En pleine présidentielle, Poutine promet une réplique aux attaques sur le sol russe

Cette photo publiée sur le compte Telegram officiel du maire de Belgorod, Valentin Demidov, le 16 mars 2024, montre les conséquences de nouvelles attaques aériennes sur Belgorod. (AFP)
Cette photo publiée sur le compte Telegram officiel du maire de Belgorod, Valentin Demidov, le 16 mars 2024, montre les conséquences de nouvelles attaques aériennes sur Belgorod. (AFP)
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Publié le Samedi 16 mars 2024

En pleine présidentielle, Poutine promet une réplique aux attaques sur le sol russe

  • Vladimir Poutine, qui a voté en ligne vendredi, au premier jour du scrutin destiné à le réélire pour 6 ans, a assuré que les frappes ukrainiennes contre le territoire russe, qui se sont intensifiées ces derniers jours, ne resteraient pas «impunies»
  • Dans le même temps, au moins 20 personnes ont été tuées et 70 blessées dans l'une des pires attaques de missiles russes sur Odessa, la grande ville portuaire du sud de l'Ukraine déjà deux fois prise pour cible ces derniers jours

MOSCOU: Vladimir Poutine a promis vendredi que la Russie répliquerait aux attaques aériennes ukrainiennes sur son sol, tout en estimant que les récentes incursions terrestres de combattants pro-Ukraine visaient à "perturber" le déroulement de la présidentielle vouée à le réélire triomphalement.

En parallèle, au moins treize personnes ont été arrêtées pour des dégradations dans des bureaux de vote, des actes dont les mobiles précis n'ont pas été rendus publics.

Vladimir Poutine, qui a voté en ligne vendredi, au premier jour du scrutin destiné à le réélire pour 6 ans, a assuré que les frappes ukrainiennes contre le territoire russe, qui se sont intensifiées ces derniers jours, ne resteraient pas "impunies".

Dans le même temps, au moins 20 personnes ont été tuées et 70 blessées dans l'une des pires attaques de missiles russes sur Odessa, la grande ville portuaire du sud de l'Ukraine déjà deux fois prise pour cible ces derniers jours.

Toujours vendredi, l'armée russe a en outre dit avoir repoussé depuis le 12 mars de multiples incursions terrestres de combattants en provenance d'Ukraine, admettant avoir dû recourir à l'artillerie et l'aviation.

Ces attaques constituent une "tentative de perturber l'élection présidentielle", a dénoncé M. Poutine.

Le scrutin qui s'étale de vendredi à dimanche doit voir le maître du Kremlin reconduit pour un mandat supplémentaire de six ans, l'opposition ayant été éradiquée.

Il ne se déroule cependant pas sans accroc.

Incidents

Une femme a ainsi été interpellée après avoir incendié un isoloir à Moscou, selon des médias russes, tandis qu'une deuxième, âgée de 20 ans, a tenté de jeter un cocktail Molotov sur un bureau de vote de Saint-Pétersbourg, d'après un responsable local.

Une personne a été appréhendée pour avoir essayé de mettre le feu à une urne à Khanty-Mansisk en Sibérie et une autre pour avoir tenté d'allumer un pétard dans un bureau de vote de la région de Tcheliabinsk, non loin des monts Oural.

Six personnes ont aussi été interpellées pour avoir versé du colorant dans les urnes près de la capitale russe, en Sibérie et dans les régions de Voronej (ouest), de Rostov-sur-le-Don (sud-ouest) et de Karatchaïévo-Tcherkessie, dans le Caucase.

Le parquet de Moscou avait mis en garde jeudi contre toute action de protestation, aucune critique ni opposition n'étant tolérée en Russie.

Dans la partie occupée de la région méridionale ukrainienne de Kherson, une bombe a explosé sans faire de victimes devant un bureau de vote, ont dénoncé les autorités locales.

Dans une déclaration commune lue par l'ambassadeur ukrainien Sergiy Kyslytsya à la presse à l'ONU, plus de cinquante pays, dont les Etats-Unis et la France, ont "condamné dans les termes les plus forts" la tenue de ce scrutin dans plusieurs régions ukrainiennes.

L'ambassadeur russe adjoint à l'ONU a fustigé des "tentatives absolument impardonnables (...) d'intervenir dans les affaires internes" russes et a assuré que ces territoires faisaient "administrativement et politiquement partie de notre pays, que ça vous plaise ou non".

Pas d'opposition

A la veille de la présidentielle, Vladimir Poutine, 71 ans dont 24 au pouvoir, a exhorté ses compatriotes à ne pas se "détourner du chemin" en ces temps "difficiles", une allusion aux conséquences de l'assaut qu'il a déclenché contre l'Ukraine il y a plus de deux ans.

Le président sortant fait face à trois candidats sans envergure qui ne s'opposent ni à l'offensive en Ukraine, ni à la répression qui a éradiqué toute opposition et culminé avec la mort en prison mi-février du détracteur du Kremlin Alexeï Navalny.

Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre le combat de son mari, a appelé pour sa part les Russes à protester en allant voter pour n'importe lequel des candidats à l'exception de Poutine.

Elle a aussi demandé aux Russes soutenant l'opposition de se rendre dans les bureaux de vote au même moment, dimanche à 12H00 (09H00 GMT), pour montrer qu'ils sont nombreux.

