En Irak durant le ramadan, des séries TV pour «  briser les tabous »

Des acteurs irakiens filment des scènes d'une série télévisée qui sera diffusée pendant le mois sacré musulman du Ramadan, le 23 février 2024, dans le quartier Cheikh Omar à Bagdad (Photo, AFP).
Des acteurs irakiens filment des scènes d'une série télévisée qui sera diffusée pendant le mois sacré musulman du Ramadan, le 23 février 2024, dans le quartier Cheikh Omar à Bagdad (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 18 mars 2024

En Irak durant le ramadan, des séries TV pour «  briser les tabous »

  • La première saison du «Monde de Mme Wahiba», diffusée en 1997, racontait l'histoire de Wahiba, une infirmière qui s'efforce d'aider ses voisins malgré les sanctions internationales imposées à l'Irak en 1990
  • L'émission aborde également la question du mariage des enfants, qui n'est pas rare en Irak, en particulier dans les zones rurales

BAGDAD: Drogue, divorce ou mariage de mineurs: cette année en Irak, les séries TV veulent "briser les tabous" durant le ramadan, quand la télévision connaît ses plus grosses audiences dans ce pays conservateur.

Après une interruption de 27 ans, une série irakienne interdite sous le régime du dictateur Saddam Hussein, est revenue dans une deuxième saison pour raconter la sombre histoire des barons de la drogue qui prospèrent dans le pays.

Cette série, "Le monde de Mme Wahiba", aborde "les questions qui préoccupent notre société sur fond de guerre et de chaos", explique à l'AFP le réalisateur Samer Hikmat.

La chute du régime de Saddam Hussein et l'invasion américaine en 2003 a ouvert une boîte de Pandore. De 2006 à 2008, le pays a été déchiré par une guerre civile mais le traumatisme le plus récent a été la prise de contrôle de près d'un tiers du territoire irakien par le groupe jihadiste Etat islamique de l'été 2014 à décembre 2017.

Des décennies d'instabilité ont créé "une classe de personnes ayant profité du chaos", a déclaré M. Hikmat, en pointant du doigt en particulier les nouveaux riches trafiquants de drogue.

Et ce sont les jeunes qui sont "les victimes" de la drogue, selon lui.

L'Irak, qui était initialement un pays de transit de la drogue, a connu ces dernières années une explosion de la consommation de stupéfiants, principalement de captagon et de crystal meth.

«Conséquences tragiques»

La première saison du "Monde de Mme Wahiba", diffusée en 1997, racontait l'histoire de Wahiba, une infirmière qui s'efforce d'aider ses voisins malgré les sanctions internationales imposées à l'Irak en 1990, après l'invasion du Koweït, qui ont plongé de nombreux Irakiens dans la pauvreté et la criminalité.

Les dix-sept premières minutes du premier épisode étaient suffisantes pour que le régime décide de suspendre la diffusion de la série et l'interdire, craignant qu'elle n'incite les gens à s'opposer au pouvoir en place.

Un an plus tard, le feuilleton a reçu un prix régional et les autorités ont autorisé sa diffusion uniquement à la mi-journée, quand l'audience est à son plus bas.

Cette année, il est diffusé après la rupture du jeûne des musulmans, depuis le premier jour de ramadan, où l'audience des chaînes de télévision dans les pays arabes atteignent traditionnellement des sommets.

Quelques acteurs sont décédés pendant la longue interruption de la série, mais beaucoup d'autres ont repris leur rôle, comme Wahiba qui joue désormais un rôle secondaire. Sa petite-fille, une psychiatre, joue le personnage principal.

A Bagdad, dans le même garage où des scènes de la première saison ont été tournées, le réalisateur Samer Hikmat filme une séquence dans laquelle le baron de la drogue Alaa menace de décapiter un membre de son gang.

L'acteur Zuhair Rashid, qui incarne le trafiquant de drogue, estime que la série pointe la sombre réalité de "la richesse alimentée par la drogue et ses conséquences tragiques".

