Gaza: des parachutages d'aide spectaculaires, et mortels

Cette photo prise depuis la frontière sud d'Israël avec la bande de Gaza montre un avion militaire lâchant des parachutes d'aide humanitaire au-dessus du territoire palestinien assiégé le 27 mars 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo de JACK GUEZ / AFP)
Cette photo prise depuis la frontière sud d'Israël avec la bande de Gaza montre un avion militaire lâchant des parachutes d'aide humanitaire au-dessus du territoire palestinien assiégé le 27 mars 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo de JACK GUEZ / AFP)
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Publié le Mercredi 27 mars 2024

Gaza: des parachutages d'aide spectaculaires, et mortels

  • Lundi, outre les 12 personnes noyées, six autres sont mortes dans des bousculades liées également à l'arrivée de ces aides venues du ciel, selon les autorités
  • Le 8 mars, cinq personnes avaient été tuées et dix blessées par la chute de colis, tombés "comme des roquettes" sur le camp de réfugiés d'al-Chati

JERUSALEM: Ils sont noirs, gris, roses, et on peut les voir de très loin: les parachutes de vivres tombent depuis plus d'un mois sur le nord de Gaza dévasté, une aide humanitaire ardemment attendue mais controversée, en particulier depuis la mort de 18 Palestiniens au sol.

Les autorités du Hamas ont appelé à "cesser immédiatement ces opérations" et à ouvrir les accès terrestres à l'aide, après avoir annoncé la mort lundi de 18 personnes, dont 12 noyées en tentant de récupérer des provisions larguées par avion.

La mer était agitée, ils ne savaient pas nager, ont raconté des témoins: "quand les parachutes sont tombés à l'eau, de jeunes hommes et de jeunes garçons ont commencé à patauger dans leur direction. Et malheureusement certains ne sont pas revenus", a relaté à l'AFP Ouday Nassar, de retour le lendemain sur la même plage d'al-Soudanyia, au nord de la ville de Gaza, pour tenter à nouveau sa chance.

Lundi, outre les 12 personnes noyées, six autres sont mortes dans des bousculades liées également à l'arrivée de ces aides venues du ciel, selon les autorités.

Le 8 mars, cinq personnes avaient été tuées et dix blessées par la chute de colis, tombés "comme des roquettes" sur le camp de réfugiés d'al-Chati, quand le parachute ne s'est pas ouvert, ont raconté des témoins et des sources hospitalières.

"Nous avons toujours prévenu les pays conduisant ces opérations du danger, car une partie tombe à la mer, une partie sur les territoires palestiniens et une partie dans des zones dangereuses, mettant en péril la vie de civils affamés", selon le bureau de presse du gouvernement du Hamas.

"Une préoccupation première est la sécurité des destinataires", a expliqué récemment à l'AFP Jeremy Anderson, lieutenant-colonel de l'armée de l'Air américaine, lors d'une mission: "On s'assure que si le parachute ne s'ouvre pas, il finisse en mer et de ce fait ne blesse personne."

Montrer qu'on agit

La communauté internationale, faute d'approvisionnement suffisant par la route, s'est lancée en février dans le parachutage, tout en admettant que cela ne suffisait pas, au moment où la famine menace dans la bande de Gaza.

Israël y a déclaré la guerre au Hamas en représailles à l'attaque menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien ayant entraîné la mort de plus de 1.160 personnes côté israélien, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels.

La campagne militaire israélienne sur Gaza a fait elle près de 32.500 morts, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza.

Convoyées par des avions jordaniens, égyptiens, français ou américains, les palettes sont marquées de petits drapeaux des donateurs: Emirats arabes unis, France, Belgique, Allemagne, Etats-Unis... Dedans, il y avait par exemple lundi 46.000 rations militaires, selon l'armée américaine. Destination: 300.000 personnes restées dans le nord, là où les camions, venus du point d'entrée sud, arrivent le plus difficilement.

Au total, l'organisme gouvernemental israélien Cogat a recensé 44 parachutages, soit 2.000 chargements.

Mais cela ne peut remplacer la route, de l'avis général.

"L'idée est que la situation est si désespérée que toute aide est bienvenue, à condition qu'elle arrive de manière sûre", a souligné mardi James Elder, porte-parole de l'Unicef depuis Rafah (sud).

"Mais ce ne doit pas être une diversion: une aide alimentaire est habituellement parachutée quand les personnes sont isolées, à des centaines de kilomètres de tout. Ici, l'aide dont on a besoin est à peine à quelques kilomètres: il faut utiliser les routes!"

Les appels se multiplient pour qu'Israël ouvre des points de passage routier et réduise les restrictions, l'intéressé blâmant pour sa part une désorganisation de la distribution à l'intérieur. Selon l'ONU, avant la guerre, au moins 500 camions entraient quotidiennement, contre 150 aujourd'hui.

Les largages, "cela ressemble à une mesure temporaire facile... Mais ce n'est pas la solution", dit Shira Efron, chercheuse au centre de réflexion américain Israel Policy Forum. Pour elle, "c'est aussi un moyen pour les pays de montrer qu'ils font quelque chose".

Une source d'une ONG internationale présente à Gaza ne dit pas autre chose: "C'est un petit moyen de pression indirecte sur Israël, et de la publicité pour les pays qui font ça, notamment les Etats-Unis, sachant que cela ne sert à rien ou presque."

Washington a dit mardi son intention de continuer, tout en "travaillant pour augmenter l'arrivée d'assistance par voie terrestre".

Selon l'armée américaine, un navire parti de Virginie est aussi en route pour installer une jetée flottante à Gaza.

A ce jour, un seul bateau est venu, le 15 mars, de Chypre, remorquant 200 tonnes de nourriture.

Ce "bateau transportait l'équivalent de 12 camions", souligne M. Elder, de l'Unicef, quand "des centaines de camions attendent sur la route, de l'autre côté de la frontière de Gaza!"


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.