A Strasbourg, «capitale mondiale du livre», des libraires en souffrance

 Des livres exposés à la librairie des Abbesses dans le quartier de Montmartre à Paris en 2020 (AFP)
Des livres exposés à la librairie des Abbesses dans le quartier de Montmartre à Paris en 2020 (AFP)
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Publié le Samedi 23 mars 2024

A Strasbourg, «capitale mondiale du livre», des libraires en souffrance

  • À Strasbourg, des libraires indépendants alertent sur leur situation difficile dans un secteur fragile, alors que la cité alsacienne endosse dans un mois ses habits de "Capitale mondiale du livre", une première pour une ville française.
  • «Toutes les petites librairies ayant ouvert il y a moins de cinq ans sont en difficulté», résume Morgane Albisser, qui tient depuis 2019 avec sa sœur Diane "L'oiseau rare", à la fois librairie, galerie et café.

STRASBOURG : "C'est compliqué" : à Strasbourg, des libraires indépendants alertent sur leur situation difficile dans un secteur fragile, alors que la cité alsacienne endosse dans un mois ses habits de "Capitale mondiale du livre", une première pour une ville française.

"On n'a jamais connu un exercice normal", soupire Eric Schultz, qui a ouvert en septembre 2018, près du quartier étudiant de la Krutenau, "La tâche noire", l'une des rares librairies en France entièrement consacrées au polar.

Gilets jaunes, attentat du marché de Noël, Covid-19, puis la guerre en Ukraine et ses conséquences économiques, entre hausses du coût de l'énergie et du prix du papier... "On s'est retrouvé avec des passifs qui s'accumulaient (loyer, fournisseurs...) alors qu'on était en progression", se souvient cet ancien élu municipal écologiste dans une précédente mandature.

Une opération de financement participatif l'an passé l'a toutefois sauvé du gouffre et a permis d'éponger la majorité de ses dettes. Depuis, "ça va, mais on reste vigilant..."

- "Deuxième claque" -

A une centaine de mètres de là, même son de cloche au "Tigre", spécialisé dans la bande-dessinée et la microédition "underground", qui a ouvert au même moment. "On a dû se battre", confie Nicolas Deprez, 47 ans, qui emploie une salariée depuis 2021.

Lui aussi fait le constat d'une guerre en Ukraine qui a encore "compliqué" les choses : "on a continué à avoir du monde", mais "toutes nos charges fixes ont explosé". "On ne lance pas une librairie pour gagner de l'argent", concède-t-il, mais "dans la conjoncture actuelle", ces nouvelles difficultés sont comme "une deuxième claque".

Un contexte qui a par exemple poussé la librairie voisine "Obscurae", spécialisée dans le fantastique, à fermer, après un an d'existence. Près de Strasbourg, à Illkirch-Graffenstaden, "L'Ill aux trésors" a elle aussi baissé le rideau.

Après le Covid, "les clients sont venus en masse dans les librairies" mais cet effet est retombé, constate Anne Martelle, présidente du syndicat de la librairie française, qui regroupe plus de 750 librairies. Et en cette période d'inflation, c'est devenu "très difficile" pour ces établissements qui affichent "une rentabilité moyenne de 1 à 1,5%".

Dans ce contexte, les lecteurs "font des choix, le loisir, ça passe après le reste", abonde Carole Benelhocine, gérante depuis un an de "L'Indépendante" (trois salariées). Désormais, "les poches partent plus vite que les grands formats".

"Toutes les petites librairies ayant ouvert il y a moins de cinq ans sont en difficulté", résume Morgane Albisser, qui tient depuis 2019 avec sa sœur Diane "L'oiseau rare", à la fois librairie, galerie et café. Face aux charges et aux frais de transport qui flambent, "les bénéfices d'une librairie ne peuvent suffire. Nous gagnons autant en vendant un café qu'un livre de poche!"

-"Perplexité" -

Des établissements en souffrance alors que s'ouvre le 23 avril "Capitale mondiale du livre", avec 250 manifestations sur une année. Strasbourg, où Johannes Gutenberg a élaboré au XVe siècle le système typographique qui allait donner naissance à l'imprimerie, compte actuellement 25 librairies. Elle est la première ville française à recevoir ce label de l'Unesco, créé en 2001.

