A quatre mois des JO, la France en alerte attentat maximale après l'attaque de Moscou

Un soldat français à côté du logo Vigipirate (Photo, AFP).
Un soldat français à côté du logo Vigipirate (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 25 mars 2024

A quatre mois des JO, la France en alerte attentat maximale après l'attaque de Moscou

  • Alors qu'il s'apprête à organiser cet événement sportif planétaire à Paris du 26 juillet au 11 août, le gouvernement français veut montrer qu'il prend la menace au sérieux
  • Deux projets d'attentat ont été déjoués en France depuis début 2024, a annoncé lundi le Premier ministre lors d'une visite dans une gare parisienne

PARIS: A quatre mois des Jeux olympiques, la France est à nouveau en alerte maximale face à la menace d'attentats, après l'attaque de Moscou menée, selon Emmanuel Macron, par une "entité" du groupe "Etat islamique" à l'origine de "plusieurs tentatives" récentes sur le sol français.

Alors qu'il s'apprête à organiser cet événement sportif planétaire à Paris du 26 juillet au 11 août, le gouvernement français, dont la sécurité était déjà une préoccupation majeure, veut montrer qu'il prend la menace au sérieux, tout en rassurant sur sa capacité à la maîtriser.

La police, la gendarmerie et les renseignements français "seront prêts" pour assurer la sécurité des Jeux, a affirmé lundi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

L'exécutif a décidé dimanche soir, à l'issue d'un Conseil de défense à l'Elysée, de relever le plan Vigipirate à son niveau maximal, "urgence attentat", un peu plus de deux mois seulement après l'avoir abaissé d'un cran.

Le Premier ministre Gabriel Attal a invoqué "la revendication de l'attentat" qui a fait 137 morts vendredi soir dans une salle de concert près de Moscou "par l'Etat islamique", ainsi que "des menaces qui pèsent" sur la France.

Deux projets d'attentat ont été "déjoués" en France depuis début 2024, a annoncé lundi le Premier ministre lors d'une visite dans une gare parisienne. "La menace terroriste islamiste est réelle, elle est forte" et "elle n'a jamais faibli", a-t-il ajouté.

L'attaque de Moscou a rappelé aux Français celles menées en novembre 2015 par des commandos de ce même groupe jihadiste contre le Bataclan, en plein concert, ainsi que contre des terrasses de café parisiennes et le Stade de France, faisant 130 morts au total.

En Russie, c'est la branche afghane de l'organisation, Etat islamique au Khorassan (EI-K), qui est la première suspecte pour les experts du terrorisme mondial, même si le président russe Vladimir Poutine a lui pointé une responsabilité de l'Ukraine.

Les "informations" dont "disposent" les services de renseignement français comme celles de leurs "principaux partenaires indiquent en effet que c'est une entité de l'Etat islamique qui a fomenté cet attentat et l'a mis à exécution", a déclaré lundi le président Macron à son arrivée en Guyane pour une visite de deux jours.

"Instrumentalisation"

Il a mis en garde Moscou contre "toute instrumentalisation" ou tentative "d'utiliser ce contexte pour essayer de le retourner contre l'Ukraine".

L'EI-K "qui est impliqué, semble-t-il, dans cet attentat, avait conduit ces derniers mois plusieurs tentatives sur notre propre sol", a expliqué le chef de l'Etat devant la presse. "Et donc, compte tenu de ses ramifications et de ses intentions, par mesure de précaution mais avec des éléments crédibles et solides", il a été "décidé de hausser la posture de Vigipirate", qui avait été abaissée en janvier.

Matignon avait évoqué auparavant "plusieurs projets d'attentats récents déjoués dans plusieurs pays d'Europe, dont l'Allemagne et la France".

A la demande de Gabriel Attal, le secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale, placé sous son autorité, a convoqué lundi une réunion associant l'ensemble des services de sécurité.

Au même moment, ces derniers jours, près de 130 menaces d'attentat ont visé des lycées et collèges en France: les élèves et personnels des établissements ont reçu des messages de menaces d'attentat à la bombe, accompagnés d'une vidéo de décapitation via les espaces numériques des établissements, utilisés quotidiennement et servant de lien entre enseignants, élèves et parents.

En octobre, Vigipirate avait déjà été relevé au niveau "urgence attentat" après le meurtre de l'enseignant Dominique Bernard à Arras, dans le nord du pays, par un ancien élève radicalisé. Et jusqu’à 7.000 soldats avaient été mobilisés.

La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) réunira de son côté jeudi matin "l'ensemble des acteurs du renseignement" pour "tirer toutes les conséquences de l'attentat de Moscou", a annoncé lundi Gérald Darmanin.

"Nous empêchons des attentats de se dérouler quasiment tous les mois", a insisté le ministre de l'Intérieur, relevant que "la menace islamiste" pouvait "toucher tout le monde, à tout moment, pas que la France".

Dans ce contexte, "Près de 130" lycées et collèges ont été visés depuis la semaine dernière par des menaces d'attentat et "actes malveillants" via les espaces numériques de travail (ENT), a indiqué lundi le ministère de l'Education.

Le gouvernement français entend mobiliser 45.000 membres des forces de sécurité intérieure en région parisienne pour la cérémonie d'ouverture des JO, avec des unités d'élite. La jauge des spectateurs a été quasi divisée par deux, à 326.000 personnes.

 


France: un Ukrainien inculpé pour le meurtre d'une Franco-Russe dans un conflit de voisinage

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  • Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie
  • Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source

EVREUX: Un Ukrainien de 69 ans a été inculpé pour meurtre et placé sous contrôle judiciaire après le décès mardi de sa voisine franco-russe à Evreux, dans le nord de la France, lors d'un différend de voisinage, a-t-on appris vendredi auprès du parquet local.