Malgré ses efforts, l'industrie du divertissement irakienne est loin des succès que connaissent les programmes syriens et égyptien dans le monde arabe.

Après la montée en puissance de l'EI, les séries irakiennes, qui ne sont diffusées que sur les chaînes de télévision locales, se sont principalement focalisées sur la persécution brutale des jihadistes et la guerre menée pour les vaincre.

Nouvelle tendance 

Cette année pendant le ramadan, Mehdi Abbas, un critique, fait état d'une nouvelle tendance, avec "la majorité des séries abordant des questions qui représentent une menace pour la société".

Une nouvelle série intitulée "Nay" (flûte en arabe) traite du chômage, en particulier parmi les étudiants en arts, et du fossé qui se creuse entre les riches et les pauvres.

L'actrice Suzanne Salehi, qui joue dans cette série, affirme raconter "l'aspiration des jeunes" à un meilleur d'avenir.

Une autre émission, "Séparation", est basée sur des histoires réelles de divorce que l'écrivain Hassaballah Yehya a suivies au tribunal, reflétant l'augmentation du nombre de séparations dans ce pays conservateur.

L'émission aborde également la question du mariage des enfants, qui n'est pas rare en Irak, en particulier dans les zones rurales.

L'âge légal du mariage en Irak est de 18 ans, mais il peut être abaissé à 15 ans en cas de consentement parental ou de décision judiciaire. "Les gens évitent généralement les sujets sensibles", estime M. Yehya, mais "nous essayons de briser les tabous".


L’UE célèbre la Journée du 9 mai et le Mois de l’Europe en Arabie saoudite

Les drapeaux de l'Europe flottent devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE). (Photo d'illustration/AFP).
Les drapeaux de l'Europe flottent devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE). (Photo d'illustration/AFP).
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  • La Journée du 9 mai célèbre la paix et l’unité en Europe et vise à renforcer le sentiment d'appartenance à l'Europe.
  • Cette journée marque également le lancement du Mois de l'Europe en Arabie saoudite, une célébration de l'Europe et de sa coopération avec le Royaume

RIYAD : Le 9 mai de chaque année, l’union Européenne célèbre la paix et l'unité en Europe. La Journée du 9-mai vise à renforcer le sentiment d'appartenance à l'Europe. Elle incarne la volonté de dépasser les conflits, de promouvoir la paix et d'encourager la solidarité et la compréhension mutuelle entre les peuples.

Cette journée marque également le lancement du Mois de l'Europe en Arabie saoudite, une célébration de l'Europe et de sa coopération avec le Royaume.

Le Mois de l'Europe a pour but de partager des expériences culturelles et d'encourager la poursuite des échanges entre l'Europe et le Royaume. L'objectif est d'améliorer la compréhension mutuelle et de renforcer liens bilatéraux entre les deux pays.

Tout au long de ce mois, l’UE propose comme chaque année un éventail d'activités culturelles variées et attractives. Vous pourrez apprécier la culture européenne et en apprendre davantage sur l'Union européenne et sur les possibilités qu'elle offre dans de nombreux domaines tels que l'éducation et les affaires.

Ces événements sont organisés par la délégation de l'UE, les ambassades et les instituts culturels des États membres de l'UE en Arabie saoudite.

Mis en place à Riyad et Djeddah du 9 mai au 9 juin, il comptera une vingtaine d’événements : projection de courts métrages, ateliers d’initiation aux langues européennes, concerts, conférences…


Nadine Labaki fera partie du jury du Festival de Cannes

La réalisatrice libanaise Nadine Labaki fera partie du jury du 77e Festival de Cannes. (Images Getty)
La réalisatrice libanaise Nadine Labaki fera partie du jury du 77e Festival de Cannes. (Images Getty)
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  • Le jury décernera la très convoitée Palme d’or à l’un des vingt-deux films en compétition
  • Labaki a remporté en 2018 le Prix du jury au festival de Cannes pour son film Capharnaüm

DUBAÏ: La réalisatrice libanaise Nadine Labaki fera partie du jury du 77e Festival de Cannes, qui se déroulera du 14 au 25 mai, a annoncé la présidente du jury, Greta Gerwig.

