L'armée israélienne se retire de l'hôpital al-Chifa à Gaza, laissant destructions et cadavres

Un journaliste de l'AFP et des témoins sur place ont vu des chars et des véhicules quitter le complexe hospitalier, couverts par des tirs d'artillerie et des frappes aériennes. (AFP).
Un journaliste de l'AFP et des témoins sur place ont vu des chars et des véhicules quitter le complexe hospitalier, couverts par des tirs d'artillerie et des frappes aériennes. (AFP).
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Publié le Lundi 01 avril 2024

L'armée israélienne se retire de l'hôpital al-Chifa à Gaza, laissant destructions et cadavres

  • Le ministère de la Santé de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas a affirmé lundi que l'armée israélienne a retiré ses chars de l'hôpital al-Chifa
  • "Des dizaines de corps de martyrs, certains en état de décomposition, ont été retrouvés dans l'enceinte et aux abords de l'hôpital d'al-Chifa", a affirmé le ministère de la Santé

TERRITOIRES PALESTINIENS: Les soldats israéliens se sont retirés lundi du complexe hospitalier d'al-Chifa à Gaza après deux semaines d'opérations, laissant derrière eux d'immenses destructions et des cadavres selon un médecin dans ce plus grand hôpital du territoire palestinien meurtri par près de six mois de guerre.

Alors que ce conflit entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël continue de faire rage, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé la mort d'au moins 60 personnes en majorité des civils dans les bombardements nocturnes israéliens sur la petite bande de terre palestinienne menacée de famine.

En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a été opéré dimanche soir "avec succès" d'une hernie selon son bureau, alors qu'une nouvelle manifestation réclamant sa démission et la libération des otages israéliens retenus à Gaza est prévue en soirée à Jérusalem.

Toujours en territoire israélien, la police a annoncé lundi avoir arrêté dans le sud, où elle vit, la soeur d'Ismaïl Haniyeh, le chef du mouvement Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme un groupe terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Bâtiments détruits, calcinés ou aplatis, rues jonchées de décombres et gros monticules de sable. Des images de l'AFP montrent un paysage de dévastation dans le complexe hospitalier d'al-Chifa à Gaza (nord) pris d'assaut le 18 mars par l'armée après avoir accusé le Hamas, qui dément, de s'en servir comme centre de commandement.

Lundi, l'armée a annoncé la fin de ses opérations à al-Chifa lors desquelles elle a affirmé avoir tué plus de 200 "terroristes" et trouvé de nombreuses armes.

Un porte-parole de l'agence de défense civile de Gaza, dirigée par le Hamas, a fait état de 300 morts à l'intérieur et autour de l'hôpital durant l'opération israélienne.

«Une bouteille d'eau»

Des médecins et civils présents dans le complexe ont déclaré à l'AFP qu'au moins 20 corps avaient été retrouvés, dont certains semblaient s'être fait rouler dessus par des véhicules militaires.

Plusieurs corps ont été retrouvés près de l'entrée ouest du complexe, utilisée par l'armée au moment de son retrait lundi, d'après les mêmes sources. Un correspondant de l'AFP a vu près de l'entrée un corps décomposé portant des traces de pneus, mais sans pouvoir dire datant de quand.

"Les chars sont passés sur des corps", a dit un témoin qui a préféré taire son nom.

Interrogée par l'AFP, l'armée n'a pas commenté dans l'immédiat.

Dimanche, le directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué que 21 patients étaient morts pendant l'opération israélienne à al-Chifa. Il y reste 107 patients et depuis samedi, "il ne reste plus qu'une bouteille d'eau pour 15 personnes", a-t-il ajouté.

Les troupes israéliennes poursuivent en outre des opérations dans les secteurs des hôpitaux de Nasser et al-Amal à Khan Younès dans le sud, selon le Hamas.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés de Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles. D'après Israël, environ 250 personnes ont également été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages dont 34 sont mortes, à Gaza.