Un couple de retraités ukrainiens ainsi que leur amie avaient été agressés avec un couteau d'environ 20 cm par leur voisine franco-russe, vers 5H00 locales (7H00 GMT) dans la nuit de lundi à mardi, a expliqué le procureur de la République d'Evreux Rémi Coutin lors d'une conférence de presse.

Le mari du couple ukrainien aurait alors retourné l'arme blanche contre sa voisine la blessant à trois reprises, dont une mortelle à la cuisse, toujours selon le procureur.

"Pour nous c'est la victime, celle qui a reçu les coups de couteau et est décédée mardi matin, qui était venue agresser au moins à deux reprises cette nuit-là les personnes ukrainiennes qui se trouvaient dans l'appartement au-dessus d'elle", a déclaré Rémi Coutin, justifiant ainsi le non placement en détention de l'auteur présumé des faits.

Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie.

Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source.

Un voisin a déclaré avoir passé la soirée à boire des bières chez la quinquagénaire avant que celle-ci ne décide "de monter le son de la musique, de donner des coups de balai dans le plafond afin d'embêter ses voisins du dessus", puis de se rendre chez eux pour une première altercation.

Déjà condamné à cinq reprises pour violences, ce voisin est mis en examen pour violences aggravées pour avoir frappé l'homme ukrainien lors cette première rencontre nocturne, a relevé le parquet.

Un habitant de l'immeuble a indiqué lors de son audition qu'il avait déjà demandé l'intervention à la police les 22 et 30 juin, parce que la victime était en train de donner des coups de poing dans la porte de l'appartement de ses voisins ukrainiens.

Entendu par la police, l'ex-mari de la femme franco-russe a relaté que s'agissant de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, elle considérait que la Russie devait "se défendre, chasser les nazis d'Ukraine et lutter contre l'OTAN".

 


Audiovisuel public: Dati dégaine le «vote bloqué» pour accélérer les débats

Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
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  • Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique
  • Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver

PARIS: Fin de session chaotique au Sénat: face à l'"obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati a dégainé vendredi matin l'arme constitutionnelle du "vote bloqué" sur la réforme de l'audiovisuel public, pour tenter d'aboutir avant les congés parlementaires.

C'est une nouvelle vicissitude pour ce texte au parcours chaotique, porté à bout de bras par la ministre face à l'hostilité des syndicats, et qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général.

L'examen du texte a avancé à très faible allure jeudi: suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... En plus de huit heures de débats, les sénateurs ont à peine démarré l'examen de l'article premier de la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon.

A la manoeuvre, la gauche, bien décidée à jouer la montre, alors que la session extraordinaire doit théoriquement s'achever vendredi à minuit.

Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

"Après plus de sept heures de débat, nous n'avons pu débattre que de 31 amendements sur ce texte. On a vu encore ce matin (...) de l'obstruction, toujours de l'obstruction et encore de l'obstruction", a-t-elle justifié. Il restait alors environ 300 amendements à débattre.

Les débats, suspendus vers 10H15, ont repris près de deux heures plus tard, et le président de séance Didier Mandelli (LR) a pris acte de la demande du gouvernement.

Débats "escamotés" 

Les orateurs de la gauche ont successivement protesté contre ce "coup de force", selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon (UDI) a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, l'examen du texte devrait pouvoir "aller au bout" avant la fin de la session, selon cette source. Et revenir sans doute à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée.


Trois députés contraints de démissionner après avoir été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel

La ministre française de la Culture Rachida Dati et le Premier ministre français Gabriel Attal  s'adressent à la presse lors d'une visite de campagne pour soutenir la candidate du MoDem Maud Gatel  et le candidat de la Renaissance Jean Laussucq pour les élections législatives, sur un marché, à Paris, le 5 juillet 2024. (Photo d'archives AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati et le Premier ministre français Gabriel Attal s'adressent à la presse lors d'une visite de campagne pour soutenir la candidate du MoDem Maud Gatel et le candidat de la Renaissance Jean Laussucq pour les élections législatives, sur un marché, à Paris, le 5 juillet 2024. (Photo d'archives AFP)
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  • Les dépenses irrégulières "représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription" et s'élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel
  • Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu'elle en était la maire

PARIS: Trois députés, les élus Ensemble pour la République (EPR) Jean Laussucq et Stéphane Vojetta ainsi que celle de l'Union des droites (UDR) Brigitte Barèges, ont été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel vendredi, en raison d'irrégularités dans leurs comptes de campagne.

Jean Laussucq, député de Paris, Brigitte Barèges, députée du Tarn-et-Garonne, et Stéphane Vojetta, député pour les Français établis hors de France, ont été déclarés inéligibles "pour une durée d'un an" et "démissionnaires d'office" de leurs mandats, a annoncé le Conseil constitutionnel.

Il est reproché à Jean Laussucq d'avoir réglé "des dépenses de campagne au moyen de son compte bancaire personnel" et d'avoir laissé des tiers régler "directement une part significative des dépenses exposées pour sa campagne électorale" de 2024.

Les dépenses irrégulières "représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription" et s'élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel.

Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu'elle en était la maire.

Enfin, le Conseil constitutionnel a reproché à Stéphane Vojetta, élu dans une circonscription comprenant notamment l'Espagne et le Portugal, d'avoir réglé "irrégulièrement" une "part substantielle des dépenses engagées", durant sa campagne, notamment des "frais de transport".

Des élections législatives partielles devront être organisées prochainement pour désigner des nouveaux députés.

Deux autres députés élus lors des législatives de juillet 2024 avaient dû remettre leurs sièges en jeu après des décisions du Conseil constitutionnel, dans le Jura et en Saône-et-Loire.