Qui sont les vrais «assassins» représentés dans la nouvelle série télévisée «Al-Hashasheen»?

Le drame a embelli les légendes sur les «assassins» et leur héritage. (Getty Images)
Le drame a embelli les légendes sur les «assassins» et leur héritage. (Getty Images)
Le drame a embelli les légendes sur les «assassins» et leur héritage. (Getty Images)
Le drame a embelli les légendes sur les «assassins» et leur héritage. (Getty Images)
Le drame a embelli les légendes sur les «assassins» et leur héritage. (Getty Images)
Le drame a embelli les légendes sur les «assassins» et leur héritage. (Getty Images)
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Publié le Vendredi 22 mars 2024

Qui sont les vrais «assassins» représentés dans la nouvelle série télévisée «Al-Hashasheen»?

  • Un feuilleton du ramadan met en lumière la culture emblématique rendue célèbre par le jeu vidéo Assassin’s Creed
  • Les ismaéliens nizarites modernes «détestent» la réputation déformée de leurs ancêtres, affirme un uléma

LONDRES: Le drame historique bouleversant Al-Hashasheen (Les Assassins) sera certainement l’un des grands succès de la saison télévisuelle du ramadan. 

Pour de nombreux jeunes spectateurs, l’histoire de l’ordre martial fondé par un chef religieux énigmatique dans l’Iran du XIe siècle est familière uniquement en raison du prisme déformant du jeu vidéo à succès Assassin’s Creed, désormais disponible pour la première fois dans une version de réalité virtuelle compatible avec les casques Meta Quest.  

Al-Hashasheen, feuilleton dans lequel figurent Karim Abdel Aziz, Fathy Abdel Wahab et Nicolas Mouawad, présente une version un peu plus réaliste de l’histoire à un public plus large, alors que les familles de la région se réunissent pour regarder la télévision après l’iftar. 

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Le drame a embelli les légendes sur les «assassins» et leur héritage. (Photo fournie) 

Cependant, ni la série télévisée ni la franchise de jeux vidéo ne rendent justice à la véritable histoire de la secte ismaélienne des Nizarites, les premiers «assassins», selon un uléma irano-britannique. 

De nombreux mythes et légendes sur les Nizarites «sont enracinés dans l’ignorance imaginative des croisés et de leurs chroniqueurs occidentaux qui sont venus en Terre sainte et ont conquis Jérusalem en 1099», explique à Arab News Farhad Daftary, gouverneur et directeur émérite de l’Institut d’études ismaéliennes (IIS), basé à Londres. 

Le mot «assassin», inventé par les croisés qui ont rencontré les Nizarites en Syrie, provient d’un malentendu étymologique. 

«À l’époque, les Nizarites, qui étaient chiites, avaient des ennemis parmi les musulmans sunnites, qui les appelaient “hashshashin”, ce qui, au sens littéral, signifie “ceux qui consomment de l’opium”», affirme M. Daftary. 

«Mais ce n’est pas dans ce sens que le terme a été appliqué aux ismaéliens nizarites de Syrie. Il s’agissait d’un terme injurieux qui désigne un peuple sans scrupules, un peuple sans statut social. Ce terme a été repris par les croisés et interprété littéralement.» 

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«Hashshashin», qui s’est transformé en «assassin» dans les langues européennes des armées de croisés, signifie littéralement ceux «qui consomment de l’opium». (Photo fournie) 

Dans les langues européennes des armées de croisés, «hashshashin» s’est transformé en «assassin», un mot qui était néanmoins associé à l’un des nombreux mythes qui concernaient le groupe, à savoir que leur chef utilisait l’opium pour droguer les jeunes hommes afin qu’ils deviennent des machines à tuer. 

Pour comprendre la véritable histoire des assassins, précise M. Daftary, il est nécessaire de connaître un peu le paysage politique et religieux du XIe siècle. 

