Macron affiche un soutien total à l'Ukraine, «pour que la Russie ne gagne jamais»

Cette photographie prise le 14 mars 2024 montre le président français Emmanuel Macron donnant une interview au palais présidentiel de l'Élysée à Paris. (Photo, AFP)
Cette photographie prise le 14 mars 2024 montre le président français Emmanuel Macron donnant une interview au palais présidentiel de l'Élysée à Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 15 mars 2024

Macron affiche un soutien total à l'Ukraine, «pour que la Russie ne gagne jamais»

  • «C'est une guerre qui est existentielle pour notre Europe et pour la France», a-t-il martelé sur TF1 et France 2
  • Le chef de l'Etat a toutefois insisté sur le fait que la France ne prendrait pas l'initiative d'une offensive et que la «responsabilité» finale d'une éventuelle escalade reviendrait à la Russie

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a affiché jeudi un soutien total à l'Ukraine, assurant être prêt à prendre "toutes les décisions" si la situation se dégradait pour Kiev afin que "la Russie ne gagne jamais", à trois mois d'élections européennes où son camp est en difficulté.

La guerre en Ukraine est "existentielle pour notre Europe et pour la France", a insisté le chef de l'Etat français lors d'un entretien en direct aux deux principaux journaux télévisés du soir. "Si la Russie gagne cette guerre, la crédibilité de l'Europe sera réduite à zéro".

"La Russie est devenue une puissance qui veut s'étendre et il est sûr qu'elle ne s'arrêtera pas là", a-t-il asséné plus tard sur X, en réponse à des questions d'internautes.

"Si on laisse l'Ukraine seule, si on laisse l'Ukraine perdre cette guerre, alors à coup sûr la Russie menacera la Moldavie, la Roumanie, la Pologne", a-t-il averti.

Cette nouvelle posture du président, qui dénonce un "durcissement" de Moscou et tente d'imposer son leadership dans l'aide à l'armée ukrainienne, a été critiquée par de nombreux homologues européens et par l'ensemble de ses opposants français.

La majorité présidentielle a prévu d'axer sa campagne sur le soutien à Kiev, accusant le Rassemblement national (RN, extrême droite) qui la devance d'environ 10 points dans les enquêtes d'opinion pour les européennes, d'entretenir des positions prorusses.

Un clivage déjà au cœur de la présidentielle de 2022 - qu'Emmanuel Macron a remportée face à la candidate du RN Marine Le Pen -, avant de s'estomper.

La "sécurité" des Français passe par la "défaite de la Russie" en Ukraine, a ainsi affirmé M. Macron, en estimant que ceux qui posent des "limites" au soutien à l'Ukraine "font le choix de la défaite" face à l'"adversaire" russe.

"Si la situation se dégrade" en Ukraine, "nous devons être prêts et nous serons prêts à prendre les décisions qui s'imposent pour que la Russie ne gagne jamais", a-t-il asséné.

Aucune annonce concrète n'a toutefois accompagné cette interview.

Questionné sur ses déclarations controversées fin février autour de l'envoi possible de troupes en Ukraine, M. Macron a quelque peu modéré son propos, alors que 68% des Français considèrent qu'il a eu tort d'afficher cette position, selon un sondage réalisé fin février pour le journal Le Figaro.

"Jamais nous ne mènerons d'offensive, jamais nous ne prendrons l'initiative", a estimé jeudi M. Macron, pour qui les Occidentaux ont jusqu'ici mis "trop de limites" dans leur "vocabulaire", assurant qu'ils n'enverraient "jamais" de chars ou de missiles de moyenne portée à Kiev, avant de franchir ces lignes rouges.

'Contrôler l'escalade' 

En parlant d'un hypothétique engagement militaire, le président français tente de "renverser la logique" face à Moscou, a expliqué le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, dans une interview publiée jeudi après-midi par le quotidien Ouest-France.

"Au lieu de toujours dire à Poutine ce que nous n'allons pas faire, ce qui lui laisse la liberté de tourner la confrontation à son avantage, nous devons lui dire, vraiment, que nous pourrions faire quelque chose auquel il ne s'attend pas. C'est une façon de contrôler les termes de l'escalade", a-t-il poursuivi.

"On doit agir pour empêcher que des événements néfastes adviennent. Pour cela, il faut anticiper", a de son côté affirmé jeudi le chef d'état-major des armées français, Thierry Burkhard, lors d'un forum stratégique. "Le risque de l'inaction est encore plus grave".

Lundi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'était aussi voulu rassurant : "Vos enfants ne vont pas mourir en Ukraine", avait-il lancé lors d'une interview à des médias français.

Le lendemain, l'Assemblée nationale avait apporté un large soutien à l'accord bilatéral de sécurité entre Paris et Kiev, confirmé par le Sénat mercredi. Malgré l'abstention du RN et l'opposition de la gauche radicale, qui dénoncent les discours "va-t-en guerre" d'Emmanuel Macron.

Deux ans après le début de l'offensive russe, le 24 février 2022, un succès de Vladimir Poutine serait un "cataclysme" pour le "pouvoir d'achat", avait insisté devant les parlementaires le Premier ministre Gabriel Attal.

Or, début mars, 39% des Français (-11 points par rapport à juin 2023) considéraient que la France devait continuer de soutenir financièrement l'Ukraine, comme elle le fait, selon un sondage Elabe pour La Tribune.

Même tendance concernant le soutien militaire, 79% s'opposant en outre à l'envoi de troupes combattantes au sol et même 47% à celui de formateurs.

"Nous devons nous sentir particulièrement protégés parce que nous sommes justement cette puissance dotée" de la bombe atomique, a encore dit Emmanuel Macron, face aux menaces permanentes d'un conflit nucléaire agitées par Vladimir Poutine.

"Nous sommes prêts. Nous avons une doctrine qui est établie", a-t-il ajouté, tout en évoquant la "responsabilité" française de "ne jamais être dans l'escalade".


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.