Des skieurs afghans essaient d'entretenir la flamme

Des skieurs afghans montent une colline pour participer à une course de ski à la périphérie de la province de Bamiyan, le 8 mars 2024. (AFP)
Des skieurs afghans montent une colline pour participer à une course de ski à la périphérie de la province de Bamiyan, le 8 mars 2024. (AFP)
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Publié le Jeudi 14 mars 2024

Des skieurs afghans essaient d'entretenir la flamme

  • Selon la Fédération, près de 60% des skieurs étaient des femmes, avant l'arrivée au pouvoir des talibans
  • Les skieurs afghans doivent se débrouiller avec de l'équipement issu de donations et des skis en bois

BAMIYAN: Esmatullah Haidari s'élance sur la piste de ski sous les vivats de ses adversaires, qui espèrent battre son meilleur temps mais partagent avec lui la même détermination à faire vivre ce sport en Afghanistan.

Le ski n'est pas couramment pratiqué dans ce pays disposant de nombreuses montagnes, mais très pauvre après quatre décennies de guerre. L'équipement est rare et coûteux, et la Fédération afghane de ski n'a pas les moyens de faire de promotion.

Ce sport a aussi perdu ses meilleurs pratiquants et des sponsors après la chute en 2021 du gouvernement soutenu par les Américains et le retour au pouvoir des talibans.

Malgré tout, quelques centaines de passionnés continuent d'entretenir la flamme, dans une poignée de provinces.

La Fédération a organisé une compétition la semaine dernière sur une montagne proche de la ville de Bamiyan, dans le centre du pays.

"Les courses de ski ont perdu un peu de leur couleur" sous le gouvernement taliban, mais "il y a encore des skieurs enthousiastes qui ne veulent pas que le ski disparaisse", déclare à l'AFP Esmatullah, 23 ans, qui est le capitaine d'une équipe locale.

Affublés de tenues fluorescentes dépareillées, les skieurs portent leur ski sur l'épaule pour gagner le haut de la piste, en l'absence de tout système de remontée.

Une poignée de spectateurs - des hommes - applaudissent à chaque arrivée de skieurs. La compétition s'adresse à la fois aux enfants et aux adultes, mais pas aux femmes, auxquelles les autorités talibanes interdisent la pratique de tout sport.

«Nos soeurs nous manquent»

Pourtant, selon la Fédération, près de 60% des skieurs étaient des femmes, avant l'arrivée au pouvoir des talibans.

Sur les sommets enneigés de Bamiyan, près du site des Bouddhas géants dynamités par les talibans en 2001 sous leur précédent régime, ce sport est populaire depuis plus d'une décennie.

Sous le précédent gouvernement, la région attirait des centaines de skieurs et de spectateurs, dont des femmes et des touristes étrangers.

Ces derniers continuent de venir skier. Certains se sont joints à des Afghans le 1er mars pour une course organisée par le club local de Bamiyan. Mais aucune femme afghane n'est là.

"Nous ressentons leur absence", souligne Shah Agha Rezayee, un entraîneur et skieur expérimenté qui rêve de voir l'Afghanistan représenté aux Jeux olympiques.

"Tout le monde devrait être libre et pouvoir étudier et faire du ski. Cela n'a aucune importance que vous soyez une fille ou un garçon", ajoute-t-il. "Nos soeurs nous manquent beaucoup."

Les skieurs afghans doivent se débrouiller avec de l'équipement issu de donations - avant la course organisée par le club de Bamiyan, des touristes ont ramené 130 kg d'équipement dans le pays - et des skis en bois.

Beaucoup prennent des risques en descendant sans casque ou avec un équipement minimal.

«Nous ne laisserons pas le ski mourir»

Ces fans ont "ranimé l'esprit" du ski, en continuant malgré les difficultés, apprécie Shah Agha Rezayee. "Nous devons travailler pour ça, parce que c'est ce qui nous motive, nous intéresse et ce que nous aimons".

La course de la semaine passée a été inaugurée par le gouverneur taliban de la province, Abdullah Sarhadi. Un signe encourageant selon les participants, qui ont toutefois réclamé un soutien plus concret, et que la permission soit accordée aux femmes et filles de skier.

"Nous avons un budget très limité", observe Mohammad Daud Kargar, le président de la Fédération. "Par le passé, quelques organisations coopéraient avec nous, mais ces trois dernières années nous n'avons reçu aucune aide."

Nasratullah Nasrat, qui a appris à skier en regardant des vidéos sur YouTube, espère pouvoir porter un jour les couleurs de l'Afghanistan en compétition, mais s'inquiète aussi des "ressources très limitées" à la disposition des skieurs.

"Malheureusement, le gouvernement n'y prête guère attention. Les pistes n'ont pas été préparées et récemment il y a eu moins de chutes de neige", raconte le jeune homme de 20 ans, venu de la province voisine du Wardak.

La neige est arrivée avec beaucoup de retard cette année dans ce pays habitué aux très rudes hivers mais qui, dans le même temps, est fortement touché par le changement climatique et subit sa troisième année de sécheresse.

Esmatullah lui aussi reconnaît que son sport fait face à nombre de défis en Afghanistan, mais ne perd pas espoir.

"Même si nous n'avons pas les ressources, nous ferons des skis en bois et nous ne laisserons pas le ski mourir en Afghanistan, en particulier à Bamiyan", promet-il.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.