À l’origine, il y a la division historique entre les musulmans sunnites et chiites, qui remonte à la mort du prophète Mahomet, en 632, et concerne la question de la succession. Les chiites estiment que le prophète Mahomet a désigné un successeur, son cousin et gendre Ali ben Abi Talib, tandis que les sunnites soutiennent qu’il ne l’a pas fait. 

La situation s’est compliquée davantage après la mort du sixième imam chiite, Jafar al-Sadiq, en 765. À cette époque, les descendants d’Ali étaient devenus si nombreux que les chiites ne parvenaient pas à se mettre d’accord entre eux sur l’identité du chef légitime. 

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De nombreux mythes et légendes sur les Nizarites sont enracinés dans l’ignorance imaginative des croisés et de leurs chroniqueurs occidentaux, affirme Farhad Daftary, gouverneur et directeur émérite de l’Institut d’études ismaéliennes. (Photo fournie) 

La scission qui s’en est suivie a donné naissance à deux groupes chiites principaux. Le plus important est le chiisme duodécimain, dont les membres croient que la ligne de succession légitime a pris fin avec la dissimulation, ou l’occultation, du douzième imam, Al-Mahdi, dont la réapparition est toujours attendue par ses adeptes. 

L’autre groupe est celui des ismaéliens, dont le nom dérive de leur reconnaissance d’Ismaïl ben Jafar, le fils aîné de Jafar al-Sadiq, comme son successeur spirituel légitime. 

Toutefois, même au sein des ismaéliens, une nouvelle scission a eu lieu, déclenchée par la mort, en 1094, du dix-huitième imam ismaélien, qui était également le huitième calife de l’Empire fatimide, basé au Caire. 

«À sa mort, sa succession a été disputée par deux de ses fils, Nizar, qui était l’héritier désigné à l’origine, et son frère cadet, qui est en fait monté sur le trône fatimide», souligne M. Daftary. «C’est donc sur la base de ce conflit de succession que la communauté ismaélienne, auparavant unifiée, s’est divisée en deux factions, celle des Nizarites et celle des Mustaliens.» 

C'est alors qu'intervient le personnage historique de Hassan ben Sabbah, un missionnaire qui travaillait pour les Fatimides en Iran. 

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Cette peinture représente Hassan ben Sabbah, un important dirigeant ismaélien considéré comme le fondateur de l’État nizarite. (Shutterstock) 

À l’époque, une grande partie de l’Iran actuel était sous le contrôle des Turcs seldjoukides, et Hassan a commencé à préparer une révolution contre le régime sunnite impopulaire. 

Ainsi, «Hassan, qui a défendu la cause de Nizar en Iran et rompu ses relations avec Le Caire et le régime fatimide, qui avait apporté son soutien au frère cadet de Nizar, a été le fondateur de l’État et de la communauté des ismaéliens nizarites.» 

Il est vrai que Hassan a institué une politique d’assassinats, mais la caractérisation moderne des Nizarites comme étant les premiers terroristes est déplacée, soutient M. Daftary. 

Hassan, qui s'est emparé de la forteresse d’Alamut, dans le nord montagneux de la Perse, et y a établi sa base en 1090, «était confronté à un adversaire militaire très puissant, les Seldjoukides. Il n’a pas pu les affronter au combat parce qu’il n’a pas réussi à constituer une armée pour rivaliser avec la leur». 

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Une vue de la forteresse d’Alamut, dans la région montagneuse de Qazvin, en Iran, actuellement en cours de restauration. (Shutterstock) 

Au lieu de cela, il entreprend de déstabiliser l’autorité seldjoukide décentralisée en s’attaquant aux principaux dirigeants, «localité par localité, émir par émir». 

Cela ne fait toutefois pas des Nizarites les précurseurs des terroristes d’aujourd’hui, affirme M. Daftary. «Ils n’ont rien en commun avec les terroristes modernes. Leurs causes ne sont pas les mêmes, pas plus que leurs moyens, leurs motivations ou leurs pratiques.» 

