Vietnam: le parlement approuve la démission du président en pleine campagne anti-corruption

Le président vietnamien Vo Van Thuong est le dernier dirigeant de premier plan à tomber alors que le pays communiste est en proie à une vaste purge de corruption et à des querelles politiques (Photo, AFP).
Le président vietnamien Vo Van Thuong est le dernier dirigeant de premier plan à tomber alors que le pays communiste est en proie à une vaste purge de corruption et à des querelles politiques (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 21 mars 2024

Vietnam: le parlement approuve la démission du président en pleine campagne anti-corruption

  • A la tête du régime autoritaire se trouvent officiellement le secrétaire général du Parti, le président et le Premier ministre, les principales décisions étant prises par le Politburo, qui compte 16 membres
  • Cette instance a vu le départ depuis 2021 de dix-huit de ses membres, un président, un vice-Premier ministre et un ancien ministre

HANOÏ: Le Parlement vietnamien a approuvé jeudi la démission surprise du président Vo Van Thuong après seulement un an de mandat, dans ce pays communiste engagé dans une vaste purge anti-corruption.

L'Assemblée nationale, qui suit strictement les consignes des cadres du Parti communiste, a voté a huis clos le départ du président lors d'une session extraordinaire, a rapporté le site officiel d'information Tuoi Tre.

La chute spectaculaire de cet homme de 53 ans intervient alors que le Vietnam connaît de profonds bouleversements politiques, son prédécesseur ayant également été évincé dans le cadre d'une campagne de lutte contre la corruption qui a vu plusieurs ministres limogés et des chefs d'entreprise de premier plan jugés pour fraude et corruption.

"Les violations et les manquements du camarade Vo Van Thuong ont été mal vus par l'opinion publique, affectant la réputation du Parti, de l'État et la sienne", avait rapporté mercredi l'agence officielle VNA.

Le Vietnam est dirigé par le Parti communiste. A la tête du régime autoritaire se trouvent officiellement le secrétaire général du Parti, le président et le Premier ministre, les principales décisions étant prises par le Politburo, qui compte 16 membres.

Cette instance a vu le départ depuis 2021 de dix-huit de ses membres, un président, un vice-Premier ministre et un ancien ministre.

Bien que le président soit le chef de l'Etat, l'homme fort du régime est le secrétaire général du parti, Nguyen Phu Trong, considéré comme l'architecte de la campagne de lutte contre la corruption, populaire auprès de l'opinion publique vietnamienne.

La vice-présidente Vo Thi Anh Xuan a été nommée présidente par intérim jusqu'à ce qu'un remplaçant permanent soit trouvé.

Vo Van Thuong était devenu président le 2 mars 2023, après la démission surprise de son prédécesseur, Nguyen Xuan Phuc. L'événement était inhabituel au Vietnam, où la stabilité est mise en avant et les changements politiques soigneusement orchestrés.

Avant Nguyen Xuan Phuc, un seul autre président vietnamien avait démissionné, pour raisons de santé.

Deux grands procès pour fraude et corruption ont débuté ce mois-ci, l'un à Hanoï, l'autre à Ho Chi Minh-Ville (sud), impliquant certains des plus grands chefs d'entreprise du pays.

Machinations internes du parti 

La crise au sommet de l'Etat est un "désastre en termes de relations publiques" qui menaçait la réputation de stabilité du pays, estime Linh Nguyen, analyste en chef pour le Vietnam chez Control risks, un cabinet de gestion de risques.

Le pays cherche à attirer davantage d'investissements étrangers, notamment américains, afin de développer des industries de haute valeur ajoutée telles que les semi-conducteurs.

Pour Linh Nguyen, les factions au sein du Parti communiste sont semble-t-il déjà en train d'avancer leurs pions en vue du prochain congrès du parti en 2026.

"La perte du plus jeune membre du politburo et du plus jeune dirigeant soulève également des inquiétudes quant au vieillissement des dirigeants vietnamiens, car la plupart d'entre eux seront trop âgés pour le prochain congrès".

Aucun détail n'a été rendu public sur les raisons du départ de Vo Van Thuong.

Mais au début du mois, le ministère de la Sécurité publique avait annoncé élargir une enquête concernant une société de développement d'infrastructures dans trois provinces, dont celle de Quang Ngai (centre), dont Vo Van Thuong était auparavant le chef du parti.

Le ministère a déclaré que la société Phuc Son était soupçonnée d'avoir falsifié ses comptes afin d'échapper à l'impôt, et que ses enquêteurs avaient arrêté neuf personnes, dont cinq fonctionnaires de Quang Ngai.

Toutefois, l'ampleur des actes présumés de Vo Van Thuong est "probablement très faible" dans le contexte de la purge anti-corruption à l'échelle nationale, selon Linh Nguyen.

Les machinations internes du parti concernant le remplacement du secrétaire général Nguyen Phu Trong sont la cause la plus probable, estime Benoît de Tréglodé, chercheur à l'Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire à Paris.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.