennent se réchauffer, se laver et se restaurer dans des accueils de jour, comme aux "Amarres", sur les quais de Seine.

C'est le cas d'Aya (nom d'emprunt), ballotée avec un nourrisson de quatre mois entre la rue et, si la chance lui sourit, un hôtel à Grigny (Essonne).

"Après m'avoir excisée, comme mon père n'était plus là, mon oncle (...) a décidé de me marier parce qu'on ne pouvait plus payer mes études", raconte l'Ivoirienne de 30 ans, qui a fui son pays avec sa sœur, décédée en route et qu'elle a dû elle-même enterrer.

Mariam, mère d'un petit garçon de deux mois, a aussi fui un mariage forcé en Côte-d'Ivoire. "Je suis passée en Libye mais (...) c'était très difficile. (...) Si t'as pas l'argent pour payer on te viole, on te frappe, on te donne pas à manger, même de l'eau pour boire", confie-t-elle larmes aux yeux.

Pour les inscrire en maternité en allant parfois les chercher jusque sous les ponts, une sage-femme "volante" de la Protection maternelle et infantile (PMI), Véronique Boulinguez, a été recrutée par la Ville en 2016.

"Avant, il arrivait qu'on voie des femmes enceintes à la rue, on était affolés mais on finissait toujours par trouver une solution", rappelle-t-elle. "Maintenant on en est à supplier pour que les femmes soient mises à l'abri au dernier trimestre de grossesse. Est-ce normal pour un bébé de trois mois d'être dehors?", interroge-t-elle.

«Parcours de catastrophes»

Pour dormir au chaud, des familles s'abritent "dans des cages d'escalier ou des locaux à poubelles", constate aussi la sage-femme.

Alors quand un atelier sur l'allaitement rassemble une dizaine de ces exilées pour parler nombre de tétées par 24H00 ou reproduire la taille de l'estomac du bébé avec de la pâte à modeler, les visages se décrispent enfin.

"Pendant longtemps, la place des femmes sans-papiers en très grande précarité est restée cachée parce qu'elles étaient hébergées chez des tiers", observe la Ville de Paris.

Au début des années 2010, les grandes vagues migratoires se sont féminisées, s'accompagnant de psycho-traumatismes sévères liés aux arrivées par voie terrestre et maritime.

Pour tenter de faire face, la mairie a ouvert en 2019 un centre de protection maternelle situé dans l'Hôtel-Dieu, qui a offert un accompagnement à plus de 2 300 femmes.

Pour chaque nouvelle arrivante, l'assistante socio-éducative Laura Denoune dresse un bilan complet afin de "sécuriser au maximum les parcours": statut, domiciliation, date d'accouchement, alimentation...

"Avec notre prisme d'Occidentaux, bien sûr que [leur grossesse] vient alerter. +Tu fais un enfant, t'as pas de logement, t'as pas de papiers+, mais ça c'est du jugement. Moi je prends la personne telle qu'elle est (...) et aujourd'hui, Madame, elle est enceinte", plaide-t-elle.

Cécile-Laure Lecuit tente elle de faire de l'échographie prénatale "un moment joyeux de rencontre avec le bébé". Mais certaines patientes ne regardent pas l'écran. "Quand je suis arrivée en PMI j'ai eu l'impression que la grossesse était vécue comme une catastrophe de plus dans un parcours de catastrophes", se souvient la sage-femme.

Très peu de grossesses sont selon elle souhaitées.

La situation n'est pas propre à Paris. Mi-février, cinq grandes villes ont annoncé poursuivre l'Etat pour dénoncer ses "carences" en matière d'hébergement d'urgence.

"Les situations sont extrêmement dégradées à un niveau complètement inédit", témoigne la maire de Rennes Nathalie Appéré (PS), qui appréhende "avec beaucoup d'inquiétude la fin de la trêve hivernale".


L'Iran affirme qu'Israël a frappé la prison d'Evin à Téhéran

Cette photo montre le bâtiment fortement endommagé de la Radio-Télévision de la République islamique d'Iran (IRIB) après avoir été touché quelques jours plus tôt par une frappe israélienne, à Téhéran, le 19 juin 2025. (Photo AFP)
Cette photo montre le bâtiment fortement endommagé de la Radio-Télévision de la République islamique d'Iran (IRIB) après avoir été touché quelques jours plus tôt par une frappe israélienne, à Téhéran, le 19 juin 2025. (Photo AFP)
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  • Des frappes israéliennes ont visé la prison d'Evin à Téhéran, endommageant certaines parties de l'établissement.
  • L'avocate de la famille Kohler, Chirinne Ardakani, a pour sa part dénoncé une « frappe illégale ».