Une belle vitrine pour le livre et la lecture que plusieurs indépendants regardent pourtant avec "perplexité", regrettant ne pas y avoir été davantage associés, estime Eric Schultz : "on nous demande d'accueillir des événements et c'est ce qu'on va faire. Mais à part la vente de livres qu'on fera éventuellement, je ne vois rien de concret pour mettre en valeur le secteur".

"On ne voit pas ce qui est mis en place pour nous", abonde Nicolas Deprez, tandis que pour Morgane Albisser, l'événement sera "plus intéressant pour la ville que pour les librairies".

"Le rôle des librairies est pour nous essentiel" et elles ne sont "absolument pas" oubliées, assure au contraire Anne Mistler, adjointe aux arts et aux cultures.

"Tout une série" d'événements les intégrant est prévue, comme le "Rallye du livre" prévu en juin dans plusieurs librairies, la hausse de la dotation des écoles pour les achats de bouquins ou encore l'organisation de "résidences d'auteurs" dans des librairies, énumère l'élue.

"Je peux comprendre qu'il y ait une insatisfaction de quelques-uns. Mais dire qu'il n'y a pas eu d'association, c'est franchement exagéré".

 


L'actrice de «Bridgerton» confie qu'on lui a conseillé de ne pas faire campagne pour les Palestiniens

L'actrice irlandaise Nicola Coughlan a révélé qu'on lui avait dit que son action en faveur des Palestiniens pourrait nuire à sa carrière. (Reuters/File Photo)
L'actrice irlandaise Nicola Coughlan a révélé qu'on lui avait dit que son action en faveur des Palestiniens pourrait nuire à sa carrière. (Reuters/File Photo)
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  • Nicola Coughlan déclare que des initiés d'Hollywood l’ont avertie que son engagement pourrait nuire à sa carrière
  • La star irlandaise se sent « moralement responsable » de faire campagne pour le cessez-le-feu et de continuer à collecter des fonds

LONDRES : L'actrice irlandaise Nicola Coughlan a révélé qu'on lui avait dit que sa défense de la cause palestinienne pourrait nuire à sa carrière.

La star de « Bridgerton » et de « Derry Girls » a déclaré à Teen Vogue que des personnes à Hollywood l'avaient avertie de ne pas soutenir ouvertement les droits des Palestiniens, mais elle a continué à faire campagne pour un cessez-le-feu à Gaza et porte toujours publiquement un pin's Artists4Ceasefire.

« On vous dit effectivement que vous ne trouverez pas de travail, que vous ne ferez pas ceci ou cela, mais je pense aussi qu'au fond de vous, si vous savez que vous ne voulez pas que des innocents souffrent, alors il ne faut pas se soucier des réactions des gens », a-t-elle déclaré.

« Ma famille a vécu à Jérusalem à la fin des années 70 et au début des années 80, avant ma naissance, et j'ai donc entendu de source directe des récits sur la vie là-bas ».

Elle explique que son père, qui a servi dans l'armée irlandaise, s'est rendu dans « de nombreuses régions déchirées par la guerre après le conflit pour tenter d'aider à la reconstruction », ce qui l'a profondément marquée.

« Je suis tellement chanceuse d'être arrivée à ce stade de ma carrière, et je suis déjà privilégiée étant une femme blanche ».

« Ensuite, le fait de pouvoir exercer le métier que j'aime, de voyager dans le monde entier et de rencontrer des gens extraordinaires me donne la responsabilité morale de rendre la pareille ».

Elle a mis un point d'honneur à continuer à faire campagne et à collecter des fonds autour de cette question, ajoutant : « Pour moi, il s'agit essentiellement de soutenir tous les innocents, ce qui peut paraitre très simple, mais je pense qu'il faut examiner les situations et se demander si nous  les soutenons , peu importe leur origine et leur identité. C'est ce qui me motive ».