«Leurs assassinats étaient soigneusement sélectionnés et ciblés; il ne s’agissait pas d’actes de terreur, de meurtres d’innocents.» 

En outre, «ils n’ont pas inventé l’assassinat, qui était pratiqué à l’époque par les Seldjoukides eux-mêmes ainsi que par les croisés. Cependant, des informations et des rumeurs très exagérées ont fait que presque tous les grands assassinats de la région leur ont été attribués». 

En effet, les archives contemporaines conservées par les Nizarites montrent que, au cours des trente-quatre années du règne d’Hassan, moins de cinquante assassinats ont été perpétrés par le groupe. 

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Cette peinture représente le siège d’Alamut par les Mongols en 1256. (Wikimedia Commons, Tarikh-i Jahangushay-i Juvaini) 

La prise du château d'Alamut en 1090 est reconnue par les historiens comme le moment fondateur de l’État ismaélien nizarite. Cet État était constitué d’une série de forteresses disséminées à travers la Perse et le Levant. Il a résisté à tous les ennemis, des rivaux islamiques aux croisés chrétiens, pendant cent quatre-vingt-trois ans, mais a finalement été balayé par les Mongols vers l’an 1256. 

C’est dans la région du Levant, au cours de la première décennie du XIIe siècle, que les croisés ont rencontré pour la première fois les Nizarites. Aujourd’hui, les ruines de la principale forteresse du groupe, le château de Masyaf, se dressent encore en bordure de la ville syrienne du même nom. 

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Le vieux château en pierre de Masyaf, situé sur une colline à Masyaf, en Syrie. 

C’est là qu’a régné, entre 1162 et 1193, Rachid ad-Din Sinan, seigneur de l’État ismaélien nizarite, en Syrie, immortalisé par l’explorateur vénitien Marco Polo sous le nom de «Vieux de la Montagne». 

Les écrits de Marco Polo reprennent et embellissent de nombreuses légendes sur les assassins, indique M. Daftary. Parmi ces dernières, l’existence supposée d’un «jardin secret du paradis, dans lequel le chef espiègle de ce groupe aurait donné du haschisch à ces assassins potentiels, qui se seraient retrouvés entourés de tous les plaisirs qui leur sont promis au paradis». 

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Rachid ad-Din Sinan. (Wikimedia Commons) 

«Une fois suffisamment dépendants de ces plaisirs corporels, on leur donnait un poignard et on les envoyait tuer en leur disant: “Si tu réussis, tu retourneras dans le jardin du paradis, et si tu meurs, ton âme ira quand même au paradis.”» 

Les croisés «n’arrivaient pas à comprendre pourquoi ces gens se sacrifiaient. Alors, pour trouver des explications qui fourniraient des raisons logiques à un type de comportement qui leur semblait irrationnel ou fou, ils ont commencé à inventer ces récits que nous ne trouvons d’ailleurs pas dans les sources musulmanes contemporaines, même si elles étaient peut-être encore plus hostiles aux ismaéliens que les croisés». 

Aujourd’hui, le nombre d’ismaéliens nizarites dans le monde entier s’élève à environ 15 millions. Les communautés les plus importantes se trouvent en Afghanistan, au Pakistan, en Inde et en Syrie, mais aussi en Iran, en Afrique de l’Est, dans les Émirats arabes unis, en Amérique du Nord, au Royaume-Uni et dans plusieurs pays d’Europe. 

Les ismaéliens nizarites modernes «détestent» la réputation déformée de leurs ancêtres, affirme M. Daftary, «parce que ce sont des gens pacifiques et progressistes». 