TEHERAN : La justice iranienne a annoncé lundi que des frappes israéliennes avaient visé la prison d'Evin à Téhéran, endommageant certaines parties de l'établissement.

« Lors de la dernière attaque du régime sioniste contre Téhéran, des projectiles ont malheureusement touché la prison d'Evin, causant des dégâts à certaines sections », a indiqué le site du pouvoir judiciaire Mizan Online, ajoutant que les bâtiments de l'établissement restaient « sous contrôle ». Israël a confirmé que ses frappes à Téhéran visaient notamment cette prison.

Noémie Kohler, la sœur de Cécile Kohler, une Française détenue depuis plus de trois ans avec son compagnon Jacques Paris dans ce centre pénitentiaire, a déclaré lundi à l'AFP que la frappe israélienne sur la prison d'Evin à Téhéran était « complètement irresponsable » et « met nos proches en danger de mort ».

« Nous n'avons aucune nouvelle, nous ne savons pas s'ils sont encore vivants, nous sommes paniqués », a déclaré Mme Kohler, qui a appelé les autorités françaises à « condamner ces frappes extrêmement dangereuses » et à faire libérer les prisonniers français.

L'avocate de la famille Kohler, Chirinne Ardakani, a pour sa part dénoncé une « frappe illégale ».

« Le risque d'émeute, de confusion générale et de représailles des forces de sécurité sur les détenus insurgés fait craindre une effusion de sang. On joue avec la vie des gens », a-t-elle déclaré à l'AFP. 


Conflit au Moyen-Orient: Air France a suspendu sa desserte de pays du Golfe

"Les clients dont le vol est annulé ont été informés. Ils peuvent modifier sans frais leur voyage ou demander un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus", a souligné Air France. (AFP)
"Les clients dont le vol est annulé ont été informés. Ils peuvent modifier sans frais leur voyage ou demander un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus", a souligné Air France. (AFP)
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  • "Les clients dont le vol est annulé ont été informés. Ils peuvent modifier sans frais leur voyage ou demander un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus", a souligné Air France
  • Dimanche, British Airways avait annulé ses vols entre l'aéroport londonien de Heathrow et ceux de Dubaï et Doha, après les bombardements par les Etats-Unis de sites nucléaires en Iran

PARIS: La desserte par Air France de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis est suspendue au moins jusqu'à ce lundi inclus en raison du conflit au Moyen-Orient, a-t-on appris auprès de la compagnie aérienne.

"En raison de la situation actuelle, la compagnie a décidé d'annuler ses vols de et vers Dubaï ainsi que ses vols de et vers Ryad", a indiqué un porte-parole à l'AFP.

Entrée en vigueur dimanche, cette suspension court au moins jusqu'à lundi, selon la même source. Elle concerne une rotation par jour depuis Paris-Charles-de-Gaulle, respectivement vers la mégalopole émiratie et la capitale saoudienne.

"Les clients dont le vol est annulé ont été informés. Ils peuvent modifier sans frais leur voyage ou demander un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus", a souligné Air France.

Dimanche, British Airways avait annulé ses vols entre l'aéroport londonien de Heathrow et ceux de Dubaï et Doha, après les bombardements par les Etats-Unis de sites nucléaires en Iran.

Cette entrée dans le conflit, lancé une semaine plus tôt par Israël contre l'Iran, a fait craindre des représailles contre les intérêts américains au Moyen-Orient, en particulier des bases militaires situées dans les monarchies du Golfe

 


Les Jeux de Paris ont coûté près de six milliards d'euros d'argent public

les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. (Photo AFP)
les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. (Photo AFP)
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  • La Cour a évalué les dépenses d'organisation à 2,77 milliards d'euros, dont 1,4 milliard pour la sécurité, et les dépenses liées aux infrastructures à 3,19 milliards d'euros.
  • « Cette première estimation prend un intérêt accru dans le contexte de la préparation des JO d'hiver 2030 » qui se tiendront dans les Alpes françaises, a commenté l'institution. 