Israël a juré de détruire le Hamas et son armée a lancé une campagne de bombardements aériens intenses sur Gaza, suivie 20 jours plus tard d'une offensive terrestre qui a permis à ses soldats de progresser du nord au sud de la petite bande de terre, jusqu'aux portes de Rafah.

Les opérations israéliennes ont coûté la vie à 32.845 personnes, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas et provoqué une catastrophe humanitaire et des destructions colossales.

L'armée israélienne a annoncé que 600 soldats avaient été tués depuis le 7 octobre, dont 256 dans l'offensive terrestre.

La soeur de Haniyeh arrêtée en Israël 

Dans un message adressé dimanche aux Gazaouis, le Hamas les "remercie pour leur patience et résistance face au génocide sioniste" et leur présente ses "excuses" pour les "manquements" du mouvement dans la gestion du territoire pendant cette guerre qu'il a dit vouloir poursuivre jusqu'à la "défaite de l'ennemi".

Près de six mois après le début du conflit, la police israélienne a annoncé avoir arrêté Sabah Abdel Salam Haniyeh, la soeur du chef du Hamas âgée de 57 ans et qui a la nationalité israélienne, dans sa maison à Tel-Sheva. Elle est notamment "soupçonnée d'incitation à commettre des actes de terrorisme en Israël".

Son frère, Ismaïl Haniyeh, est basé au Qatar.

C'est au Qatar et en Egypte où ont eu lieu ces derniers mois des discussions indirectes entre Israël et le Hamas via les médiateurs internationaux -Egypte, Qatar, Etats-Unis - en vue de conclure un accord de trêve associée à une libération d'otages.

Mais cet accord est loin, les deux protagonistes s'accusant mutuellement de le bloquer.

Et ce malgré les appels pressants à un cessez-le-feu des organisations internationales, alertant sur un risque de famine pour la majorité des 2,4 millions d'habitants de Gaza, soumise par Israël à un siège depuis le 9 octobre et à un blocus total depuis 2007.

Un deuxième bateau venant de Chypre et transportant de l'aide humanitaire a été vu au large de Gaza, selon le site Vesselfinder.com, alors que les aides entrent au compte-gouttes dans le territoire.

Lundi, une réunion en visioconférence est prévue entre responsables israéliens et américains au sujet de l'offensive terrestre annoncée par Israël à Rafah où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, la plupart des déplacés. Inquiète pour les civils, la communauté internationale, y compris les Etats-Unis, est opposée à cette opération.

 


Plus de la moitié de la population soudanaise a besoin d'aide humanitaire (ONG)

Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
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  • Plus de 30 millions de Soudanais — la moitié de la population — ont besoin d’aide humanitaire alors que les violences et exactions se multiplient, notamment après la chute d’El-Facher
  • Le DRC dénonce l’inaction internationale face à une crise majeure ayant causé des millions de déplacés et des atrocités documentées à grande échelle

LE CAIRE: La secrétaire générale du Conseil danois pour les réfugiés (DRC), Charlotte Slente, a indiqué après une visite sur le terrain que plus de la moitié de la population soudanaise avait besoin d'aide humanitaire, alors que la guerre opposant l'armée aux paramilitaires fait rage.

"Plus de 30 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. Cela représente la moitié de la population du Soudan", a déclaré Mme Slente dans un entretien téléphonique cette semaine avec l'AFP, de retour d'un déplacement à la frontière du Tchad avec le Darfour (ouest), une zone qui a vu affluer ces derniers mois des réfugiés soudanais fuyant la guerre.

La population du Soudan était estimée à 50 millions d'habitants en 2024, selon la Banque mondiale.

En s'emparant le 26 octobre de la ville d'El-Facher après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont parachevé leur contrôle sur le Darfour, vaste région en proie à de multiples exactions ces dernières semaines.

Le Soudan est le théâtre de "violations de toutes les lois humanitaires internationales, telles que massacres et violences sexuelles", a alerté Mme Slente.