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Sur cette photo prise le 8 mars 2018, la reine Élisabeth II de Grande-Bretagne pose avec le prince Karim Aga Khan IV au château de Windsor lors d’un dîner privé qu’elle avait organisé à l’occasion du jubilé de diamant du règne de Khan en tant qu’imam de la communauté musulmane chiite des ismaéliens nizarites. (Photo, Dominic Lipinski, AFP) 

L’actuel et quarante-neuvième imam des ismaéliens nizarites est le prince Aga Khan IV, qui a créé l’Institut d’études ismaéliennes (IIS) en 1977. L’IIS, qui possède la plus grande faculté d’études islamiques de toutes les institutions universitaires du Royaume-Uni, dispose de la plus importante collection du monde de textes nizarites originaux, dont la traduction en persan, en arabe et en anglais est disponible aux chercheurs. 

M. Daftary a conclu en affirmant qu’il ne voulait nullement faire perdre à qui que ce soit le plaisir de regarder la série télévisée Al-Hashasheen pendant le ramadan. 

«N’oubliez pas que la plupart de ces histoires venues d’Orient ont été racontées par des croisés, assis devant leur cheminée, après leur retour en Europe. Donc, tant qu’elles sont traitées comme des contes qui n’ont rien à voir avec l’histoire réelle de cette communauté et les pratiques de ce groupe, tout va bien.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'actrice de «Bridgerton» confie qu'on lui a conseillé de ne pas faire campagne pour les Palestiniens

L'actrice irlandaise Nicola Coughlan a révélé qu'on lui avait dit que son action en faveur des Palestiniens pourrait nuire à sa carrière. (Reuters/File Photo)
L'actrice irlandaise Nicola Coughlan a révélé qu'on lui avait dit que son action en faveur des Palestiniens pourrait nuire à sa carrière. (Reuters/File Photo)
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  • Nicola Coughlan déclare que des initiés d'Hollywood l’ont avertie que son engagement pourrait nuire à sa carrière
  • La star irlandaise se sent « moralement responsable » de faire campagne pour le cessez-le-feu et de continuer à collecter des fonds

LONDRES : L'actrice irlandaise Nicola Coughlan a révélé qu'on lui avait dit que sa défense de la cause palestinienne pourrait nuire à sa carrière.

La star de « Bridgerton » et de « Derry Girls » a déclaré à Teen Vogue que des personnes à Hollywood l'avaient avertie de ne pas soutenir ouvertement les droits des Palestiniens, mais elle a continué à faire campagne pour un cessez-le-feu à Gaza et porte toujours publiquement un pin's Artists4Ceasefire.

« On vous dit effectivement que vous ne trouverez pas de travail, que vous ne ferez pas ceci ou cela, mais je pense aussi qu'au fond de vous, si vous savez que vous ne voulez pas que des innocents souffrent, alors il ne faut pas se soucier des réactions des gens », a-t-elle déclaré.

« Ma famille a vécu à Jérusalem à la fin des années 70 et au début des années 80, avant ma naissance, et j'ai donc entendu de source directe des récits sur la vie là-bas ».

Elle explique que son père, qui a servi dans l'armée irlandaise, s'est rendu dans « de nombreuses régions déchirées par la guerre après le conflit pour tenter d'aider à la reconstruction », ce qui l'a profondément marquée.

« Je suis tellement chanceuse d'être arrivée à ce stade de ma carrière, et je suis déjà privilégiée étant une femme blanche ».

« Ensuite, le fait de pouvoir exercer le métier que j'aime, de voyager dans le monde entier et de rencontrer des gens extraordinaires me donne la responsabilité morale de rendre la pareille ».

Elle a mis un point d'honneur à continuer à faire campagne et à collecter des fonds autour de cette question, ajoutant : « Pour moi, il s'agit essentiellement de soutenir tous les innocents, ce qui peut paraitre très simple, mais je pense qu'il faut examiner les situations et se demander si nous  les soutenons , peu importe leur origine et leur identité. C'est ce qui me motive ».

Coughlan estime que les médias sociaux jouent un rôle dans la défense de la cause, mais qu'il faut faire preuve de nuance. « Nous devrions être plus nombreux à essayer de comprendre à quel point c'est bouleversant et traumatisant pour les Juifs, et combien il est horrible que tous ces innocents soient assassinés en Palestine », a-t-elle ajouté.

