Au Liban, on skie loin de la guerre dans le sud

Des skieurs empruntent les télésièges de la station de ski libanaise de Faraya, au Mont-Liban, au nord de Beyrouth, le 23 février 2024. (Photo, AFP)
Des skieurs empruntent les télésièges de la station de ski libanaise de Faraya, au Mont-Liban, au nord de Beyrouth, le 23 février 2024. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 27 février 2024

Au Liban, on skie loin de la guerre dans le sud

  • Les frappes israéliennes, qui visaient au début des violences les régions frontalières, touchent désormais des zones plus en profondeur dans le territoire libanais
  • «Le ski est une échappatoire, il nous permet de nous déconnecter de la situation que nous vivons», déclare une adolescente de 17 ans

BEYROUTH: Tala Assaad a profité de l'arrêt des pluies diluviennes pour aller skier sur les hauteurs surplombant Beyrouth, loin des violences entre Israël et le Hezbollah qui font trembler le sud du Liban, depuis le début de la guerre à Gaza.

"Le ski est une échappatoire, il nous permet de nous déconnecter de la situation que nous vivons", déclare l'adolescente de 17 ans à Mzaar, station chic située à une heure de la capitale libanaise mais à des années-lumière de la guerre.

La brunette est venue de la localité de Chhim, limitrophe du sud, où elle a clairement ressenti les derniers raids israéliens, qui ont visé la semaine dernière la région de Saïda, la plus grande ville du sud du pays.

Les frappes israéliennes, qui visaient au début des violences les régions frontalières, touchent désormais des zones plus en profondeur dans le territoire libanais.

Dans la région chrétienne du Kesrouan, nombreux sont les Libanais comme Tala Assaad venus oublier, le temps d'une journée, cette guerre et l'angoisse de la voir s'étendre à tout le petit pays.

Les échanges de tirs entre Israël et le puissant Hezbollah pro-iranien ont commencé après le début de la guerre à Gaza le 7 octobre, déclenchée par Israël après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas dans le sud d'Israël, qui a fait au moins 1.160 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

L'offensive israélienne a fait jusqu'ici 29.878 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Allié du Hamas, le Hezbollah cible quotidiennement des positions miliaires israéliennes, et Israël menace de frapper durement le Liban.

«La vie doit continuer»

Derrière Tala Assaad, de longues files d'attente se forment devant les télésièges.

"La peur était intense au début (du conflit avec Israël, ndlr), mais que voulez-vous qu'on fasse? Si on y pense constamment, on ne vit plus", déclare Edwin Jarkedian, 21 ans.

Depuis octobre, au moins 280 personnes, en majorité des combattants du Hezbollah et d'autres formations qui lui sont alliées mais également 44 civils, ont été tuées dans le sud du Liban, selon un décompte de l'AFP.

Les violences ont également fait plus de 89.000 déplacés dans le sud, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Côté israélien, dix soldats et six civils ont été tués, selon l'armée et des dizaines de milliers de personnes ont également été déplacées dans le nord du pays.

Pourtant, "le ski a le vent en poupe cette année", déclare à l'AFP Nicole Wakim, responsable développement et marketing de la station Mzaar ski resort, à Kfardebian, fraîchement désignée capitale des stations d'hiver par l'Organisation arabe du Tourisme.

Selon elle, même s'il est vrai que le nombre de touristes a baissé, la saison 2024 est meilleure que l'année passée.

"Les Libanais ont besoin de s'évader à la montagne pour oublier ce qui se passe dans le sud car on ne sait pas comment la situation va évoluer", explique-t-elle.

Déconnectée de la réalité

Même son de cloche pour Marcel Semaan, 41 ans, et père de trois enfants, qui dit "ne pas ressentir la guerre" sur les pistes.

"Bien sûr qu’on est solidaires mais la vie doit continuer", affirme-t-il. "On a nous-mêmes vécu la guerre, on ne veut pas que nos enfants la vivent", ajoute cet homme dont la génération a connu la guerre civile (1975-1990) et plusieurs guerres avec Israël.

Pour une journée de ski en famille, il dit avoir dépensé plus de 150 dollars. Un luxe dans un pays où le salaire minimum vaut à peine 100 dollars depuis l'effondrement de l'économie fin 2019, qui a plongé la majorité de la population dans la pauvreté, selon l'ONU.

Si avant le 7 octobre, la Banque mondiale émettait des prévisions positives dues notamment à la bonne saison touristique estivale, son dernier rapport indiquait que l'économie libanaise devrait replonger à cause de la guerre.

Sara Jomaa, venue avec ses trois enfants profiter de la neige, déplore cependant que cette partie du pays soit tellement déconnectée de la réalité.

"Quand vous venez ici, vous ne ressentez ni crise économique ni politique", dit-elle: "C'est comme si le sud ne faisait pas partie du pays".


Israël réaffirme que le Hamas «sera désarmé», face à la proposition d'un «gel»

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
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  • Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien
  • "Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal

JERUSALEM: Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien, au lendemain de la proposition d'un dirigeant du mouvement islamiste palestinien de geler l'armement.

"Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal dans un entretien mercredi à la chaîne qatarie Al Jazeera.

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël.

 

 


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
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  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.