PARIS : Selon la Cour des comptes, qui a publié une première estimation lundi, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont coûté près de six milliards d'euros d'argent public, dont une grande part a été dédiée à la sécurité de cet événement hors normes.

La Cour a évalué les dépenses d'organisation à 2,77 milliards d'euros, dont 1,4 milliard pour la sécurité, et les dépenses liées aux infrastructures à 3,19 milliards d'euros.

Il s'agit là d'une première estimation des coûts publics qui agrège de nombreuses dépenses de l'État, des collectivités ou d'entreprises publiques : primes aux policiers, construction du village olympique ou du centre aquatique olympique à Saint-Denis, ou encore l'accélération des travaux de la ligne 14 du métro ces dernières semaines pour arriver à temps près du village olympique.

Aucun chiffre n'avait été communiqué jusqu'à présent, à l'exception de l'estimation de Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, qui avait avancé en mars 2024 sur les ondes que ces Jeux pourraient coûter « entre trois, quatre, cinq milliards » de dépenses publiques, tout en précisant qu'on ne le saurait qu'à la fin des Jeux. 

Jusqu'à présent, seuls les comptes du comité d'organisation (Cojo) à 4,4 milliards d'euros de dépenses (76 millions d'euros d'excédent) reposant quasi essentiellement sur des financements privés, ainsi que ceux de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) comprenant une part publique, étaient connus.

« Cette première estimation prend un intérêt accru dans le contexte de la préparation des JO d'hiver 2030 » qui se tiendront dans les Alpes françaises, a commenté l'institution. 

La facture publique est un véritable casse-tête à calculer et à retracer sur plusieurs années, avec des périmètres à définir. Faut-il comptabiliser les dispositifs antidrones supplémentaires achetés avant les JO et qui seront également utilisés par la suite ? La Cour des comptes répond oui.

Un rapport plus détaillé sera publié d'ici octobre, car certaines dépenses ne sont pas encore entièrement connues, notamment celles des collectivités, mais aussi certaines dépenses fiscales.

De même, en raison de « l'indisponibilité des données », elle n'a pas inclus « les effets positifs et négatifs des Jeux sur l'activité économique », Jeux qu'elle qualifie par ailleurs « d'incontestable succès populaire et médiatique ». Un autre rapport sur « l'héritage » sera publié en 2026.

Parmi les plus grandes dépenses publiques, on compte celles liées à la sécurité, avec un grand nombre de forces de l'ordre mobilisées dans un contexte de risque terroriste, ce qui a représenté 1,4 milliard d'euros dont des primes pour près de 315 millions d'euros pour la police et la gendarmerie

Compte tenu du manque d'agents de sécurité privée, l'État a également investi 78 millions d'euros pour former de nouveaux personnels.

Viennent ensuite les dépenses liées aux transports et à la mobilité, soit 570 millions d'euros, dont 335 pour les « renforts d'offre » de la RATP et de la SNCF.

S'agissant des infrastructures, la part de l'État et des collectivités dans la Solideo s'élevait à 1,65 milliard d'euros en mars 2025.

La baignabilité de la Seine, qui a cumulé 1,4 milliard d'euros d'investissements publics, a suscité un petit flottement, mais certains de ces investissements peuvent être imputés à des obligations européennes. À ce stade, la Cour des comptes estime que les coûts de baignabilité de la Seine imputables aux Jeux « se situent entre 200 millions et un milliard d'euros ». Compte tenu de « cette incertitude », ces coûts ne sont pas intégrés dans cette première évaluation.

Le comité d'organisation des JO, qui fermera ses portes le 30 juin, trouve que la Cour a ratissé large, avec un « parti pris » qui risque de « créer un biais de perception ».

« Un chiffrage disproportionné par rapport à la réalité », estime auprès de quelques journalistes son directeur financier Fabrice Lacroix, qui évalue la facture publique plutôt « autour de deux milliards d'euros ».

Dans sa réponse à la Cour des comptes, le président du Cojo Tony Estanguet exprime son regret que « l'impact économique positif des Jeux » ne soit pas pris en considération. « La publication précipitée de ce document introduira hélas une confusion dans l'esprit du public quant à la réalité de cet événement majeur qui a montré le meilleur de notre pays il y a à peine un an. »