Coughlan estime que les médias sociaux jouent un rôle dans la défense de la cause, mais qu'il faut faire preuve de nuance. « Nous devrions être plus nombreux à essayer de comprendre à quel point c'est bouleversant et traumatisant pour les Juifs, et combien il est horrible que tous ces innocents soient assassinés en Palestine », a-t-elle ajouté.

Plusieurs personnalités de Hollywood ont subi des revers pour avoir ouvertement soutenu les Palestiniens ou critiqué Israël.

L'actrice mexicaine Melissa Barrera a été renvoyée du dernier film « Scream » pour avoir publié sur les réseaux sociaux des messages de soutien à la Palestine, tandis que le réalisateur Jonathan Glazer a suscité la controverse en utilisant son discours de remerciement aux Oscars pour son film « The Zone of Interest » pour critiquer la guerre de Gaza.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Saudi Coffee Co. et Bieder & Maier mélangent deux cultures du café

Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
L'Arabie saoudite et l'Autriche viennent de célébrer la première mondiale du « Premium Saudi Blend » de Bieder & Maier Vienne en collaboration avec Saudi Coffee Company et ont lancé un produit unique réunissant les cultures de café saoudienne et autrichienne. (Fourni)
L'Arabie saoudite et l'Autriche viennent de célébrer la première mondiale du « Premium Saudi Blend » de Bieder & Maier Vienne en collaboration avec Saudi Coffee Company et ont lancé un produit unique réunissant les cultures de café saoudienne et autrichienne. (Fourni)
Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
Margarete Schramboeck, ancienne ministre autrichienne de l'Économie et des Affaires numériques et actuelle membre du conseil d'administration d'Aramco, à Jazan. (Fourni)
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  • Le fabricant de café viennois collabore avec une marque locale pour acheter des grains d'Arabica à Jazan
  • À partir de l'automne de cette année, un certain nombre de cafés seront ouverts en Arabie saoudite, avec Cenomi Retail comme partenaire de franchise

RIYAD : Le Royaume et l'Autriche ont récemment célébré la première mondiale du « Premium Saudi Blend » du fabricant de café viennois Bieder & Maier et de la Saudi Coffee Company.

Le lancement de ce produit rapproche les cultures saoudienne et autrichienne du café. Lors des présentations à Vienne et à Riyad, les invités ont pu goûter la nouvelle torréfaction, qui convient aussi bien à l'espresso qu'au café filtre et à l'infusion à froid.  

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Bieder & Maier collabore avec la marque Jazean pour se positionner comme la première marque mondiale à acquérir directement les meilleurs grains d'Arabica de Jazan. (Fourni)

« Le café incarne notre culture et notre identité », a déclaré Khalid AbouTheeb, PDG de Saudi Coffee Company, à Arab News. « Dans le but de renforcer l'industrie locale du café et de promouvoir notre tradition, nous avons collaboré avec Bieder & Maier, une entreprise viennoise de premier plan dans le domaine du café.

 AbouTheeb a précisé que cette collaboration avait été facilitée par le ministère saoudien de l'Investissement. « Grâce à cette collaboration, la Saudi Coffee Company proposera aux marchés saoudien et autrichien des cafés uniques avec des grains saoudiens mélangés à des grains internationaux », a-t-il déclaré.

 


Le cinéma soudanais pour faire sortir la guerre de l'indifférence

L'actrice soudanaise Eiman Yousif pose lors d'une séance photo à la huitième édition du Festival international du film de femmes d'Assouan, dans la ville d'Assouan, au sud de l'Égypte, le 21 avril 2024. (Photo Khaled Desouki AFP)
L'actrice soudanaise Eiman Yousif pose lors d'une séance photo à la huitième édition du Festival international du film de femmes d'Assouan, dans la ville d'Assouan, au sud de l'Égypte, le 21 avril 2024. (Photo Khaled Desouki AFP)
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  • Cinq courts-métrages soudanais sont présentés dans le cadre de la huitième édition du Festival du film de femmes d'Assouan, ville du sud égyptien à 300 kilomètres de la frontière soudanaise
  • Eiman Yousif est la révélation de «Goodbye Julia», le premier long-métrage soudanais présenté en 2023 en sélection officielle à Cannes

ASSOUAN, Egypte : Le cinéma pour faire sortir la guerre au Soudan de l'indifférence: au Festival du film d'Assouan en Egypte, des réalisateurs et des acteurs soudanais témoignent du désespoir d'un peuple plongé dans des conflits sans fin.