Plusieurs personnalités de Hollywood ont subi des revers pour avoir ouvertement soutenu les Palestiniens ou critiqué Israël.

L'actrice mexicaine Melissa Barrera a été renvoyée du dernier film « Scream » pour avoir publié sur les réseaux sociaux des messages de soutien à la Palestine, tandis que le réalisateur Jonathan Glazer a suscité la controverse en utilisant son discours de remerciement aux Oscars pour son film « The Zone of Interest » pour critiquer la guerre de Gaza.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Saudi Coffee Co. et Bieder & Maier mélangent deux cultures du café

Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
L'Arabie saoudite et l'Autriche viennent de célébrer la première mondiale du « Premium Saudi Blend » de Bieder & Maier Vienne en collaboration avec Saudi Coffee Company et ont lancé un produit unique réunissant les cultures de café saoudienne et autrichienne. (Fourni)
L'Arabie saoudite et l'Autriche viennent de célébrer la première mondiale du « Premium Saudi Blend » de Bieder & Maier Vienne en collaboration avec Saudi Coffee Company et ont lancé un produit unique réunissant les cultures de café saoudienne et autrichienne. (Fourni)
Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
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  • Le fabricant de café viennois collabore avec une marque locale pour acheter des grains d'Arabica à Jazan
  • À partir de l'automne de cette année, un certain nombre de cafés seront ouverts en Arabie saoudite, avec Cenomi Retail comme partenaire de franchise

RIYAD : Le Royaume et l'Autriche ont récemment célébré la première mondiale du « Premium Saudi Blend » du fabricant de café viennois Bieder & Maier et de la Saudi Coffee Company.

Le lancement de ce produit rapproche les cultures saoudienne et autrichienne du café. Lors des présentations à Vienne et à Riyad, les invités ont pu goûter la nouvelle torréfaction, qui convient aussi bien à l'espresso qu'au café filtre et à l'infusion à froid.  

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Bieder & Maier collabore avec la marque Jazean pour se positionner comme la première marque mondiale à acquérir directement les meilleurs grains d'Arabica de Jazan. (Fourni)

« Le café incarne notre culture et notre identité », a déclaré Khalid AbouTheeb, PDG de Saudi Coffee Company, à Arab News. « Dans le but de renforcer l'industrie locale du café et de promouvoir notre tradition, nous avons collaboré avec Bieder & Maier, une entreprise viennoise de premier plan dans le domaine du café.

 AbouTheeb a précisé que cette collaboration avait été facilitée par le ministère saoudien de l'Investissement. « Grâce à cette collaboration, la Saudi Coffee Company proposera aux marchés saoudien et autrichien des cafés uniques avec des grains saoudiens mélangés à des grains internationaux », a-t-il déclaré.

 


Le cinéma soudanais pour faire sortir la guerre de l'indifférence

L'actrice soudanaise Eiman Yousif pose lors d'une séance photo à la huitième édition du Festival international du film de femmes d'Assouan, dans la ville d'Assouan, au sud de l'Égypte, le 21 avril 2024. (Photo Khaled Desouki AFP)
L'actrice soudanaise Eiman Yousif pose lors d'une séance photo à la huitième édition du Festival international du film de femmes d'Assouan, dans la ville d'Assouan, au sud de l'Égypte, le 21 avril 2024. (Photo Khaled Desouki AFP)
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  • Cinq courts-métrages soudanais sont présentés dans le cadre de la huitième édition du Festival du film de femmes d'Assouan, ville du sud égyptien à 300 kilomètres de la frontière soudanaise
  • Eiman Yousif est la révélation de «Goodbye Julia», le premier long-métrage soudanais présenté en 2023 en sélection officielle à Cannes

ASSOUAN, Egypte : Le cinéma pour faire sortir la guerre au Soudan de l'indifférence: au Festival du film d'Assouan en Egypte, des réalisateurs et des acteurs soudanais témoignent du désespoir d'un peuple plongé dans des conflits sans fin.

