Avec Beyoncé, les chanteuses noires de country enfin mises en lumière

Julie Williams, artiste de 26 ans, parle de son enfance dans un sud des Etats-Unis toujours hanté par le passé esclavagiste, et raconte son combat pour s'imposer dans cette ville du Tennessee surnommée "Music City", où les carrières se font ou se défont par des hommes blancs. (AFP).
Julie Williams, artiste de 26 ans, parle de son enfance dans un sud des Etats-Unis toujours hanté par le passé esclavagiste, et raconte son combat pour s'imposer dans cette ville du Tennessee surnommée "Music City", où les carrières se font ou se défont par des hommes blancs. (AFP).
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Publié le Mercredi 27 mars 2024

Avec Beyoncé, les chanteuses noires de country enfin mises en lumière

  • "A Music City, avec des rêves et des bottes à talons hauts, chantant pour une foule aux yeux bleus, voudront-ils aussi de moi?": celle qui fredonne ce couplet sur une scène de Nashville, capitale américaine de la country, est une femme métisse
  • Julie Williams, artiste de 26 ans, parle de son enfance dans un sud des Etats-Unis toujours hanté par le passé esclavagiste, et raconte son combat pour s'imposer dans cette ville du Tennessee surnommée "Music City"

NASHVILLE: "A Music City, avec des rêves et des bottes à talons hauts, chantant pour une foule aux yeux bleus, voudront-ils aussi de moi?": celle qui fredonne ce couplet sur une scène de Nashville, capitale américaine de la country, est une femme métisse.

Julie Williams, artiste de 26 ans, parle de son enfance dans un sud des Etats-Unis toujours hanté par le passé esclavagiste, et raconte son combat pour s'imposer dans cette ville du Tennessee surnommée "Music City", où les carrières se font ou se défont par des hommes blancs.

C'est la sortie vendredi d'un album country par l'une des plus grandes stars du moment, Beyoncé, qui refait la lumière sur la longue histoire des artistes noirs dans ce genre musical extrêmement populaire aux Etats-Unis.

"Qui a hâte de découvrir le nouvel album country de Beyoncé?", crie Julie Williams sous les applaudissements. "Est-ce dont ça qu'ont ressenti toutes les filles blanches pendant tout ce temps?".

Elle continue: "Quand on voit quelqu'un qui est au sommet de son art et qui déchire tout, on se dit +waouh, ça pourrait être moi+, c'est génial!".

La sortie très attendue de l'album "Cowboy Carter" de Beyoncé, qui a connu un triomphe mondial grâce au R'n'B et à la pop, est tout simplement un "moment historique" pour propulser "la country noire", confie la chanteuse à l'AFP dans les coulisses.

Julie Williams fait partie des 200 membres du Black Opry, un collectif créé il y a trois ans pour porter la voix d'artistes noirs dans des genres souvent perçus comme réservés aux artistes blancs, de la country à la folk.

"J'ai toujours été une grande fan de musique country et je me suis toujours sentie isolée", confie Holly G, fondatrice de Black Opry, se disant pas assez "représentée", "surtout en tant que femme noire et queer". "Ni chez les artistes, ni chez les fans, ni dans le marketing".

"Quand j'ai commencé Black Opry", poursuit-elle, "j'ai réalisé qu'on était tous là, mais qu'on n'avait juste pas la même plateforme ni les mêmes opportunités que nos collègues blancs".

« Quelle différence? »

Le nouvel album de Beyoncé pourrait faire évoluer les choses, estime Charles Hughes, auteur d'un livre sur la country et les questions raciales dans le sud des Etats-Unis.

Les gens se disent "cool, Beyoncé se met à faire de country, voici un tas d'autres artistes à écouter", dit à l'AFP le chercheur de Memphis.

"Lorsque nous commencerons à voir les choses changer en coulisses, l'effet du moment Beyoncé se fera ressentir", poursuit-il.

La country est un style musical qui puise dans les racines afro-américaines des Etats-Unis: le banjo, par exemple, fait partie des instruments apportés par les esclaves africains déportés aux Amériques et aux Caraïbes dans les années 1600.

Pourtant, les artistes noirs ont été historiquement tenus à l'écart du genre musical et la country contemporaine garde une image de musique blanche, machiste et conservatrice.

Au tournant du 20e siècle, avec l'avènement des hit-parades, l'industrie musicale catégorise même les genres populaires: la country pour les blancs, le R'n'B pour les noirs.

"Cette séparation initiale était fondée uniquement sur la couleur de la peau, et non sur la musique", souligne Holly G.

Et ces étiquettes persistent.

"La chanson peut sonner exactement pareil et on me dit: +Ce n'est pas de la country+", ironise Prana Supreme, membre de O.N.E. The Duo, un groupe de musique country. "Et je me dis +hmm, quelle est la seule différence?+".

« Iconoclaste »

Beyoncé n'a elle-même pas échappé au conservatisme de la country.

La native du Texas a dit récemment avoir l'espoir que dans les prochaines années, la référence à la couleur de peau ou l'origine ethnique d'un artiste "n'aura plus lieu d'être".

Pour Prana Supreme, le moment country de Beyoncé, qu'elle qualifie d'"iconoclaste", permettra aux artistes comme aux fans afro-américains de se réapproprier ce genre. "La culture du sud est une culture noire", fait-elle valoir.

Trea Swindle, membre du groupe country Chapel Hart estime aussi que Beyoncé "ouvre la musique country à un tout nouveau public". "Chéri, va à Poplarville, dans le Mississippi, que tu sois noir, blanc, asiatique, hispanique, c'est Poplarville, et tu vivras cette expérience de la country", s'amuse-t-elle.

Mais Holly G, du collectif Black Opry, se veut prudente, estimant que Beyoncé pourrait rester l'exception en raison de sa stature hors norme. "C'est parce que l'industrie est intimidée par Beyoncé, pas parce qu'elle est prête à soutenir les femmes noires".


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.