Les «Cathares», au coeur d'une exposition... et d'une bataille d'historiens

Des visiteurs visitent l'exposition "Cathares", Toulouse en croisade", centrée sur l'origine de l'hérésie "cathare", au musée Saint-Raymond de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 28 mars 2024 (Photo, AFP).
Des visiteurs visitent l'exposition "Cathares", Toulouse en croisade", centrée sur l'origine de l'hérésie "cathare", au musée Saint-Raymond de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 28 mars 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 01 avril 2024

Les «Cathares», au coeur d'une exposition... et d'une bataille d'historiens

  • La croisade est au coeur de la première partie du parcours, au Musée Saint-Raymond, vaste bâtisse du XVIe siècle à deux pas de la basilique Saint-Sernin
  • Il faut parcourir quelques centaines de mètres dans le centre historique toulousain, non loin du Capitole, pour rejoindre le deuxième chapitre de l'exposition

TOULOUSE: Les "Cathares" seront à partir du 5 avril au coeur d'une grande exposition à Toulouse mais les guillemets choisis par les organisateurs ont leur importance, le terme lui-même comme ce qu'il recouvre divisant aujourd'hui profondément les historiens.

Avec pour sous-titre "Toulouse dans la croisade", cet exposition phare de l'année culturelle dans la ville rose proposera plus de 300 objets (archives, pièces archéologiques, reconstitutions, etc.) retraçant la croisade lancée dans le Midi de la France au début du 13e siècle par le pape Innocent III, tout en faisant le point sur les débats historiques autour de "l'hérésie cathare".

"Nous sommes soucieux de valoriser l'identité de la ville, celle de la région et clairement les Cathares participent de cette identité", a affirmé à l'AFP le maire-adjoint en charge des musées, Pierre Esplugas-Labatut, pointant avec malice au titre des "traces" de cette identité cathare le "réflexe un petit peu anti-jacobin" des Toulousains, "de rébellion par rapport à la capitale".

Pour la commissaire de l'exposition, Laure Barthet, la période est en tout cas "fascinante parce qu’elle mêle tous les ingrédients dont se sont d'ailleurs saisis artistes et auteurs, notamment dans la pop culture: c'est l'histoire d'une croisade avec des rebondissements militaires dignes de Game of Thrones, c'est aussi dans sa caricature la lutte d'une communauté persécutée contre un pouvoir aveugle et sourd, celui de l'Inquisition et du roi de France".

La croisade est au coeur de la première partie du parcours, au Musée Saint-Raymond, vaste bâtisse du XVIe siècle à deux pas de la basilique Saint-Sernin, l'un des monuments emblématiques de Toulouse.

Toulouse assiégée trois fois 

Le visiteur s'y plonge dans cette expédition militaire menée de 1208 à 1229, découvre ses protagonistes grâce à un dispositif numérique ainsi qu'une dizaine de boucliers portant leurs armoiries, ou pénètre dans la vie de la Toulouse médiévale, trois fois assiégée mais jamais prise entre 1211 et 1219.

Il faut parcourir quelques centaines de mètres dans le centre historique toulousain, non loin du Capitole, pour rejoindre le deuxième chapitre de l'exposition, au Couvent des Jacobins, construit dans la deuxième moitié du 13e siècle et donc quasi-contemporain de l'histoire qui s'y raconte.

Et là, insiste Mme Barthet, "il faut garder l'esprit ouvert". Car ce deuxième volet expose les avancées de la recherche historique de ces vingt dernières années, venue battre en brèche certaines idées établies.

Déjà ce terme - "cathares" - n'a en fait jamais été utilisé dans le Midi à l'époque médiévale et ce "mot-valise" s'est "imposé seulement parce que certains historiens l'ont choisi" au 19e siècle, explique Mme Barthet dont l’exposition retrace la création du mot.

Quant à l'existence de l'hérésie elle-même, elle est aujourd'hui remise en cause par une majorité d'historiens.

L'hérésie comme «prétexte»

"Le mot hérésie a été utilisé comme prétexte", a expliqué à l'AFP Alessia Trivellone, enseignante-chercheuse au Centre d'études médiévales de l'université de Montpellier 3, qui pointe la volonté d'un "meilleur contrôle" religieux de ce territoire "par le pape et les cisterciens", puis son désir d'"annexion" par le roi de France.

"Les sources sont trop biaisées pour être considérées comme des preuves certaines de l'existence de communautés hérétiques dans le Midi", juge-t-elle en outre.

D'autres persistent à voir l'existence d'une "véritable dissidence chrétienne médiévale" avec "son propre clergé" dans le Midi de la France, comme Pilar Jimenez, auteure de "Les catharismes, modèles dissidents du christianisme médiéval" qui regrette "une lecture sélective des sources" par ses collègues.

Mmes Trivellone et Jimenez apparaissent toutes deux au catalogue de l'exposition qui, organisée par un "musée de France, institution neutre et scientifique" entend "poser les termes" d'un débat devenu très sensible, sans le trancher, selon Mme Barthet.

En fin de visite, une lumineuse animation 3D permet de découvrir les châteaux de l'ouest de l'Occitanie que tout le monde appelle "cathares".

Comme un symbole résumant les raccourcis que prend décidément parfois le récit historique: loin d'être cathares, ces forteresses sont en fait l'oeuvre du roi de France, signes de sa victoire finale et de sa main-mise sur ce territoire jadis désigné comme "hérétique".

 


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com