Parmi les autres membres du jury figurent la scénariste et photographe turque Ebru Ceylan, l’actrice américaine Lily Gladstone, l’actrice française Eva Green, le réalisateur, producteur et scénariste espagnol Juan Antonio Bayona, l’acteur italien Pierfrancesco Favino, le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda ainsi que l’acteur et producteur français Omar Sy.

Le jury décernera la très convoitée Palme d’or à l’un des vingt-deux films en compétition.

Nadine Labaki a remporté en 2018 le Prix du jury pour son film Capharnaüm. Arab News revient sur son parcours au Festival de Cannes.

Tout commence en 2004, lorsqu’elle écrit et élabore son premier long métrage, Caramel, à la résidence de la Cinéfondation, avant de le présenter à l’occasion de la Quinzaine des réalisateurs. Deux de ses films – Et maintenant, on va où? (2011) et Capharnaüm (2018) – sont lancés à l’occasion du Festival de Cannes, dans le cadre de la sélection officielle pour le second.

«J’ai l’impression d’être leur bébé, d’une certaine manière. Un bébé, on assiste à ses premiers pas, on le voit grandir, on le protège, on l’encourage… Ils m’ont accompagnée dans ce voyage, ont salué mes efforts et m’ont encouragée. C’est vraiment génial. J’adore ce festival. Je pense que c’est le meilleur festival du monde», a confié Nadine Labaki à Arab News dans un précédent entretien en marge de l’édition 2019.

nadine labaki
Nadine Labaki avec la vedette de Capharnaüm, Zain al-Rafeea, en Californie. (Images Getty)

Capharnaüm a également été nommé à la fois aux Golden Globes et aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger. Nadine Labaki est devenue la première femme du monde arabe à recevoir cet honneur.

Ce n’est pas la première fois que la réalisatrice fait partie du jury de Cannes. En 2018, elle était la première Arabe à être choisie comme présidente d’un jury, dans la catégorie «Un certain regard».

«Je ne regarde pas les films en tant que réalisatrice. Jamais», avait-elle déclaré à l'époque. «Je regarde le film en tant qu’être humain. […] Je n’aime pas le mot “jury”. Je n’aime pas juger, parce que je me suis moi-même retrouvée dans ces situations très difficiles, très fragiles. Quand on tourne un film, on doute, on ne sait pas, on n’a pas assez de recul, on n’a pas les bonnes réponses et on ne prend pas les bonnes décisions.»

Asmae el-Moudir, réalisatrice, scénariste et productrice marocaine, fera quant à elle partie du jury «Un certain regard» du festival cette année.

Elle sera accompagnée de la scénariste et réalisatrice franco-sénégalaise Maïmouna Doucouré, de l’actrice germano-luxembourgeoise Vicky Krieps et du critique de cinéma, réalisateur et écrivain américain Todd McCarthy.

Xavier Dolan sera le président du jury de la catégorie «Un certain regard». L’équipe supervisera la remise des prix de cette catégorie, qui met en avant des films d’art et de découverte d’auteurs émergents parmi une sélection de dix-huit œuvres, dont huit premiers longs métrages.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La star marocaine de la Coupe du monde Amallah apprécie la vie en Liga avec Valence

L'international marocain Selim Amallah profite de la vie au sein du de la Liga de Valence. (Photo, AN)
L'international marocain Selim Amallah profite de la vie au sein du de la Liga de Valence. (Photo, AN)
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  • Avant le départ de son club pour Barcelone, le milieu de terrain s’est entretenu avec Arab News au sujet de sa carrière en Espagne, des exploits de son pays à la Coupe du monde et des joueurs arabes en Europe
  • «Je suis très content de jouer en Espagne parce que c’est l’un des meilleurs championnats au monde»

VALENCE: Ces dernières années, Selim Amallah, star du Valence CF et du Maroc, a vécu des moments inoubliables, tant au niveau international qu’en club.