Le Tchad accueille un million et demi de réfugiés soudanais, dont la plupart vivent dans des camps situés le long de la frontière entre les deux pays.

La directrice de l'ONG a dénoncé une "inaction de la communauté internationale, qui s'est contentée de publier des communiqués". "L'impact des déclarations sur les besoins humanitaires sur le terrain est très limité, et elles n'ont certainement pas réussi à mettre fin à la violence", a-t-elle déploré.

Après la prise d'El-Facher, les combats se sont intensifiés dans la région de Kordofan, à l'est du Darfour, où les informations faisant état d'atrocités contre des civils se multiplient.

"Il semble que ce conflit ne retienne l'attention internationale que maintenant, en raison des atrocités et des effusions de sang massives qui ont eu lieu à El-Facher, à tel point qu'elles sont visibles depuis l'espace" grâce aux images satellites, a déclaré Mme Slente.

Déclenchée en avril 2023, la guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Deuxième point de vente duty-free ouvert à Dhahran

Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
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  • Un deuxième magasin duty-free a ouvert à Dhahran, offrant des produits détaxés aux diplomates accrédités, un an après l’ouverture du premier point de vente à Riyad
  • Le dispositif vise à améliorer l’accès des diplomates aux biens hors taxes et à simplifier les procédures de remboursemen

RIYADH : Un deuxième magasin duty-free a récemment ouvert dans le complexe résidentiel d’Aramco à Dhahran, proposant des produits détaxés aux diplomates accrédités en Arabie saoudite.

Cette ouverture fait suite à l’inauguration du premier point de vente, lancé en juin 2023 dans le quartier diplomatique de Riyad.

Le magasin vise à offrir ses services aux diplomates et représentants des missions diplomatiques de la région, en proposant une expérience commerciale complète et des produits hors taxes, conformément à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961.

Il entend également faciliter l’accès des diplomates aux biens exemptés de taxes et simplifier les procédures de remboursement, qu’elles soient effectuées périodiquement, à la fin de leur mission officielle ou durant leurs congés saisonniers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La France plaide pour l'application du cessez-le-feu au Liban face à la recrudescence des attaques israéliennes

Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
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  • Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à œuvrer à la stabilisation de la région sud
  • La visite de Mme Legendre intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, faisant craindre un conflit plus large

BEYROUTH : La France a réaffirmé jeudi son engagement en faveur de la stabilité du Liban et a promis un soutien accru à ses forces armées et à ses efforts de reconstruction, alors que les attaques israéliennes dans le sud du pays continuent de s'intensifier.

Lors d'une visite officielle à Beyrouth, Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à "travailler à la stabilisation de la zone sud".

Cette visite intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, ce qui fait craindre une extension du conflit.

Lors d'une réunion avec de hauts responsables libanais, Mme Legendre a réaffirmé l'intention de la France d'organiser deux conférences internationales pour soutenir les efforts d'aide et de reconstruction du Liban et renforcer l'armée libanaise.

Elle s'est également engagée à activer le comité de surveillance de la cessation des hostilités (mécanisme), en réponse à la demande du Liban de mettre en œuvre le cadre du cessez-le-feu.

La visite de l'envoyée française s'inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques urgents visant à alléger la pression sécuritaire croissante exercée par Israël sur le Liban et à relancer la dynamique de l'accord de cessez-le-feu du 20 novembre, qui est au point mort et qui vise à mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, initialement rédigée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Les violations continues par Israël de l'accord de cessation des hostilités comprennent des frappes sur ce qu'il prétend être des cibles du Hezbollah dans le sud, ce qui alimente les craintes au Liban qu'Israël ne prépare le terrain pour une nouvelle guerre sous le prétexte d'arrêter le réarmement présumé du groupe.

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré à M. Legendre que la poursuite des hostilités par Israël et son occupation de cinq positions stratégiques empêchaient l'armée libanaise de se déployer pleinement au sud du fleuve Litani, comme le prévoyait l'accord de cessez-le-feu.