La ville russe de Belgorod, cible d'attaques, va fermer ses centres commerciaux et ses écoles

Le gouverneur de la région de Belgorod, cible d'attaques persistantes venues de l'Ukraine voisine, a annoncé samedi la fermeture pour les prochains jours des centres commerciaux et des écoles de la ville de Belgorod, son chef-lieu.

"Compte tenu de la situation actuelle, nous avons décidé que les centres commerciaux" de Belgorod seraient fermés dimanche et lundi, a indiqué Viatcheslav Gladkov, qui avait annoncé plus tôt la mort de deux civils dans des frappes. Les écoles resteront également closes lundi et mardi dans la ville, ainsi que dans huit autres districts de la région, a-t-il précisé.

«Tout est un peu faux»

Le scrutin a commencé à 08H00 heure locale vendredi (20H00 GMT jeudi) sur la péninsule du Kamtchatka et en Tchoukotka, deux régions reculées de l'Extrême Orient russe. Il s'achèvera dimanche à 20H00 (18H00 GMT) à Kaliningrad, une enclave russe frontalière de pays de l'Union européenne.

Dans une école de Moscou, Lioudmila, une retraitée âgée de 70 ans, dit vouloir avant tout "la victoire" en Ukraine. Pour elle, cela passe par un vote pour Vladimir Poutine.

Mais pour Nadjeda, 23 ans, "le fait que je sois là ne changera rien" : "Autour de moi, on est tous habitués à l'idée que tout est déjà décidé pour nous, on ne peut rien y faire", lâche cette jeune ballerine moscovite, refusant de donner son nom de famille. "Tout est un peu faux."

Avec ce scrutin, Vladimir Poutine se maintiendra au pouvoir jusqu'en 2030 et pourra se représenter pour rester aux commandes jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans.

Il avait fait réviser la Constitution à cette fin en 2020.

Le président du Conseil européen Charles Michel a quant à lui "félicité" avec ironie vendredi M. Poutine "pour sa victoire écrasante lors d'élections qui débutent aujourd'hui".

Les Etats-Unis ont aussi critiqué le scrutin et la diplomatie ukrainienne a exhorté la communauté internationale à rejeter cette "farce".

Incursions armées

L'Ukraine a accru la pression militaire sur les régions russes frontalières de Belgorod et de Koursk, visées par une multitude d'attaques de drones et des incursions d'unités militaires composées de Russes opposés au Kremlin.

Un civil a été tué et deux autres blessés à Belgorod dans un bombardement ukrainien, selon le gouverneur Viatcheslav Gladkov, qui avait dit plus tôt qu'un combattant avait également péri dans une autre frappe.

En parallèle, les attaques de drones se multiplient dans les régions frontalières mais aussi à des centaines de kilomètres du front, l'Ukraine ayant promis des représailles aux bombardements qu'elle subit depuis plus de deux ans.

A Berlin, le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron ont affiché leur "unité" vendredi sur l'aide à ce pays, après des semaines de vives tensions sur la stratégie à adopter face à Moscou, à l'occasion d'un sommet avec le Premier ministre polonais Donald Tusk.


L’humoriste Stephen Colbert défend les manifestants propalestiniens sur les campus après les critiques de Trump

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
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  • L’humoriste estime que les manifestations devraient être autorisées à se poursuivre tant qu’elles sont pacifiques
  • Donald Trump prétend que le rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville n’est «rien» par rapport aux manifestations propalestiniennes dans les universités

LONDRES: L’humoriste américain Stephen Colbert a défendu les manifestants propalestiniens sur les campus, s’opposant ainsi aux récentes critiques de l’ex-président Donald Trump.

La semaine dernière, ce dernier avait comparé les regroupements d’étudiants au rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville, en Virginie, affirmant que ce dernier n’était «rien» en comparaison.

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza.

L’animateur a déclaré que les manifestations pacifiques «devraient être autorisées», reprochant à M. Trump de «banaliser l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire américaine».

«Même si vous n’êtes pas d’accord avec le sujet de leurs manifestations, tant que ces dernières sont pacifiques, les étudiants devraient être autorisés à manifester. C’est le droit que leur confère le premier amendement.» 

L’ancienne star de l’émission The Colbert Report a critiqué la réaction des responsables universitaires et des forces de l’ordre aux récents événements survenus à l’université Columbia, dénonçant le recours à des policiers lourdement armés et les menaces de faire appel à la garde nationale comme une «tactique classique de désescalade».

M. Trump a, quant à lui, salué la manière dont les forces de l’ordre ont géré la situation, félicitant la police de la ville de New York.

Les propos de M. Colbert ont coïncidé avec le déploiement de la police antiémeute au Hamilton Hall de l’université Columbia, ce qui a entraîné l’arrestation de nombreux étudiants propalestiniens qui occupaient le bâtiment.

Les descentes de police ont été condamnées par des groupes de pression tels que Jewish Voice for Peace et la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese. Le maire de New York a indiqué que 282 étudiants avaient été arrêtés.

Des affrontements entre des groupes propalestiniens, des contre-manifestants et les forces de l’ordre ont ensuite éclaté dans d’autres campus des États-Unis.

Par ailleurs, l’université Brown, dans le Rhode Island, a conclu un accord avec les manifestants mardi. Il semble que ce soit la première fois qu’une université américaine accepte de voter sur le désinvestissement en réponse aux manifestations.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.