À l’été 2023, le footballeur de 27 ans a été prêté à l’équipe de la Liga par le club de deuxième division Real Valladolid, après avoir participé aux demi-finales de la Coupe du monde 2022 au Qatar avec la sélection marocaine.

Ce soir, le milieu de terrain né en Belgique fera partie de l’équipe de Valence, actuellement en huitième position dans le classement de La Liga. Le club est dirigé par la légende Ruben Baraja et il affrontera le FC Barcelone au stade olympique Lluis-Companys.

Selim est ravi de la tournure des événements.

«Je suis très content de jouer en Espagne parce que c’est l’un des meilleurs championnats au monde», déclare-t-il à Arab News, après une séance d’entraînement à la Ciudad Deportiva de Paterna, le complexe d’entraînement ultramoderne de Valence.

«C’est un championnat dans lequel je voulais jouer et j’y suis parvenu», précise-t-il. «Je m’attendais à avoir beaucoup plus de temps de jeu au départ», ajoute-t-il. «Je suis conscient de l'expérience d'apprentissage inestimable que cette saison m'a offerte. Franchement, je suis très heureux d'être ici.»

Si, historiquement, de nombreux joueurs d’Afrique du Nord ont brillé en Liga et dans d’autres championnats européens, très peu de joueurs du Moyen-Orient ou des pays du Golfe ont tenté de franchir le pas.

Selim Amallah estime que davantage de joueurs arabes devraient tenter leur chance, non seulement pour relever de nouveaux défis sportifs et découvrir de nouvelles cultures, mais aussi et surtout pour réussir en tant que professionnels sur le terrain.

«Bien sûr, entrer dans l'Histoire d'un championnat ou de son pays est quelque chose que l'on aspire à réaliser, et c’est aussi un de mes objectifs», poursuit-il.

À ce jour, le point culminant de la carrière de Selim Ramallah a sans aucun doute été l’incroyable parcours du Maroc vers les demi-finales de la Coupe du monde 2022 au Qatar. En cours de route, les Lions de l’Atlas ont battu l’Espagne et le Portugal, avant de s'incliner face à la France, championne du monde en titre.

«C’était incroyable», lance Selim. «Ce sont des souvenirs qui, je crois, resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Aucun de nous ne s’attendait à arriver à ce niveau-là. Nous avons su montrer que les joueurs marocains et les clubs marocains peuvent aussi pratiquer le football au plus haut niveau. Nous sommes très fiers d’avoir représenté notre pays.»

L'expérience au Qatar a été marquée par le soutien massif que les sélections des pays arabes ont reçu, les membres des différentes communautés s’unissant pour soutenir les équipes de la région.

«C’était une fierté parce qu’il n’y avait pas nécessairement que le peuple marocain qui était derrière nous. Tous les peuples musulmans étaient avec nous», souligne Selim Amallah. «Nous étions heureux de montrer que les musulmans sont bien présents dans le football et que nous pouvions non seulement rendre fiers les Marocains, mais aussi tout le monde arabe et le monde africain, à travers notre détermination sur le terrain.»

Après l’euphorie du Qatar 2022, le Maroc a reçu une autre bonne nouvelle en étant désigné comme coorganisateur de la Coupe du monde 2030, aux côtés de l’Espagne et du Portugal.

Selim Amallah affirme que lui et ses coéquipiers cherchent à étoffer leur palmarès avant ce grand rendez-vous mondial du football.

«Je pense que nous avons envie de prouver, de montrer que le Maroc sera encore là», indique-t-il. «Nous avons une très belle équipe, nous avons de grands joueurs, mais je pense que désormais ça sera un peu plus difficile parce que nous serons attendus. Nous ferons tout notre possible pour représenter notre pays.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com