Les hostilités quotidiennes d'Israël, a-t-il ajouté, entravent également les efforts de reconstruction du Liban après la guerre.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a affirmé que l'armée libanaise poursuivait ses opérations dans les zones où elle s'est déployée au sud du Litani, saisissant les armes et les munitions et inspectant les tunnels et les entrepôts.

Il a ajouté : "L'armée remplit ses fonctions avec précision, en dépit de la propagande qu'Israël diffuse pour saper ses capacités et son rôle - un rôle qui continue de bénéficier du soutien de tous les Libanais."

Il a précisé qu'une douzaine de soldats avaient été tués jusqu'à présent dans l'exercice de leurs fonctions.

M. Aoun a réaffirmé à l'envoyé français que l'option des négociations diplomatiques avec Israël, qu'il avait proposée il y a plusieurs semaines, constituait la voie la plus viable pour rétablir la stabilité dans le sud et dans l'ensemble du Liban.

Il a toutefois confirmé que son pays "n'a pas encore reçu de réponse à sa proposition de négociations".

Dans un communiqué de son bureau de presse, M. Aoun a déclaré : "La poursuite de l'agression ne donnera rien : "La poursuite de l'agression ne donnera aucun résultat. Les expériences passées dans de nombreux pays ont montré que la négociation est la seule alternative durable aux guerres futiles."

Il a souligné que le soutien international, en particulier celui de la France et des États-Unis, peut contribuer à faire avancer les négociations avec Israël. Le comité du mécanisme fait partie des organes capables de parrainer de tels pourparlers, a-t-il déclaré.

M. Aoun a souligné auprès de l'envoyé français que les conférences internationales que la France entend organiser, aux côtés des États-Unis et de l'Arabie saoudite, pourraient aider l'armée libanaise à obtenir l'équipement militaire dont elle a tant besoin pour son déploiement et faciliter le retour des habitants du sud dans leurs maisons et villages détruits.

Il a salué "toute contribution européenne au maintien de la stabilité après le retrait de la FINUL du sud, en coordination avec les unités de l'armée libanaise, dont le nombre passera à 10 000 soldats d'ici la fin de l'année".

Les raids israéliens sur le sud du Liban se sont poursuivis jeudi.

Un drone israélien a frappé une voiture à Toul, près de Nabatieh, tuant son conducteur. Plusieurs raids aériens ont également frappé des installations à Aitaroun et Tayr Felsay.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que "l'armée israélienne a effectué un raid sur un dépôt d'armes et sur des infrastructures du Hezbollah situées près de résidences civiles, sur la base de directives des services de renseignement".

Entre-temps, la 13e réunion du Comité du mécanisme, présidée par le général américain Joseph Clearfield, s'est tenue mercredi à Ras Naqoura.

Lors de cette réunion, le Liban a présenté un exposé sur les récentes violations israéliennes, notamment l'utilisation renouvelée des avertissements d'évacuation émis avant de viser plusieurs bâtiments, actions décrites comme une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu.

Le secrétaire général du Hezbollah, Sheikh Naim Qassim, a déclaré que le groupe avait l'intention de conserver ses armes au nord du fleuve Litani, une position qui viole les termes de l'accord de cessez-le-feu.

Après la déclaration de Qassim selon laquelle "il n'y a pas de menace ou de danger pour les colonies du nord", nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la raison pour laquelle le Hezbollah conserve ses armes au nord du fleuve Litani.

En réponse, le parti phalangiste a déclaré que le fait de rassurer Israël sur le fait que les colonies du nord ne sont pas menacées, tout en exprimant la volonté de débarrasser le sud de ses armes, soulève de sérieuses questions quant à l'objectif de la conservation de ces armes.

Le parti a demandé : Où est la soi-disant "résistance contre Israël" si sa priorité aujourd'hui est de rassurer Israël plutôt que de l'affronter ?