«Il faut que nous parlions de nous et de nos problèmes passés sous silence, même via une simple production artistique», dit à l'AFP l'actrice soudanaise Eiman Yousif.

Un an de guerre sanglante entre généraux rivaux au Soudan ont mis à genoux ce pays du nord-est de l'Afrique, déjà l'un des plus pauvres avant la guerre.

Cinq courts-métrages soudanais sont présentés dans le cadre de la huitième édition du Festival du film de femmes d'Assouan, ville du sud égyptien à 300 kilomètres de la frontière soudanaise. Des acteurs et des réalisateurs soudanais de premier plan sont venus soutenir la production de leur pays.

Eiman Yousif est la révélation de «Goodbye Julia», le premier long-métrage soudanais présenté en 2023 en sélection officielle à Cannes.

Dans ce film, ayant pour trame de fond les événements ayant mené le Soudan du Sud à indépendance en 2011, l'actrice incarnait Mona, une chanteuse originaire du Nord ayant renoncé à sa carrière pour son mari.

«La sécession du sud a été un événement majeur et nous avons tous été atteints psychologiquement» par cette guerre, affirme l'actrice drapée dans une robe traditionnelle soudanaise blanche.

Au Soudan, l'industrie du cinéma a beaucoup souffert du régime conservateur, sécuritaire et liberticide de l'autocrate Omar el-Béchir renversé en 2019.

- Une production «résultat de souffrances» -

Sous ses trente ans de dictature de nombreux cinémas de la capitale Khartoum ou du reste du pays ont fermé leurs portes.

«On fait tout notre possible pour que la production cinématographique ne s'arrête pas à nouveau» dans un pays où «elle est le résultat de souffrances», explique à l'AFP le réalisateur soudanais Mohammed al-Tarifi en marge du festival.

Parmi les courts-métrages projetés à Assouan, «Une brique pour elles» du réalisateur Razan Mohamed raconte le destin sinueux de femmes déplacées en 2003 vers un camp de réfugiés pendant la guerre au Darfour.

«A l'heure où nous parlons, elles ont été déplacées pour une deuxième fois, on ne sait pas vers où», dit M. al-Tarifi.

Egalement à l'affiche, le film «Femmes de guerre» du réalisateur soudanais Al-Qadal Hassan qui traite de l'impact des guerres sur des femmes dans l'Etat du Nil Bleu (sud).

«Les guerres et les crises épuisent» mais elles sont aussi sources de «rêves et de nouvelles idées», dit Eiman Yousif.

Un an de guerre a dévasté le Soudan et fait des milliers de morts. Elle a aussi jeté plus de deux millions de Soudanais sur les routes de l'exil, dont 500.000 ont choisi l'Egypte.

«La diaspora génère de la créativité et la présence soudanaise au Caire s'accompagne d'un mouvement artistique très actif qui va permettre à davantage de productions de voir le jour», poursuit M. Tarifi.

Dans un Soudan avide de changements, un nouveau cinéma nourri par la révolution qui a chassé du pouvoir Omar el-Béchir a émergé.

En tête de ceux-ci, «Tu mourras à 20 ans», réalisé par Amjad Abou Alala, a été le premier film soudanais sélectionné aux Oscars et le premier à être diffusé sur la plateforme en ligne Netflix après avoir raflé plusieurs récompenses internationales, dont à la Mostra de Venise.

Dans ce long-métrage, un mystique soufi prédit la mort à 20 ans du protagoniste Muzamil, qui vit dans l'inquiétude, jusqu'à sa rencontre avec un vieux réalisateur misanthrope qui l'initie à l'hédonisme.

Un hymne à la liberté questionnant le rigorisme religieux, fait impensable il y a encore quelques années dans ce pays très majoritairement musulman.

Même si les salles de cinéma sont rares au Soudan, pour Eiman Youssif «il suffit d'un projecteur et d'un mur blanc pour montrer des films aux gens. Le plus important, c'est de regarder».