«Il faut que nous parlions de nous et de nos problèmes passés sous silence, même via une simple production artistique», dit à l'AFP l'actrice soudanaise Eiman Yousif.

Un an de guerre sanglante entre généraux rivaux au Soudan ont mis à genoux ce pays du nord-est de l'Afrique, déjà l'un des plus pauvres avant la guerre.

Cinq courts-métrages soudanais sont présentés dans le cadre de la huitième édition du Festival du film de femmes d'Assouan, ville du sud égyptien à 300 kilomètres de la frontière soudanaise. Des acteurs et des réalisateurs soudanais de premier plan sont venus soutenir la production de leur pays.

Eiman Yousif est la révélation de «Goodbye Julia», le premier long-métrage soudanais présenté en 2023 en sélection officielle à Cannes.

Dans ce film, ayant pour trame de fond les événements ayant mené le Soudan du Sud à indépendance en 2011, l'actrice incarnait Mona, une chanteuse originaire du Nord ayant renoncé à sa carrière pour son mari.

«La sécession du sud a été un événement majeur et nous avons tous été atteints psychologiquement» par cette guerre, affirme l'actrice drapée dans une robe traditionnelle soudanaise blanche.

Au Soudan, l'industrie du cinéma a beaucoup souffert du régime conservateur, sécuritaire et liberticide de l'autocrate Omar el-Béchir renversé en 2019.

- Une production «résultat de souffrances» -

Sous ses trente ans de dictature de nombreux cinémas de la capitale Khartoum ou du reste du pays ont fermé leurs portes.

«On fait tout notre possible pour que la production cinématographique ne s'arrête pas à nouveau» dans un pays où «elle est le résultat de souffrances», explique à l'AFP le réalisateur soudanais Mohammed al-Tarifi en marge du festival.

Parmi les courts-métrages projetés à Assouan, «Une brique pour elles» du réalisateur Razan Mohamed raconte le destin sinueux de femmes déplacées en 2003 vers un camp de réfugiés pendant la guerre au Darfour.

«A l'heure où nous parlons, elles ont été déplacées pour une deuxième fois, on ne sait pas vers où», dit M. al-Tarifi.

Egalement à l'affiche, le film «Femmes de guerre» du réalisateur soudanais Al-Qadal Hassan qui traite de l'impact des guerres sur des femmes dans l'Etat du Nil Bleu (sud).

«Les guerres et les crises épuisent» mais elles sont aussi sources de «rêves et de nouvelles idées», dit Eiman Yousif.

Un an de guerre a dévasté le Soudan et fait des milliers de morts. Elle a aussi jeté plus de deux millions de Soudanais sur les routes de l'exil, dont 500.000 ont choisi l'Egypte.

«La diaspora génère de la créativité et la présence soudanaise au Caire s'accompagne d'un mouvement artistique très actif qui va permettre à davantage de productions de voir le jour», poursuit M. Tarifi.

Dans un Soudan avide de changements, un nouveau cinéma nourri par la révolution qui a chassé du pouvoir Omar el-Béchir a émergé.

En tête de ceux-ci, «Tu mourras à 20 ans», réalisé par Amjad Abou Alala, a été le premier film soudanais sélectionné aux Oscars et le premier à être diffusé sur la plateforme en ligne Netflix après avoir raflé plusieurs récompenses internationales, dont à la Mostra de Venise.

Dans ce long-métrage, un mystique soufi prédit la mort à 20 ans du protagoniste Muzamil, qui vit dans l'inquiétude, jusqu'à sa rencontre avec un vieux réalisateur misanthrope qui l'initie à l'hédonisme.

Un hymne à la liberté questionnant le rigorisme religieux, fait impensable il y a encore quelques années dans ce pays très majoritairement musulman.

Même si les salles de cinéma sont rares au Soudan, pour Eiman Youssif «il suffit d'un projecteur et d'un mur blanc pour montrer des films aux gens. Le plus important, c'est de regarder».